👁🗨 À Gaza, l'espoir n'est que chimère
Israël décide ce qu'il fait à Gaza désormais, et l'Amérique salue en signe d'approbation & paie pour le plaisir d'exécuter les ordres de son capitaine - spontanément, dans la joie & la bonne humeur.
👁🗨 À Gaza, l'espoir n'est que chimère
Par Andrew Mitrovica, le 12 février 2024
Biden et consorts peuvent prétendre, au moins publiquement, demander à Israël d'arrêter le carnage qui s'annonce. Netanyahou ne se laissera pas décourager par leurs “avertissements” vides de sens.
J'aurais voulu me tromper, mais il s'avère que j'avais raison.
Depuis le début du mois d'octobre, j'ai la certitude que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a toujours eu un seul objectif : effacer Gaza.
Poussé par un cabinet enragé qui considère les Palestiniens comme de la “vermine” infréquentable, Netanyahou a fait ce que je le soupçonne d'avoir toujours voulu faire : renoncer à la destruction progressive d'un peuple et d'une bande de terre et, à la place, organiser maintenant un génocide à Gaza avec une efficacité impitoyable et ô combien gratifiante.
Ce fait devrait maintenant être clair. C'est cette “victoire” que Netanyahou poursuit et poursuivra jusqu'à ce qu'il l'obtienne : réduire Gaza en poussière et en souvenir à tout jamais.
Il n'y aura pas de “pause dans les combats”, pas de cessez-le-feu “durable”, pas de transition, pas de fin du génocide, parce que Netanyahou n'a aucune raison ou motivation pour s'arrêter.
Et Netanyahou sait que personne, en Israël ou dans le monde, n'est prêt, désireux ou capable de l'arrêter.
Tout espoir s'est éteint.
Chaque jour, les Palestiniens espèrent, en vain, que les horreurs et les outrages cesseront. Chaque jour, nous espérons, en vain, un faible signal indiquant que la folie meurtrière va prendre fin, que la sagesse et la diplomatie vont prévaloir, que les captifs - des deux côtés - seront réunis avec leurs familles en détresse.
L'espoir est une chimère, balayée par les hommes et les forces qui se complaisent à semer le chaos et le désespoir de leur rage meurtrière.
Netanyahou est peut-être impopulaire. Pourtant, ce qu'il fait et la manière dont il s'y prend pour défier la proportionnalité, la décence et le droit international lui valent le soutien massif des Israéliens qui, apparemment, seraient également satisfaits de voir Gaza réduite à néant et à l'état de souvenir - pour toujours.
Les sondages montrent que la plupart des Israéliens veulent que Netanyahou recoure à encore plus de violence, à plus de “puissance de feu” à Gaza et ailleurs. Au diable la décence, le droit international et le nombre croissant de victimes jour après jour.
La douleur et la souffrance des Palestiniens n'ont aucune espèce d'importance. Seuls priment le droit et le devoir d'Israël de se défendre.
Il n'est donc pas surprenant que les sondages montrent également que, malgré la faim endémique, les maladies et les besoins désespérés, la plupart des Israéliens souhaitent que leurs compatriotes continuent à bloquer les camions transportant de la nourriture, de l'eau et des médicaments pour les empêcher d'atteindre Gaza jusqu'à ce que les prisonniers détenus par le Hamas soient libérés.
Les Palestiniens sont sacrifiables. Les Israéliens, non.
En ce qui concerne l'“avenir” de Gaza, 93 % des Israéliens seraient d'accord avec Netanyahou : la “solution” des deux États est morte à l'arrivée puisque toutes les terres situées entre la mer Méditerranée et le Jourdain leur appartiennent. L'objectif est de faire en sorte que les colons israéliens prennent la place des Palestiniens à Gaza. Une autre Nakba se prépare déjà - de fait.
Je suis convaincu que la plupart des alliés d'Israël à l'étranger - qu'ils l'admettent publiquement ou non - adhèrent également à ces incroyables convictions et souscrivent sans réserve au modus operandi de Netanyahou et à sa définition de la “victoire”.
Ainsi, loin d'être “en position précaire” ou “affaibli”, Netanyahou a été enhardi en tant que Premier ministre “de guerre” et par une “communauté internationale” qui l'a encouragé à faire ce qu'il a fait à Gaza et en Cisjordanie occupée, sans remords ni retenue.
