👁🗨 Appeler les choses par leur nom
Soutenir la Palestine, ce n'est pas seulement condamner les bombes et le blocus, c'est défendre le droit d'un peuple à nommer sa destruction et sa libération dans sa propre langue.
👁🗨 Appeler les choses par leur nom
Par Story Ember leGaïe, le 22 mai 2025
Pourquoi les Palestiniens refusent d'appeler leur génocide un “holocauste”.
“L'holocauste n'est pas l'unité de mesure universelle de la souffrance humaine”.
— Not in Translation, Story leGaïe
Que signifie pleurer dans une langue qui n'est pas la vôtre ? Nommer votre anéantissement avec des termes approuvés par votre colonisateur ? Ce n'est pas seulement une question sémantique, c'est un champ de bataille.
Aujourd'hui, je partage mon dernier article intitulé : “Non transposable : le colonialisme linguistique et l'effacement du génocide palestinien dans le discours occidental”. Téléchargez le PDF complet ici [Ndt : en cours de traduction]
Cet article ne traite pas seulement des mots. Il traite de la souveraineté narrative, de qui a le droit de définir le génocide, de qui a le droit à la reconnaissance de sa souffrance et des cadres imposés pour uniformiser ou filtrer la douleur des Palestiniens afin de la rendre acceptable pour l'Occident.
Que contient cet article ?
1. Le colonialisme linguistique :
Imposer la terminologie des colons, en particulier la grammaire traumatique centrée sur l'Holocauste, revient à effacer le droit des Palestiniens à nommer leur propre génocide. Les médias occidentaux, les instances juridiques et les milieux universitaires exigent souvent des Palestiniens qu'ils décrivent leur destruction en utilisant des termes ancrés dans l'histoire européenne. Ce n'est pas de la solidarité, c'est de l'asservissement.
2. Le lexique indigène de la Résistance :
Les Palestiniens nomment leur réalité avec des mots qui portent en eux des siècles de lutte :
Ibāda jamāʿiyya (إبادة جماعية) : génocide
Nakba (النكبة) : catastrophe
Istʾiṣāl (استئصال) : déracinement
Tanfiyya (تنفية) : expulsion
Muqāwama (مقاومة) : résistance
Ces termes ne sont pas des métaphores. Ils sont des traces mémorielles codées dans la grammaire, le refus d'être mal nommés.
3. Maḥraqa (محرقة) et la politique de la traduction :
Bien que maḥraqa soit souvent utilisé pour traduire “Holocauste” en arabe, l'article montre qu'il ne s'agit pas d'un terme natif du discours palestinien. Il a été importé par les régimes de traduction institutionnels et normalisé sous la pression diplomatique, et n'a pas été choisi par les Palestiniens eux-mêmes.
4. Données empiriques de 2006 à 2025 :
Une analyse approfondie, assistée par l'IA, des médias arabophones, des publications sur les réseaux sociaux et des rapports juridiques montre que :
Ibāda est couramment utilisé, de manière cohérente et avec une spécificité juridique.
Maḥraqa est rare, métaphorique et souvent rejeté.
Même des organismes de défense des droits humains comme Amnesty International et le HCDH utilisent le terme génocide, et non Holocauste, pour décrire ce qui se passe à Gaza.
5. Refuser la grammaire des colons, c'est faire de la résistance :
Cet article soutient que la traduction peut être un outil d'effacement. Lorsque les Palestiniens insistent pour appeler leur génocide “ibāda” et non “Holocauste”, ils revendiquent leur autonomie épistémique, affirment leur histoire et refusent d'être intégrés dans l'échafaudage mémoriel de quelqu'un d'autre.
Pourquoi est-ce important ?
Ce génocide n'est pas une métaphore. Ce n'est pas une leçon de morale, une analogie historique ou une réminiscence symbolique. C'est réel, cela se déroule sous nos yeux et tout est fait pour le passer sous silence, en particulier lorsque les Palestiniens refusent d'utiliser les termes dictés par les colonisateurs.
Soutenir la Palestine, ce n'est pas seulement condamner les bombes et le blocus, c'est défendre le droit d'un peuple à nommer sa destruction et sa libération dans sa propre langue.
Lire et partager l'article complet : Télécharger « Not in Translation » (PDF)
Référence : leGaïe, Story. “Not in Translation : Linguistic Colonialism and the Erasure of Palestinian Genocide in Western Discourse”. The Genospectra Institute. Mai 2025.
Traduit par Spirit of Free Speech