đâđš Assange autorisĂ© Ă faire appel de l'extradition amĂ©ricaine
Assange âpourraâ faire valoir & âchercher Ă invoquerâ le 1er Amendement : le flou de la formulation de cette âgarantieâ ne garantissant rien, elle constitue le point dâappel accordĂ© par le tribunal.
đâđš Assange autorisĂ© Ă faire appel de l'extradition amĂ©ricaine
Par Tareq Haddad, le 20 mai 2024
Londres â Les juges de la Haute Cour britannique ont autorisĂ© Julian Assange, Ă©diteur de WikiLeaks, Ă faire appel de sa demande d'extradition contre les Ătats-Unis.
Cette dĂ©cision fait suite Ă une audience tenue en mars au cours de laquelle les juges - Dame Victoria Sharp, prĂ©sidente de la King's Bench Division, et le juge Jeremy Johnson - s'Ă©taient rĂ©servĂ© le droit de statuer sur la question de savoir si Julian Assange pouvait faire appel, dans l'attente de nouvelles garanties de la part du gouvernement des Ătats-Unis.
Ces garanties ont Ă©tĂ© fournies par les Ătats-Unis en avril et stipulaient, par le biais d'une note diplomatique adressĂ©e au gouvernement britannique, que
âs'il est extradĂ©, Assange pourra faire valoir et chercher Ă invoquer lors du procĂšs (qui inclut toute audience de dĂ©termination de la peine) les droits et les protections accordĂ©s par le Premier Amendement de la Constitution des Ătats-Unisâ.
Ils ont également déclaré que :
âLa peine capitale ne sera ni requise ni prononcĂ©e Ă l'encontre d'Assangeâ, ajoutant ensuite que : âles Ătats-Unis assurent qu'il ne sera pas jugĂ© pour une infraction passible de la peine de mortâ.
Lors de l'ouverture des plaidoiries lundi, Edward Fitzgerald KC, au nom de M. Assange, a déclaré qu'en ce qui concerne les garanties relatives à la peine de mort, son équipe accepte que
âla dĂ©claration sans ambiguĂŻtĂ© des Ătats-Unis fournissent selon laquelle ils n'inculperaient pas M. Assange pour une infraction passible de la peine de mortâ,
ajoutant que les garanties fournies Ă cet Ă©gard Ă©taient âsuffisantesâ.
Toutefois, en ce qui concerne les garanties fournies par les Ătats-Unis sur la question de savoir si M. Assange, en tant que citoyen australien, aurait droit aux protections du Premier Amendement et si sa nationalitĂ© ferait l'objet d'une discrimination, M. Fitzgerald a dĂ©clarĂ© que âles engagements sont moins clairsâ.
M. Fitzgerald a soulignĂ© que les assurances donnĂ©es Ă cet Ă©gard ne dissipent pas les inquiĂ©tudes de la Cour, soulignant que la dĂ©claration indique que M. Assange peut âinvoquer et chercher Ă invoquerâ le Premier Amendement, mais ne garantit pas que de tels arguments soient recevables.
M. Fitzgerald a ensuite Ă©voquĂ© des affaires dans lesquelles les tribunaux amĂ©ricains ont jugĂ© que les citoyens non amĂ©ricains n'avaient en fait pas droit aux protections constitutionnelles, ainsi que des dossiers dans lesquels la branche exĂ©cutive du gouvernement amĂ©ricain a fourni des garanties qui n'ont pas Ă©tĂ© confirmĂ©es par les tribunaux amĂ©ricains, en faisant valoir que le pouvoir judiciaire est un organe indĂ©pendant du gouvernement qui dispose d'une certaine marge de manĆuvre pour rendre ses propres jugements.
En rĂ©ponse aux avocats d'Assange, James Lewis KC, au nom des Ătats-Unis, a dĂ©clarĂ© Ă la Cour de ne pas se laisser âsĂ©duire par l'approche simpliste et sĂ©duisanteâ adoptĂ©e par l'opposition.
M. Lewis a retracĂ© l'historique de l'article 81(b) de la loi britannique sur l'extradition de 2003, qui interdit les extraditions dans les cas oĂč la personne recherchĂ©e fait l'objet d'une discrimination en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalitĂ©, de son sexe, de son orientation sexuelle ou de ses opinions politiques, arguant qu'il s'agit d'une clause anti-discrimination dans laquelle la personne poursuivie doit dĂ©montrer qu'elle est persĂ©cutĂ©e ou poursuivie spĂ©cifiquement en raison de la âcaractĂ©ristique incriminĂ©eâ pour que l'extradition puisse ĂȘtre empĂȘchĂ©e.
M. Lewis a fait valoir que si M. Assange était un citoyen américain, il ne pourrait pas invoquer les protections du Premier amendement car, en droit, la publication d'informations relatives à la sécurité nationale resterait passible de poursuites.
âCette garantie rĂ©pond Ă ce qu'elle est censĂ©e garantirâ, a dĂ©clarĂ© M. Lewis. âElle garantit qu'il ne sera pas lĂ©sĂ© lors du procĂšs ou de la condamnation dans les arguments de dĂ©fense qu'il soulĂšvera en raison de sa nationalitĂ©â.
AprĂšs avoir entendu les arguments, les juges n'Ă©taient pas tenus de se prononcer sur cette question de droit Ă ce stade, mais seulement de dĂ©terminer si elle Ă©tait suffisamment Ă©tayĂ©e pour ĂȘtre dĂ©battue plus avant en appel. Ils ont constatĂ© que c'Ă©tait le cas.
AprÚs une brÚve suspension de séance, Dame Sharp a rendu sa décision en ces termes :
âNous avons examinĂ© attentivement les arguments prĂ©sentĂ©s par Ă©crit et oralement.
âPremiĂšrement, concernant l'article 103 de la loi sur l'extradition de 2003, nous dĂ©cidons d'autoriser l'appel pour les motifs quatre et cinq [protections du Premier Amendement et discrimination sur la base de la nationalitĂ©] pour tous les chefs d'accusation contenus dans le deuxiĂšme acte d'accusation complĂ©mentaire.
âDeuxiĂšmement, le renouvellement de la requĂȘte en appel au titre de l'article 108 de la loi sur l'extradition de 2003 [appel sĂ©parĂ© contre le secrĂ©taire d'Ătat britannique] est refusĂ©â.
Le juge a donnĂ© aux deux parties jusqu'au 24 mai 14 heures pour dĂ©poser leur nouveau recours, ainsi qu'un projet d'ordonnance d'appel devant ĂȘtre approuvĂ© par les deux parties. Si les avocats ne parviennent pas Ă se mettre d'accord, il leur est demandĂ© d'exposer leurs divergences Ă la Cour dans le mĂȘme dĂ©lai.
L'affaire suit son cours.
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