👁🗨 Ben Cohen : Le président Biden bafoue la Déclaration des droits humains en poursuivant Julian Assange
Si nous voulons préserver notre démocratie, il faut défendre la liberté de la presse. Pour reprendre le slogan du Washington Post de 2017 : "L'obscurité, c'est la mort de la démocratie".
👁🗨 Le président Biden bafoue la Déclaration des droits humains en poursuivant Julian Assange
Par Ben Cohen*, le 19 juillet 2023
Le 30 avril 2023, le président Joe Biden a déclaré devant des milliers de journalistes lors du dîner des correspondants de la Maison Blanche : "Le journalisme n'est pas un crime". Pourtant, Julian Assange, journaliste primé et éditeur de WikiLeaks, est emprisonné à l'isolement depuis quatre ans pour avoir révélé la vérité. Les Nations unies, les chefs de culte et les défenseurs des droits civiques s'accordent tous à dire qu'un isolement de plus de deux semaines est une forme de torture. Aujourd'hui, les États-Unis tentent de le maintenir en prison jusqu'à la fin de ses jours.
Les charges retenues contre Julian Assange bafouent le Premier Amendement, et envoient un message glaçant aux journalistes et aux éditeurs du monde entier pour les inciter à ne pas tenter de découvrir et publier les vérités que les gouvernements dissimulent.
Lorsque j'ai rencontré Julian Assange à l'ambassade d'Équateur à Londres, j'ai été très impressionné par son intelligence, sa compassion et sa foi en le pouvoir de la vérité. "Si les mensonges peuvent déclencher des guerres", a-t-il déclaré, "la vérité peut instaurer la paix". Aujourd'hui, M. Assange est poursuivi pour avoir publié les journaux de guerre afghans et irakiens, qui révèlent des crimes de guerre, des actes de torture et des morts civiles perpétrés par le gouvernement des États-Unis en notre nom et avec notre argent. Les publications primées de M. Assange ont été citées parmi les facteurs clés permettant de changer la perception du public sur ces guerres, qui ont coûté des milliards de dollars, des centaines de milliers de vies innocentes et le déplacement de 37 millions de personnes.
En d'autres termes, la vérité est essentielle.
Les auteurs de la Constitution américaine l'avaient compris. Thomas Jefferson [principal rédacteur de la Déclaration d'indépendance des États-Unis en 1776] a écrit un jour que s'il avait le choix entre "un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un instant à privilégier la seconde option".
L'administration Obama-Biden a défendu la liberté de la presse. Elle a refusé d'inculper Julian Assange parce qu'elle risquait de criminaliser la pratique des activités journalistiques ordinaires auxquelles les médias traditionnels se livrent régulièrement. Ils ont compris que poursuivre Julian Assange détruirait le journalisme d'investigation tel que nous le connaissons, et porterait atteinte au cœur même du Premier Amendement.
Mais les choses ont changé en 2016. Dans le cadre d'une guerre contre le journalisme, l'ancien président Donald Trump a fait voler en éclats ces principes en inculpant Julian Assange pour son rôle dans la révélation au monde entier de malversations commises par le gouvernement. Les autorités fédérales ont retenu 18 chefs d'accusation pour la collecte d'informations et la publication de documents divulgués par un dénonciateur de l'armée.
L'acte d'accusation s'appuie sur des théories juridiques radicales qui menacent tout reporter ou journaliste - pas seulement les citoyens américains, mais aussi ceux de n'importe quel pays - qui publie des informations qui dérangent le gouvernement américain.
Le ministère de la Justice de M. Biden fait de beaux discours sur la liberté de la presse, mais n'a pas remédié à l'injustice de l'inculpation d'Assange et à la dégradation de la liberté de la presse. Les principaux groupes de défense de la liberté de la presse et des droits de l'homme, tels que l'ACLU et Amnesty International, ont appelé M. Biden à abandonner les poursuites. Des dirigeants du monde entier, dont le premier ministre australien, le président mexicain et des membres du Congrès américain, ont exhorté M. Biden à respecter la liberté de la presse. Des éditeurs tels que le New York Times, le Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El País ont averti le président Biden que "l'inculpation de Julian Assange "crée un dangereux précédent" qui pourrait freiner la diffusion d'informations sur des questions de sécurité nationale".
Si nous voulons préserver notre démocratie, nous devons défendre la liberté de la presse. Pour citer le slogan du Washington Post adopté par le journal en 2017 : "L'obscurité, c'est la mort de la démocratie". Nous devons défendre les droits des journalistes et des éditeurs. Le président Biden et le procureur général Merrick Garland doivent stopper leurs poursuites contre Assange.
* Ben Cohen est cofondateur de Ben & Jerry's Ice Cream.