Le Premier ministre Netanyahou survivra aussi longtemps qu'Israël continuera à faire ce qu'il fait à Gaza, et peut-être plus longtemps encore. Toujours aussi calculateur et machiavélique, il a démenti les prédictions de chroniqueurs, d'“experts” et d'anciens candidats à la présidence qui annonçaient sa disparition politique imminente ou son départ forcé.
À maintes reprises, la “communauté internationale” s'est déclarée “préoccupée” par ce que fait son homme à Tel-Aviv à Gaza et en Cisjordanie occupée. Encore et encore, ces expressions d'“inquiétude” se sont révélées être des bribes creuses d'absurdité performative.
Le président américain Joe Biden a qualifié d'“excessive” l'action d'Israël dans la bande de Gaza.
“J'ai déployé beaucoup d'efforts, beaucoup d'efforts, pour que l'aide humanitaire parvienne à Gaza. Beaucoup d'innocents meurent de faim, beaucoup d'innocents sont en difficulté et meurent, et il faut que cela cesse. C'est la première chose à faire”, a déclaré M. Biden à la presse en début de semaine.
Cela ne s'arrêtera pas. Comment les choses peuvent-elles s'arrêter alors que Biden et ses alliés complices à Londres, Paris, Berlin et Ottawa continuent d'armer Israël à outrance et refusent - même face à l'attaque israélienne “excessive” et à l'aggravation de la catastrophe humanitaire à Gaza - d'exiger un cessez-le-feu immédiat ?
C'est lorsque Biden et les autres présidents, chanceliers et premiers ministres se sont précipités au chevet de Tel-Aviv dans le cadre de pèlerinages de “solidarité” pour “se serrer les coudes” avec Netanyahou que cela a mal tourné.
Il est trop tard pour donner un coup de frein, car Netanyahou n'écoute plus.
Il ne respecte pas la décision accablante de la Cour internationale de justice qui a sommé le gouvernement israélien d'arrêter ce qu'il fait à Gaza après que des juristes et des diplomates sud-africains ont présenté un dossier convaincant et “plausible” selon lequel les Palestiniens sont victimes d'un génocide et qu'Israël en est l'auteur.
Rafah est dans la ligne de mire de Netanyahou. Le soi-disant “havre de paix” et les plus d'un million de Palestiniens qui s'y sont réfugiés dans des tentes et des “foyers” de fortune subiront les conséquences fatales inévitables du soutien inconditionnel des grandes puissances occidentales à Israël.
Les Palestiniens épuisés et pétrifiés, y compris les mères, les épouses, leurs fils et leurs filles, ne seront pas épargnés par les attaques d'Israël. Leurs vies déjà précaires sont au bord du gouffre des desseins différés - pour l'instant et pour l'instant seulement - de Netanyahou.
Biden et consorts peuvent prétendre, du moins publiquement, demander à Israël d'arrêter le carnage qui s'annonce. Netanyahou ne se laissera pas distraire par leurs “avertissements” vides de sens, délivrés à la va-vite. C'est lui qui tire les ficelles géopolitiques, pas Biden et consorts.
Alors que l'Amérique était absorbée par un match de football dimanche soir, Netanyahou a donné aux Palestiniens de Rafah un avant-goût de la terreur à venir en tirant une pluie d'obus qui a tué et démembré des dizaines d'enfants, de femmes et d'hommes endormis.
Enfin, un Netanyahou plein d'assurance a compris la valeur de la patience. Biden ressemble à un vieil homme sur le point de n'être plus que le fantôme de ce qu’il fut - disparu, sans importance, oublié.
Les élections présidentielles de novembre se profilent à l'horizon. Un autre vieillard, Donald Trump, a plus de chances que jamais d'accéder au bureau ovale.
Si c'est le cas, Trump consacrera le droit d'Israël à commettre des génocides sans les “réserves” rhétoriques insignifiantes de son prédécesseur.
Quoi qu'il en soit, l'Amérique s'est transformée, de fait, en mandataire d'Israël. La dynamique a changé.
C'est Israël qui va décider de ce qui va se passer à Gaza aujourd'hui et demain, et l'Amérique va saluer en signe d'approbation et paiera pour le plaisir d'exécuter les ordres de son capitaine - spontanément, dans la joie et la bonne humeur.
https://www.aljazeera.com/opinions/2024/2/12/in-gaza-hope-is-a-fantasy