👁🗨 Bilan concret des violences en Palestine
Près de la côte se trouvait la Palestine. Que faire pour s'y rendre ? Les gens ont passé peu de temps sur la question, sans doute parce que tous connaissaient déjà la réponse. "Tout ce qu'il faudra".
👁🗨 Bilan concret des violences en Palestine
Par Steve Salaita, le 19 octobre 2023
La violence palestinienne, notion complexe et ambivalente, exige une analyse réfléchie, et non des lieux communs orientalistes et des platitudes libérales.
I. Terreur et jubilation
Lorsque j'étais étudiant diplômé, il y a de nombreuses années, j'ai eu l'occasion de passer du temps dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban. La vie dans le camp était difficile, mais les liens communautaires étaient forts malgré l'adversité. Des tensions internes existaient, mais le retour en Palestine servait de principe unificateur.
C'était l'époque de la résistance palestinienne, que les journalistes et intellectuels occidentaux qualifient mollement de “violences palestiniennes”. L'une des principales stratégie utilisées à l'époque était l'attentat-suicide. Parfois, l'attaquant s'en prenait à une installation militaire. D'autres fois, il (ou elle) s'en prenait à des espaces publics. Les experts et les intellectuels occidentaux, ainsi que bon nombre de leurs homologues du monde arabe, ont déclaré que cette tactique était un sous-produit d'un mal atavique, et ont reçu en retour les éloges habituels. Suggérer même la possibilité de facteurs sociologiques était une violation monstrueuse des normes professionnelles. Selon l'orthodoxie, le comportement des Palestiniens était irréfléchi et irraisonné.
Comme dans de nombreux lieux de la région, les téléviseurs du camp diffusaient souvent une chaîne d'information, ne serait-ce que comme bruit de fond. Chaque fois que le présentateur parlait d'une nouvelle opération, des acclamations sortaient des appartements bondés du camp. Cette réaction ne me dérangeait pas - ils vivaient dans des conditions sordides, après tout, et leur cause était indéniablement juste - mais je ne la comprenais pas vraiment non plus. J'ai simplement conservé le souvenir mémorable de ces applaudissements.
À l'époque, j'avais le sentiment vague mais clair que la liesse n'était pas l'expression d'une soif de sang. Ce type d'interprétation me semblait simpliste et peu généreux. J'avais fait l'expérience de trop de chaleur et d'hospitalité pour attribuer quelque méchanceté que ce soit à mes hôtes. En outre, je savais pourquoi les personnes qui m'entouraient étaient des réfugiés. Je connaissais l'histoire des massacres perpétrés dans deux pays. Je connaissais les histoires de tourments et d'humiliations, de désir et d'exil, de perte et d'agonie. Pas question d'utiliser des clichés
Avec le temps, j'ai compris que la liesse était en grande partie l'expression d'un espoir. Et un espoir simple : le désir profondément humain de rentrer chez soi. Chaque opération contre le colonisateur représentait une possibilité de retour. Les Palestiniens n'envisageaient pas la situation sous un angle abstrait ou idéaliste. Ils étaient parfaitement pragmatiques.
Personne ne voulait plus vivre dans un camp de réfugiés.
*****
Au début du mois, la résistance palestinienne à Gaza a lancé une offensive sans précédent par son ampleur et sa forme. Des centaines de roquettes ont contourné le fameux Dôme de fer israélien et ont atterri partout, d'Ashqelon à Tel-Aviv. Simultanément, des agents du Hamas se sont infiltrés dans le sud d'Israël et ont capturé plusieurs civils et membres de l'armée israélienne. Les combattants se sont infiltrés dans les colonies sionistes, laissant derrière eux des dizaines de victimes. L'une des opérations a visé un festival de musique près de la bande de Gaza. Pour la première fois depuis des décennies, les Palestiniens contrôlent des terres situées à l'intérieur de la “ligne verte” entre Israël et les territoires occupés.
La résistance a appelé ses alliés au Liban, en Irak, en Syrie et en Iran à se joindre à l'opération, laissant entrevoir la possibilité d'une guerre régionale. L'attention du monde se porte à nouveau sur la Palestine.
La réponse d'Israël a été exceptionnellement brutale, surpassant l'horreur de ses assauts prolongés contre Gaza en 2009 et 2014.
Le festival de musique allait devenir la principale raison de cette brutalité. Les médias occidentaux ont faussement rapporté que les Palestiniens avaient décapité des bébés et pratiquaient le viol à grande échelle, des mensonges repris par le président des États-Unis.
