đâđš Blinken a approuvĂ© la stratĂ©gie de bombardement de convois humanitaires, selon des membres du gouvernement israĂ©lien
La politique avalisĂ©e par les Ătats-Unis a Ă©tĂ© mise en Ćuvre grĂące aux armes amĂ©ricaines, avec le soutien de sanctions imposĂ©es par les Ătats-Unis, sous couvert d'un rĂ©cit fabriquĂ© par les Ătats-Unis.

đâđš Blinken a approuvĂ© la stratĂ©gie de bombardement de convois humanitaires, selon des membres du gouvernement israĂ©lien
AnthonPar Yaniv Cogan, le 6 octobre 2024
DĂšs le dĂ©but de l'assaut israĂ©lien contre la bande de Gaza, le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain Antony Blinken tient la barre. AprĂšs le 7 octobre, M. Blinken a Ă©tĂ© le premier haut fonctionnaire amĂ©ricain Ă arriver en IsraĂ«l, le 11 octobre.
âJe m'y rends avec un message simple et limpide... que les Ătats-Unis soutiennent IsraĂ«lâ,
aurait déclaré Blinkenavant de monter dans l'avion.
Il est revenu quelques jours plus tard. Cette fois, il Ă©tait lĂ pour demander Ă IsraĂ«l de revenir sur sa dĂ©cision de bombarder toute aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza et d'imposer un âblocus totalâ Ă la bande de Gaza. Il a obtenu le soutien du prĂ©sident amĂ©ricain Joe Biden, qui lui a proposĂ© de se rendre lui-mĂȘme en IsraĂ«l. Selon les informations, le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu a expliquĂ© Ă Biden Ă son arrivĂ©e le 16 octobre 2023 :
âCertains membres du cabinet refusent qu'une simple aspirine pĂ©nĂštre dans Gaza au vu de la situation actuelleâ.
Depuis la Kirya, le principal quartier général de l'armée israélienne à Tel-Aviv, Blinken a participé aux discussions enfiévrées du cabinet de guerre israélien - le centre décisionnel pilotant la campagne génocidaire - qui se déroulaient parallÚlement aux conversations du cabinet de sécurité.
Selon le journaliste de Channel 12 Yaron Avraham, les 16 et 17 octobre,
âle cabinet [de sĂ©curitĂ©] a dĂ©libĂ©rĂ© pendant des heures sur la formulation prĂ©cise de la dĂ©cision, chaque projet passant de la salle du cabinet Ă celle de Blinken, situĂ©e Ă quelques mĂštres de lĂ , Ă l'intĂ©rieur de la KiryaâŠ.. Finalement, vers 3 heures du matin, ils sont parvenus Ă un document commun lu en anglais dans la salle du conseil des ministresâ.
Le récit d'Avraham sur le processus a été corroboré de maniÚre indépendante par un journaliste de la chaßne concurrente Channel 13, qui a écrit :
âLa discussion avec Blinken se dĂ©roule comme suit : il est dans une piĂšce de la Kirya avec ses conseillers et son Ă©quipe de sĂ©curitĂ©, tandis que le cabinet SĂ©curitĂ© mĂšne les dĂ©bats, et [le ministre des Affaires stratĂ©giques Ron] Dermer fait des allers-retours et assure la liaison.â
Pour sa part, M. Blinken a conclu la journée par un discours triomphal dans lequel il a revendiqué le rétablissement de l'aide humanitaire à Gaza :
âAujourd'hui, Ă notre demande, les Ătats-Unis et IsraĂ«l ont convenu d'Ă©laborer un plan qui permettra Ă l'aide humanitaire des pays donateurs et des organisations multilatĂ©rales d'atteindre les civils de Gaza - et eux seuls -, y compris la possibilitĂ© de crĂ©er des zones pour contribuer Ă mettre les civils hors de danger. Il est essentiel que l'aide commence Ă parvenir Ă Gaza dĂšs que possible.
