đâđš Assange : Les vĂ©ritĂ©s qu'on vous cache.
Ces dirigeants sont responsables de millions de victimes, de destruction de nations, de millions de rĂ©fugiĂ©s... & ils disent que Julian Assange a pu blesser des gens. C'est stupĂ©fiant. â John Shipton
đâđš Assange : Les vĂ©ritĂ©s qu'on vous cache.
La plupart des choses que vous pensez savoir sur Assange sont fausses.
Par NBTV Media, le 3 juin 2023
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Assange : Pourquoi il faut s'en préoccuper
"Ces dirigeants sont responsables de millions de victimes, de destruction, de millions de rĂ©fugiĂ©s... et ils disent que Julian Assange a pu blesser des gens. C'est stupĂ©fiant.â â John Shipton
Julian Assange, créateur de WikiLeaks, est un militant qui a consacré sa vie à dénoncer les mensonges et la corruption de certains des gouvernements les plus puissants de la planÚte, qui le traquent sans relùche depuis plus de dix ans.
Assange est un personnage controversĂ©. Certains le qualifient de criminel et d'ennemi de l'Ătat. D'autres le saluent comme un champion de la transparence et de la libertĂ© d'expression. Il a d'ailleurs reçu d'innombrables et prestigieux prix de journalisme.
Pourtant, il dĂ©pĂ©rit en prison dans des conditions Ă©pouvantables, confrontĂ© au paradoxe que les raisons mĂȘmes pour lesquelles il a obtenu ces rĂ©compenses sont aussi celles qui ont menĂ© Ă son incarcĂ©ration.
Il est difficile pour le commun des mortels de savoir quoi penser d'Assange, car depuis plus d'une décennie, ses actions sont nimbées d'un brouillard de récits et de représentations médiatiques contradictoires, et ce à dessein.
"C'est le rĂ©cit public diffusĂ© dans les mĂ©dias pendant 10 ans, et personne n'a Ă©tĂ© en mesure de voir Ă quel point il y a tromperie.â
â Nils Melzer, rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la torture
Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, a expliqué dans le récent film Ithaka qu'il existe un réseau complexe de désinformation autour d'Assange, destiné à le salir, et que la raison de cette situation a tout à voir avec ce qu'Assange a divulgué au monde - il est en détention parce qu'il a publié la vérité.
Des gens puissants veulent neutraliser l'influence d'Assange en faisant de lui un exemple.
" Une extradition, c'est 99 % de politique et 1 % de droit. Seul le climat politique autour de l'affaire dĂ©termine l'issue de la procĂ©dure, et ce climat est façonnĂ© par les mĂ©dias. Et pendant de nombreuses annĂ©es, un climat a Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment crĂ©Ă© par le biais de fausses histoires, de diffamations, d'attaques incessantes contre Julian, afin d'essayer de limiter notre soutien et de maximiser les chances d'une extradition rĂ©ussie vers les Ătats-Unis".
â Stella Assange
Dans le film Ithaka, Stella Assange, Ă©pouse de Julian et ex-avocate, explique que l'extradition de Julian Assange vers les Ătats-Unis ferait de lui le premier Ă©diteur de l'histoire Ă ĂȘtre inculpĂ© en vertu de la loi sur l'espionnage. Le mĂ©tier de journaliste est devenu un acte criminel.
Quel est donc l'enjeu ? Si Julian disparaĂźt, le journalisme disparaĂźtra avec lui.
"Sans presse libre, il n'y a pas d'Amérique, et il n'y aura plus de presse libre tant que Julian Assange n'est pas libéré ".
â John Shipton, pĂšre de Julian Assange
Il existe au moins six gros mensonges à propos d'Assange, sciemment répandus pour nous détourner de ce qui est l'une des affaires les plus importantes et les plus novatrices de notre génération en matiÚre de liberté d'expression. S'il y a bien une chose à retenir, c'est que la plupart des choses que vous pensez savoir sur Assange sont fausses.
Pourquoi a-t-on enfermé Assange ?
Les actes d'accusation contre Assange sont tous liés à la publication, en 2010, de documents concernant les guerres d'Irak et d'Afghanistan.
