đâđš Albanese a raison : il est temps de classer le dossier Julian Assange
Si la justice véritable est trop exigeante pour les faucons, le message d'Albanese pourrait bien signifier que les autorités compétentes ont finalement réalisé l'évidence: la libéreration d'Assange.
đâđš Albanese a raison : il est temps de classer le dossier Julian Assange
Si la justice véritable est trop exigeante pour les faucons, le message d'Albanese pourrait bien signifier que les autorités compétentes ont finalement réalisé l'évidence: libérer Assange.
La position du Premier ministre australien pourrait signifier que la fin de la saga juridique de WikiLeaks est proche.
đ° Par JJ Rose*, le 20 dĂ©cembre 2022
Au cours des 16 derniÚres années, le site web WikiLeaks a bouleversé la politique américaine, et celle d'autres pays, en publiant des documents gouvernementaux classifiés et des vidéos liées aux guerres de Washington en Irak et en Afghanistan, ainsi qu'à d'innombrables autres sujets que les autorités préféraient tenir à l'écart des projecteurs.
Ce travail a placĂ© Julian Assange, le fondateur australien de WikiLeaks, dans le collimateur du systĂšme judiciaire amĂ©ricain et de ses alliĂ©s depuis 2010. Il est actuellement dĂ©tenu dans une prison de haute sĂ©curitĂ© au Royaume-Uni et risque d'ĂȘtre extradĂ© vers les Ătats-Unis pour espionnage, ce qui pourrait lui valoir une peine de 175 ans de prison.
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a droit à quelques félicitations pour avoir demandé la fin de la longue saga judiciaire d'Assange. L'intervention de M. Albanese, entré en fonction en mai en tant que premier premier ministre du Parti travailliste australien en neuf ans, pourrait contribuer à la libération d'Assange, le prisonnier de conscience le plus connu au monde.
M. Albanese s'est positionné de maniÚre relativement discrÚte. Il n'a pas tenu de conférence de presse ni publié de communiqué de presse, mais a simplement déclaré ce qui suit au Parlement, aprÚs qu'un député a soulevé une question sur le cas d'Assange : "Ma position est claire et a été communiquée clairement à l'administration américaine : Il est temps de mettre un terme à cette affaire."
Aucun autre dirigeant politique australien n'a fait preuve de cette netteté.
La premiĂšre audience de l'appel d'Assange contre l'extradition doit commencer devant la High Court de Londres au dĂ©but de l'annĂ©e prochaine. Cet appel est probablement la derniĂšre chance d'Assange d'Ă©viter d'ĂȘtre livrĂ© aux Ătats-Unis contre son grĂ©.
Toutefois, son Ă©quipe juridique a Ă©galement dĂ©posĂ© un recours auprĂšs de la Cour europĂ©enne des droits de l'homme afin d'interrompre le processus d'extradition de la Grande-Bretagne, comme stratĂ©gie de secours. Les tribunaux europĂ©ens sont susceptibles d'ĂȘtre favorables Ă Assange et de prendre position contre les Ătats-Unis et le Royaume-Uni.
Ce qui pourrait placer Washington en position difficile, selon Gabriel Shipton, le frĂšre d'Assange.
"J'imagine que les Ătats-Unis veulent Ă©viter ... d'essayer d'extrader un Ă©diteur d'Europe pour avoir publiĂ© des rĂ©vĂ©lations sur les guerres amĂ©ricaines, alors que les Ătats-Unis demandent Ă l'Europe de faire toutes sortes de sacrifices pour la guerre en Ukraine", a dĂ©clarĂ© Shipton Ă Reuters ce mois-ci.
Pour les Ătats-Unis aussi, il serait absurde de se saisir d'un prisonnier politique d'un tel calibre alors qu'ils cherchent Ă s'imposer dans leurs guerres mondiales de relations publiques avec la Chine et la Russie.
L'administration du président américain Joe Biden souhaite-t-elle qu'Assange et son cas soient exposés aux yeux du public précisément en ce moment? Certainement pas.
Le monde d'aujourd'hui est trĂšs diffĂ©rent de celui dans lequel les plus grandes rĂ©vĂ©lations de WikiLeaks ont Ă©tĂ© faites. La guerre en Ukraine, le changement climatique, le covid et d'autres questions ont modifiĂ© l'ordre du jour Ă Washington, et dans d'autres capitales. Manifestement, Assange est loin d'ĂȘtre le seul enjeu, ou du moins, il ne devrait pas l'ĂȘtre.
Les Ătats-Unis pourraient Ă tout moment annuler la demande d'extradition d'Assange. En particulier, Chelsea Manning, qui a jouĂ© un rĂŽle central dans la diffusion Ă WikiLeaks de documents du gouvernement amĂ©ricain sur les guerres d'Irak et d'Afghanistan, a vu sa peine commuĂ©e de 35 Ă 7 ans en 2017 et est dĂ©sormais libre.
Peut-ĂȘtre que le Premier ministre australien n'essaie pas tant de faire avancer la libĂ©ration d'Assange, que plutĂŽt mettre en scĂšne le rĂ©cit d'un processus dont il sait qu'il se dirige vers une issue.
Depuis avril 2019, Assange est détenu à la prison Belmarsh de Londres, un complexe conçu pour les prisonniers notoires considérés comme une menace pour la sécurité nationale du Royaume-Uni. Les autorités britanniques ne savent tout simplement pas vraiment quoi faire de lui.
Greg Barns, un avocat qui conseille l'Australian Assange Campaign, a fait valoir que les poursuites engagées contre Assange constituent une menace pour la liberté de la presse et la liberté d'expression, suggérant qu'elles font passer pour hypocrites les critiques américaines et britanniques à l'égard de la répression des médias par Hong Kong.
Les autorités de Londres et de Washington ne se soucient guÚre de cet argument. Elles s'inquiÚtent davantage de la pression politique que cette affaire ne cesse de générer au fur et à mesure qu'elle se prolonge. Et comme les conseillers politiques aiment à le dire, les perspectives sont désastreuses.
Il est en effet temps que ce moment peu édifiant pour la démocratie occidentale prenne fin, comme l'a dit M. Albanese. La poursuite de l'incarcération d'Assange n'a aucun sens, si ce n'est le besoin pathologique de ceux qui le poursuivent de continuer à creuser la tombe politique dans laquelle ils se sont engouffrés.
Si la justice vĂ©ritable est trop exigeante pour les faucons, alors l'intĂ©rĂȘt personnel et la stratĂ©gie politique devraient garantir la libĂ©ration d'Assange. Le message d'Albanese pourrait bien signifier que les autoritĂ©s compĂ©tentes ont finalement rĂ©alisĂ© l'Ă©vidence.
* JJ Rose est directeur de la société de conseil en médias Random Ax Media en Australie.
https://asia.nikkei.com/Opinion/Albanese-is-right-It-is-time-to-close-the-case-of-Julian-Assange