đâđš Assange : âJe suis libre parce que j'ai plaidĂ© coupable de journalismeâ
âLuttons pour que le flambeau de la libertĂ© ne s'Ă©teigne jamais, que la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© survive & que la voix du plus grand nombre ne soit pas rĂ©duite au silence par les intĂ©rĂȘts d'une minoritĂ©.â
đâđš Assange : âJe suis libre parce que j'ai plaidĂ© coupable de journalismeâ
Par Consortium News, le 1 octobre 2024
Lisez le texte intégral des remarques préliminaires de Julian Assange à Strasbourg mardi matin, sur l'accord de plaidoyer, le travail deWikiLeaks , l'Espionage Act, les représailles de la C.I.A. et la répression du journalisme.
Julian Assange s'est adressé mardi matin à la commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE). Voici la retranscription :
Julian Assange
âMesdames et Messieurs, la transition entre des annĂ©es d'enfermement dans une prison de haute sĂ©curitĂ© et ma prĂ©sence ici, devant les reprĂ©sentants de 46 nations et 700 millions de personnes, marque un tournant profond et surrĂ©aliste. L'expĂ©rience de l'isolement durant des annĂ©es dans une petite cellule est difficile Ă dĂ©crire. Elle dĂ©pouille du concept de soi, ne conservant que la nature brute de l'existence.
Je ne suis pas encore tout à fait en mesure de parler de ce que j'ai enduré, la lutte incessante pour rester en vie, physiquement et mentalement. Je ne peux pas non plus parler de la mort par pendaison, du meurtre et de la négligence médicale de mes codétenus.
Je m'excuse par avance si mes mots manquent de clarté ou si mon exposé n'a pas l'éclat que l'on pourrait espérer devant un auditoire aussi prestigieux. L'isolement a fait des ravages. J'essaie de m'en défaire. Et m'exprimer dans ce cadre est un défi. Cependant, la gravité de ce moment et le poids des questions en jeu m'obligent à mettre de cÎté ma réserve et à vous parler ouvertement.
J'ai parcouru un long chemin, au sens propre comme au sens figuré, pour pouvoir me présenter devant vous aujourd'hui. Avant d'entamer notre débat ou de répondre aux questions que vous pourriez me poser, je tiens à remercier l'APCE pour son travail et son engagement. Je remercie l'APCE pour sa résolution 2020, qui affirme que mon emprisonnement constitue un dangereux précédent pour tous les journalistes. J'ai bien noté que le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture a appelé à ma libération. Je suis également reconnaissant à l'APCE pour sa déclaration de 2021, dans laquelle elle exprime son inquiétude face à des rapports crédibles selon lesquels des responsables américains ont à nouveau discuté de mon assassinat, appelant à ma libération rapide, et je félicite la commission des affaires juridiques et des droits de l'homme d'avoir mandaté un rapporteur de renom.
Je commencerai bientĂŽt Ă enquĂȘter sur les circonstances entourant ma dĂ©tention et ma condamnation, et sur les implications qui en dĂ©coulent pour les droits de l'homme. Cependant, comme tant d'autres initiatives en ma faveur, qu'elles Ă©manent de parlementaires, de prĂ©sidents, de Premiers ministres, du pape, de fonctionnaires et de diplomates des Nations unies, de syndicats, de professionnels du droit et de la mĂ©decine, d'universitaires, d'activistes ou de citoyens, aucune d'entre elles n'aurait dĂ» s'avĂ©rer nĂ©cessaire.
Aucune des dĂ©clarations, rĂ©solutions, rapports, films, articles, Ă©vĂ©nements, collectes de fonds, protestations et lettres de ces 14 derniĂšres annĂ©es n'aurait dĂ» ĂȘtre nĂ©cessaire. Mais tous l'ont Ă©tĂ©, car sans eux, je n'aurais jamais revu la lumiĂšre du jour. Cet effort international sans prĂ©cĂ©dent a Ă©tĂ© nĂ©cessaire parce que les protections juridiques existantes ne l'Ă©taient souvent que sur le papier, et qu'elles n'ont pas Ă©tĂ© appliquĂ©es dans un dĂ©lai un tant soit peu raisonnable.