"Le gouvernement amĂ©ricain essaie d'extrader ce type et de le mettre en prison pour le restant de ses jours, pour le meilleur travail que WikiLeaks ait jamais fait, rĂ©compensĂ© dans tous les pays de la planĂšte, y compris les Ătats-Unis, Ă savoir les journaux de guerre dâIrak et dâAfghanistan, [et] les dossiers des dĂ©tenus de Guantanamo Bay, des documents qui concernent des crimes de guerre explicites et des abus de pouvoir".
â Edward Snowden
En 2010, une vaste collection de documents a Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©e anonymement sur WikiLeaks, dont il a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© plus tard qu'elle provenait de l'ancienne analyste du renseignement amĂ©ricain Chelsea Manning. AprĂšs examen approfondi, WikiLeaks a commencĂ© Ă publier une partie de ces documents, en commençant par une vidĂ©o intitulĂ©e Collateral Murder. Elle montre un hĂ©licoptĂšre de l'armĂ©e amĂ©ricaine ouvrant le feu sur un groupe de personnes Ă Bagdad, dont deux journalistes de Reuters. L'armĂ©e amĂ©ricaine a d'abord affirmĂ© pendant de nombreuses annĂ©es que les membres du groupe Ă©taient des insurgĂ©s armĂ©s, mais la vidĂ©o montre quâils Ă©taient des civils non armĂ©s. Les images divulguĂ©es ont Ă©galement mis en Ă©vidence la cruautĂ© des pilotes, pour qui ces tirs s'apparentaient Ă un jeu vidĂ©o.
La publication de Collateral Murder a marqué un tournant dans l'histoire du journalisme d'investigation et de la divulgation, et a démontré la capacité du journalisme indépendant à demander des comptes aux gouvernements et aux institutions, et à révéler leurs mensonges.
"Ces publications ont changé la donne. Elles ont vraiment ouvert les yeux du public sur ce qui se passait réellement".
â Stella Assange
AprĂšs une enquĂȘte de l'armĂ©e, les pilotes impliquĂ©s ont Ă©tĂ© blanchis de tout dĂ©lit. Les seules personnes Ă avoir changĂ© la donne sont celles qui ont divulguĂ© et publiĂ© la vidĂ©o, respectivement Chelsea Manning et Julian Assange.
Au cours des mois qui ont suivi, WikiLeaks a publié les journaux de la guerre d'Afghanistan, les journaux de la guerre d'Irak et le Cablegate, qui contient notamment des cùbles diplomatiques américains. Au total, des centaines de milliers de documents ont été rendus publics.
" Cette série de documents est le plus extraordinaire recueil de guerre jamais publié ".
~Julian Assange
"La divulgation de ces documents constitue une mine de nouvelles preuves de la violence, de la torture et des souffrances infligĂ©es Ă l'Irak depuis l'invasion amĂ©ricaine de 2003â.
â Amy Goodman, Democracy Now !
Le public a été scandalisé, et a ouvert les yeux sur la façon dont la guerre est réellement menée.
"Nous estimons qu'une fois intégralement analysés, ces documents permettront de porter à la connaissance du public plus de 15 000 décÚs de civils jamais signalés auparavant".
â John Sloboda, cofondateur d'Iraq Body Count
Mensonge n° 1 : un document non expurgé
Le premier mensonge que l'on nous raconte à propos de ces événements est qu'Assange est responsable d'un déversement massif, imprudent et non expurgé de documents.
Des documents non expurgés ont en effet été rendus publics, mais la façon dont ils l'ont été n'est généralement pas évoquée.
Pour les fuites de 2010 impliquant Chelsea Manning, WikiLeaks a collaboré étroitement avec plusieurs grands organes de presse, tels que The Guardian et The New York Times, pour analyser et expurger les informations sensibles avant leur publication. Ces médias ont travaillé en tandem avec WikiLeaks pour examiner et contextualiser la vaste collection de documents. L'objectif était non seulement de s'assurer que les informations atteignent un large public, mais aussi de garantir une diffusion précise et responsable du rapport. Au cours de ce processus, Julian et son équipe ont travaillé d'arrache-pied pour expurger ces documents.
Alors pourquoi les gens pensent-ils le contraire ?
Voici ce qui s'est passé : les fichiers originaux ont été sauvegardés et cryptés, et ils ont commencé à circuler sur l'internet. On ne sait pas exactement comment il s'est retrouvé là , mais la rumeur veut qu'une copie de sauvegarde du serveur de fichiers de WikiLeaks ait été volée par un ancien employé mécontent. Cela n'aurait probablement pas posé de problÚme, car le fichier était de toute façon crypté.