L'armée israélienne a pris pour cible des civils sans discrimination, coupé le gaz et l'électricité, verrouillé la Cisjordanie, provoqué des déplacements massifs de population, étripé les secouristes, coupé internet, bombardé les hôpitaux et refusé d'autoriser l'aide de l'Égypte. Dans le cadre d'un projet colonial qui a passé plus d'un siècle à commettre des atrocités, la soi-disant guerre contre le Hamas est l'un de ses épisodes les plus hideux.
*****
Dans les médias d'entreprise du monde anglophone, prendre le parti des Palestiniens, même timidement, n'était pas une option. Réprimer les sentiments pro-palestiniens a toujours été la norme dans ces milieux, mais la répression cette fois a été plus sévère que d'habitude. Les hommes politiques des deux bords se sont empressés de condamner le terrorisme palestinien. Les entreprises ont fait leurs gestes habituels d'angoisse et d'inquiétude. Et dans un élan qui a semblé plus cruel qu'insipide, une longue liste de célébrités s'est engagée à soutenir Israël.
Si cet embargo sur la sympathie pour les Palestiniens n'avait pas existé, un plus grand nombre d'Américains auraient pu prendre connaissance d'un contexte pertinent, et examiner certaines des questions importantes soulevées par la résistance palestinienne.
Le contexte pertinent commence par la nature de l'État israélien, un avatar de bellicisme et d'inéquité. Au-delà de son rôle de force extractive dans le réseau mondial de l'impérialisme américain, Israël a été fondé par une conquête qui n'a pas encore été corrigée. Cette conquête s'est traduite par le déplacement massif d'Arabes palestiniens, le vol de terres, l'assassinat de villages entiers, l'appropriation de ressources et la destruction de l'environnement naturel.
Dans ce contexte, la notion d’“autodéfense”, l'outil discursif des sionistes, devient plus compliquée. Comment une puissance occupante peut-elle être en position de soumission ou d'impuissance ? Ce n'est que dans des circonstances inhabituelles que l'oppresseur historique peut invoquer la légitime défense. Ce n'est pas le cas ici : l'hostilité d'Israël en tant que puissance occupante est tout à fait routinière. Les points de contrôle sont agressifs. Les passages de frontières sont agressifs. Les patrouilles militaires sont agressives. Les embargos sont agressifs. La démolition de maisons est agressive. La construction de colonies est agressive. Les extractions de terre et d'eau sont agressives. On ne peut pas invoquer l'autodéfense comme contrepoint à l'agression permanente.
En bref, l'autodéfense israélienne n'existe pas. C'est une impossibilité absolue.
Mais peut-être que le problème des Américains n'est pas l'ignorance ou le manque d'information. Peut-être savent-ils très bien qu'Israël tue à grande échelle, et s'en réjouissent. Peut-être sont-ils habitués au spectacle de la violence coloniale. Peut-être y voient-ils un bienfait pour l'humanité. Peut-être perçoivent-ils dans l'effusion de sang le monde tel qu'il devrait être. Peut-être savent-ils tout ce qu'il faut savoir sur Israël, à savoir qu'il sert de miroir à leurs propres fantasmes d'héroïsme et de probité.
II. Pourquoi cette violence ?
La communauté israélienne des adeptes de la Transe s'est réunie dans le désert, près de la colonie de Re'im, à quelques kilomètres de la bande de Gaza. Ils étaient là pour profiter d'un festival psychédélique de musique techno-électronique, Nova, une étape dans un mode de vie itinérant fait de sensualité et de vibrations paisibles.
Nova. Le nom évoque l'observation des étoiles, l'errance, tout le possible. Il est mystérieux et fascinant, un portail vers un monde différent, qui promet d'échapper aux problèmes de cette planète qui se détériore. Les deux millions d'habitants de la bande de Gaza, condamnés à subir les sanctions, l'immobilisme et l'occupation militaire, se trouvaient juste à côté du champ de vision des ravers. Eux aussi rêvaient d'un autre monde. Mais ce monde n'existe pas dans le cosmos. Il est déjà là, sur cette terre, dans la patrie dont ils ont été chassés.
Ces rêves de mondes différents étaient en conflit inévitable. Chaque monde exigeait la disparition de l'autre. Les ravers israéliens pensaient avoir atteint leur but et n'avoir plus que le ciel à contempler. Mais les habitants de Gaza n'ont pas accédé à ce désir.
