đâđš 2025, la Renaissance ou le Chaos ?
Les âĂ©litesâ capables de dĂ©signer des spĂ©cimens dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s comme MĂ©dusa von der Lying & la folle estonienne pour reprĂ©senter l'UE au plus haut niveau mĂ©ritent bel & bien de se vautrer dans la fange.
đâđš 2025, la Renaissance ou le chaos ?
Par Pepe Escobar, le 31 décembre 2024
Depuis la Florence de la Renaissance, l'un des rares fleurons de l'humanité vivant encore dans les mémoires, avançons avec prudence sur cette page 2025 en proie aux flammes.
FLORENCE - Par un matin d'hiver toscan éblouissant, me voici à l'intérieur de la légendaire église dominicaine de Santa Maria Novella, fondée au début du 13Ú siÚcle et consacrée en 1420. Elle occupe une place trÚs particuliÚre dans l'histoire de l'art, avec l'une des fresques monochromes peintes en 1447-1448 par le maßtre de la perspective Paolo Uccello, représentant le Déluge.
C'est comme si Paolo Uccello nous avait représentés - dans les temps difficiles qui sont les nÎtres. Inspiré par la superstar néoplatonicienne Marsilio Ficino - immortalisé dans une trÚs chic robe rouge par Ghirlandaio à la Cappella Tornabuoni - j'ai tenté un retour vers le futur, en imaginant qui et quoi Paolo Uccello mettrait idéalement en scÚne dans sa représentation de notre déluge actuel.
Commençons par les aspects positifs. 2024 a été l'année des BRICS - le mérite de toutes les réalisations en revenant au travail opiniùtre de la présidence russe.
2024 fut aussi l'Année de l'Axe de la Résistance - jusqu'aux matraquages en série subis ces derniers mois, une sérieuse remise en question qui va favoriser sa cure de jouvence.
Et 2024 a dĂ©fini les linĂ©aments de la fin de partie dans la guerre par procuration en Ukraine. Reste Ă savoir Ă quelle profondeur l'âordre international fondĂ© sur des rĂšglesâ sera enterrĂ© dans la terre noire de la Novorossiya.
Passons maintenant aux perspectives favorables à venir. 2025 sera l'année du renforcement de la Chine en tant que force géoéconomique majeure de la planÚte.
Ce sera l'année de la bataille décisive du XXIe siÚcle - Eurasie contre OTAN - qui se précisera selon toute une série de vecteurs imprévisibles.
Et ce sera l'année du développement des couloirs de connectivité interdépendants, facteur déterminant de l'intégration de l'Eurasie.
Ce n'est pas un hasard si l'Iran est au cĆur de cette connectivitĂ© imbriquĂ©e - du dĂ©troit d'Ormuz (par lequel transitent quotidiennement au moins 23 % du pĂ©trole mondial) au port de Chabahar, qui relie l'Asie occidentale Ă l'Asie mĂ©ridionale.
Les couloirs de connectivité à suivre de prÚs comprennent la reprise de l'une des principales sagas du Pipelineistan,
l'oléoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), long de 1 800 km
le couloir de transport international Nord-Sud (INSTC), reliant trois pays des BRICS (Russie-Iran-Inde) et plusieurs aspirants partenaires des BRICS
le couloir Ă©conomique Chine-Pakistan (CPEC), projet phare de la Belt and Road Initiative (BRI), et enfin
la Route maritime du Nord (ou Route de la soie du Nord, comme l'appellent les Chinois), qui est en pleine progression et finira par devenir l'alternative la moins chĂšre et bien plus rapide que le canal de Suez.
Quelques jours avant l'investiture de Trump 2.0 à Washington, la Russie et l'Iran signeront enfin, officiellement, un accord de partenariat stratégique global à Moscou, aprÚs plus de deux ans de gestation : là encore, un accord clé entre deux grands des BRICS, avec des répercussions considérables, et en cascade, en termes d'intégration de l'Eurasie.
Un canal de négociation totalement hermétique
Dmitri Trenin, membre éminent du Conseil de la politique étrangÚre et de défense de la Russie, propose la feuille de route la plus réaliste à ce jour pour une fin acceptable de la guerre par procuration en Ukraine.
