👁🗨 Benjamin Netanyahu, criminel de guerre recherché, s'adresse au Congrès
Netanyahu, venu recueillir du soutien pour son génocide des dix derniers mois, a été boudé par la moitié du Congrès dans son discours où il jure de poursuivre l'assaut jusqu'à la “victoire totale”.
👁🗨 Benjamin Netanyahu, criminel de guerre recherché, s'adresse au Congrès
Par Michel Aria, le 24 juillet 2024
Mercredi, Benjamin Netanyahu s'est adressé au Congrès lors d'une séance plénière, dans le but de recueillir des soutiens en faveur de son assaut brutal contre Gaza, depuis dix mois. La visite du Premier ministre israélien aux États-Unis a lieu dans un contexte de turbulences politiques, alors que le candidat à la présidence du GOP*, Donald Trump, a survécu de justesse à une tentative d'assassinat il y a moins de deux semaines et que le président Joe Biden a récemment annoncé renoncer à la course à la présidentielle de 2024.
* GOP : Le Parti républicain - Republican Party, également surnommé Grand Old Party. Il est fondé le 28 février 1854 par des dissidents nordistes opposés à l'expansion de l'esclavage mais aussi aux revendications souverainistes de plusieurs États du Sud. Élu en 1860, Abraham Lincoln a été le premier président républicain]
C'était la quatrième fois que Netanyahu s'adressait au Congrès, un record pour un dirigeant mondial dans l'histoire des États-Unis. Netanyahu a été invité à s'adresser au Congrès par le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson (R-LA).
Dans un discours enflammé, Netanyahu a défendu les actions génocidaires d'Israël à Gaza, mis en garde contre une prétendue menace nucléaire de l'Iran et appelé les législateurs à se joindre à la relation spéciale entre États-Unis et Israël.
“Nous nous retrouvons aujourd'hui à la croisée des chemins”, a-t-il déclaré aux participants. “Notre monde est en plein bouleversement. Au Moyen-Orient, l'axe de la terreur iranienne défie l'Amérique, Israël et nos amis arabes. Il ne s'agit pas d'un choc des civilisations. C'est un choc entre la barbarie et la civilisation. C'est un choc entre ceux qui glorifient la mort et ceux qui célèbrent la vie pour que triomphent les forces de la civilisation.
“L'Amérique et Israël doivent s'unir. Si nous sommes solidaires, quelque chose de très simple se produit : nous gagnons, et ils perdent”, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a également vaguement décrit des stratégies approximatives concernant l'après-guerre, affirmant qu'une “nouvelle Gaza pourrait voir le jour” après la victoire d'Israël sur le Hamas. Il a ajouté que son gouvernement n'avait pas l'intention de “coloniser” Gaza, mais il a juré de poursuivre les opérations sur Gaza jusqu'à la “victoire totale”.
Les dizaines de milliers de citoyens du monde entier qui ont protesté contre la guerre génocidaire d'Israël ont été traités d'“idiots utiles de l'Iran” lors de ce discours. La remarque a été accueillie par l'une des nombreuses “standing ovations”
Protestations
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Washington pour protester contre le discours.
Les actions ont débuté mardi soir lorsque plus de 300 personnes ont été arrêtées lors d'une manifestation organisée par Jewish Voice for Peace (JVP) devant le Cannon House Office Building.
“Il est absolument honteux que les législateurs américains invitent le criminel de guerre Netanyahu à s'adresser au Congrès. Nous sommes des centaines de juifs américains à appeler nos dirigeants élus à cesser de financer et d'alimenter ce génocide”,
a déclaré Sonya Meyerson-Knox, directrice de la communication de JVP.
Les manifestants ont contraint le cortège de Netanyahu à changer d'itinéraire en bloquant les rues autour du Capitole, en se tenant par les bras et en brandissant une banderole sur laquelle on pouvait lire : “STOP A L'ARMEMENT D'ISRAËL”.
Les appels à l'arrestation de Netanyahu ont rythmé les manifestations.
La Cour pénale internationale a requis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, le ministre de la Défense Yoav Gallant, le chef du Hamas Ismail Haniyeh, le chef du Hamas Yihya Sinwar, ainsi que le chef militaire du Hamas Mohammed Deif, pour de probables crimes contre l'humanité.
Des militants et des hommes politiques ont également souligné la nécessité d'un embargo sur les armes imposé par les États-Unis. Les militants pour la solidarité avec la Palestine exigent depuis des années l'arrêt des livraisons d'armes américaines et, cette semaine, des organisateurs du mouvement “Uncommitted Movement” ont lancé une campagne de quatre semaines axée sur cette revendication spécifique.
La campagne “Not Another Bomb” espère faire pression sur les représentants pour qu'ils appuient cette démarche lors de la Convention nationale du parti démocrate, le mois prochain. Ils font circuler une pétition qui appelle la vice-présidente et candidate démocrate pressentie à l'élection présidentielle, Kamala Harris, à se prononcer en faveur d’un embargo.
