đâđš Audiences dâextradition, Jour 7 : des tĂ©moignages Ă©loquents
Je n'ai pas bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun procĂšs Ă©quitable, et personne, ni Snowden ou Manning, ni Julian Assange ne peut obtenir de procĂšs Ă©quitable pour ce type accusations s'il devait ĂȘtre jugĂ©. â Daniel Ellsberg
đâđš Audiences dâextradition, Jour 7, des tĂ©moignages Ă©loquents
DES TĂMOIGNAGES ĂLOQUENTS
Le 16 septembre 2020
Je n'ai pas bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun procĂšs Ă©quitable, et personne, ni Snowden ou Manning, ni Julian Assange ne peut obtenir de procĂšs Ă©quitable pour ce type accusations s'il devait ĂȘtre jugĂ©. â Daniel Ellsberg
LE JOURNALISTE JOHN GOETZ
Le journaliste amĂ©ricain John Goetz, qui travaille en Allemagne depuis 30 ans, a tĂ©moignĂ© aujourd'hui de ses expĂ©riences en tant que partenaire mĂ©diatique sur les communiquĂ©s de WikiLeaks en 2010. Travaillant alors pour le Spiegel, Goetz faisait dĂ©jĂ des reportages sur l'Irak et l'Afghanistan lorsqu'il a rejoint le partenariat pour traiter les journaux de guerre afghans, les journaux de guerre irakiens et les cĂąbles du dĂ©partement d'Ătat.
WIKILEAKS A RETENU 15 000 DOCUMENTS
Goetz a Ă©tĂ© impliquĂ© dans les premiĂšres discussions et a tĂ©moignĂ© que Wikileaks a menĂ© un "processus de rĂ©daction trĂšs rigoureux", en commençant par les dossiers sur l'Afghanistan. Il a dĂ©clarĂ© qu'Assange lui-mĂȘme Ă©tait "trĂšs prĂ©occupĂ© par l'aspect technique de la recherche des noms dans cette Ă©norme collection de documents" afin que "nous puissions les expurger, pour qu'ils ne soient pas publiĂ©s, pour qu'ils ne soient pas pĂ©nalisĂ©s". Il a tĂ©moignĂ© qu'Assange rappelait continuellement aux partenaires mĂ©diatiques d'utiliser des communications sĂ©curisĂ©es, des tĂ©lĂ©phones et des applications cryptĂ©s, et bien qu'il semblait paranoĂŻaque Ă l'Ă©poque, c'est maintenant une pratique journalistique standard.
Goetz a Ă©galement tĂ©moignĂ© au sujet de WikiLeaks et des conversations des partenaires mĂ©diatiques avec le gouvernement amĂ©ricain avant la publication. Ă un moment donnĂ©, les partenaires mĂ©diatiques ont Ă©tĂ© en confĂ©rence tĂ©lĂ©phonique avec le DĂ©partement d'Ătat, au cours de laquelle les responsables amĂ©ricains ont fourni un certain nombre de documents qu'ils ne voulaient surtout pas voir publiĂ©s. Ils ne donnaient pas de noms prĂ©cis Ă censurer, mais indiquaient plutĂŽt des domaines politiquement sensibles - lorsqu'ils ont rĂ©alisĂ© qu'ils ne faisaient qu'attirer l'attention sur des sujets qui intĂ©ressaient les journalistes, ils ont arrĂȘtĂ©.
Les partenaires médiatiques ont également envoyé une délégation de journalistes du New York Times, qui avait déjà un bureau à Washington DC, à la Maison Blanche, pour anticiper la publication. Comme Eric Schmitt du Times l'a communiqué par courriel à Goetz immédiatement aprÚs la réunion, la délégation des médias a fait savoir au gouvernement américain que WikiLeaks ne publierait pas quelque 15 000 documents dans les journaux de guerre afghans, et ont demandé à la Maison Blanche toute assistance technique possible pour aider à la rédaction. Cette demande, a déclaré Goetz, a été accueillie avec "dérision".