Sauf que.. deux des journalistes du Guardian qui travaillaient sur la publication du Cablegate du dĂ©partement d'Ătat ont publiĂ© un livre. Et l'un des chapitres de ce livre a pour titre le mot de passe qui a permis de dĂ©verrouiller le fichier cryptĂ© contenant les documents originaux non expurgĂ©s.
Chapitre 11 :
ACollectionOfDiplomaticHistorySince_1966_To_PresentDay#
Le mot de passe de 58 caractĂšres d'Assange
Quand Julian s'en est rendu compte, il a appelĂ© le DĂ©partement d'Ătat pour tenter de bloquer la diffusion des documents. Project Veritas a publiĂ© un enregistrement de la conversation :
Cliff Johnson, avocat, DĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain :
Et qui va publier ces cĂąbles ? Est-ce WikiLeaks ?
Julian Assange :
Non, nous ne les publierons pas. Nous continuons à suivre notre plan de rédaction, comme d'habitude.
Julian Assange a encouragĂ© le dĂ©partement d'Ătat Ă retirer les copies illicites du dossier et Ă avertir toute personne susceptible d'ĂȘtre mentionnĂ©e dans les cĂąbles que son nom Ă©tait sur le point d'ĂȘtre divulguĂ©, mais le dĂ©partement d'Ătat a refusĂ© de l'aider.
Finalement, Cryptome, un site d'archivage en ligne de documents ayant fait l'objet d'une fuite et portant sur la sécurité nationale, le renseignement et le secret gouvernemental, a publié l'ensemble des cùbles non expurgés.
WikiLeaks a qualifié les actions du Guardian, qui a révélé le mot de passe des fichiers cryptés, de "négligence grave ou malveillance" et de "violation de l'accord de confidentialité".
De son cÎté, le Guardian s'est dédouané de toute responsabilité quant à son propre rÎle dans la fuite et a affirmé qu'il pensait que la phrase de passe était temporaire et sans importance ; cependant, comme le rapportait Wired à l'époque, les clés cryptographiques sont éternelles, de sorte que "le Guardian aurait clairement dû traiter la clé comme hautement sensible dans un avenir prévisible".
Alors que les documents étaient déjà dans la nature, WikiLeaks en a publié une copie.
Les journalistes du Guardian et de Cryptome n'ont pas été inquiétés pour ces actions. C'est plutÎt Julian Assange qui a souffert d'une atteinte à sa réputation.
La désinformation autour de ces documents non expurgés a incontestablement été entretenue par la couverture médiatique des médias dominants, comme l'article du Guardian intitulé "WikiLeaks publie l'intégralité de ses cùbles non expurgés".
Mensonge n° 2 : "Des blessĂ©s sont Ă dĂ©plorerâ
Le mensonge suivant que nous entendons constamment est que "des gens ont été blessés" par la publication des documents.
En novembre 2010, Hilary Clinton a parlĂ©, lors d'une confĂ©rence de presse, de "mise en danger dâinnocents". La chaĂźne PBS a publiĂ© des articles sur la mise en danger des sources.
Il est possible que des gens aient Ă©tĂ© blessĂ©s, mais ce n'est pas ce que les enquĂȘtes officielles ont rĂ©vĂ©lĂ©. Obama a mis en place un comitĂ© spĂ©cial, dĂ©pensant 6 millions de dollars pour essayer de trouver toute personne ayant subi un prĂ©judice du fait des fuites de Chelsea Manning. L'ex-gĂ©nĂ©ral chargĂ© de cette enquĂȘte a admis sous serment, lors de l'audition de Chelsea Manning, qu'il n'avait trouvĂ© personne ayant subi un quelconque prĂ©judice. Lors de l'audition de Julian, l'accusation a Ă©galement admis qu'il n'y avait aucune preuve que quelqu'un ait subi un prĂ©judice.
Il s'agit lĂ d'une invention qui n'a pas Ă©tĂ© dĂ©mentie. Pointer Julian du doigt permet de dĂ©tourner l'attention de l'information majeure rĂ©vĂ©lĂ©e par les fuites elles-mĂȘmes.
"Ces dirigeants sont responsables de la mort d'un million de personnes en Irak, de la destruction de la Libye, de la destruction du Yémen, de l'Afghanistan et de trente-huit millions de réfugiés chassés du Proche-Orient. Entre six et sept millions de morts directes dans l'ensemble du Moyen-Orient à la suite de la destruction de ces pays... et ils disent que Julian Assange a pu blesser des gens. C'est stupéfiant.
