👁🗨 À Gaza, il n'y a plus personne pour pleurer, car les bombes israéliennes tuent tous les jours.
"La mort n'affecte pas les morts, elle n'afflige que les survivants" : Au cours des dernières 24 heures, 704 Palestiniens ont été tués dans des raids aériens israéliens.
👁🗨 À Gaza, il n'y a plus personne pour pleurer, car les bombes israéliennes tuent tous les jours.
Par Maram Humaid, le 24 octobre 2023
Chaque jour à Gaza, les deux plus grands espoirs sont de rester en vie sans être informé d'une nouvelle perte dévastatrice.
Deir el-Balah, Gaza - Bienvenue à Gaza, là où chaque appel téléphonique annonce la mort de quelqu'un, où chaque message informe de la destruction de la maison d'un ami, et où chaque frappe aérienne fait trembler les cœurs.
Dans ce pays, la “maison” n'est plus le refuge où vivre et se détendre. L'existence est précaire, sujette à une dévastation soudaine, sans préavis.
Lisez aussi (en anglais)
Il n'est pas mort ! Une Palestinienne pleure son fils tué par les forces israéliennes
J'ai du mal à imaginer la vie après la guerre d'Israël contre Gaza - si nous survivons".
Analyse : Deux millions et demi d'êtres humains comme monnaie d'échange
Le plus grand espoir auquel on s'accroche est de rester en vie avec sa famille, d'éviter la perte déchirante d'un être cher, ou de faire face à une disparition collective.
Imaginez les familles rayées de l'état civil, anéanties collectivement. À première vue, il s'agit d'une catastrophe, mais en y regardant de plus près, c’est la conclusion tragique des bombardements incessants.
Il n'y a plus personne à pleurer. D'une certaine manière, certains envient ceux qui ont trouvé une fin paisible, échappant à la folie permanente des bombardements et des tueries.
En parcourant les actualités - les rares fois où l'on accède à internet - et en observant le chaos autour des camions d'aide entrant dans la bande de Gaza, on ne peut s'empêcher de trouver les priorités du monde déconcertantes.
Plutôt que de se concentrer sur les efforts pour arrêter la guerre, l'accent semble être mis sur l'acheminement de l'aide.
Ce dont les habitants de Gaza ont besoin, plus encore que de nourriture, d'eau ou d'autres formes d'assistance, c'est qu’un terme soit mis à la violence insensée, aux effusions de sang et à la destruction. Ils demandent à grands cris que cesse la guerre.
Nous en sommes au 18e jour des assauts, et depuis trois jours, je n'ai pas pu partager ces notes dans mon journal, faute d'accès à l'internet. Pourtant, malgré le temps qui passe, rien ne change de manière significative. Gaza reste prisonnière du cycle répétitif de mort et de dévastation auquel le monde s'est habitué.
Mort après mort
Hier, la nouvelle déchirante de la mort du journaliste Roshdi Sarraj, un ami très cher, est tombée. Le choc de cette perte a été difficile à encaisser. Nous avons pensé à sa femme, Shorouq, également notre amie, et à leur fille Dania, âgée d'un an.
La veille, mes sœurs et moi nous sommes réveillées avec une nouvelle encore plus dévastatrice : la famille entière d'un ami, composée de neuf personnes, avait été tuée. Cette famille comprenait la mère, Nibal, et ses filles : Saja, Doha, Sana, Mariyam et Lana, ainsi que son fils Mohammed. Ils sont morts après que les Israéliens leur ont ordonné de quitter Gaza et qu'ils ont rejoint la maison de leur famille à Deir el-Balah. Seule Noor, une fille mariée vivant au Qatar, a survécu à cette tragédie
Le flot permanent de nouvelles n'offre que peu de répit pour surmonter l'angoisse de la perte d'êtres chers, et faire le deuil nécessaire.
La voix éplorée de Noor au téléphone depuis Doha, nous suppliant de prendre des photos de sa famille déjà enterrée en silence, évoquait les mots du poète palestinien Mahmoud Darwish :
"La mort n'affecte pas les morts, elle n'afflige que les survivants".