Comme Goetz l'a déclaré, Der Spiegel a interviewé Assange en 2010 sur son processus de réduction des risques
Assange : Les fichiers de Kaboul ne contiennent aucune information relative aux mouvements actuels des troupes. La source est passĂ©e par son propre processus de minimisation des dommages, et nous a demandĂ© de procĂ©der Ă notre examen habituel pour s'assurer qu'il n'y avait pas de risque significatif que des innocents soient affectĂ©s. Nous comprenons l'importance de protĂ©ger les sources confidentielles, et pourquoi il est important de protĂ©ger certaines sources des Ătats-Unis et de la FIAS.
Der Spiegel : Qu'avez-vous fait, en particulier, pour minimiser tout préjudice éventuel ?
Assange : Nous avons identifiĂ© les cas oĂč il peut exister une chance que des dommages soient causĂ©s Ă des innocents. Ces dossiers ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, et modifiĂ©s en consĂ©quence.
Les journaux de guerre dâIrak : WikiLeaks a plus caviardĂ© que le gouvernement amĂ©ricain
Bien qu'il n'ait pas été personnellement aussi impliqué dans les versions ultérieures, Goetz a témoigné que le processus de réduction des dommages de WikiLeaks s'est développé au fil du temps, et il a déclaré que l'organisation était pleinement efficace avec les journaux de guerre de l'Irak, et "a fini par censurer plus que le ministÚre de la Défense". Certains des dossiers avaient été déclassifiés et publiés en vertu de demandes de la FOIA, de sorte que l'on pouvait comparer les expurgations, et voir que WikiLeaks avait caviardé plus de noms que le gouvernement américain ne l'avait fait.
Les documents de WikiLeaks confirment que la CIA torture et Ă©chappe Ă toute responsabilitĂ©. En donnant un exemple du type d'histoires auxquelles WikiLeaks a contribuĂ©, M. Goetz a expliquĂ© qu'il avait enquĂȘtĂ© sur l'histoire de Khalid el-Masri, un citoyen allemand kidnappĂ© par la CIA en MacĂ©doine, avec restitution extraordinaire Ă un site noir en Afghanistan oĂč il a Ă©tĂ© dĂ©tenu et torturĂ© en 2004. Cela n'Ă©tait pas connu Ă l'Ă©poque, alors Goetz a cherchĂ© le nom d'el-Masri dans les documents, a vu qu'il avait Ă©tĂ© amenĂ© en Afghanistan, et a dĂ©couvert les ravisseurs de la CIA "qui avaient forcĂ© el-Masri Ă monter dans un avion militaire, l'avaient sodomisĂ© et l'avaient envoyĂ©" en Afghanistan.
Goetz a retrouvĂ© les agents de la CIA responsables aux Ătats-Unis, les a interrogĂ©s et a rapportĂ© l'histoire. Suite Ă cette Ă©mission, un procureur de l'Ătat de Munich a Ă©mis un mandat d'arrĂȘt contre les 13 agents de la CIA. Mais, selon Goetz, "il s'avĂšre que le mandat d'arrĂȘt n'a jamais Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© aux Ătats-Unis". Lorsqu'il a vu les cĂąbles du DĂ©partement d'Ătat, il a dĂ©couvert que les Ătats Unis avaient fait pression sur le procureur allemand pour qu'il Ă©mette le mandat dans une juridiction oĂč les auteurs ne rĂ©sidaient pas, menaçant de "rĂ©percussions", sâil nâobtempĂ©rait pas.
Suite au tĂ©moignage de Goetz, la dĂ©fense a voulu lire une dĂ©claration de Khalid el-Masri lui-mĂȘme dans le dossier du tribunal. L'accusation s'y est opposĂ©e, suggĂ©rant qu'el-Masri ne figurait pas dans les charges retenues contre Assange et que, par consĂ©quent, cette dĂ©claration n'Ă©tait pas pertinente, et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme admissible. Le procureur James Lewis a dĂ©clarĂ© que la dĂ©fense pouvait lire la dĂ©claration "si elle voulait faire perdre une demi-heure". Le juge a averti Lewis que ses objections lâengageaient "sur une voie risquĂ©e", susceptible dâimpliquer l'acceptation de la preuve de la dĂ©fense "sans contestation".