âNous partageons l'inquiĂ©tude d'IsraĂ«l qui craint que le Hamas ne saisisse ou ne dĂ©truise l'aide entrant Ă Gaza ou ne l'empĂȘche de parvenir Ă ceux qui en ont besoin. Si le Hamas empĂȘche de quelque maniĂšre que ce soit l'aide humanitaire d'atteindre les civils, y compris en confisquant l'aide elle-mĂȘme, nous serons les premiers Ă le condamner et nous nous efforcerons d'empĂȘcher que cela ne se reproduise.â
Le lendemain, aprÚs une nouvelle série de réunions du cabinet, cette fois sous la houlette de M. Blinken et de M. Biden, les grandes lignes de la décision ont été annoncées publiquement par le bureau du Premier ministre Netanyahu :
âNous n'autoriserons pas l'aide humanitaire sous forme de nourriture et de mĂ©dicaments en provenance de notre territoire vers la bande de Gazaâ et, dans une version distincte en hĂ©breu, âConformĂ©ment Ă la requĂȘte du prĂ©sident Biden, IsraĂ«l n'empĂȘchera pas les fournitures humanitaires en provenance d'Ăgypte tant qu'il s'agit uniquement de nourriture, d'eau et de mĂ©dicaments destinĂ©s Ă la population civile situĂ©e dans le sud de la bande de Gaza ou qui s'y dĂ©place, et tant que ces fournitures n'atteignent pas le Hamas. Toute tentative de distribution au Hamas sera contrecarrĂ©e ».
Le mot hĂ©breu ŚŚĄŚŚ, âcontrecarrerâ, est frĂ©quemment utilisĂ© par IsraĂ«l pour qualifier les assassinats et les meurtres ciblĂ©s. La politique antĂ©rieure consistant Ă âcontrecarrerâ l'entrĂ©e de toutes les fournitures humanitaires Ă Gaza a Ă©tĂ© communiquĂ©e Ă l'Ăgypte sous forme d'une menace explicite de âbombarderâ les camions d'aide.
La politique approuvée par Blinken a été clairement exprimée par Bezalel Smotrich, membre du cabinet de sécurité, qui a déclaré plus tard aux médias israéliens :
âOn nous a promis dĂšs le dĂ©part qu'il y aurait un contrĂŽle et que les camions d'aide dĂ©tournĂ©s par le Hamas et ses organisations [sic] seraient bombardĂ©s, et que l'aide humanitaire serait interrompueâ.
Le porte-parole du dĂ©partement d'Ătat, Vedant Patel, a dĂ©clarĂ© Ă Drop Site News :
âL'idĂ©e que quelqu'un au dĂ©partement d'Ătat ait approuvĂ© de quelque maniĂšre que ce soit des attaques contre des travailleurs ou des convois humanitaires est absurde. Nous avons toujours Ă©tĂ© clairs, y compris immĂ©diatement aprĂšs le 7 octobre, sur le fait qu'IsraĂ«l a le droit de frapper les militants du Hamas. Le secrĂ©taire d'Ătat Blinken a Ă©galement affirmĂ© clairement qu'IsraĂ«l doit veiller Ă ce que l'aide humanitaire soit acheminĂ©e Ă Gaza et Ă ce que les travailleurs humanitaires Ă l'intĂ©rieur de Gaza soient protĂ©gĂ©sâ.
Le dĂ©partement d'Ătat n'a pas prĂ©cisĂ© s'il approuvait les frappes aĂ©riennes contre les militants du Hamas (ou ceux qui sont classĂ©s comme tels sans aucun discernement) qui sĂ©curisent les convois d'aide ou s'emparent de leur contenu.
âUne aide minimale doit ĂȘtre autorisĂ©eâ
Pour Smotrich et d'autres responsables politiques israĂ©liens, l'approbation de la stratĂ©gie par les Ătats-Unis a Ă©tĂ© l'occasion de concrĂ©tiser des aspirations qu'ils nourrissent depuis longtemps, bien avant le 7 octobre. DĂ©jĂ en 2018, alors que les Palestiniens de Gaza rĂ©sistaient au blocus israĂ©lien - qualifiĂ© ironiquement par le gouvernement israĂ©lien de âprescription diĂ©tĂ©ticienneâ - par le biais de manifestations de masse, Smotrich a dĂ©clarĂ©:
âSelon moi, Gaza devrait ĂȘtre hermĂ©tiquement bouclĂ©e. Nous ne devrions rien leur fournir. Laissons-les mourir de faim, de soif et de malaria. Je m'en fiche, ce ne sont pas mes citoyens, je ne leur dois rienâ.
