👁🗨 Assange & Wikileaks : Ça, c'est du journalisme.
Dans le livre, 30 fichiers WikiLeaks que le "gouvernement américain ne veut pas que vous lisiez", énumèrent coups d'État, atrocités, violations des droits, espionnage.... Et ça, c'est du journalisme.
👁🗨 Assange & Wikileaks : Ça, c'est du journalisme.
Le 7 juillet 2023
Dans le livre, 30 fichiers WikiLeaks que le "gouvernement américain ne veut pas que vous lisiez", énumèrent coups d'État, atrocités, violations des droits, espionnage de dirigeants, etc. Ça, c'est du journalisme.
Il y a dix ans, le média indépendant Democracy Now ! a interviewé Kevin Gosztola, alors âgé de 25 ans, pour connaître son point de vue sur le procès du lanceur d'alerte et ancien soldat américain Bradley Manning, accusé d'avoir communiqué à WikiLeaks près de 7 50 000 documents. Ces documents comprenaient des dossiers militaires classifiés, pour lesquels l'éditeur de WikiLeaks, Julian Assange, doit être jugé. Gosztola était alors décrit comme un blogueur spécialisé dans les libertés civiles à Firedoglake, un espace collaboratif d'information en ligne, et faisait partie des quelques journalistes qui couvraient quotidiennement le procès Manning.
Depuis lors, M. Gosztola a acquis un statut de premier plan en tant que journaliste défendant la cause des lanceurs d'alerte et des éditeurs dont le crime est le journalisme. En tant que rédacteur en chef de Shadowproof, un site d'information en ligne soutenu par ses lecteurs, M. Gosztola a réalisé un reportage approfondi sur les audiences d'extradition de M. Assange, en direct du tribunal de Woolwich à Londres, non loin de la prison de Sa Majesté Belmarsh, où M. Assange est incarcéré. L'éditeur australien de WikiLeaks a été kidnappé en 2019 de l'ambassade d'Équateur où il s'était réfugié depuis 2012, craignant un simulacre de procès et une extradition vers les États-Unis, où il ne s'attend pas à ce que justice soit faite.
“L'Affaire Assange: Histoire d'une persécution politique” (2022), de Nils Melzer, ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, expliquait la raison principale pour laquelle les États-Unis en avaient après Assange : parce que WikiLeaks avait publié en 2010 des détails sur les crimes de guerre commis par les Américains. Le pire pour les États-Unis fut été la vidéo "Collateral Murder", qui montre ce qui s'est passé le 12 juillet 2007 dans un quartier résidentiel de Bagdad, en Irak, où des soldats américains ont tiré sans discernement sur des personnes et les ont tuées, y compris deux employés de Reuters et ses sauveteurs potentiels.
Gosztola va beaucoup plus loin dans Guilty of Journalism. Il ne se contente pas de disséquer l'injustice dont Assange a été victime, mais retrace également les dispositions draconiennes de l’Espionage Act. Ce faisant, il dénonce les médias et les institutions gouvernementales qui perpétuent les mensonges tout en conservant un vernis d'impartialité.
Dans l'avant-propos, la journaliste américaine Abby Martin écrit : "Des années après que l'establishment libéral - qui avait autrefois couvert Assange d'éloges - l'a abandonné massivement, Kevin n'a pas relâché son dévouement à l'affaire". La perception créée - dans la mesure où elle a été largement présentée comme une vérité - était qu'Assange était un agent russe depuis 2016. Cependant, l'inculpation et le procès d'extradition d'Assange n'ont rien à voir avec l'élection de 2016, mais, comme Gosztola l'expose à travers les témoignages et l'enquête, tout à voir avec la publication de crimes de guerre.
Certains chapitres sont des révélations : Gosztola explique comment une agence de sécurité privée, Undercover Global, a espionné Assange alors reclus dans l'ambassade d'Équateur. Un autre chapitre porte sur l'histoire des lanceurs d'alerte. Un autre encore examine les témoignages présentés lors du procès d'extradition par des journalistes qui avaient travaillé avec Assange et qui, selon eux, s'en tenaient aux "pratiques habituelles de collecte d'informations". Le chapitre 12 mérite d'être relu, car il montre comment certains organes de presse, dont le New York Times, CNN, The Guardian et d'autres, ont "aidé et encouragé" les poursuites engagées par les États-Unis à l'encontre de l'éditeur de WikiLeaks.
La première ligne du livre est la suivante : "Julian Assange est un journaliste".
Pourquoi cette affirmation ? C'est essentiel, car le récit construit par l'administration américaine avec l'aide des "médias de prestige" dit qu’Assange n'est pas un journaliste. Qu'est-ce donc, sinon du journalisme, que le courage de publier des documents compromettants que très peu de rédacteurs en chef auraient le courage de publier ?
Dans Ithaka, un film consacré au combat de la famille d'Assange pour le sauver, cette question est également posée à son père, John Shipton. Et il énumère les prix journalistiques remportés par Assange.
Ce livre de Gosztola, qui raconte comment le FBI a pris Assange pour cible, contient, en fin de compte, 30 fichiers WikiLeaks que le "gouvernement américain ne veut pas que vous lisiez". Il énumère les coups d'État, les atrocités commises en matière de politique étrangère, les violations des droits de l'homme, l'espionnage des dirigeants d'autres pays, etc.
Et ça, c'est du journalisme.