đâđš Assange ne sera pas libĂ©rĂ© avant les Ă©lections amĂ©ricaines de 2024
M. Assange pourrait bien finir par mourir en prison. Mais cela importe peu aux Ătats-Unis et Ă l'Australie. De gros intĂ©rĂȘts financiers sont en jeu, et c'est finalement tout ce qui importe.
đâđš Assange ne sera pas libĂ©rĂ© avant les Ă©lections amĂ©ricaines de 2024
Par Sam Varghese, le 30 juillet 2023
Le fondateur et Ă©diteur de WikiLeaks, Julian Assange, ne sera probablement pas libĂ©rĂ© par les Ătats-Unis avant les Ă©lections prĂ©sidentielles de 2024. C'est ce qui ressort principalement des dĂ©clarations amĂ©ricaines de samedi, qui refusent d'accĂ©der aux timides requĂȘtes de l'Australie en faveur de sa libertĂ©.
Ă l'issue d'entretiens ministĂ©riels bilatĂ©raux, le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain Antony Blinken a dĂ©clarĂ© pour une fois ouvertement : "Les actions qu'il [Assange] est supposĂ© avoir commises risquaient de nuire gravement Ă notre sĂ©curitĂ© nationale, au profit de nos adversaires, et faisaient courir Ă des sources humaines nommĂ©es un risque grave d'atteinte Ă leur intĂ©gritĂ© physique, un risque grave de dĂ©tention".
"Je ne dis cela que pour souligner que, si nous comprenons les susceptibilitĂ©s de lâAustralie, il est essentiel que nos amis comprennent celles des Ătats-Unis".
Le principal enjeu pour les dĂ©mocrates au pouvoir aux Ătats-Unis est de faire en sorte que Joe Biden n'ait pas l'air ridicule en perdant les Ă©lections de 2024. Et pour cela, ils sont prĂȘts Ă tout. Les Ătats-Unis savent parfaitement que l'Australie ne s'opposera pas fermement Ă la dĂ©cision prise au sujet d'Assange - ou de toute autre question.
Joe Biden a montré à plusieurs reprises que, malgré les promesses formulées lors de la campagne électorale pour les élections de 2020, il s'en tiendrait aux décisions prises par Trump afin de ne pas faire tanguer le bateau. Comme la décision de retirer les troupes d'Afghanistan en juin 2020, par exemple, alors que tout le complexe militaro-industriel était mécontent de perdre une source de revenus permanents.
La contrepartie ? L'administration Biden a fait tout ce qu'elle a pu pour pousser à l'invasion de l'Ukraine, et y est parvenue. Aujourd'hui, les ventes d'armes à ce pays et à d'autres comme Taïwan garantissent que les fonds provenant de sociétés telles que Raytheon et General Dynamics continueront d'affluer dans les caisses des démocrates.
En ce qui concerne la Chine, M. Biden a maintenu tous les droits de douane imposĂ©s par M. Trump, mĂȘme s'il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© Ă maintes reprises qu'ils affectent l'industrie et les consommateurs amĂ©ricains bien davantage qu'ils ne nuisent aux Ătats-Unis.
Assange n'est donc qu'un tout petit pion sur l'Ă©chiquier. Trump a contribuĂ© Ă faire monter les enchĂšres contre le fondateur de WikiLeaks, et tout flĂ©chissement de ces mesures pourrait ĂȘtre utilisĂ© par les ennemis de M. Biden Ă son encontre.
L'Australie ne cesse de parler de la procĂ©dure judiciaire en cours dans l'affaire Assange, et du fait qu'elle ne peut ĂȘtre entravĂ©e. Mais, fidĂšle Ă sa tradition coloniale, Canberra a pourtant entravĂ©, quand elle le souhaite, les procĂ©dures en cours au Myanmar et au Cambodge pour ramener des Australiens emprisonnĂ©s dans leur pays d'origine. Bien entendu, aucun de ces pays ne dispose d'un "ordre fondĂ© sur des rĂšgles", comme c'est le cas aux Ătats-Unis. Cette phrase est devenue une vĂ©ritable blague de mauvais goĂ»t.
M. Assange est toujours détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, au Royaume-Uni, dans l'attente de l'issue d'un second recours devant la High Court britannique contre un jugement d'extradition.
En juin, l'Australien a perdu un premier recours contre une dĂ©cision visant Ă lâextrader aux Ătats-Unis pour y ĂȘtre jugĂ© sur des accusations d'espionnage.
Le second recours a été déposé le 13 juin. Depuis lors, sa femme, son pÚre et son frÚre font campagne pour sa libération.
Compte tenu des procĂ©dures juridiques encore en cours, M. Assange pourrait bien finir par mourir en prison. Mais cela importe peu aux Ătats-Unis et Ă l'Australie. De gros intĂ©rĂȘts financiers sont en jeu, et c'est finalement tout ce qui importe.
* Sam Varghese Ă©crit pour iTWire depuis 2006, un an aprĂšs la crĂ©ation du site. Pendant prĂšs d'une dĂ©cennie, il a surtout Ă©crit sur les logiciels libres et open source, en se basant sur sa propre utilisation de ce type de logiciels. Depuis mai 2016, il Ă©crit sur de nombreux domaines technologiques. Il a Ă©tĂ© journaliste pendant prĂšs de 40 ans en Inde (Indian Express et Deccan Herald), aux Ămirats arabes unis (Khaleej Times) et en Australie (Daily Commercial News (aujourd'hui disparu) et The Age). Son blog personnel s'intitule Irregular Expression.