đâđš Assange va tĂ©moigner Ă Strasbourg sur sa dĂ©tention politique en tant que journaliste
âIl est paradoxal qu'Assange, en rĂ©vĂ©lant les milliers de morts avĂ©rĂ©es non signalĂ©es par les USA, soit accusĂ© d'avoir mis des vies en danger, sans qu'aucune preuve ne vienne Ă©tayer cette accusation.â
đâđš Assange va tĂ©moigner Ă Strasbourg sur sa dĂ©tention politique en tant que journaliste
Par Kevin Gosztola, le 25 septembre 2024
Ce sera le premier tĂ©moignage public d'Assange depuis qu'il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et expulsĂ© de l'ambassade de l'Ăquateur Ă Londres en 2019.
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, se rendra Ă Strasbourg, en France, pour tĂ©moigner devant la commission des questions juridiques et des droits de l'homme du Conseil de l'Europe le 1er octobre. Il s'agira de son premier tĂ©moignage public depuis son arrestation et son expulsion de l'ambassade de l'Ăquateur Ă Londres en 2019.
La commission fait partie de l'AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l'Europe, un organe international composĂ© de parlementaires de chaque Ătat membre de l'Union europĂ©enne. M. Assange apportera son tĂ©moignage sur la nature politique des poursuites engagĂ©es contre lui par le gouvernement des Ătats-Unis, qui ont abouti Ă un accord de plaidoyer en juin.
L'emprisonnement politique d'Assange fait partie d'un examen plus large par l'assemblée des menaces accrues pesant sur les journalistes et les lanceurs d'alerte en Europe, engagé alors qu'Assange était encore détenu à Belmarsh.
Les 13 et 14 mai, Mme ĂvarsdĂłttir s'est rendue au Royaume-Uni pour rendre visite Ă M. Assange Ă la prison de Sa MajestĂ© Belmarsh. Elle s'est entretenue avec M. Assange pendant deux heures et a Ă©galement rencontrĂ© sa femme Stella Assange, son avocat Gareth Peirce, David Morris, prĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation britannique Ă l'AssemblĂ©e, et Jeremy Corbyn, membre de l'AssemblĂ©e. Elle a Ă©galement rencontrĂ© plusieurs anciens fonctionnaires des Nations unies, des avocats, des journalistes, des psychiatres, des dĂ©fenseurs des droits de l'homme et des reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile.
Bien que le ministĂšre de l'intĂ©rieur britannique ait approuvĂ© la demande d'extradition d'Assange, il a refusĂ© de mettre un reprĂ©sentant Ă disposition pour une rencontre avec ĂvarsdĂłttir.
ĂĂłrhildur Sunna ĂvarsdĂłttir, rapporteur gĂ©nĂ©ral pour les prisonniers politiques et dĂ©putĂ©e islandaise membre de la commission des affaires juridiques et des droits de l'homme, a rĂ©digĂ© un rapport sur M. Assange. Elle a conclu qu'il rĂ©pondait Ă la dĂ©finition de prisonnier politique de l'assemblĂ©e.
âL'inculpation d'Assange en vertu de la loi amĂ©ricaine sur l'espionnage pour des activitĂ©s journalistiques essentielles, telles que l'obtention et la publication d'informations d'un grand intĂ©rĂȘt public, constitue une ingĂ©rence manifestement abusive de sa libertĂ© d'expressionâ, a affirmĂ© Mme ĂvarsdĂłttir. âJe pense en outre que les poursuites engagĂ©es contre lui aux Ătats-Unis et sa longue dĂ©tention au Royaume-Uni ont Ă©tĂ© motivĂ©es par l'intention de dissimuler des actes rĂ©prĂ©hensibles du gouvernement et de dissuader d'autres personnes de suivre l'exemple de M. Assange.
âAinsi, la dĂ©tention de M. Assange a Ă©tĂ© principalement motivĂ©e par des considĂ©rations de nature politique.â
Un projet de rĂ©solution reproche au gouvernement des Ătats-Unis d'avoir âdĂ©tournĂ©â l'Espionage Act de 1917 pour poursuivre M. Assange. Il affirme que les charges retenues contre M. Assange
âont eu un effet dissuasif dangereux, en dĂ©courageant les Ă©diteurs, les journalistes et les lanceurs d'alerte de dĂ©noncer les fautes du gouvernement, ce qui a gravement portĂ© atteinte Ă la libertĂ© d'expression et ouvert la voie Ă de nouveaux abus de la part des autoritĂ©s de l'Ătatâ.
Il est donc recommandé au gouvernement américain de réformer la loi sur l'espionnage et de
âsubordonner son application Ă la prĂ©sence d'une intention malveillante de nuire Ă la sĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unis ou d'aider une puissance Ă©trangĂšreâ et âd'exclure l'application de la loi sur l'espionnage aux Ă©diteurs, journalistes et lanceurs d'alerte qui divulguent des informations classifiĂ©es dans l'intention de sensibiliser le public et d'informer sur des crimes graves, tels que le meurtre, la torture, la corruption ou la surveillance illĂ©galeâ.
