đâđš Ă lâorphelin affamĂ©, mort seul dans les dĂ©combres
Ce n'est pas parce ce pays sâest fondĂ© sur un gĂ©nocide qu'il faut le reproduire Ă l'infini. Le dieu sioniste ne sert qu'Ă financer les campagnes politiques, cessons de sacrifier des enfants innocents.
đâđš Ă lâorphelin affamĂ©, mort seul dans les dĂ©combres
Par Bill Hatch pour CounterPunch, le 20 juillet 2024
âLes histoires de bĂ©bĂ©s et de jeunes enfants qui meurent parce qu'ils n'ont pas assez Ă manger, et de parents dĂ©semparĂ©s, privĂ©s de leur dignitĂ© parce qu'ils ne peuvent rien faire pour leurs enfants (ou pour eux-mĂȘmes) sont trop nombreuses et trop effroyables pour ĂȘtre dĂ©taillĂ©es ici. Mais imaginez un instant que tout cela arrive Ă vos prochesâ.
â Andrea Mazzarino, Le cinquiĂšme cavalier de l'apocalypse, TomDispatch, 7 juillet 2024
Depuis le 7 octobre, je publie quotidiennement des articles sur la guerre de Gaza sur Facebook (je me suis mĂȘme vu dĂ©cerner un avertissement pour avoir citĂ© une source que la direction de FB rĂ©prouve), je parle Ă des gens qui s'en fichent complĂštement, voire pire, et ma frustration grandit au fur et Ă mesure que la torpeur s'installe. Mais je ne suis pas indiffĂ©rent Ă la mort de centaines de milliers d'enfants. Le traumatisme a mĂȘme empirĂ©, et j'ai dĂ» fouiller ma mĂ©moire pour comprendre pourquoi, jusqu'Ă ce que je remonte Ă lâĂ©tĂ© caniculaire de 1953, dans le service de polio des garçons de l'hĂŽpital du comtĂ© de Stanislaus.
Le petit garçon pleurait la nuit dans le service, parfois presque toute la nuit, nous empĂȘchant tous de dormir. Seule la voix grave de notre rĂ©sident le plus ĂągĂ©, un garçon de 13 ans, parvenait Ă apaiser sa dĂ©tresse, son dĂ©sespoir et ce qui lui semblait ĂȘtre une sĂ©paration totale avec ses parents, bien qu'ils aient fait 160 km par jour pour venir le voir durant l'Ă©tĂ© 1953, au cours de la derniĂšre Ă©pidĂ©mie mondiale de polio, avant que le vaccin Salk n'arrive et n'Ă©radique dĂ©finitivement la polio dans les pays les plus prospĂšres.
âMais, ne voient-ils pasâ, semblaient dire ses sanglots, âque j'ai besoin d'eux ici, maintenant, cette nuit, dans le noir, tout seul et en peur ?â.
Si je me souviens bien, ses parents ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă entrer dans le service. Le reste d'entre nous allait voir nos parents par les fenĂȘtres teintĂ©es de bleu, orientĂ©es vers le sud. Parfois, mon pĂšre, mĂ©decin, venait avec de nouvelles bandes dessinĂ©es pour tout le monde. J'avais 10 ans. On n'imagine pas Ă quel point la prĂ©sence d'un parent est capitale pour un enfant tant qu'il n'en a pas Ă©tĂ© privĂ©, et qu'il n'a pas perçu l'envie dans les yeux de ses compagnons d'infortune, parfois depuis plus d'un an sans visite.
Nous ne savions pas jusqu'à cette nuit-là que le petit garçon, ùgé de 4 ans seulement, pleurait sur sa vie, sa courte vie.
Je suis obsédé par cette histoire. Elle m'aide à faire le lien avec le chiffre avancé cette semaine par The Lancet, la revue médicale britannique, qui fait état de 186 000 morts à Gaza, et non de 40 000 comme on le dit généralement. Les chiffres ont si peu de sens aujourd'hui qu'il est encore plus difficile d'apprécier leur impact. Comment un chiffre, quel qu'il soit, peut-il exprimer la réalité de la mort d'un enfant ou de plusieurs, ou de tant d'autres, jour aprÚs jour ?
Dans le service de polio, les pleurs du petit garçon se sont faits de plus en plus ténus au fil de la nuit, jusqu'à ce qu'ils cessent et que nous entendions le bruissement des tenues amidonnées des infirmiÚres, leurs voix feutrées et la voix masculine plus grave d'un médecin. autour de son petit lit. Il est mort dans cette relative humanité qu'est l'hÎpital, sans ses parents mais entouré d'infirmiÚres et de tous ses grands frÚres atteints de polio, immobiles dans leurs lits, priant en silence.
Les enfants de Palestine meurent dans une effroyable confusion de cris de souffrance et de dĂ©sespoir, de lamentations, de hurlements, d'explosions de bombes, d'immeubles qui s'Ă©croulent autour d'eux, et je n'ose imaginer les autres scĂšnes dans ce monstrueux chaos. Ils gisent affamĂ©s, blessĂ©s, privĂ©s de mĂ©dicaments et leurs regards, d'abord sous le choc de la douleur et de la souffrance, cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment de l'aide au dehors, sont finalement aspirĂ©s par la spirale de lâhorreur. Leurs yeux n'essaient plus de se recentrer, ils sont happĂ©s vers un tunnel de souffrance au bout duquel luit la clartĂ© d'une issue infinie.