Ce contraste rappelle l'observation de Frantz Fanon selon laquelle “le contexte colonial se caractérise par la dichotomie qu'il inflige au monde”. L'opération à Gaza a été profondément fanonienne - ou peut-être pouvons-nous dire que Fanon a décrit avec précision la logique inévitable de la résistance indigène.
La tentation est grande de montrer du doigt au lendemain de l'opération, mais cette tâche n'est certainement pas du ressort des universitaires et des activistes de la métropole. Elle ne devrait pas non plus être la priorité des Palestiniens de la diaspora (dont je fais partie). Dans notre environnement, où règne une hostilité qui leur est propre, la priorité devrait être de défendre les Palestiniens contre les souffrances subies de la part de l'ensemble du monde industrialisé. Parmi les politiciens, artistes, célébrités et les intellectuels, les Palestiniens ne manquent pas de détracteurs heureux de cautionner le génocide sioniste. De toute façon, ces critiques n'ont pas besoin de notre validation, et ne la souhaitent pas. Abandonner nos frères pour apaiser l'establishment sioniste ne nous apportera aucune reconnaissance. En fin de compte, l'aspirant à la respectabilité ne se retrouve qu'avec la honte de cette soumission.
Les Palestiniens sont parfaitement capables de formuler une stratégie et de réfléchir à des problèmes complexes sans l'aide de personnes extérieures, ils n'ont certainement pas besoin du moralisme à la noix des abrutis et arrivistes de l'Occident. L'histoire palestinienne n'est pas ésotérique ou inaccessible. En fait, on peut trouver la justification de la violence palestinienne n'importe où dans la grande masse des écrits révolutionnaires, d'Amilcar Cabral à Bassel al-Araj. Que les intellectuels qui ont fait des carrières lucratives avec des mots à la mode aient été si empressés de condamner un exemple réel de résistance indigène est une mise en accusation accablante (et, à mon avis, permanente) du monde universitaire occidental.
Quoi qu'il en soit, il n'a pas fallu bien longtemps pour que les premiers témoignages de sauvagerie palestinienne ne s'avèrent faux ou disproportionnés. Les bébés israéliens n'ont pas été décapités et l'affaire des viols collectifs s'est révélée totalement absurde. Au moins deux captifs israéliens ont déclaré lors d'interviews qu'ils avaient été traités humainement. Les policiers et les militaires israéliens qui s’étaient cachés parmi les civils ont été responsables de certaines des pertes attribuées aux Palestiniens. Néanmoins, l'histoire de la dépravation palestinienne a continué à circuler alors qu'Israël tuait des innocents par milliers et réduisait des pans entiers de la bande de Gaza en décombres.
La réponse d'Israël a donc mis en lumière la raison d'être de l'opération palestinienne. Tout le monde s'attendait à des actes de malveillance. Cette attente n'a pas surgi de nulle part. L'opération n'était pas une expression aléatoire de la haine. Il s'agissait d'un retour de bâton à la malveillance systématique du colonisateur.
Les Palestiniens, comme tous les peuples colonisés, doivent mesurer leur soif de dignité face à la souffrance des représailles. Ils ne peuvent rester passifs pendant que l'oppresseur leur inflige une misère perpétuelle, et ils refusent d'accepter un récit ethno-religieux dans lequel ils n'existent que pour être vaincus. Que peuvent-ils faire alors ? Ils doivent se battre. Ce combat peut être laid en raison de la situation imposée par la puissance occupante. Il peut remettre en question la perception qu'ont les observateurs du statut de victime. Parfois, il peut même transgresser les limites de ce que les intellectuels occidentaux considèrent comme étant une convenance civique.
Les caractéristiques psychiques du combat confèrent une dignité qui n'existe pas dans le monde imaginaire du colonisateur. C'est donc un motif de jubilation. Il y a quelques mois, un groupe de fêtards blancs indisciplinés a sauté sur un docker noir sur le front de mer de Montgomery (Alabama). C'était une scène familière : une bande de prétentieux du Sud aux droits sans limites agressant un bouc émissaire pour exprimer leur animosité raciale. L'ouvrier s'est battu vaillamment, mais il était en infériorité numérique. Rapidement, cependant, des dizaines de passants se sont portés à sa défense, par la terre et l’eau. Ils ont frappé les délinquants blancs dans une scène choquante filmée par de nombreuses caméras. Leur résistance a été intense. Une femme blanche a été frappée à la tête avec une chaise pliante. L'un des hommes blancs a fini dans la rivière.