En outre, la proposition de rĂ©solution presse le gouvernement amĂ©ricain d'enquĂȘter sur les
âcrimes de guerre et les violations des droits de l'homme prĂ©sumĂ©s divulguĂ©s par WikiLeaks et M. Assange, en demandant des comptes aux responsables et en s'attaquant Ă la culture de l'impunitĂ© envers les agents de la DĂ©fense ou ceux qui agissent sur leur ordre.â
Elle exige que les responsables amĂ©ricains coopĂšrent âen toute bonne foi avec les autoritĂ©s judiciaires espagnolesâ qui enquĂȘtent sur l'opĂ©ration de surveillance menĂ©e Ă l'encontre de M. Assange, de sa famille et de son Ă©quipe juridique alors qu'il bĂ©nĂ©ficiait de l'asile politique au sein de l'ambassade.
En dĂ©pit de l'objection de Richard Keen, membre du Parti conservateur au Parlement britannique, le projet de rĂ©solution exprime sa consternation quant au fait que le Royaume-Uni - un Ătat membre - a aggravĂ© la persĂ©cution politique subie par Assange en ignorant les preuves de torture et d'abus.
âLes autoritĂ©s du Royaume-Uni n'ont pas protĂ©gĂ© efficacement la libertĂ© d'expression et le droit Ă la libertĂ© de M. Assange, l'exposant Ă une dĂ©tention prolongĂ©e dans une prison de haute sĂ©curitĂ© malgrĂ© la nature politique des accusations les plus graves portĂ©es contre luiâ, selon le projet de rĂ©solution. âSa dĂ©tention en vue d'une extradition a largement dĂ©passĂ© la durĂ©e raisonnable acceptable Ă cette fin.
âL'AssemblĂ©e regrette que la loi sur l'extradition de 2003 ait supprimĂ© l'exemption pour infraction politique de la loi britannique sur l'extradition, exposant ainsi les dissidents et les membres de l'opposition au risque d'ĂȘtre extradĂ©s vers des Ătats qui les poursuivent pour des motifs politiquesâ, indique le projet de rĂ©solution.
Dans le cadre de la rĂ©solution, les Ătats membres et observateurs du Conseil de l'Europe sont encouragĂ©s Ă protĂ©ger les lanceurs d'alerte menacĂ©s de reprĂ©sailles, notamment en leur offrant l'asile. Le projet de rĂ©solution recommande de ne pas extrader les personnes inculpĂ©es pour des activitĂ©s journalistiques et d'Ă©tendre les lois de protection des lanceurs d'alerte et les lois sur le bouclier des journalistes.
M. Keen a exprimĂ© son dĂ©saccord avec le rapport sur l'emprisonnement politique de M. Assange, dĂ©plorant qu'il âminimise le sort des vĂ©ritables prisonniers politiquesâ, comme ceux dĂ©tenus en Russie. Il a insistĂ© sur le fait qu'Assange n'aurait pas Ă©tĂ© torturĂ© lorsqu'il Ă©tait dĂ©tenu Ă Belmarsh.
Mme ĂvarsdĂłttir a notamment contestĂ© un aspect de l'accord de plaidoyer qui incrimine M. Assange pour avoir publiĂ© des âdocuments classifiĂ©s brutsâ.
âPlus de 13 ans se sont Ă©coulĂ©s depuis la publication des documents non expurgĂ©s, et aucune preuve n'a Ă©tĂ© apportĂ©e montrant que les publications de WikiLeaks ont portĂ© prĂ©judice Ă qui que ce soitâ,
a dĂ©clarĂ© Mme ĂvarsdĂłttir. L'accord de plaidoyer lui-mĂȘme indique clairement que
âĂ la date de l'accord de plaidoyer, les Ătats-Unis n'ont identifiĂ© aucune victime pouvant prĂ©tendre Ă une restitution individuelle et, par consĂ©quent, ne requiĂšrent pas d'ordonnance de restitution.
âJe trouve paradoxal qu'alors que M. Assange a rĂ©vĂ©lĂ© des milliers de dĂ©cĂšs confirmĂ©s et non signalĂ©s auparavant aux mains des forces amĂ©ricaines et de la coalition en Irak et en Afghanistan, il soit accusĂ© d'avoir mis de nombreuses vies en danger, sans qu'aucune preuve de cette affirmation n'ait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e.â
Mme ĂvarsdĂłttir s'est alarmĂ©e du fait que les procureurs amĂ©ricains ont insistĂ© pour qu'Assange
âplaide coupable d'une accusation en vertu de la loi sur l'espionnage plutĂŽt que d'accepter sa dĂ©fense selon laquelle il agissait en tant que journaliste dans l'intĂ©rĂȘt public lorsqu'il a publiĂ© les documents classifiĂ©s.â
Auparavant, des reprĂ©sentants du Conseil de l'Europe ont ouvertement soutenu Assange. Dunja MijatoviÄ, alors Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, s'est opposĂ© Ă l'extradition en fĂ©vrier 2020 et en janvier 2022 en raison de âl'effet dissuasif mondialâ qu'elle aurait sur la libertĂ© de la presse. Pieter Omtzigt, ancien rapporteur gĂ©nĂ©ral de l'assemblĂ©e sur la protection des lanceurs d'alerte, s'est exprimĂ© sur l'affaire en septembre 2021 et en janvier 2022.
En 2011, l'AssemblĂ©e a adoptĂ© une rĂ©solution qui âsalue la publication par WikiLeaks de cĂąbles diplomatiquesâ confirmant âla vĂ©racitĂ© des allĂ©gations de dĂ©tentions secrĂštes et de transferts illĂ©gaux de dĂ©tenusâ par la CIA.
https://thedissenter.org/assange-testify-political-imprisonment/