👁🗨 À la veille d'une audience clé, l'épouse d'Assange déclare que ce Noël a été le pire de leur vie
Gabriel, leur fils aîné, avait deux ans quand son père a été enfermé à la prison de Belmarsh. Il en a aujourd'hui sept. Ces années-là, lui & son jeune frère Max ne les vivront plus jamais.
👁🗨 À la veille d'une audience clé, l'épouse d'Assange déclare que ce Noël a été le pire de leur vie.
Par Tareq Haddad, le 19 janvier 2024
Londres — Lors de la nuit la plus froide de l'année à Londres, des centaines de militants, de journalistes et tout simplement de personnes opposées aux poursuites engagées par les États-Unis contre Julian Assange se sont entassés jeudi dans le Conway Hall du centre de Londres, qui abrite depuis longtemps ce que l'on considère comme la plus ancienne organisation de libre-pensée encore en activité dans le monde.
Je faisais partie de ceux qui ont bravé la nuit glaciale pour entrer dans l'ancienne chapelle, construite en 1824. Je faisais partie de ceux qui partageaient la conviction que ce qui arrive à Julian Assange est tout simplement injuste.
En tant que journaliste présent, mon bloc-notes contenait deux questions pour Stella Assange, l'épouse de Julian Assange depuis un peu moins d'un an.
“Pouvez-vous nous dire comment va Julian ? Quel est son état d'esprit à l'approche de la prochaine procédure judiciaire ?”
Incarcéré au H.M.P. Belmarsh depuis son arrestation en avril 2019, les murs de cette prison de haute sécurité ont été ce qui s'est le plus apparenté à un foyer au cours de ce qui dépasse désormais les 1 700 jours d'incarcération.
Après les discours d'Alexei Sayle, de Len McCluskey et des députés britanniques Jeremy Corbyn, Richard Burgon et David Davis, Stella a été la dernière à monter sur scène - la seule à avoir choisi de ne pas se tenir derrière le podium, plaisantant sur le fait qu'elle craignait que le public ne la voie pas.
“D'habitude, j'aime bien commencer par dire comment Julian se porte”, a-t-elle commencé. Fantastique. Je me couche tôt.
Après avoir remercié les intervenants, mon enthousiasme est retombé, car on m'a rappelé une fois de plus la gravité de la situation.
“Le Noël que nous venons de passer a été le pire... le pire jusqu'à présent, parce que...”
Une profonde expiration, ressemblant plus à un soupir, s'échappa de Stella.
“Il y a toujours moins de visites à Noël. Et il est tombé malade, même s'il s'est rétabli. Et puis John Pilger est mort.
“C'est une fin d'année terrible car, comme vous le savez tous, John Pilger n'était pas seulement quelqu'un que Julian admirait sur le plan professionnel. Au fil des ans, ils ont développé une étroite amitié.
“Vous savez, quand je pense à eux deux ensemble, c'est assis à la même table, partageant des anecdotes et riant ensemble.”
Pilger, également australien, était un journaliste de premier plan et un pionnier dans son domaine. Son décès est survenu juste avant le Nouvel An, tout comme celui d'une autre amie proche d'Assange, Dame Vivienne Westwood, l'année précédente. Ces disparitions ont été marquées par le départ d'un autre géant et ami cher d'Assange, Daniel Ellsberg, le lanceur d'alerte des Pentagon Papers, mort en juin 2023
Stella a évoqué les moments passés avec ces amis que M. Assange n'a pas pu revivre en raison de son emprisonnement et des tentatives des États-Unis de l'extrader. Elle a rappelé que M. Assange avait 39 ans lorsque les États-Unis ont entamé leurs poursuites à son encontre. Il avait 40 ans lorsqu'il a connu la liberté pour la dernière fois avant de se réfugier à l'ambassade d'Équateur à Londres pour échapper aux poursuites américaines alors en cours. Il a aujourd'hui 53 ans.
Stella a également rappelé que Gabriel, leur fils aîné, avait deux ans lorsque son père a été emprisonné pour la première fois à la prison de Belmarsh. Il a aujourd'hui sept ans. Ce sont des moments comme ceux-là que lui et son jeune frère Max ne retrouveront jamais.
Les tribunaux britanniques auront l'occasion de rectifier cette erreur judiciaire les 20 et 21 février, lorsque la High Court entendra les arguments des avocats de M. Assange sur les raisons pour lesquelles le cours actuel de cette affaire doit être stoppé.
Plus tôt dans la soirée, le député conservateur David Davis, défenseur improbable mais néanmoins bienvenu de M. Assange, a fait valoir que s'il avait été ressortissant britannique et accusé de crimes équivalents dans ce pays, un jury britannique ne l'aurait jamais condamné.
M. Davis a exposé trois cas importants relevant de l'Official Secrets Act (loi sur les secrets officiels) dans l'histoire récente du Royaume-Uni, à commencer par Clive Ponting, le fonctionnaire du ministère de la défense qui, en 1984, a divulgué des documents classifiés sur le naufrage par la Royal Navy d'un navire argentin pendant la guerre des Malouines, deux ans plus tôt.
Le député conservateur de Haltemprice et Howden a rappelé que le juge avait demandé au jury de déclarer Ponting coupable. Néanmoins, le jury a rendu un verdict de non-culpabilité, soulignant que les révélations étaient en grande partie dans l'intérêt public et dans le droit du public de savoir ce qui est fait en son nom.
M. Davis a rappelé également les procès intentés contre Katharine Gun et Derek Pasquill en vertu de l'Official Secrets Act et a souligné qu'ils s'étaient terminés de la même manière. Si un jury britannique devait juger M. Assange pour les documents qu'il a publiés, a déclaré M. Davis, il ne fait “aucun doute” qu'il rejetterait la plainte.
L'affaire suit son cours.