đâđš Assange doit ĂȘtre libĂ©rĂ© dâurgence : la libertĂ© d'information n'est pas un crime
Comment envisager de lâextrader lĂ -bas? Qu'est-ce que c'est que cette procĂ©dure ? ceux qui sont coupables de crimes doivent finir en prison, pas ceux qui s'y opposent par le biais de l'information.
đâđš Assange doit ĂȘtre libĂ©rĂ© dâurgence : la libertĂ© d'information n'est pas un crime
Par Stefania Ascari, avocate et députée, le 9 février 2024 - English version below
Comment envisager de lâextrader vers ce pays ? Qu'est-ce que c'est que cette procĂ©dure ? Ceux qui commettent les crimes doivent finir en prison, pas ceux qui s'y opposent par l'information.
Aujourd'hui, j'ai dĂ©battu Ă la Chambre de la motion d'urgence adressĂ©e au ministre des Affaires Ă©trangĂšres sur le cas de Julian Assange. Cette affaire honteusement injuste concerne un journaliste qui nous a permis d'apprendre, non pas aprĂšs des dĂ©cennies, mais en temps rĂ©el, avec des preuves documentĂ©es, les crimes commis par les gouvernements - tels que la torture Ă Guantanamo, les dĂ©chets toxiques dĂ©versĂ©s dans nos mers, les vrais visages des guerres en Irak et en Afghanistan, la propagande visant Ă dompter l'opinion publique en faveur de la surenchĂšre militaire, les lettres diplomatiques entre les Ătats-Unis et l'Italie dans lesquelles notre servilitĂ© Ă l'Ă©gard des Ătats-Unis est criante .
Le 5 avril 2010, Julian Assange a publiĂ© une vidĂ©o confidentielle intitulĂ©e âCollateral Murderâ, dans laquelle on voit un hĂ©licoptĂšre amĂ©ricain Apache massacrer des civils non armĂ©s Ă Bagdad, sous les rires de l'Ă©quipage. La vidĂ©o est datĂ©e du 12 juillet 2007 et provient d'un dossier du Pentagone. Les images ont Ă©tĂ© prises en temps rĂ©el par l'un des deux hĂ©licoptĂšres Apache qui ont survolĂ© la ville ce jour-lĂ pour chasser les insurgĂ©s et ont documentĂ© le massacre sans filtre ni censure. Une quinzaine de civils, dont un photographe de guerre respectĂ© de 22 ans et son assistant et chauffeur de 40 ans, qui travaillaient tous deux pour l'agence de presse internationale Reuters, ont Ă©tĂ© dĂ©chiquetĂ©s par des balles de calibre 30 millimĂštres tirĂ©es par l'Apache, tandis que deux enfants irakiens ont Ă©tĂ© griĂšvement blessĂ©s.
Leur pĂšre, au volant d'une camionnette, s'Ă©tait arrĂȘtĂ© pour secourir le chauffeur du photographe de Reuters qui gisait gravement blessĂ© au sol, mais l'hĂ©licoptĂšre l'a criblĂ© de balles et a achevĂ© le survivant. Seuls les deux petits de cinq et dix ans, assis Ă l'arriĂšre du vĂ©hicule, s'en sont miraculeusement sortis avec de trĂšs graves blessures.
Apparemment, ce spectacle a dĂ» susciter la satisfaction de l'Ă©quipage, si l'on en croit les conversations enregistrĂ©es sur la vidĂ©o. L'un d'entre eux a dĂ©clarĂ© en riant : âĂa y est, touchĂ©s.â Et encore : âRegardez ces bĂątards mortsâ. Dans un premier temps, les autoritĂ©s amĂ©ricaines avaient affirmĂ© que les personnes tuĂ©es Ă©taient des combattants, puis que l'attaque avait eu lieu dans le cadre d'une opĂ©ration de combat avec des forces hostiles. Il s'est ensuite avĂ©rĂ© qu'il s'agissait de mensonges.