Les journalistes de la cour ont rapporté que la discussion sur la déclaration d'El-Masri se poursuivait, le gouvernement s'y opposant, car permettre la lecture de son témoignage stipulerait que l'accusation affirme qu'El-Masri a été torturé par le gouvernement américain. La déclaration n'a pas été lue à haute voix et il semble que la question n'est pas encore résolue.
DES CĂBLES NON CENSURĂS INDUMENT IMPUTĂS A WIKILEAKS
Un argument central dans l'affaire du gouvernement amĂ©ricain est que WikiLeaks a publiĂ© des documents dont le gouvernement savait qu'ils causeraient des prĂ©judices. Ă maintes reprises, l'accusation met en garde les tĂ©moins sur le fait qu'Assange nâest accusĂ© que d'avoir publiĂ© sur Internet les cĂąbles non censurĂ©s contenant les noms des sources qui auraient pu ĂȘtre lĂ©sĂ©es. Cette affirmation est trompeuse quant aux accusations, et a Ă©tĂ© contredite par les deux tĂ©moins aujourd'hui.
Alors que les trois chefs d'accusation de "publication pure" concernent effectivement la publication en 2011 de cĂąbles non censurĂ©s, les 15 autres chefs d'accusation, qui accusent M. Assange de "solliciter", "obtenir" et "recevoir" les documents, concernent les ensembles complets de donnĂ©es des journaux de guerre irakiens et afghans, les cĂąbles du DĂ©partement d'Ătat, et les notes d'Ă©valuation des dĂ©tenus de Guantanamo Bay. En outre, tous les documents - et tout comportement que le juge juge juge pertinent, mĂȘme s'il ne figure pas dans les accusations - sera pris en compte lors de la dĂ©termination de la peine, lorsque le tribunal considĂšre des facteurs attĂ©nuants ou aggravants.
Mais mĂȘme sur la base de ces faits, les tĂ©moins d'aujourd'hui ont fortement contestĂ© les affirmations du gouvernement. InterrogĂ© sur la publication en 2011 de cĂąbles non censurĂ©s, John Goetz a expliquĂ© ce qui s'est rĂ©ellement passĂ© : en fĂ©vrier 2011, les reporters du Guardian David Leigh et Luke Harding ont publiĂ© un livre avec le mot de passe du fichier non cryptĂ© en tĂȘte de chapitre. Le magazine allemand Der Freitag a publiĂ© cette information, qui a permis aux observateurs d'utiliser ce mot de passe pour dĂ©verrouiller les fichiers et les publier en ligne dans leur intĂ©gralitĂ©. Ils ont notamment Ă©tĂ© publiĂ©s sur Cryptome, un "site de fuite rival" tel que dĂ©crit par le gouvernement, mais ils ont Ă©galement Ă©tĂ© mis en miroir sur plusieurs autres sites, de sorte qu'ils ne pouvaient plus ĂȘtre retirĂ©s, hors de portĂ©e de WikiLeaks.
L'accusation a fait référence à un article du Guardian de septembre 2011, dans lequel les partenaires médiatiques condamnent la publication par WikiLeaks des cùbles non censurés (bien qu'ils admettent dans l'article que le matériel a été publié pour la premiÚre fois par Cryptome). Goetz a cependant témoigné que les partenaires médiatiques ne connaissaient pas la véritable suite des événements à ce stade, et ce n'est que plus tard que le mot de passe dans le livre de Leigh et Harding a été mis en cause pour la publication du matériel.
Goetz a Ă©galement dĂ©clarĂ© qu'Assange avait essayĂ© d'empĂȘcher Der Freitag de publier des informations menant Ă la publication de fichiers non expurgĂ©s.
DANIEL ELLSBERG : JE SUIS EN TOTAL DĂSACCORD AVEC LA THĂORIE DU "BON ELLSBERG / MAUVAIS ASSANGE"".