â John Shipton
Mensonge n° 3 : piratage d'ordinateurs gouvernementaux en vue de vol de documents
Que dit-on encore souvent Ă propos de Julian Assange ?
"Il n'aurait pas dĂ» pirater les ordinateurs du gouvernement !"
Si vous regardez les actes d'accusation contre Assange, il ne risque pas 170 ans de prison pour piratage, mais pour exercice du journalisme.
L'administration Obama a en fait essayé pendant des années de trouver un moyen d'inculper Assange au pénal, et a finalement déterminé qu'elle ne le pouvait pas. Elle a invoqué deux raisons :
Assange est un Ă©diteur, pas un pirate informatique.
Il est impossible de poursuivre WikiLeaks sans créer un précédent pour le reste de la presse.
En 2013, le Washington Post a qualifié la situation de "problÚme du New York Times" :
"Si le ministÚre de la Justice inculpe Assange, il devra également poursuivre le New York Times et d'autres organes de presse et rédacteurs ayant publié des documents classifiés, notamment le Washington Post et le journal britannique The Guardian."
~Le Washington Post
La pression sur Assange a stagné pendant des années, puis WikiLeaks a publié "Vault 7", un ensemble de documents exposant les outils de cyber-espionnage utilisés par la CIA. à ce moment-là , l'administration Trump était au pouvoir et, selon un ancien responsable de la sécurité nationale, WikiLeaks est devenu l'obsession numéro un du directeur de la CIA de l'époque, Mike Pompeo, qui a voulu se venger d'Assange.
"L'administration Trump voulait utiliser cette affaire non seulement comme une occasion de s'en prendre à Assange, mais aussi de s'en prendre au journalisme de sécurité nationale."
â Jameel Jaffer, directeur de l'Institut Knight du Premier Amendement
L'administration Trump a relancé l'attaque contre Assange, et l'administration Biden a poursuivi. Ils ont utilisé l'Espionage Act comme arme, 17 des 18 charges retenues contre Assange relevant de cette loi archaïque datant de 1917. L'Espionage Act a été conçu pour cibler les espions et les saboteurs, et non ceux qui cherchent à informer le public sur les activités du gouvernement. C'est la premiÚre fois que l'Espionnage Act est utilisé contre un éditeur, fait choquant, étant donné que la Constitution le stipule explicitement :
"Le CongrÚs ne rédigera AUCUNE loi [...] restreignant la liberté [...] de la presse".
â Constitution amĂ©ricaine
En recourant Ă la loi sur l'espionnage Ă l'encontre des Ă©diteurs, les Ătats-Unis ont effectivement assorti le Premier Amendement d'une rĂ©serve qui revient Ă dire que "la presse est protĂ©gĂ©e... Ă moins qu'elle ne veuille partager des informations que le gouvernement ne souhaite pas voir divulguĂ©es". Cela dĂ©truit tout l'intĂ©rĂȘt du Premier Amendement, et c'est manifestement inconstitutionnel.
Ainsi, bien que la Constitution protĂšge la publication de documents secrets mĂȘme si les sources de ces documents les ont obtenus par des moyens illĂ©gaux, les chefs d'accusation de 1 Ă 17 contre Assange affirment que sa conspiration pour obtenir, recevoir et divulguer des informations relatives Ă la dĂ©fense nationale constituait un acte criminel.
Les chefs d'accusation expliquent que, dans le cadre de cette conspiration, Assange :
"A utilisé un dossier spécial sur une boßte de dépÎt en ligne de WikiLeaks pour transmettre des documents classifiés."
L'utilisation d'un systÚme de stockage crypté en ligne pour partager des documents est une pratique quotidienne du journalisme.
Il a "utilisé le service de chat en ligne "Jabber" pour collaborer" avec Manning.
Les journalistes parlent tous les jours à leurs sources par chat crypté.
"A pris des mesures pour dissimuler Manning en tant que source de la divulgation".
La protection des sources par les journalistes fait partie intégrante d'un reportage responsable.
"Il a encouragĂ© Manning Ă fournir des informationsâ.
Les journalistes demandent chaque jour davantage d'informations Ă leurs sources.