L'accord de plaidoyer
âJ'ai fini par choisir la libertĂ© plutĂŽt qu'une justice concrĂšte, aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©tenu pendant des annĂ©es et avoir risquĂ© une peine de 175 ans sans aucun recours efficace. La justice pour moi est dĂ©sormais exclue, car le gouvernement amĂ©ricain a exigĂ© par Ă©crit dans son accord de plaidoyer que je ne puisse pas porter plainte devant la Cour europĂ©enne des droits de l'homme ou mĂȘme introduire une demande en vertu de la loi sur la libertĂ© de l'information [Freedom of Information Act] pour ce qu'il m'a fait subir Ă la suite de sa demande d'extradition.
Je tiens Ă ĂȘtre tout Ă fait clair. Je ne suis pas libre aujourd'hui parce que le systĂšme a fonctionnĂ©. Je suis libre aujourd'hui aprĂšs des annĂ©es d'incarcĂ©ration parce que j'ai plaidĂ© coupable de journalisme. J'ai plaidĂ© coupable d'avoir sollicitĂ© des informations auprĂšs d'une source. J'ai plaidĂ© coupable d'avoir obtenu des informations d'une source. Et j'ai plaidĂ© coupable d'avoir informĂ© le public de la nature de ces informations. Je n'ai pas plaidĂ© coupable de quoi que ce soit d'autre.
J'espÚre que mon témoignage de ce jour servira à mettre en lumiÚre les faiblesses des garanties existantes et à aider ceux dont les affaires sont moins médiatisées, mais qui sont tout aussi vulnérables. Alors que je sors du cachot de Belmarsh, la vérité me semble aujourd'hui moins évidente, et je déplore le temps perdu au cours de cette période. L'expression de la vérité a été sapée, attaquée, compromise et restreinte.
Je constate plus d'impunité, plus de secret, plus de représailles pour avoir dit la vérité et plus d'autocensure. Il est difficile de ne pas tirer un trait sur les poursuites engagées par le gouvernement américain à mon encontre. C'est un véritable détournement. Franchir le Rubicon en criminalisant le journalisme à l'échelle internationale, c'est se rapprocher du climat actuel qui sape la liberté d'expression.
Sur le travail de WikiLeaks
âLorsque j'ai fondĂ© WikiLeaks, j'Ă©tais animĂ© par un rĂȘve simple : informer le public sur le fonctionnement du monde, afin que, par la connaissance, nous puissions apporter quelque chose de meilleur. Savoir oĂč nous en sommes nous permet de comprendre oĂč nous pouvons aller. La connaissance nous permet de demander des comptes au pouvoir et de rĂ©clamer justice lĂ oĂč il n'y en a pas. Nous avons obtenu et publiĂ© la vĂ©ritĂ© sur des dizaines de milliers de victimes occultĂ©es de la guerre et sur d'autres horreurs invisibles liĂ©es aux programmes d'assassinat, de restitution, de torture et de surveillance de masse.
Nous avons rĂ©vĂ©lĂ© non seulement quand et oĂč ces pratiques se sont produites, mais aussi bien souvent les politiques, les accords et les structures qui les sous-tendent. Lorsque nous avons publiĂ© âCollateral Murderâ, les images tristement cĂ©lĂšbres d'un Ă©quipage d'hĂ©licoptĂšre Apache amĂ©ricain rĂ©duisant en piĂšces des journalistes irakiens et leurs sauveteurs ont Ă©tĂ© diffusĂ©es. La rĂ©alitĂ© visuelle de la guerre moderne a choquĂ© le monde entier, c'est pourquoi nous avons Ă©galement exploitĂ© cette vidĂ©o pour renvoyer le public vers les politiques classifiĂ©es relatives aux cas oĂč l'armĂ©e amĂ©ricaine a pu dĂ©ployer ses forces lĂ©tales en Irak.
Combien de civils peut-on tuer et combien de civils faut-il tuer avant d'obtenir l'approbation d'une instance supérieure ? En fait, 40 ans de ma peine potentielle de 175 ans ont été consacrés à l'obtention et à la publication de ces politiques.
La vision politique pratique dont je suis restĂ© imprĂ©gnĂ© aprĂšs m'ĂȘtre immergĂ© dans les sales guerres et les opĂ©rations secrĂštes dans le monde est trĂšs simple. ArrĂȘtons de nous bĂąillonner, de nous torturer et de nous entretuer une fois pour toutes. Mettons en place ces principes fondamentaux et d'autres processus politiques, Ă©conomiques et scientifiques qui laissent de la place Ă la connaissance. Nous aurons l'espace nĂ©cessaire pour nous occuper du reste.