Le premier volet de la politique d'aide humanitaire approuvĂ©e par Blinken - l'interdiction de l'entrĂ©e de l'aide en provenance du territoire israĂ©lien - a Ă©tĂ© de courte durĂ©e. En dĂ©cembre 2023, l'aide a commencĂ© Ă entrer directement par IsraĂ«l et, dĂšs le premier instant, le mĂ©canisme de surveillance israĂ©lien, mis en place peu aprĂšs les rĂ©unions des 16 et 17 octobre, a exigĂ© que toute l'aide, quelle que soit son origine, soit soumise Ă des contrĂŽles en IsraĂ«l avant d'atteindre Gaza, entraĂźnant d'importants retards. Mais le second volet du dispositif, qui consiste Ă âcontrecarrerâ les expĂ©ditions d'aide Ă l'intĂ©rieur de Gaza si elles âtombent aux mains du Hamasâ, s'est Ă©galement avĂ©rĂ© ĂȘtre un outil efficace dans l'arsenal israĂ©lien pour affamer la population gazaouie.
Le mot hĂ©breu ŚŚĄŚŚ, âcontrecarrerâ, est frĂ©quemment utilisĂ© par IsraĂ«l pour qualifier les assassinats et les meurtres ciblĂ©s.
Alors que l'annĂ©e 2023 touchait Ă sa fin, le Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU a votĂ© une rĂ©solution visant Ă faciliter l'entrĂ©e de l'aide humanitaire Ă Gaza, qui a Ă©tĂ© considĂ©rablement Ă©dulcorĂ©e sous la pression des Ătats-Unis. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU, AntĂłnio Guterres, a expliquĂ©:
âNombreux sont ceux qui Ă©valuent l'efficacitĂ© de l'opĂ©ration humanitaire Ă Gaza en fonction du nombre de camions du Croissant-Rouge Ă©gyptien, de l'ONU et de nos partenaires autorisĂ©s Ă acheminer de l'aide Ă travers la frontiĂšre. C'est une erreur. En rĂ©alitĂ©, la maniĂšre dont IsraĂ«l mĂšne son offensive crĂ©e des obstructions massives Ă la distribution de l'aide humanitaire Ă l'intĂ©rieur de la bande de Gaza.â
L'aide parvenue Ă Gaza sans ĂȘtre avariĂ©e, malgrĂ© les retards causĂ©s par l'armĂ©e et par les activistes israĂ©liens encouragĂ©s par le gouvernement Ă bloquer les camions d'aide, doit ensuite ĂȘtre distribuĂ©e Ă l'intĂ©rieur de Gaza Ă l'aide d'une poignĂ©e de camions qu'IsraĂ«l a autorisĂ©s Ă circuler dans la bande de Gaza, fonctionnant avec Ă peine assez de carburant, roulant sous les tirs sur des routes dĂ©truites truffĂ©es de munitions non explosĂ©es, et livrĂ©s sans communications en temps rĂ©el en raison des coupures d'Ă©lectricitĂ© imposĂ©es par le gouvernement israĂ©lien. Pour plus d'un million de rĂ©fugiĂ©s confinĂ©s dans le sud de la bande de Gaza, les denrĂ©es alimentaires reçues ont dĂ» ĂȘtre stockĂ©es dans des tentes, dans des conteneurs de plus en plus rares. Dans le mĂȘme temps, la capacitĂ© de production alimentaire de Gaza a Ă©tĂ© anĂ©antie par la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e et jubilatoire de l'agriculture et des boulangeries par les forces de dĂ©fense israĂ©liennes.
Les commentaires de M. Guterres ont Ă©tĂ© citĂ©s dans la requĂȘte dĂ©posĂ©e par le gouvernement sud-africain auprĂšs de la Cour internationale de justice une semaine plus tard, ainsi que les observations d'un haut fonctionnaire de l'UNRWA, qui a coordonnĂ© la plupart des opĂ©rations humanitaires Ă Gaza, qualifiant la rĂ©solution de âfeu vert Ă la poursuite du gĂ©nocideâ.