Ensuite, la dĂ©fense a appelĂ© le lanceur d'alerte des documents des Pentagone Papers Daniel Ellsberg Ă tĂ©moigner sur les motivations d'Assange, sur la propre expĂ©rience d'Ellsberg poursuivi en vertu de la loi sur l'espionnage, et sur son point de vue sur la publication non expurgĂ©e des cĂąbles du DĂ©partement d'Ătat.
Ellsberg a expliquĂ© dans sa dĂ©claration de tĂ©moin qu'il avait copiĂ© et divulguĂ© les documents du Pentagone, comprenant 7 000 fichiers top secret, au New York Times en 1971 parce qu'ils dĂ©montraient que le gouvernement des Ătats-Unis avait "commencĂ© et continuĂ©" la guerre du Vietnam "en sachant qu'elle ne pouvait pas ĂȘtre gagnĂ©e" et que les administrations prĂ©sidentielles successives avaient menti au CongrĂšs et au public Ă ce sujet.
"Il a été retenu que mes propres actions en rapport avec les documents du Pentagone et les conséquences de leur publication ont entraßné un changement politique radical. Je considÚre que les publications de WikiLeaks de 2010 et 2011 sont d'une importance comparable".
Au tribunal, Ellsberg a tĂ©moignĂ© des opinions politiques de Julian Assange, de son opposition Ă la guerre et de sa conviction que la justice est rendue en toute transparence. Lui et Assange ont tous deux estimĂ© que les motivations des guerres d'Afghanistan et d'Irak Ă©taient mensongĂšres et qu'il Ă©tait "clair, mĂȘme pour les profanes", que la guerre d'Irak Ă©tait un "crime", une "guerre agressive"telle que dĂ©finie par les Nations unies. Il a comparĂ© la guerre en Afghanistan Ă la guerre du Vietnam, la premiĂšre Ă©tant une "reprise" de la seconde, car les auteurs des deux guerres savaient qu'elles ne pouvaient que dĂ©boucher sur une "impasse".
Ce qui a changé, a déclaré Ellsberg, c'est qu'en Afghanistan (et en Irak), les horribles abus, les meurtres illégaux et les crimes de guerre se sont normalisés, au point qu'ils apparaissent dans des "rapports de terrain". Les journaux de guerre d'Irak et d'Afghanistan sont marqués "Secret", alors que les documents du Pentagone étaient tous "Top Secret". Ellsberg a déclaré qu'il "aurait été étonné de voir des rapports similaires au Vietnam" dans la classification de bas niveau. Ils sont maintenant tellement routiniers, dit-il, qu'ils apparaissent dans les journaux de fuites comme le cours normal de la guerre.
La fameuse vidéo "Collateral Murder" illustre encore cette situation. Le titre de la vidéo, filmée d'un hélicoptÚre Apache de l'armée américaine et documentant le meurtre de civils, y compris des journalistes, des enfants et leurs sauveteurs, a été controversé lors de sa sortie en 2010. Assange a été critiqué pour avoir qualifié les actions de "meurtre", mais pour Ellsberg, le titre a attiré son attention pour une raison différente :
"Il ne faisait aucun doute pour moi que ce dont j'étais témoin à l'époque était un meurtre. En fait, le mot problématique dans le titre était "Collateral", ce qui impliquait que ce n'était pas intentionnel. C'était un meurtre, et un crime de guerre. J'étais donc trÚs heureux que le public américain soit confronté à cela".
Ellsberg a parlé de la décision de les divulguer :
"J'ai Ă©tĂ© trĂšs impressionnĂ© que la source de ces documents, Chelsea Manning, soit prĂȘte Ă risquer sa libertĂ© et mĂȘme sa vie pour rendre cette information publique. C'Ă©tait la premiĂšre fois en 40 ans que je voyais quelqu'un d'autre faire cela, et j'ai ressenti de la complicitĂ©".