âAcceptableâ n'est mĂȘme pas le quart du dĂ©but de la dĂ©finition, car du point de vue des âĂ©litesâ politiques occidentales collĂ©giales qui ont misĂ© grose sur cette guerre, rien n'est acceptable, Ă part la dĂ©faite stratĂ©gique de la Russie, chose qui ne se produira jamais.
En l'Ă©tat actuel des choses, le prĂ©sident Poutine contrĂŽle en fait les milieux Ă©litistes moscovites favorables Ă ce que l'on coupe non seulement la tĂȘte du serpent, mais aussi le reste.
Trump, pour sa part, n'a pas la moindre envie d'ĂȘtre entraĂźnĂ© dans un nouveau bourbier : laissons cela aux chihuahuas europĂ©ens impuissants.
Ainsi, une éventuelle évolution vers un accord de « paix » bancal conviendrait également à la Majorité Mondiale - sans parler de la Chine, qui sait à quel point la guerre est mauvaise pour les affaires (du moins si vous ne faites pas dans le racket de l'armement).
Quant Ă une escalade « existentielle » toujours possible, nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge ; mais les trois semaines qui restent pourraient ĂȘtre consacrĂ©es Ă un coup d'Ătat majeur alimentĂ© par la terreur, sous faux drapeau, par exemple.
Les deux premiers mois de 2025 seront absolument cruciaux, concernant l'esquisse d'un potentiel compromis.
Elena Panina, de RUSSTRAT, a proposé une évaluation stratégique concise qui donne à réfléchir sur le déroulement des événements.
Ce dont Trump a essentiellement envie, comme d'un hamburger McDonald bien trash, c'est de passer pour âle mĂąle alphaâ par excellence. La stratĂ©gie de nĂ©gociation tactique de Poutine ne sera donc en aucun cas axĂ©e sur une rĂ©duction de l'image de dur Ă cuire de Trump. Le problĂšme est de savoir comment y parvenir sans saper le statut de pop star de Trump - et sans jeter davantage de combustible sur le bĂ»cher belliciste de l'OTAN.
Poutine dĂ©tient un Ă©ventail d'atouts Ă portĂ©e de main - relatifs Ă l'Europe, aux Britanniques, Ă la Chine, Ă l'Ukraine elle-mĂȘme et Ă l'ensemble du Sud global.
La définition des sphÚres d'influence sera une composante d'un éventuel accord. L'essentiel étant qu'aucun détail spécifique ne soit divulgué et qu'il soit tenu à l'écart des services de renseignements occidentaux.
Ce qui veut dire, comme le note Mme Panina, que Trump devra disposer d'un canal de nĂ©gociation totalement Ă©tanche avec Poutine, que mĂȘme le MI6 ne pourra pirater.
Un dĂ©fi de taille, car les cloisonnements privilĂ©giĂ©s des Zio-conservateurs de l'Ătat profond sont perturbĂ©s par les derniĂšres victoires psycho-pathologiques de l'Ancien Testament au Liban et en Syrie, et par la façon dont elles ont fragilisĂ© TĂ©hĂ©ran. Cela ne signifie pas pour autant que le lien Iran-Russie-Chine-BRICS est en danger.
La dynamique est en place, et la prudence de rigueur
Poutine et le Conseil de sĂ©curitĂ© devraient ĂȘtre prĂȘts Ă exĂ©cuter un jeu diplomatique assez complexe, Ă©tape par Ă©tape, car ils savent que le tiercĂ© composĂ© de DĂ©mocrates, de Britanniques et de Bankova vaincus et suprĂȘmement en colĂšre exercera une pression maximale sur Trump, pour en faire un âennemi de l'AmĂ©riqueâ ou autre bobard du mĂȘme acabit.
Moscou n'acceptera ni trĂȘve ni moratoire : uniquement et exclusivement une vĂ©ritable solution.
Si cela ne fonctionne pas, la guerre se poursuivra sur le terrain, et Moscou n'a aucun problÚme à ce propos - ni avec une intensification supplémentaire. L'humiliation finale de l'Empire du Chaos sera alors totale.