Le 26 janvier, un jury composĂ© de 17 juges a conclu au ârisque rĂ©el et imminentâ pour les droits des Palestiniens en vertu de la Convention sur le gĂ©nocide. Le mĂȘme jour, les Ătats-Unis ont rĂ©duit le financement de l'UNRWA aprĂšs que des membres de la Knesset israĂ©lienne ont affirmĂ© que l'agence - qui emploie des dizaines de milliers de personnes dans la bande de Gaza - abriterait Ă©galement un nombre incalculable de membres du Hamas et que des âterroristesâ ont Ă©tudiĂ© dans les Ă©coles gĂ©rĂ©es par l'UNRWA.
L'UNRWA âest la couverture parfaite pour les activitĂ©s du Hamas et les activitĂ©s terroristesâ, a dĂ©clarĂ© Sharren Haskel, membre de la Knesset, aux mĂ©dias Ă©trangers. âLe Hamas a pris le contrĂŽle de cette organisationâ.
S'adressant aux médias israéliens, Mme Haskel, qui a rejoint cette semaine la coalition gouvernementale avec le reste du parti New Hope, a ajouté :
âOn compte 13 000 travailleurs de l'UNRWA dans la bande de Gaza, et ils sont tous membres du Hamas ou de leur familleâ.
Le gel du financement, dĂ©crit Ă l'Ă©poque comme une âpause temporaireâ, a largement persistĂ© jusqu'Ă ce jour, paralysant les actions humanitaires de l'agence. Ă la place de l'UNRWA, IsraĂ«l a cultivĂ© des relations avec des ONG Ă©trangĂšres, notamment World Central Kitchen, qui se sont abstenues de critiquer la politique israĂ©lienne ou de rĂ©clamer un cessez-le-feu, mais qui ne disposaient pas de l'infrastructure et de l'expertise nĂ©cessaires pour compenser la fragilisation de l'UNRWA.
Ă peu prĂšs au mĂȘme moment, Netanyahu a soulignĂ© Ă plusieurs reprises dans des discours publics que la quantitĂ© d'aide humanitaire qu'IsraĂ«l autorise Ă entrer dans Gaza est âminimaleâ. L'ancien gĂ©nĂ©ral de brigade Effi Eitam, qui serait devenu l'un des proches confidents et conseillers de Netanyahu aprĂšs le 7 octobre, a clarifiĂ© le sens de cette phrase :
âEn ce qui concerne l'aide humanitaire, une aide minimale a Ă©tĂ© autorisĂ©e, et quand je dis minimale, cela signifie qu'il ne faut pas craindre une crise humanitaire Ă Gaza. Car il n'y a pas d'innocents Ă Gazaâ.
Le 6 février 2024, Gidon Sa'ar, membre du cabinet de sécurité et chef du parti de droite New Hope (qui a depuis quitté la coalition), a critiqué ce revirement de politique. Lors d'un appel Zoom avec les membres du parti, M. Sa'ar a déclaré :
âJe suis actuellement d'avis que l'aide humanitaire Ă Gaza doit ĂȘtre immĂ©diatement interrompue jusqu'Ă la mise en place d'un [mĂ©canisme] d'aide humanitaire non soumis au contrĂŽle du Hamas, ainsi que la distribution de l'aide par le Hamas Ă la population civileâ.
Cette politique, a prĂ©cisĂ© M. Sa'ar, fait Ă©cho Ă
âune dĂ©cision du cabinet [de sĂ©curitĂ©] prise au dĂ©but de la guerre, qui stipule que l'aide humanitaire en provenance d'Ăgypte sera autorisĂ©e tant que cette aide n'atteint pas le Hamas, et que toute aide parvenant au Hamas sera neutralisĂ©e.â Selon lui, cette politique a Ă©tĂ© approuvĂ©e par âles Ătats-Unis d'AmĂ©rique [...] lors dâentretiens qui ont eu lieu Ă la mi-octobre, notamment avec le secrĂ©taire d'Ătat Blinken, en visite [en IsraĂ«l], qui a participĂ© aux dĂ©bats, principalement avec le cabinet de la DĂ©fense, sur la question de l'aide humanitaire.â
Cette politique, a précisé M. Sa'ar, fait déjà partie des objectifs de guerre.