ELLSBERG ET LA LOI SUR L'ESPIONNAGE
Lorsqu'on lui a demandé s'il était capable d'expliquer ses propres motivations lorsqu'il a été accusé d'espionnage par l'administration Nixon, M. Ellsberg a répondu :
"Non, absolument pas... J'avais retenu, pendant les presque 2 ans qui se sont écoulés entre les révélations et leur publication, la discussion sur ce qui m'avait amené à faire cela dans l'espoir de pouvoir témoigner sous serment, avec suffisamment de solennité et de crédibilité."
Mais lors de son procĂšs de 1973, lorsque son avocat a demandĂ© Ă Ellsberg Ă la barre d'expliquer sa motivation, le gouvernement a objectĂ© que la question n'Ă©tait pas pertinente, et le juge nâa pas objectĂ©. La loi sur l'espionnage a donc Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en "infraction de responsabilitĂ© stricte", et toutes les poursuites engagĂ©es depuis lors ont Ă©tĂ© traitĂ©es de la mĂȘme maniĂšre.
"La loi sur l'espionnage n'autorise pas les dénonciations, ni les information de nature politique. Je n'ai donc pas eu de procÚs équitable, personne n'a eu de procÚs équitable pour ces accusations, et Julian Assange ne peut obtenir un procÚs équitable pour ces accusations s'il était jugé".
FAUSSE DICHOTOMIE
En contre-interrogatoire, l'accusation a tenté d'établir une distinction entre Ellsberg et Assange en citant Floyd Abrams, qui, avec James Goodale, a défendu le droit du New York Times de publier les Pentagone Papers, car Abrams a écrit qu'il pense que WikiLeaks est différent du cas d'Ellsberg. Mais Ellsberg a déclaré qu'Abrams "ne comprend pas mes motivations, ni celles de Julian" puisqu'il n'a pas vraiment lu tous les Pentagone Papers, et n'a pas discuté des motivations d'Ellsberg avec lui.
Ellsberg a ajouté que cette fausse dichotomie ne se limite pas à Abrams. "Et je dirais que ceux qui critiquent Ed Snowden, Chelsea Manning, Julian Assange, ils ne veulent pas me critiquer - c'est tout à fait trompeur", a-t-il déclaré.
Ellsberg a déclaré qu'au moment de la publication des Pentagon Papers, il était sévÚrement critiqué, comme le sont aujourd'hui Snowden, Manning et Assange. Puis, pendant longtemps, il a été ignoré. Et maintenant que ces nouvelles publications sont publiées, celles de WikiLeaks en 2010 et les révélations de Snowden à la NSA en 2013, tout à coup les commentateurs les ont comparées aux siennesi, se référant à Ellsberg de maniÚre positive "pour établir une comparaison".
âJe suis en total dĂ©saccord avec la thĂ©orie du "bon Ellsberg / mauvais Assange", a-t-il dĂ©clarĂ©. "Ă l'exception des aspects informatiques qui n'existaient pas Ă l'Ă©poque, je ne vois aucune diffĂ©rence entre les accusations portĂ©es contre moi et celles portĂ©es contre Assange."
Outre les personnalités impliquées, l'accusation a également tenté d'établir un contraste entre les communiqués d'Assange et d'Ellsberg, notamment en soulignant le préjudice que le gouvernement prétend avoir causé par les divulgations de WikiLeaks.
Le procureur James Lewis a citĂ© le fait qu'Ellsberg a cachĂ© 4 volumes de documents aux mĂ©dias, bien qu'il ait donnĂ© l'ensemble des dossiers au SĂ©nat, ainsi que le fait qu'Abrams a citĂ© Ellsberg comme ayant dit "Je ne veux pas entraver la diplomatie", alors que, selon Abrams, Assange le fait clairement. L'accusation a dĂ©peint cela comme la volontĂ© d'Ellsberg de protĂ©ger son pays du danger. Mais Ellsberg a prĂ©cisĂ© qu'au moment de sa libĂ©ration, les Ătats-Unis et le Vietnam Ă©taient engagĂ©s dans des nĂ©gociations de paix. Elles ne progressaient pas trĂšs vite, mais les pourparlers avaient lieu, et Ellsberg ne voulait pas que la publication soit utilisĂ©e comme prĂ©texte pour nuire aux pourparlers de paix.