En juin 2010, le magazine amĂ©ricain Wired a rĂ©vĂ©lĂ© qu'en Irak, un jeune AmĂ©ricain d'Ă peine vingt-deux ans avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© aprĂšs avoir dĂ©clarĂ© dans des forums de discussion que c'Ă©tait lui qui avait transmis la vidĂ©o Collateral Murder et des centaines de milliers d'autres documents secrets du gouvernement amĂ©ricain Ă WikiLeaks. Ce jeune homme de 22 ans s'appelait Bradley Manning et Ă©tait alors analyste du renseignement au sein de l'armĂ©e amĂ©ricaine en mission en Irak ; il a payĂ© cher son acte de conscience et de justice. C'est Ă©galement grĂące Ă Assange que nous connaissons les âAfghan War Logsâ, publiĂ©s le 25 juillet 2010, qui ont mis le Pentagone dans tous ses Ă©tats. Il s'agit de 76 910 rapports secrets sur la guerre en Afghanistan compilĂ©s par des soldats amĂ©ricains sur le terrain entre janvier 2004 et dĂ©cembre 2009, un aperçu sans prĂ©cĂ©dent de ce conflit lointain et ignorĂ©.
Ces dossiers restent la seule source publique permettant de reconstituer les attaques, les morts et les exécutions extrajudiciaires survenues en Afghanistan entre 2004 et 2009. Julian Assange a démantelé la machine à mentir des guerres qui n'exportent pas de démocraties ou de protections des droits de l'homme, mais servent à financer le secteur militaro-industriel, le commerce des armes et le blanchiment d'argent, ainsi que l'escalade militaire. Une couche invisible de pouvoir qui ne veut pas de la lumiÚre mais qui veut opérer dans l'obscurité pour avoir les mains libres.
Comme nous l'a dit Assange, l'objectif de la guerre, en ce qui concerne l'Afghanistan par exemple, n'est pas de la gagner, l'objectif est une guerre qui dure parce que plus elle dure, plus l'argent des impÎts des citoyens européens et américains sortira de nos poches pour financer le secteur militaro-industriel, les usines d'armement et tout le business de l'argent et du pouvoir qui gravite autour d'eux.
Et nous le savons bien aussi, en Italie, oĂč ce niveau de pouvoir n'a jamais Ă©tĂ© atteint et oĂč les instigateurs, les organisateurs et les financiers des massacres qui ont ensanglantĂ© le pays et entravĂ© et privĂ© la vĂ©ritĂ© et la justice jusqu'Ă aujourd'hui sont encore occultĂ©s.
Julian Assange a eu le courage de dĂ©fier ce pouvoir et de le rĂ©vĂ©ler au grand jour. C'est pour cette raison qu'il ne marche plus dans les rues en homme libre depuis 14 ans, que sa vie a Ă©tĂ© dĂ©truite et qu'il risque aujourd'hui, s'il est extradĂ©, jusqu'Ă 175 ans de prison aux Ătats-Unis. Dans ce mĂȘme pays oĂč la CIA, l'agence de renseignement la plus puissante du monde, avait prĂ©parĂ© un plan pour le tuer. Comment peut-on envisager qu'il puisse ĂȘtre extradĂ© vers ce pays ? Qu'est-ce que c'est que cette procĂ©dure ? L'Ătat ne peut et ne doit pas prĂ©server les secrets, et ceux qui commettent des crimes de guerre doivent finir en prison, pas ceux qui s'y opposent par l'information.
La libre information n'est pas un crime, dĂ©voiler des crimes n'est pas un crime, et les gens honnĂȘtes le savent, Ă©tant donnĂ© les nombreuses manifestations dans les rues en faveur d'Assange, les associations qui le suivent de prĂšs, comme Free Assange Italia, les journalistes qui dĂ©noncent les dangers liĂ©s Ă ces Ă©vĂ©nements, comme Stefania Maurizi, les municipalitĂ©s italiennes qui ont accordĂ© la citoyennetĂ© d'honneur au fondateur de Wikileaks.
Julian Assange est un journaliste, pas un criminel : il doit ĂȘtre libĂ©rĂ©.
Liberté pour Julian Assange.
đâđš Assange must be urgently released: freedom of information is not a crime
By Stefania Ascari, lawyer and MP, February 9, 2024
How can we consider extraditing him there? What kind of procedure is this? Those guilty of crimes should end up in prison, not those who oppose them through information.
How can we consider extraditing him to this country? What kind of procedure is this? Those who commit crimes should end up in prison, not those who oppose them with information.