âEn ce moment mĂȘmeâ, a-t-il ajoutĂ©, âĂ la veille d'une nouvelle visite du secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain en IsraĂ«l, nous devons relancer l'idĂ©e, afin de ne pas compromettre l'objectif que je viens de mentionner, Ă savoir la destruction des capacitĂ©s gouvernementales du Hamas, l'un des objectifs de guerre.â
Attaque de l'aide
Alors que Sa'ar prononçait ces mots, la politique israĂ©lienne Ă©tait dĂ©jĂ en train d'Ă©voluer. Le 5 fĂ©vrier, l'armĂ©e israĂ©lienne a bombardĂ© un camion d'aide de l'UNRWA, incitant l'agence et le Programme alimentaire mondial (PAM) Ă interrompre les missions d'aide pendant des semaines. Le porte-parole de l'armĂ©e israĂ©lienne a dĂ©clarĂ© aux mĂ©dias que lââenquĂȘte est en coursâ, refusant de fournir de plus amples dĂ©tails. Un jour plus tard, cependant, le mĂ©dia israĂ©lien i24NEWS a rapportĂ©, selon des âsources de sĂ©curitĂ©â anonymes, que l'armĂ©e israĂ©lienne a pris pour cible âdes camions d'aide volĂ©s Ă Gaza que le Hamas utiliserait comme moyen de transport pour les munitionsâ.
Le mĂȘme jour, une frappe aĂ©rienne israĂ©lienne prenait pour cible une voiture de police chargĂ©e d'assurer l'escorte d'un camion de farine, âdĂ©chiquetant les passagersâ, selon des tĂ©moins. Des tracts portant la photo du vĂ©hicule dĂ©truit ont ensuite Ă©tĂ© larguĂ©s par l'armĂ©e israĂ©lienne au-dessus de Gaza :
âNotre message est clair : les services de sĂ©curitĂ© israĂ©liens ne permettront pas aux dispositifs de sĂ©curitĂ© du Hamas de continuer Ă fonctionnerâ.
âNous savons que cela peut avoir des effets dĂ©lĂ©tĂšres sur les enfants pour la vie entiĂšre. MĂȘme une courte pĂ©riode de malnutrition, sans parler d'une pĂ©riode d'un anâ.
Le 9 fĂ©vrier, le directeur de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a dĂ©clarĂ© Ă la presse que l'armĂ©e israĂ©lienne a assassinĂ© huit policiers palestiniens qui escortaient les convois d'aide humanitaire. Quelques jours plus tard, David Satterfield, alors envoyĂ© spĂ©cial du dĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain pour les questions humanitaires au Moyen-Orient, a dĂ©clarĂ© que le ciblage des escortes de camions d'aide du Hamas par l'armĂ©e israĂ©lienne constitue un obstacle majeur Ă l'acheminement de l'aide :
âAvec la fin des escortes policiĂšres, il a Ă©tĂ© pratiquement impossible pour l'ONU ou quiconque, la Jordanie, les Ămirats arabes unis ou tout autre acteur impliquĂ©, d'acheminer l'aide humanitaire en toute sĂ©curitĂ© Ă Gazaâ.
Le 28 mars, la Cour internationale de justice a relevé
âles niveaux sans prĂ©cĂ©dent d'insĂ©curitĂ© alimentaire subis par les Palestiniens dans la bande de Gaza au cours des derniĂšres semainesâ et a ordonnĂ© Ă IsraĂ«l de âprendre toutes les mesures nĂ©cessaires et efficaces pour assurer, sans dĂ©lai, un approvisionnement sans entrave en biens de premiĂšre nĂ©cessitĂ© et en aide humanitaire, notamment en nourriture, eau, Ă©lectricitĂ©, carburant, abris, vĂȘtements, hygiĂšne et assainissement, ainsi qu'en fournitures mĂ©dicales et en soins mĂ©dicauxâ.
Moins de 24 heures plus tard , Israël a abattu plusieurs policiers locaux qui assuraient l'acheminement de l'aide lors de deux attaques distinctes, ainsi que des membres de leur famille et un simple passant. Le lendemain, l'armée israélienne a tué 12 personnes, dont des représentants de comités tribaux chargés de coordonner la distribution de l'aide.