Ellsberg se souvient de sa propre citation complĂšte :
"Je veux faire obstacle à la guerre, pas aux négociations."
C'est Ă©galement la raison pour laquelle Ellsberg n'a pas censurĂ© un seul mot de ses communiquĂ©s, autorisant mĂȘme la publication du nom d'un agent clandestin de la CIA (dont il savait qu'il Ă©tait dĂ©jĂ connu au Vietnam). Il ne voulait pas que le public pense que les fichiers avaient Ă©tĂ© modifiĂ©s, ou qu'ils avaient fait l'objet d'une ingĂ©rence. Il voulait montrer qu'il n'y avait aucune justification adĂ©quate aux meurtres au Vietnam.
WIKILEAKS N'A FAIT AUCUN MAL
Lewis tente toujours de faire admettre Ă Ellsberg que les documents de WikiLeaks sont plus nuisibles.
"Dites-vous que personne n'a été mis en grave danger ?", a-t-il demandé.
"Il semble que non, puisqu'il n'y a pas eu de préjudice, comme l'a montré le ministÚre de la Défense", a déclaré Ellsberg, en référence au fait que lors de la cour martiale de Chelsea Manning, le gouvernement a été forcé d'admettre qu'il ne pouvait pas pointer du doigt une seule mort résultant des publications de WikiLeaks.
Lewis a ensuite passé plusieurs minutes à lire à voix haute une déclaration sous serment de l'assistant du procureur américain Gordon Kromberg sur les allégations du gouvernement concernant les dommages causés par les communiqués de WikiLeaks. Parmi ces allégations et revendications, beaucoup qui avaient déjà été tentées lors du procÚs de Manning, comme le fait que des dossiers de WikiLeaks avaient été trouvés dans la planque d'Oussama Ben Laden, ou que les talibans avaient déclaré qu'ils allaient publier les données pour punir les informateurs. Ces arguments ont été avancés dans la tentative du gouvernement de poursuivre Mme Manning pour "aide à l'ennemi" - elle a été acquittée pour cette accusation.
à un moment donné, Ellsberg a interrompu le procureur pour lui demander s'il aurait un jour l'occasion d'y répondre. à la fin de la tirade de Lewis, Ellsberg a déclaré : "Le gouvernement qui avance ces allégations est vraiment trÚs cynique. Ai-je raison de dire qu'aucune de ces personnes n'a réellement subi de dommages physiques ?"
Lewis a répondu : "Les rÚgles sont que vous n'avez pas le droit de poser les questions."
Ellsberg a rappelĂ© Ă la cour que le gouvernement amĂ©ricain avait Ă©tĂ© spĂ©cifiquement sollicitĂ© pour aider Ă la rĂ©daction des documents, et quâil a refusĂ© de le faire. En outre, il a dĂ©clarĂ© que si les communiquĂ©s avaient vraiment causĂ© un prĂ©judice Ă©norme, il serait logique que le gouvernement puisse avancer quelque chose de beaucoup plus concret, ou que les talibans aient dĂ©signĂ© des informateurs rĂ©els dans lâoptique de les punir, plutĂŽt que de simplement en parler.
Lewis a parlé de certains informateurs nommés qui ont dû fuir leur pays ou leur poste.
"Je comprends la peur que ces personnes nommĂ©es puissent ĂȘtre blessĂ©es. Et quâelle est due au refus d'aider WikiLeaks Ă Ă©diter. Mais sinon, les personnes qui ont du quitter le pays doivent imputĂ©e Ă la volontĂ© de M. Assange de tenter de mettre fin Ă une guerre qui a causĂ© 37 millions de rĂ©fugiĂ©s et plus d'un million de morts".
https://assangedefense.org/press-release/day-7-september-16-2020-assangecase/