👁🗨 À la croisée des chemins : Réflexion d'une Américano-palestinienne sur le silence assourdissant du Parti démocrate
Le fidèle soutien démocrate à Israël, trahissant ces valeurs qu'il prétend défendre, rappelle que le pouvoir du peuple ne se résume pas à voter, mais à exiger des comptes des détenteurs du pouvoir.
👁🗨 À la croisée des chemins : Réflexion d'une Américaine d'origine palestinienne sur le silence assourdissant du Parti démocrate
et sur la recherche d'un véritable alignement politique
Par Mona Siam, le 25 novembre 2023
La vaste mosaïque de mon identité est intimement liée aux précieux liens qui constituent l'identité d'une Américaine d'origine arabe et, plus précisément, d'une Américaine d'origine palestinienne. C'est un héritage marqué par la résilience, un esprit inflexible et un engagement inébranlable en faveur de la justice. Alors que je navigue dans les arcanes de cette double identité, le paysage politique des États-Unis devient une arène capitale où mes croyances et mes valeurs s'entremêlent avec le récit plus général de la démocratie américaine.
Pendant des années, j'ai adhéré aux idéaux démocrates qui promettaient l'inclusion, l'empathie et l'engagement en faveur de la diplomatie. Le parti démocrate, qui mettait l'accent sur la justice sociale et les droits de l'homme, semblait être un allié naturel pour quelqu'un s’identifiant à une communauté qui a enduré les dures réalités du déplacement et de la guerre. Cependant, des événements récents ont jeté une ombre sur cette allégeance, déclenchant une véritable réévaluation de mes convictions politiques.
Le tournant a été la prise de conscience que le Parti démocrate, malgré sa rhétorique, a été complice dans le maintien des conflits dans tout le Moyen-Orient. Les noms de ces nations résonnent comme un sinistre tambour : le Yémen, la Syrie, l'Irak, la Libye, le Liban et, le plus bouleversant, la Palestine. Pour l'Arabo-Américaine que je suis, il ne s'agit pas seulement de terres lointaines représentées sur un atlas ; ce sont les terres de mes ancêtres, les résonances de mon histoire et les récits gravés dans mon identité.
Le Yémen témoigne de l'incapacité du parti démocrate à défendre les principes de paix et de diplomatie. La guerre dévastatrice, alimentée par le soutien des États-Unis à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, a entraîné des souffrances inimaginables et une crise humanitaire d'une ampleur stupéfiante. C'est un rappel brutal que le parti auquel je croyais autrefois a donné la priorité aux intérêts géopolitiques plutôt qu'à la vie de civils innocents.
La Syrie, l'Irak et la Libye portent les stigmates d'une ingérence funeste, autrefois sanctionnée par les administrations démocrates. Leurs conséquences se sont traduites par de l'instabilité, de l'extrémisme et le déplacement d'innombrables personnes qui portent aujourd'hui le lourd fardeau de vies et de rêves brisés. C'est une pilule amère à avaler que de reconnaître que le parti en qui j'avais autrefois confiance a participé délibérément au chaos consécutif à ces interventions.
Le Liban, un pays à l'histoire aussi complexe et résistante que son peuple, a dû faire face à sa part de défis. L'approche du Parti démocrate à l'égard du Liban a été entachée d'un manque de nuance, n'a pas su mettre en œuvre l'équilibre délicat requis pour naviguer dans les méandres de la politique religieuse. Les conséquences de cette simplification excessive sont ressenties par le peuple libanais qui aspire à la stabilité et à un avenir libre de toute ingérence extérieure.
Et puis il y a la Palestine, le cœur de mon identité. La position du parti démocrate sur la Palestine a été une source de profonde déception. Les belles paroles sur la “solution à deux États” sont vides de sens quand le parti continue d'apporter un soutien indéfectible à Israël, même en présence d'atteintes aux droits de l'homme et de violations flagrantes du droit international. Les images de familles palestiniennes déplacées sous la contrainte, d'enfants supportant le poids d'une guerre qu'ils n'ont pas choisie, hantent ma conscience.
C'est le silence assourdissant qui règne au parti démocrate lorsqu'il s'agit de plaider en faveur d'un cessez-le-feu face à la souffrance des Palestiniens qui me choque le plus. Le parti qui prétend défendre la justice et l'égalité se tait au moment crucial, trahissant les valeurs mêmes qu'il prétend défendre. En tant qu'Américaine d'origine palestinienne, il m'est désormais inconcevable de m'aligner sur un parti qui n'accorde pas la priorité à la vie et au bien-être de mon peuple.
En ce moment de réflexion, je me trouve à la croisée des chemins. Le parti auquel j'ai cru un jour s'est avéré annonciateur de guerre, partie prenante à des conflits laissant dans leur sillage des champs de ruines. Les principes démocratiques qui m'ont séduite ont été éclipsés par un pragmatisme qui sacrifie l'intégrité morale sur l'autel de l'opportunisme géopolitique.
Alors que je chemine dans cet éveil de ma conscience politique, je suis parfaitement consciente du poids de la responsabilité de mon vote. Je ne peux plus voter sur la base d'une allégeance aveugle : je dois au contraire examiner minutieusement les actions et les politiques de ceux qui cherchent à diriger. Le bilan du Parti démocrate au Moyen-Orient a laissé une marque indélébile dans ma conscience, et je ne peux plus ignorer la dissonance entre sa rhétorique et ses agissements.
Mon cheminement en tant qu'Arabo-Américaine, et plus particulièrement en tant qu’Américaine d'origine palestinienne, s'est soldé par une profonde prise de conscience : l'allégeance politique se mérite, elle n'est pas acquise d'office. Le parti démocrate, dans son état actuel, a perdu ma confiance. En regardant devant moi, il me faut explorer d'autres voies, découvrir des dirigeants qui privilégient la diplomatie à la guerre, l'empathie à l'opportunisme, et la justice aux calculs géopolitiques.
En cette période clé, je rappelle que le pouvoir du peuple ne réside pas seulement en sa capacité de voter, mais aussi en sa capacité de demander des comptes à ceux qui détiennent le pouvoir. Le récit de mon parcours politique est toujours en cours, et alors que je navigue dans les complexités de mon identité, je suis déterminée à aligner mes convictions sur des actions dignes des valeurs qui me sont chères. La route à venir est peut-être incertaine, mais c'est une route que j'emprunte avec un nouveau sens de l'action et un engagement en faveur d'une vision de la justice qui transcende les affiliations politiques.