Le travail de WikiLeaks est profondément ancré dans les principes défendus par cette Assemblée. Notre journalisme a élevé la liberté d'information et le droit du public à savoir. Il a trouvé son foyer opérationnel naturel en Europe. Je vivais à Paris et nous étions officiellement enregistrés en France et en Islande. Une équipe journalistique et technique était répartie dans toute l'Europe. Nous avons publié dans le monde entier à partir de serveurs basés en France, en Allemagne et en NorvÚge.
Arrestations de Manning
âMais il y a 14 ans, l'armĂ©e amĂ©ricaine a arrĂȘtĂ© l'un de nos principaux lanceurs d'alerte, le soldat de premiĂšre classe Manning, analyste du renseignement amĂ©ricain basĂ© en Irak. Le gouvernement amĂ©ricain a simultanĂ©ment lancĂ© une enquĂȘte contre moi et mes collĂšgues. Le gouvernement amĂ©ricain a envoyĂ© illĂ©galement des avions d'agents en Islande, a versĂ© des pots-de-vin Ă un informateur pour voler le fruit de notre travail juridique et journalistique et, sans procĂ©dure officielle, a fait pression sur des banques et des services financiers pour qu'ils bloquent nos abonnĂ©s et gĂšlent nos comptes.
Le gouvernement britannique a pris part à certaines de ces représailles. Il a admis devant la Cour européenne des droits de l'homme qu'il avait illégalement espionné mes avocats britanniques au cours de cette période.
En fin de compte, ce harcĂšlement n'avait aucun fondement juridique. Le ministĂšre de la Justice du prĂ©sident Obama a choisi de ne pas m'inculper. Reconnaissant qu'aucun crime n'avait Ă©tĂ© commis, les Ătats-Unis n'avaient jamais poursuivi un Ă©diteur pour avoir publiĂ© ou obtenu des informations gouvernementales. Pour ce faire, il aurait fallu une rĂ©interprĂ©tation radicale et inquiĂ©tante de la Constitution amĂ©ricaine. En janvier 2017, Obama a Ă©galement commuĂ© la peine de Manning, condamnĂ© pour avoir Ă©tĂ© l'une de mes sources.
Le chĂątiment de la CIA
âCependant, en fĂ©vrier 2017, le paysage a radicalement changĂ©. Le prĂ©sident Trump a Ă©tĂ© Ă©lu. Il a nommĂ© deux loups arborant des casquettes MAGA [Make America Great Again, parti conservateur amĂ©ricain]. Mike Pompeo, membre du CongrĂšs du Kansas et ancien dirigeant de l'industrie de l'armement, au poste de directeur de la C.I.A., et William Barr, ancien officier de la C.I.A., au poste de procureur gĂ©nĂ©ral des Ătats-Unis.
En mars 2017, WikiLeaks a rĂ©vĂ©lĂ© l'infiltration de la C.I.A. dans des partis politiques dissidents, lâespionnage des dirigeants français et allemands, de la Banque centrale europĂ©enne, des ministĂšres de l'Ăconomie europĂ©ens, et ses injonctions permanentes d'espionnage des Français en gĂ©nĂ©ral. Nous avons rĂ©vĂ©lĂ© la vaste activitĂ© de production de logiciels malveillants et de virus de la C.I.A., sa subversion des chaĂźnes d'approvisionnement, sa subversion des logiciels antivirus, des voitures, des tĂ©lĂ©viseurs intelligents, et des iPhones.
Le directeur de la CIA, M. Pompeo, a lancĂ© une campagne de reprĂ©sailles. Il est dĂ©sormais de notoriĂ©tĂ© publique que, sous la direction expresse de Pompeo, la C.I.A. a Ă©laborĂ© des plans pour m'enlever de l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres et m'assassiner, et qu'elle a autorisĂ© des poursuites contre mes collĂšgues europĂ©ens, nous soumettant Ă des vols, des piratages informatiques et Ă la diffusion de fausses informations. Ma femme et mon fils encore enfant Ă©taient Ă©galement visĂ©s.
Un agent de la CIA a été affecté en permanence à la surveillance de ma femme. Et des instructions ont été données pour obtenir de l'ADN à partir de la couche de mon fils ùgé de six mois. Il s'agit là du témoignage de plus de 30 responsables actuels et anciens des services de renseignement américains qui se sont adressés à la presse américaine, témoignage corroboré par les documents saisis et les poursuites engagées contre certains des agents de la C.I.A. impliqués dans cette affaire.