Un dernier acte d'accusation pĂšse sur M. Assange, celui de "complot en vue de commettre une intrusion informatique". Il a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ© Ă l'origine dans un communiquĂ© de presse du ministĂšre de la justice intitulĂ© "Le fondateur de WikiLeaks inculpĂ© dans un complot de piratage informatique", mais si vous lisez l'acte d'accusation proprement dit, il ne s'agit pas du tout de piratage informatique. Il n'est pas allĂ©guĂ© qu'Assange se soit introduit dans des ordinateurs pour voler des documents. Ce qui est allĂ©guĂ©, c'est qu'Assange aurait essayĂ© d'aider Manning Ă dĂ©chiffrer un hachage de mot de passe, afin de l'aider Ă prĂ©server son anonymat. Ce hachage n'avait rien Ă voir avec l'obtention de documents classifiĂ©s. Manning avait dĂ©jĂ accĂšs Ă tous les documents qu'elle allait divulguer, et les avait dĂ©jĂ tĂ©lĂ©chargĂ©s sur WikiLeaks. Le piratage du hachage Ă©tait un moyen d'aider Manning Ă dissimuler son identitĂ©. MĂȘme si les allĂ©gations contre Assange s'avĂ©raient exactes, elles relĂšveraient des pratiques journalistiques plutĂŽt que du piratage, car les journalistes travaillent rĂ©guliĂšrement avec des sources pour protĂ©ger leur identitĂ© - c'est un Ă©lĂ©ment essentiel de leur profession.
Cependant, cette accusation de "conspiration en vue de commettre une intrusion informatique" est presque une diversion, pour offrir un bon sujet aux mĂ©dias. Il s'agit du premier et, Ă l'origine, du seul acte d'accusation contre M. Assange, qui lui aurait valu une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement s'il avait Ă©tĂ© reconnu coupable. Et il n'est mĂȘme pas certain qu'il aurait Ă©tĂ© reconnu coupable, car toutes les discussions sur le hachage ont eu lieu entre Manning et une personne anonyme sur Jabber, et Manning n'a jamais rĂ©vĂ©lĂ© l'identitĂ© de cette personne.
Mettons tout cela en perspective :
Les médias nous disent qu'Assange risque 175 ans de prison pour piratage informatique.
Ce n'est pas le cas.
Il risque 170 ans de prison pour journalisme, et 5 ans pour le piratage.
Pourquoi un journaliste primé risque-t-il 170 ans de prison pour des activités protégées par la Constitution ?
Mensonge n° 4 : Assange n'est pas un vrai journaliste
Les gens continuent de ressasser le mensonge selon lequel "Assange n'est pas un vrai journaliste, donc la liberté de la presse ne s'applique pas ici".
L'argument selon lequel le New York Times et le Wall Street Journal sont les seuls organes de presse lĂ©gitimes aurait peut-ĂȘtre eu plus de poids en 2010, mais nous sommes en 2023. Les journalistes indĂ©pendants publient des articles tous les jours.
M. Assange a littĂ©ralement remportĂ© au moins 26 prix de journalisme prestigieux (mais n'oublions pas qu'il n'est pas nĂ©cessaire de remporter des prix pour ĂȘtre reconnu comme Ă©tant la "presse lĂ©gitime").
Alors faites-vous votre propre opinion sur ce point.
Mensonge n° 5 : "Il sera en sécurité"
Le cinquiÚme mensonge concerne l'idée qu'Assange peut se défendre au tribunal et que, s'il est vraiment journaliste, il sera en sécurité - mais ce n'est pas ainsi que fonctionne la loi sur l'espionnage.
En vertu de l'Espionage Act, M. Assange n'aura pas la possibilitĂ© d'essayer de justifier ses actes, ni de faire valoir qu'il est journaliste ou que son action servait l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Le procĂšs vise simplement Ă dĂ©terminer si des documents ont Ă©tĂ© divulguĂ©s ou non. Et nous connaissons dĂ©jĂ la rĂ©ponse Ă cette question : c'est un oui sans Ă©quivoque. Le procĂšs ne fait qu'entĂ©riner une conclusion dĂ©jĂ Ă©tablie. En outre, la question de savoir s'il sera en sĂ©curitĂ© s'il est emmenĂ© aux Ătats-Unis est claire : la CIA a littĂ©ralement discutĂ© de l'assassinat d'Assange alors qu'il se trouvait Ă l'ambassade d'Ăquateur. En l'extradant vers les Ătats-Unis, le Royaume-Uni livrerait Assange Ă ceux-lĂ mĂȘmes qui ont tentĂ© de l'assassiner.