Deux jours plus tard, le partenaire d'aide privilĂ©giĂ© d'IsraĂ«l, World Central Kitchen, a Ă©tĂ© victime de la mĂȘme politique : pendant plusieurs minutes, un drone des FDI a suivi une Ă©quipe de sept membres de WCK qui circulait le long d'une route autorisĂ©e et, en trois frappes aĂ©riennes distinctes sur plusieurs kilomĂštres, a frappĂ© et assassinĂ© chacun des membres de l'Ă©quipe. Les vĂ©hicules, marquĂ©s d'un logo WCK qui, selon les FDI, n'Ă©tait pas visible par la camĂ©ra thermique du drone, roulaient le long d'un itinĂ©raire prĂ©approuvĂ©, escortant un convoi d'aide dans le cadre d'une mission coordonnĂ©e avec l'armĂ©e israĂ©lienne.
World Central Kitchen a ensuite décidé d'interrompre ses opérations d'aide à Gaza, avant de les reprendre.
L'armée israélienne a fini par rejeter la responsabilité sur le colonel Nochi Mendel, qui avait ordonné la frappe et précédemment appuyé la suppression de l'aide à Gaza. La défense de Mendel s'est contentée de le dispenser de son service militaire et de le renvoyer à son prestigieux poste de directeur du département Colonie du ministÚre israélien de la Défense.
Mais le journal de droite Makor Rishon a conclu, à partir de conversations avec des opérateurs de drones impliqués dans l'assassinat des travailleurs humanitaires, que Mendel ne faisait qu'appliquer la politique officielle définie conjointement par Blinken et le cabinet israélien au mois d'octobre :
âL'ordre de mission indiquait clairement que l'armĂ©e israĂ©lienne a reçu pour instruction de dĂ©jouer une tentative des terroristes du Hamas de s'emparer des camions d'aide entrĂ©s dans la bande de Gaza. Tsahal a reçu cette instruction du cabinet de sĂ©curitĂ© au dĂ©but de la guerre, aux alentours du 18 octobre 2023, Ă la suite de fortes pressions exercĂ©es par les Ătats-Unis.â
Les inquiĂ©tudes soulevĂ©es par les opĂ©rateurs de drones quant au risque de tuer des travailleurs humanitaires ont Ă©tĂ© rejetĂ©es par leurs commandants, qui ont insistĂ© sur une stricte obĂ©issance Ă l'ordre, âquoi qu'il arriveâ.
Le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain Antony Blinken a rĂ©agi Ă l'assassinat des travailleurs humanitaires du WCK en dĂ©clarant :
âLes travailleurs humanitaires sont des hĂ©ros. Ils montrent le meilleur de ce que l'humanitĂ© peut offrir. J'adresse mes plus sincĂšres condolĂ©ances Ă ceux qui ont perdu la vie dans l'attaque contre WCK Ă Gaza. Cet incident doit faire l'objet d'une enquĂȘte rapide, approfondie et impartialeâ.
Mais la presse amĂ©ricaine a rĂ©vĂ©lĂ© dans les mois qui ont suivi que le dĂ©partement d'Ătat Ă©tait satisfait que l'enquĂȘte soit menĂ©e par le prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de l'un des plus grands fabricants d'armes israĂ©liens. Quant Ă la responsabilitĂ© ultime des meurtres - la politique mise en Ćuvre par Blinken -, elle n'a pas Ă©tĂ© modifiĂ©e.
Dans sa dĂ©claration Ă Drop Site News, Patel, le porte-parole du dĂ©partement d'Ătat, a affirmĂ© :
âNous sommes intervenus directement auprĂšs du gouvernement israĂ©lien Ă de multiples reprises pour insister sur l'amĂ©lioration des mĂ©canismes de coordination afin d'Ă©viter que les travailleurs humanitaires ne subissent de prĂ©judice. La mort de travailleurs humanitaires est inacceptable et IsraĂ«l a la responsabilitĂ© de faire tout ce qui est en son pouvoir pour lâĂ©viterâ.