Sur les réseaux sociaux (et au-delà), les utilisateurs noirs se sont réjouis. Ils ont rapidement créé des mèmes de la violence, et donné des surnoms aux participants à la rixe. Cette masse d'utilisateurs était, en un mot, jubilatoire.
La liesse a duré plus d'une semaine.
Elle véhiculait un message clair : “Nous ne sommes plus sans défense”.
Pour les Palestiniens, la résistance délivre un message similaire : nous ne resterons pas passifs dans ces camps de concentration, affamés et bombardés jusqu'à l'oubli. Ils sont poussés par le désespoir de la survie, car si leur colonisateur parvient à trancher, ils disparaîtront de la surface de la terre. Leur violence soi-disant irrationnelle est la définition même de l'autodéfense.
La violence n'est pas purement psychologique. Elle sert également des objectifs matériels. L'idée étant que les colons ne puissent jamais être tranquilles, car c'est en étant tranquilles que les colons ont l'impression d'avoir atteint leurs objectifs. La terre leur appartient. Les indigènes ont bel et bien oublié. L'histoire est enfin terminée.
Les Palestiniens invitent les Israéliens à abandonner l'idée romantique de leur colonie. Ce n'est pas votre utopie exclusive. Elle ne sera jamais un lieu de répit. Vous ne pouvez pas être en sécurité et prospérer à nos dépens.
C'est pourquoi un grand nombre de Palestiniens ont jubilé lorsqu'ils ont vu des colons israéliens embarquer dans des avions pour un ailleurs.
III. Compulsion au génocide
Les commentateurs occidentaux ont pris l'habitude de décrire la situation actuelle comme la “guerre Israël-Hamas”. Cette expression est inexacte à deux égards. Premièrement, elle suggère une sorte d'équivalence qui masque les disparités économiques et technologiques entre les sociétés israélienne et palestinienne. Deuxièmement, Israël n'est pas engagé dans une offensive contre un parti politique ; il fait la guerre à l'ensemble de la population palestinienne.
L'objectif d'Israël n'est pas seulement de vaincre le Hamas. Il veut une éradication totale de la Palestine. Lorsque le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a déclaré qu'Israël traiterait les Palestiniens comme des animaux, il a exprimé, dans un langage clair et direct, la nécessité d'un génocide.
En qualifiant les Palestiniens d'animaux, M. Gallant, ainsi que nombre de ses collègues, peut penser qu'il dépeint l'inhumanité des Palestiniens, mais il présuppose en fait leur violence et la justifie ainsi. Après tout, ce sont les sionistes qui ont introduit le concept de race auquel les Palestiniens ont été acclimatés (par la souffrance et l'exclusion). Les sionistes ont établi et maintenu la dichotomie entre homme et animal. En conséquence, les sionistes ont inventé un “sujet palestinien” qu'ils n'ont jamais pu contrôler par la suite. Ils n'avaient pas le choix. Le colon n'est rien sans l'indigène animalisé. En définitive, Gallant cautionne inconsciemment le sacrifice de l'homme.
IV. Adhésion de la gauche officielle
On peut discerner la gravité d'une insurrection dans le Sud global ou dans les ghettos et les réserves d'Amérique du Nord par le type de réaction qu'elle inspire à l'intelligentsia progressiste. Si l'insurrection promet d'infliger des dommages réels à l'oppresseur, les membres de cette intelligentsia s'empresseront de la condamner pour des raisons morales.
C'est ce qui s'est passé aux États-Unis avec les responsables politiques et les intellectuels publics habituels : Bernie Sanders, Alexandra Ocasio-Cortez, Naomi Klein, Jamelle Bouie, et ainsi de suite au fil du Rolodex. La réflexion insipide de Judith Butler sur la réticence des Palestiniens à rendre leur libération plus aisée pour leur oppresseur a été un peu plus surprenante.
Beaucoup d'entre nous ont toujours su que cracher sur la Palestine est un rite de passage pour les aspirants aux fonctions politiques ou aux studios d'information du câble. Nous comprenons donc que pour les aspirants influenceurs, la mort des Israéliens et des Palestiniens n'est pas une préoccupation morale, mais une opportunité professionnelle. Nous voyons ici le résultat pitoyable de la “résistance” en tant que brand online : l'abandon total d'une population encagée au génocide.