La C.I.A. s'en prend Ă moi, ma famille et mes associĂ©s par des mĂ©thodes agressives, extrajudiciaires et extraterritoriales. Ce dossier donne un aperçu rare de la maniĂšre dont les puissantes organisations de renseignement se livrent Ă la rĂ©pression transnationale. Ces rĂ©pressions ne sont pas exceptionnelles. Ce qui l'est, c'est que nous en savons beaucoup sur cette rĂ©pression. GrĂące Ă de nombreux lanceurs d'alerte et aux enquĂȘtes de la justice espagnole.
Cette assemblĂ©e n'est pas Ă©trangĂšre aux abus extraterritoriaux de la C.I.A.. Le rapport novateur de lâACPE sur les restitutions de la C.I.A. en Europe a rĂ©vĂ©lĂ© comment la C.I.A. gĂšre des centres de dĂ©tention secrets et procĂšde Ă des restitutions illĂ©gales sur le sol europĂ©en, en violation des droits de l'homme et du droit international. En fĂ©vrier de cette annĂ©e, la source prĂ©sumĂ©e de certaines de nos rĂ©vĂ©lations sur la C.I.A., l'ancien officier de la C.I.A. Joshua Schultz, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 40 ans de prison dans des conditions d'isolement extrĂȘme.
Ses fenĂȘtres sont condamnĂ©es et une machine Ă bruit blanc fonctionne 24 heures sur 24 devant sa porte, de sorte qu'il ne peut mĂȘme pas crier Ă travers celle-ci. Ces conditions sont plus draconiennes que celles pratiquĂ©es Ă Guantanamo Bay.
Mais la rĂ©pression transnationale s'exerce Ă©galement par le biais de procĂ©dures judiciaires abusives. L'absence de garanties efficaces Ă cet Ă©gard signifie que l'Europe risque de voir ses traitĂ©s d'entraide judiciaire et ses conventions internationales dĂ©tournĂ©es par des puissances Ă©trangĂšres pour s'en prendre aux voix dissidentes en Europe. Dans les mĂ©moires de Michael Pompeo, que j'ai lus dans ma cellule de prison, l'ancien directeur de la C.I.A. s'est vantĂ© d'avoir fait pression sur le procureur gĂ©nĂ©ral des Ătats-Unis pour qu'il engage une procĂ©dure d'extradition contre moi en rĂ©ponse Ă nos publications sur la C.I.A..
Effectivement, accĂ©dant aux demandes de Pompeo, le procureur gĂ©nĂ©ral des Ătats-Unis a rouvert l'enquĂȘte me concernant qu'Obama avait close, et a rĂ©-arrĂȘtĂ© Manning, cette fois en tant que tĂ©moin, et lui a infligĂ© une peine de prison de plus d'un an, assortie dâune amende de 1 000 dollars par jour. Lors d'une tentative de la contraindre Ă fournir un tĂ©moignage secret contre moi, elle a fini par tenter de mettre fin Ă ses jours.
Nous évoquons généralement les tentatives visant à contraindre les journalistes à témoigner contre leurs sources. Mais Manning était désormais une source forcée de témoigner contre le journaliste.
En dĂ©cembre 2017, le directeur de la C.I.A., M. Pompeo, a obtenu gain de cause et le gouvernement amĂ©ricain a Ă©mis un mandat d'arrĂȘt au Royaume-Uni en vue de mon extradition. Le gouvernement britannique a gardĂ© le mandat secret pendant deux annĂ©es supplĂ©mentaires, tandis que lui-mĂȘme, le gouvernement amĂ©ricain et le nouveau prĂ©sident de l'Ăquateur s'efforçaient de dĂ©finir les motifs politiques, juridiques et diplomatiques de mon arrestation.
Lorsque des nations puissantes se sentent autorisĂ©es Ă cibler des individus au-delĂ de leurs frontiĂšres, ceux-ci n'ont aucune chance s'il n'existe pas de solides garanties, et si l'Ătat n'est pas disposĂ© Ă les faire appliquer sans dĂ©lai. Aucun individu ne peut espĂ©rer se dĂ©fendre contre les vastes ressources qu'un Ătat agresseur peut dĂ©ployer.