Ils meurent solitaires, mais s'ils se trouvent dans les vestiges d'un des rares hĂŽpitaux palestiniens, ils meurent entourĂ©s de parents encore en vie, peut-ĂȘtre d'une ou deux infirmiĂšres, d'un mĂ©decin Ă©puisĂ© et dĂ©semparĂ© et, bien sĂ»r, dans le fracas des bombes, des missiles, des obus et des armes automatiques. L'Ă©tincelle qui animait leur Ăąme s'envole au travers des toits bombardĂ©s des hĂŽpitaux, des Ă©coles ou des maisons, et tourbillonne dans un nuage de poussiĂšre au-dessus des dĂ©combres de leurs quartiers, tout leur univers, fauchĂ©s par des maniaques assassins vivant en d'autres lieux, dont les mĂšres applaudissent tout le mal qu'ils infligent, souhaitant seulement que leurs jeunes tueurs rentrent sains et saufs sur la terre qu'ils imaginent ĂȘtre la leur en toute lĂ©galitĂ©, garantie par le CongrĂšs amĂ©ricain soudoyĂ© et l'idĂ©ologie sioniste d'une âterre sans peuple pour un peuple sans terreâ.
Selon Adele Khodr, directrice régionale de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord :
âDes images horribles continuent de parvenir de Gaza, montrant des enfants mourant sous les yeux de leur famille par manque de nourriture et de produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, victimes de la destruction des services de santĂ©â.
â Juan Cole, Informed Comment, 12 juin 2024
Câest en disant la vĂ©ritĂ© que les dĂ©munis ont toujours repris le pouvoir. Ils cessent de cĂ©der au dĂ©sespoir. Ils cessent de s'apitoyer sur leur sort. Je me souviens des garçons installĂ©s avec moi dans ce pauvre hĂŽpital de campagne, dans la chaleur accablante de l'Ă©tĂ©, sans air conditionnĂ©. Je me souviens que nous avons essayĂ© d'ĂȘtre amis malgrĂ© la douleur et la peur, luttant contre une mort trop proche.
Les étincelles de vies innocentes jaillissant des décombres de nos mondes peuvent toujours nous servir de témoins. En nous autorisant à dire la vérité, nos vies commencent à prendre du sens, une fois libérées des zones d'ombre terrifiantes de l'idéologie. Le dieu sioniste n'est qu'un pourvoyeur de dons pour les campagnes politiques et il faut cesser de lui sacrifier des enfants innocents.
Ce n'est pas parce que notre pays sâest fondĂ©, pour une bonne part, sur un gĂ©nocide que nous devons le rĂ©pĂ©ter Ă l'infini. Bien que ce soit notre histoire, nous ne devrions pas souscrire Ă cette dĂ©claration faite en 1851 par le premier gouverneur de Californie, Peter Burnett :
âIl faut s'attendre Ă ce qu'une guerre d'extermination entre les races perdure jusqu'Ă ce que la race indienne s'Ă©teigne. Bien que nous ne puissions que dĂ©plorer vivement cette situation, le destin inĂ©vitable des Indiens dĂ©passe le pouvoir et la sagesse de l'hommeâ.
Nous ne devrions pas non plus nous ranger à l'avis du président Andrew Jackson, qui déclarait dans son cinquiÚme message annuel, le 3 décembre 1833 :
âIls n'ont ni l'intelligence, ni l'industrie, ni les bonnes mĆurs, ni le dĂ©sir de progrĂšs essentiels Ă tout changement favorable de leur condition. ImplantĂ©s au cĆur d'une race supĂ©rieure, et sans avoir conscience des causes de leur infĂ©rioritĂ© ni chercher Ă les corriger, ils doivent nĂ©cessairement cĂ©der sous la pression des contingences et disparaĂźtre Ă plus ou moins brĂšve Ă©chĂ©anceâ.
Je rĂ©fute cette vieille tradition amĂ©ricaine et m'oppose catĂ©goriquement aux tueurs nĂ©o-indiens narcissiques dotĂ©s de l'arme nuclĂ©aire qui dominent aujourd'hui notre politique Ă©trangĂšre et, jour aprĂšs jour, entraĂźnent le monde vers une destruction totale. Je sais que nous sommes nombreux Ă Ă©prouver de la compassion pour le peuple palestinien, malgrĂ© la multitude d'idĂ©ologies perverses qui nous amputent de notre humanitĂ© et nous isolent les uns des autres. Au nom des orphelins palestiniens qui meurent de faim dans les dĂ©combres de Gaza, je continuerai Ă m'opposer Ă ces idĂ©ologies, et au slogan ultra-raciste : âune terre sans peuple pour un peuple sans terreâ.
https://scheerpost.com/2024/07/20/to-a-starving-orphan-who-died-alone-in-rubble/
Je ne pense pas que l'auteur ait envoyĂ© ce texte au candidat qui porte un renard mort en guise de chevelure...mais Ă part un haussement d'Ă©paule d'incomprĂ©hension de cet homme politique, on comprendra aisĂ©ment qu'Andrew Jackson a laissĂ© des traces indĂ©lĂ©biles chez ses survivants....triste monde anglo-saxon d'oĂč quelques lumiĂšres furtives comme Roger Waters, Catleen Johnstone et l'auteur font penser Ă des feux follets Ă©chappĂ©s d'un cruel cimetiĂšre...