Savoir que l'approbation ou même la compréhension des classes professionnelles ne sera jamais au rendez-vous est l'une des raisons pour lesquelles la violence est essentielle à la libération nationale. Les Palestiniens ont décidé de se passer de leurs tuteurs occidentaux. La décolonisation est un thème épuisant, qui dépasse généralement les capacités de ceux qui ont été élevés dans le confort.
Les catégories socio-professionnelles sont enlisées dans des abstractions bourgeoises (dont elles tirent tant de gratifications) ou professent une politique matérielle qu'elles ne soutiennent pas dans la réalité. Elles exigent une libération sans effusion de sang, à condition de ne pas faire couler le sang du colonisateur, alors même que l'indigène se vide de son sang au vu et au su de tous. Ils exigent une révolte sans conséquences, un caucus de victimes immaculées demandant poliment à rester en vie. Ils ont enseigné Fanon mais ont ignoré son observation selon laquelle la décolonisation “ne peut être accomplie par un coup de baguette magique, un cataclysme naturel ou un gentleman's agreement”.
Ces anciens libéraux n'ont pas besoin de consulter les Palestiniens pour voir à quel point ils se trompent. Les sionistes expliquent depuis des décennies qu'Israël doit être vaincu par la force.
V. La Palestine a tout dit
La Palestine est donc le canari de la mine de charbon. Elle oblige les radicaux autoproclamés à admettre qu'ils sont furtivement libéraux. (L'idéologie : la mine de charbon. Le libéralisme : ses gaz délétères.) Elle fait mentir la lionne occidentale de la liberté d'expression comme moyen d'affirmer la supériorité de la civilisation. (La liberté d'expression : la mine de charbon. Le suprémacisme racial : ses gaz toxiques.) Elle révèle quels sont les gouvernements du monde à prendre au sérieux les droits de l'homme. (Les gouvernements : la mine de charbon. Les droits de l'homme : ses gaz néfastes).
Chaque fois que la résistance palestinienne menace de gommer l'impérialisme, les villes de l'Occident démocratique s'empressent de mettre en œuvre des politiques fascistes, en réprimant les manifestations, en licenciant ou en arrêtant les dissidents, en supprimant les libertés civiques et en exigeant la soumission. Au lendemain de l'opération palestinienne, les médias de tous horizons ont déployé un vocabulaire qui faciliterait le génocide israélien. Les quelques bribes de couverture bienveillante ont pris la forme de juifs parlant d'Israël à d'autres juifs, ce qui a eu pour effet de reléguer encore davantage la Palestine dans un espace d'étrangeté et de méconnaissance (et les conditions du génocide, en premier lieu). Les conseils d'administration ont pris des mesures disciplinaires immédiates. Les présidents d'université ont clairement indiqué que les étudiants et les employés palestiniens n'avaient pas droit à la parole.
Le véritable conflit n'existe pas entre le civisme et le terrorisme ; il existe entre la force d'âme palestinienne et la peur des Occidentaux.
*****
Je me souviens avec tendresse de ces jours passés dans le camp de réfugiés. Son paysage est à jamais gravé dans ma mémoire : les bâtiments patinés par les intempéries, plus étranges à mesure qu'ils s'élèvent, les cris des enfants dans chaque recoin et chaque cage d'escalier, l'odeur de l'huile chaude, du thym et de l'eau non traitée, les ruelles à peine plus larges que les épaules.
Le camp était dangereux. Même dans les moments de joie, la tension était palpable. C'est la nature même d'un ghetto ou d'un bidonville. À tout moment, il peut être submergé par la violence. Un camp de réfugiés est rempli d'excédents dont les personnes influentes ne se soucient guère. Les Israéliens pouvaient arriver, ou l'armée libanaise, ou les Marines américains. Il pouvait y avoir un siège. Il pouvait se produire des guerres intestines. Il pouvait y avoir des pénuries de nourriture. Il pouvait être confronté à des maladies incurables. La possibilité elle-même était une source de stress constant.
Mais tout près de la côte se trouvait la Palestine.
Que fallait-il faire pour s'y rendre ? Les gens ont passé étonnamment peu de temps sur cette question, probablement parce que tout le monde connaissait déjà la réponse.
"Tout ce qu'il faudra pour y revenir".
https://stevesalaita.com/a-practical-appraisal-of-palestinian-violence/