“Faire adopter l'embargo sur les armes contre la destruction de Gaza par Israël n'est pas seulement un impératif moral, c'est aussi un acte stratégique pour vaincre Trump et l'extrémisme du MAGA. Il sera difficile pour le candidat démocrate de se faire le chantre de la démocratie tout en armant le régime autoritaire de Netanyahu” lit-on un peu plus loin. “Le soutien à la guerre d'Israël contre Gaza mine notre lutte contre l'extrémisme MAGA et est contraire à nos valeurs fondamentales de droits de l'homme et de justice. Seule une position ferme sur la politique autoritaire de Netanyahu permettra à l'administration Biden-Harris de fédérer le Parti démocrate et de regagner la confiance d'électeurs clés, notamment les jeunes, les Arabes et les Musulmans.”
Mme Harris n'a pas assisté au discours de M. Netanyahu au Congrès en raison d'un engagement déjà prévu à Indianapolis (attitude que les responsables israéliens ont qualifiée de “décevante”). mais il est prévu qu'elle le rencontre jeudi, tout comme le président Biden.
Des parents de prisonniers israéliens ont été arrêtés à l'extérieur du discours alors qu'ils portaient des t-shirts sur lesquels on pouvait lire “UN ACCORD IMMEDIATEMENT”, un appel au gouvernement de Netanyahu à négocier un accord sur les otages avec le Hamas.
Les législateurs boycottent le discours
Près de la moitié des membres du Congrès n'a pas assisté au discours de M. Netanyahu, notamment la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (D-CA), et Jim Clyburn (D-SC), ancien président de la majorité à la Chambre des représentants.
Certains, comme Mme Harris, ont invoqué des contraintes d'emploi du temps, tandis que d'autres ont déclaré boycotter le discours à cause de Gaza.
“Non, Netanyahu ne devrait pas être accueilli au Congrès américain”, a tweeté le sénateur Bernie Sanders (I-VT). “Les politiques qu'il mène à Gaza et en Cisjordanie, ainsi que son refus de soutenir une solution à deux États, devraient au contraire être fermement condamnés.”
“En récompensant le Premier ministre Netanyahu par une allocution, le Congrès ne se contente pas de maintenir son feu vert à un génocide ; il célèbre ouvertement l'homme aux commandes de ce génocide”, a déclaré la représentante Cori Bush (D-MO). “Plutôt que de donner la parole à un criminel de guerre, le Congrès devrait imposer un embargo sur les armes, et user de son influence pour forcer Netanyahu à mettre fin aux bombardements et au carnage qui ont déjà tué plus de 39 000 Palestiniens, sans pour autant réussir à faire libérer en toute sécurité la grande majorité des otages, et en anéantissant les écoles, les hôpitaux, les maisons, ainsi que les convois humanitaires.”
“Dans quelques années, l’histoire jugera cette assemblée pour avoir accueilli Netanyahu à bras ouverts alors qu’il commet des crimes de guerre à Gaza”, a déclaré la députée Summer Lee (D-PA) dans un discours prononcé à la Chambre des représentants.
“Aujourd'hui, le Congrès va se livrer à une mascarade politique au nom du département d'État”, a écrit le député Thomas Massie (R-KY). “L'intervention de Netanyahu au Congrès a pour but de renforcer sa position politique en Israël et étouffer l'opposition internationale à sa guerre. Je n'ai pas envie d'être un pion, et je n'assisterai donc pas à cet évènement”.
La représentante Rashida Tlaib (D-MI), la seule membre palestinienne-américaine du Congrès, a assisté au discours mais a brandi une pancarte alors que nombre de ses collègues applaudissaient les paroles de Netanyahu. Sur l'un des côtés de la pancarte de Tlaib, on pouvait lire “GUILTY OF GENOCIDE” [coupable de génocide], et sur l'autre “WAR CRIMINAL” [criminel de guerre].
“Ne vous y trompez pas : cet événement est une célébration du nettoyage ethnique des Palestiniens. C'est un triste jour pour notre démocratie que celui où mes collègues sourient pour une séance photos avec l’homme qui se livre à un génocide”, a déclaré Mme Tlaib dans un communiqué avant le discours. “Quelle hypocrisie de prétendre se soucier de la tuerie massive de civils innocents, et de retourner sa veste en accueillant au Capitole le responsable de ces crimes de guerre. Leur silence est une trahison, et l'histoire se souviendra d'eux. Notre gouvernement doit cesser de soutenir et de financer ce génocide immédiatement.”
Plus de 100 stagiaires du Congrès ont boycotté le discours dans le cadre d'une action de protestation coordonnée.
“En soutien aux protestations, nous nous sommes engagés à être absents aujourd'hui, le jour du discours de Netanyahu”, lit-on dans une déclaration des participants au boycott. “Nous sommes entièrement solidaires des victimes des agissements de Netanyahu. Nous appelons tous les membres du Congrès à boycotter le discours et à adopter une position unifiée contre ce que nous considérons comme le “mal universel”. Nous appelons nos représentants à répondre à la volonté collective du peuple américain et à rejeter tout semblant d'approbation des actions de Netanyahu.”
“Ce qu’il faut retenir : en 2015, une cinquantaine de démocrates ont boycotté le discours de Netanyahu au Congrès”, a souligné le démocrate Waleed Shahid sur Twitter. “Aujourd'hui, il étaient 136. Netanyahu et l'Aipac sont en train de perdre le Parti démocrate.”
La revue médicale britannique The Lancet estime qu'Israël a déjà tué plus de 186 000 Palestiniens depuis octobre dernier.
https://mondoweiss.net/2024/07/wanted-war-criminal-benjamin-netanyahu-addresses-congress/