Today, I debated in the House the urgent motion addressed to the Minister of Foreign Affairs on the case of Julian Assange. This shamefully unfair case concerns a journalist who has enabled us to learn, not after decades, but in real time, with documented evidence, about the crimes committed by governments - such as torture at Guantanamo, toxic waste dumped in our seas, the true faces of the wars in Iraq and Afghanistan, propaganda aimed at taming public opinion in favor of military one-upmanship, diplomatic letters between the United States and Italy in which our servility to the United States is blatant .
On April 5, 2010, Julian Assange published a confidential video entitled âCollateral Murderâ, in which an American Apache helicopter is seen massacring unarmed civilians in Baghdad, to the laughter of the crew. The video is dated July 12, 2007 and comes from a Pentagon file. The images were taken in real time by one of the two Apache helicopters that flew over the city that day to hunt down insurgents, and documented the massacre unfiltered and uncensored. Some 15 civilians, including a respected 22-year-old war photographer and his 40-year-old assistant and driver, both working for the international news agency Reuters, were torn to pieces by 30-mm bullets fired by the Apache, while two Iraqi children were seriously wounded.
Their father, at the wheel of a pick-up truck, had stopped to rescue the driver of the Reuters photographer, who lay seriously wounded on the ground, but the helicopter riddled him with bullets and finished off the survivor. Only the two children, aged five and ten, who were seated in the back of the vehicle, miraculously escaped with very serious injuries.
Apparently, this spectacle must have given the crew a great deal of satisfaction, if the conversations recorded on the video are anything to go by. One of them laughed: âThat's it, touchdowns.â And again: âLook at those dead bastardsâ. Initially, the US authorities had claimed that those killed were combatants, then that the attack had taken place as part of a combat operation with hostile forces. These were later proven to be lies.
In June 2010, the American magazine Wired revealed that in Iraq, a young American aged just 22 had been arrested after claiming in chat rooms that it was he who had passed on the Collateral Murder video and hundreds of thousands of other secret US government documents to WikiLeaks. The 22-year-old Bradley Manning, then an intelligence analyst with the US Army serving in Iraq, paid dearly for his act of conscience and justice. It's also thanks to Assange that we know about the âAfghan War Logsâ, published on July 25, 2010, which put the Pentagon on edge. These are 76,910 secret reports on the war in Afghanistan compiled by American soldiers in the field between January 2004 and December 2009, an unprecedented insight into this remote and ignored conflict.
These files remain the only public source for reconstructing the attacks, deaths and extrajudicial executions that took place in Afghanistan between 2004 and 2009. Julian Assange has dismantled the lying machine of wars that do not export democracies or human rights protections, but serve to finance the military-industrial sector, the arms trade and money laundering, as well as military escalation. An invisible layer of power that doesn't want the light, but wants to operate in the dark to have a free hand.
As Assange has told us, the aim of war, in Afghanistan for example, is not to win it, the aim is a war that lasts, because the longer it lasts, the more European and American tax money will flow out of our pockets to finance the military-industrial sector, the arms factories and the whole business of money and power that revolves around them.
And we know this too, in Italy, where this level of power has never been reached, and where the instigators, organizers and financiers of the massacres that have bloodied the country and hindered and deprived truth and justice to this day are still obscured.
Julian Assange had the courage to challenge this power and bring it out into the open. That's why he hasn't walked the streets as a free man for 14 years, why his life has been destroyed and why, if extradited, he now faces up to 175 years in prison in the USA. In the same country where the CIA, the world's most powerful intelligence agency, had prepared a plan to kill him. How could he possibly be extradited to this country? What kind of procedure is this? The state cannot and must not preserve secrets, and those who commit war crimes must end up in prison, not those who oppose them with information.
Free information is not a crime, revealing crimes is not a crime, and honest people know this, given the numerous demonstrations in the streets in support of Assange, the associations that follow him closely, such as Free Assange Italia, the journalists who denounce the dangers linked to these events, such as Stefania Maurizi, the Italian municipalities that have granted honorary citizenship to the founder of Wikileaks.
Julian Assange is a journalist, not a criminal: he must be freed.
Freedom for Julian Assange.