Mensonge n° 6 : Raisons pour lesquelles Assange a quitté l'ambassade
Pourquoi Assange a-t-il Ă©tĂ© expulsĂ© de l'ambassade d'Ăquateur ?
En 2017, les médias d'entreprise ont soudainement commencé à rapporter que Julian "n'était plus le bienvenu dans l'ambassade équatorienne", qu'il "faisait du skateboard dans les couloirs, qu'il piratait la connexion wifi, et que son chat faisait des dégùts".
Il est vrai qu'Assange était probablement en train de devenir fou à lier en vivant dans une seule petite piÚce pendant sept ans, sans lumiÚre du soleil ni possibilité de voir un arbre.
Cependant, il manque un Ă©lĂ©ment d'information important : ces rapports de comportement perturbateur n'ont commencĂ© qu'aprĂšs l'arrivĂ©e au pouvoir d'un nouveau rĂ©gime en Ăquateur en 2017, dirigĂ© par LenĂn Moreno.
Deux autres choses se sont Ă©galement produites Ă ce moment-lĂ :
WikiLeaks est devenu la cible numéro 1 de la CIA aprÚs la publication de Vault 7, et
un nouveau directeur de la CIA a prĂȘtĂ© serment, Mike Pompeo. L'un des tout premiers discours de Pompeo a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă la dĂ©signation de WikiLeaks comme ennemi de l'Ătat.
"Il est temps d'appeler WikiLeaks pour ce qu'il est vraiment : un service de renseignement hostile non Ă©tatiqueâ.
â Mike Pompeo
Cette dĂ©claration a placĂ© WikiLeaks directement dans le collimateur de la CIA en laissant entendre qu'il constituait une menace pour la sĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unis. C'est au cours du sĂ©jour d'Assange Ă l'ambassade que la CIA a commencĂ© Ă l'espionner activement, en installant des camĂ©ras cachĂ©es et des microphones dans son logement, et qu'il a Ă©tĂ© soumis Ă des conditions de plus en plus hostiles, y compris "un isolement oppressif et du harcĂšlement". 2 ans aprĂšs le dĂ©but de ce nouveau rĂ©gime, l'Ăquateur a rĂ©voquĂ© l'asile de M. Assange et la police britannique l'a traĂźnĂ© hors de l'ambassade.
Cette dĂ©cision est intervenue juste un mois aprĂšs que le FMI a approuvĂ© un prĂȘt de 4,2 milliards de dollars pour l'Ăquateur.
Cette dĂ©cision n'a certainement rien Ă voir avec le fait que l'Ăquateur ait immĂ©diatement remis M. Assange Ă la justice.
L'ancien prĂ©sident Ă©quatorien Correa a qualifiĂ© la dĂ©cision de M. Moreno de "lĂąche", et a dĂ©clarĂ© que le gouvernement Ă©quatorien n'avait agi de la sorte que parce que WikiLeaks avait divulguĂ© des allĂ©gations concernant M. Moreno lui-mĂȘme.
Les suites de l'affaire
AprĂšs avoir Ă©tĂ© traĂźnĂ© hors de l'ambassade, M. Assange a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© dans la prison de haute sĂ©curitĂ© de Belmarsh, considĂ©rĂ©e comme le Guantanamo britannique. Il sây trouve depuis quatre ans maintenant, dans l'attente d'une extradition vers les Ătats-Unis. En fait, il ne purge mĂȘme pas de peine, il attend simplement que les tribunaux britanniques dĂ©cident, au terme d'une interminable procĂ©dure d'appel, si lâextradition vers les Ătats-Unis va ĂȘtre accordĂ©e. Le juge dispose de tous les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour prendre une dĂ©cision sur l'extradition depuis plus de six mois, mais M. Assange dĂ©pĂ©rit toujours en prison. Qui plus est, le juge n'a pas de dĂ©lai pour prendre une dĂ©cision. Assange peut rester indĂ©finiment dans une prison de haute sĂ©curitĂ©, sans jamais avoir Ă©tĂ© reconnu coupable de quoi que ce soit.
Pendant son séjour à Belmarsh, il a été victime d'un accident vasculaire cérébral et de troubles psychiques sévÚres.