Comme si la situation n'Ă©tait pas dĂ©jĂ assez grave, me concernant, le gouvernement amĂ©ricain a adoptĂ© une nouvelle et dangereuse posture juridique Ă l'Ă©chelle mondiale. Seuls les citoyens amĂ©ricains ont le droit de s'exprimer librement. Les EuropĂ©ens et les autres nationalitĂ©s ne bĂ©nĂ©ficient pas de ce droit, mais les Ătats-Unis affirment que leur loi sur l'espionnage [Espionage Act] s'applique toujours aux EuropĂ©ens, quel que soit l'endroit oĂč ils se trouvent. Les EuropĂ©ens en Europe doivent donc se soumettre Ă la loi amĂ©ricaine sur le secret sans aucune possibilitĂ© de dĂ©fense.
En ce qui concerne le gouvernement amĂ©ricain, un AmĂ©ricain Ă Paris peut parler de ce que fait le gouvernement amĂ©ricain. Certes, mais pour un Français Ă Paris, c'est un crime sans la moindre dĂ©fense possible. Et il peut ĂȘtre extradĂ©, au mĂȘme titre que moi.
Criminaliser la collecte d'informations
âMaintenant qu'un gouvernement Ă©tranger a officiellement affirmĂ© que les EuropĂ©ens n'ont pas le droit de s'exprimer librement, un dangereux prĂ©cĂ©dent a Ă©tĂ© crĂ©Ă©. D'autres Ătats puissants suivront inĂ©vitablement cet exemple. La guerre en Ukraine a dĂ©jĂ donnĂ© lieu Ă la criminalisation de journalistes en Russie. Mais sur la base du prĂ©cĂ©dent crĂ©Ă© par mon expĂ©dition, rien n'empĂȘche la Russie ou tout autre Ătat de cibler des journalistes, des Ă©diteurs ou mĂȘme des usagers des rĂ©seaux sociaux europĂ©ens en prĂ©tendant que leurs lois nationales sur le secret ont Ă©tĂ© violĂ©es.
Les droits des journalistes et des éditeurs dans l'espace européen sont sévÚrement compromis.
La rĂ©pression transnationale ne peut ĂȘtre la norme ici. L'APCE, l'une des deux grandes institutions normatives du monde, doit agir.
La criminalisation des activités de collecte d'informations est une menace pour le journalisme d'investigation partout dans le monde. J'ai été officiellement condamné par une puissance étrangÚre pour avoir sollicité, reçu et publié des informations authentiques sur cette puissance. Alors que je me trouvais en Europe.
La question de fond est simple : les journalistes ne devraient pas ĂȘtre poursuivis pour avoir fait leur travail. Le journalisme n'est pas un crime. C'est le pilier d'une sociĂ©tĂ© libre et informĂ©e.
Monsieur le PrĂ©sident, Mesdames et Messieurs les dĂ©lĂ©guĂ©s. Si l'Europe veut connaĂźtre un avenir oĂč la libertĂ© de s'exprimer et la libertĂ© de publier la vĂ©ritĂ© ne sont pas des privilĂšges dont jouissent une poignĂ©e d'individus, mais des droits garantis pour tous, elle doit agir. Pour que personne ne subisse ce qui s'est passĂ© dans mon cas.
Je tiens Ă exprimer ma plus profonde gratitude Ă cette assemblĂ©e, aux conservateurs, aux sociaux-dĂ©mocrates, aux libĂ©raux, aux progressistes, aux Verts et aux indĂ©pendants qui m'ont soutenu tout au long de cette Ă©preuve et aux innombrables citoyens qui ont plaidĂ© inlassablement, sans relĂąche, en faveur de ma libĂ©ration. Il est rĂ©confortant de savoir que dans un monde souvent divisĂ© par l'idĂ©ologie et les intĂ©rĂȘts, il subsiste un engagement commun en faveur de la protection des libertĂ©s humaines fondamentales.
La libertĂ© d'expression et tout ce qui en dĂ©coule traversent une pĂ©riode trĂšs sombre. Si des institutions telles que l'APCE ne prennent pas conscience de la gravitĂ© de la situation, je crains qu'il ne soit trop tard. Battons-nous tous Ă faire notre part pour que le flambeau de la libertĂ© ne s'Ă©teigne jamais, que la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© survive et que les voix du plus grand nombre ne soient pas rĂ©duites au silence par les intĂ©rĂȘts d'une minoritĂ©.â
https://consortiumnews.com/2024/10/01/assange-im-free-because-i-pled-guilty-to-journalism/
Admirable ! Puisse-t-il ĂȘtre entendu !