Entre-temps, la guerre froide 2.0 entre la Chine et les Ătats-Unis se poursuivra plutĂŽt sur la sphĂšre pop que sur le fond. Les analystes chinois les plus affĂ»tĂ©s savent que la vĂ©ritable compĂ©tition ne concerne pas l'idĂ©ologie - comme dans la guerre froide originelle - mais la technologie, de l'IA Ă la modernisation des chaĂźnes logistiques en continu.
En outre, Trump 2.0, du moins en principe, n'a pas du tout intĂ©rĂȘt Ă dĂ©clencher une guerre par procuration - Ă la maniĂšre de l'Ukraine - contre la Chine Ă TaĂŻwan et en mer de Chine mĂ©ridionale. La Chine dispose de bien plus de ressources gĂ©oĂ©conomiques que la Russie.
Il ne serait donc pas vraiment surprenant que Trump lance l'idĂ©e d'un G2 entre les Ătats-Unis et la Chine. Le blob de l'Ătat profond y verrait le pĂ©ril ultime - et le combattrait jusqu'Ă la mort. Ce qui est dĂ©jĂ acquis, Ă supposer que ce projet se matĂ©rialise, c'est que les caniches europĂ©ens finiront par se noyer dans les eaux fĂ©tides du bourbier.
En effet, les âĂ©litesâpolitiques qui dĂ©signent des spĂ©cimens dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s comme la MĂ©duse von der Lying et la folle Ă lier estonienne pour reprĂ©senter l'UE au plus haut niveau, qui dĂ©clenchent une guerre contre leur principal fournisseur d'Ă©nergie, qui soutiennent pleinement un gĂ©nocide diffusĂ© 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 Ă toute la planĂšte, qui sont obsĂ©dĂ©s par l'Ă©radication de la culture qui les a dĂ©finis et qui, au mieux, n'accordent qu'un intĂ©rĂȘt de pure forme Ă la dĂ©mocratie et Ă la libertĂ© d'expression, ces âĂ©litesâ mĂ©ritent bel et bien de se vautrer dans la fange.
Quant Ă la tragĂ©die syrienne, le fait est que Poutine sait qui est le vĂ©ritable ennemi, et certainement pas le ramassis de mercenaires salafistes-djihadistes coupeurs de tĂȘtes. Et le sultan d'Ankara n'est pas non plus l'ennemi : pour Moscou, malgrĂ© tous ses grands rĂȘves de remplacer lââAsie centraleâ par le âTurkestanâ dans les manuels scolaires turcs, Erdogan n'est qu'un acteur gĂ©o-Ă©conomique, et mĂȘme gĂ©opolitique mineur.
Pour paraphraser l'inestimable Michael Hudson - peut-ĂȘtre notre Marsilio Ficino vĂȘtu par Paolo Uccello en Ă©crivain dans une robe rouge trĂšs chic - c'est comme si, dans cette conjoncture prĂ©-dĂ©luge, les Ă©lites amĂ©ricaines disaient :
â âLa seule solution est la guerre totale avec la Russie et la Chineâ, ce Ă quoi la Russie rĂ©torquerait :
â âNous espĂ©rons que la paix rĂ©gnera en Ukraine et en Asie de l'Ouestâ. Et la Chine ajouterait :
â âC'est la paix qui nous importe, et non la guerreâ.
Cela ne suffira peut-ĂȘtre pas pour parvenir Ă un compromis, quel qu'il soit. La dynamique est donc lancĂ©e : la classe dirigeante amĂ©ricaine continuera d'imposer des phases de chaos tandis que la Russie, la Chine et les BRICS oeuvreront, dans le âlaboratoire des BRICSâ, Ă des schĂ©mas de dĂ©dollarisation, des structures alternatives au FMI et Ă la Banque mondiale, et mĂȘme, Ă terme, une alternative Ă l'OTAN.
D'un cĂŽtĂ©, l'anarchie et la guerre contre le terrorisme, de l'autre, un rĂ©alisme froid et cohĂ©rent. Soyons prĂȘts Ă tout. Depuis la Florence de la Renaissance, l'un des rares fleurons de l'humanitĂ© vivant encore dans les mĂ©moires, avançons avec prudence sur cette page 2025 en proie aux flammes.
https://strategic-culture.su/news/2024/12/31/2025-second-renaissance-or-chaos/
Super Pepe Escobar!âŠ