Le Royaume-Uni et les Ătats-Unis sont satisfaits de prendre leur temps avec la procĂ©dure. En effet, tant qu'Assange sera rĂ©duit au silence derriĂšre les barreaux, ce sera dĂ©jĂ une grande victoire pour eux.
"Ils essaient en fait de se servir d'Assange comme d'une menace contre tous les autres, non seulement aux Ătats-Unis mais dans le monde entier, comme exemple pour faire peur aux gens."
â John Young, Cryptome
John Young est en fait le premier Ă©diteur des cĂąbles diplomatiques non expurgĂ©s, et a mĂȘme Ă©crit au ministĂšre de la justice pour demander Ă ĂȘtre inculpĂ© en tant que co-accusĂ© avec Assange. Cependant, comme Cryptome n'est pas aussi connu que WikiLeaks, aucun membre du gouvernement ne l'a JAMAIS contactĂ©, et encore moins inculpĂ© de quoi que ce soit. Assange est leur cible, parce qu'il est suffisamment connu pour avoir un effet dissuasif sur les autres journalistes potentiellement tentĂ©s de publier des documents sur le gouvernement amĂ©ricain.
En ce qui concerne les 18 chefs d'accusation retenus contre Assange, John Young a soulignĂ© quâelles s'appliquaient Ă©galement Ă lui-mĂȘme et Ă Cryptome, qui ne sont que l'un des dizaines de points de diffusion de nos informations classifiĂ©es et secrĂštes.
Daniel Ellsberg, le cĂ©lĂšbre lanceur d'alerte qui a divulguĂ© les documents du Pentagone, a Ă©galement confirmĂ© qu'il avait reçu une copie des fuites de Manning en guise de sauvegarde. Si la possession de ces documents est un crime, comme le prĂ©tend lâEspionage Act, il dĂ©clare :
"Ă leurs yeux, je suis aussi coupable qu'Assange, comment se fait-il qu'ils ne m'aient pas poursuivi ?â
â Daniel Ellsberg
En fait, le champ d'application de l'Espionage Act est si vaste qu'il permet de condamner pratiquement n'importe qui.
"Quiconque dĂ©tient un exemplaire du New York Times contenant le mot "classifiĂ©" et ne le remet pas aux autoritĂ©s habilitĂ©es Ă le recevoir est aussi coupable que moi, selon les termes mĂȘmes de cette loi.â
â Daniel Ellsberg
Pourtant, c'est Assange qui est pointé du doigt et pris en exemple.
"Il ne devrait pas ĂȘtre seul Ă faire face Ă cette situation. Tous ceux d'entre nous qui accomplissent un travail similaire [...] devraient se mobiliser davantage [...] et publier davantage, car c'est notre obligation en tant que citoyens. Nous ne faisons rien d'autre qu'exercer nos droits constitutionnels en vertu du Premier Amendement".
~John Young, Cryptome
Que faire ?
Si vous vivez aux Ătats-Unis, appelez le standard de la Chambre des reprĂ©sentants au (202) 224-3121, indiquez votre code postal pour ĂȘtre mis en relation avec le bureau de vos reprĂ©sentants et dites-leur que vous voulez que la demande d'extradition d'Assange soit abandonnĂ©e. M. Biden ne renoncera pas Ă cette extradition sans une pression politique considĂ©rable.
La saga Assange dure depuis 13 ans déjà , et a été constamment noyée sous la désinformation au cours de cette période. Compte tenu de l'ampleur des événements survenus depuis plus de dix ans, cette affaire marque un tournant décisif dans le monde judiciaire. Cette affaire représente un tournant décisif pour l'avenir de la liberté de la presse.
Que vous apprĂ©ciiez ou non M. Assange, que vous ayez ou non adhĂ©rĂ© aux thĂšses dominantes le concernant, vous devriez sĂ©rieusement vous inquiĂ©ter du sort du journalisme dans le monde. Lorsque des personnages puissants sont en mesure de supprimer des informations pour protĂ©ger leurs intĂ©rĂȘts, nous risquons de basculer dans un monde effrayant oĂč la vĂ©ritĂ© et les responsabilitĂ©s ne seront plus qu'un vain mot.
Il est temps de prendre conscience des enjeux et d'exiger qu'il soit mis fin à cette épreuve. Libérez Assange et, ce faisant, protégez l'avenir de la liberté de la presse.