La dĂ©claration de M. Patel ne prĂ©cise pas si les Ătats-Unis ont insistĂ© pour qu'IsraĂ«l abandonne sa stratĂ©gie de neutralisation de la police civile palestinienne ou des escortes armĂ©es de l'aide humanitaire, ni ne rĂ©itĂšre leur âinquiĂ©tudeâ quant Ă cette stratĂ©gie, dont ils ont dĂ©jĂ fait Ă©tat.
Le 29 aoĂ»t, l'armĂ©e israĂ©lienne a assassinĂ© quatre travailleurs humanitaires palestiniens qui escortaient un convoi organisĂ© par l'ONG Anera, basĂ©e aux Ătats-Unis. Une fois de plus, le gouvernement israĂ©lien a invoquĂ© la politique opĂ©rationnelle consistant Ă cibler les forces armĂ©es qui prennent le contrĂŽle de l'aide pour justifier l'attaque.

Des effets dévastateurs
Les résultats de la politique de famine à Gaza ne sont plus un sujet de spéculation. Une étude menée par des universitaires de plusieurs universités de Gaza, toutes détruites par l'armée israélienne, a révélé que le Palestinien moyen de la bande de Gaza a perdu plus de 10 kilos depuis le 7 octobre 2023, et que le nombre de personnes en insuffisance pondérale a quadruplé. Le Global Nutrition Cluster, qui coordonne les activités de diverses ONG luttant contre la malnutrition, estime que plus de 50 000 enfants de moins de 5 ans ont besoin de services de traitement de la malnutrition aiguë.
âNous savons que la malnutrition peut avoir des effets dĂ©lĂ©tĂšres sur les enfants tout au long de leur vie. MĂȘme une courte pĂ©riode de malnutrition, sans parler d'une pĂ©riode d'un anâ,
a déclaré le Dr Yara Asi, codirectrice du Programme palestinien pour la santé et les droits de l'homme à l'université de Harvard.
âLa construction cognitive est ralentie, de sorte que ces enfants obtiennent de moins bons rĂ©sultats Ă l'Ă©cole. Ils seront moins aptes Ă contribuer aux activitĂ©s Ă©conomiques. Le retard de croissance physique, qui se produit lorsque les enfants ne grandissent pas Ă un rythme normal, ne peut ĂȘtre inversĂ©.
âLeur organisme sera dĂ©finitivement retardĂ© en raison de la famine dont ils ont souffert pendant leur enfanceâ, poursuit M. Asi. âLa malnutrition a probablement d'autres effets que nous n'avons pas Ă©tĂ© en mesure d'Ă©tudier. On trouve dans le monde entier de petites enquĂȘtes portant sur le long terme, mais elles disent presque toutes que nous n'en savons tout simplement pas assez pour savoir comment ces enfants vont grandirâ.
Alors que les Ătats-Unis sâaffairaient Ă Ă©laborer les politiques responsables de cet Ă©tat de fait, ils ont simultanĂ©ment cherchĂ© Ă aider IsraĂ«l Ă concevoir un rĂ©cit qui l'aiderait Ă continuer d'affamer la population de Gaza sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©.
âLes images [vues] en AmĂ©rique sont brutales. Certains ennemis d'IsraĂ«l s'emploient activement Ă vĂ©hiculer des informations trĂšs nĂ©gatives, et bien des choses peuvent ĂȘtre signalĂ©es si c'est le point de vue que vous adoptezâ ,
a dĂ©clarĂ© l'ambassadeur des Ătats-Unis en IsraĂ«l, Jack Lew, devant une assemblĂ©e d'universitaires israĂ©liens au mois de juillet.
âIsraĂ«l doit faire savoir qu'il s'assure que les populations reçoivent ce dont elles ont besoin pour Ă©chapper Ă la famineâ.
Le dĂ©partement d'Ătat, quant Ă lui, se contente toujours d'Ă©voquer du bout des lĂšvres les souffrances des Palestiniens. InterrogĂ© sur la responsabilitĂ© des Etats-Unis dans la propagation de la famine Ă Gaza, le porte-parole du DĂ©partement d'Etat Matthew Miller a rĂ©pondu:
âCe sont les Ătats-Unis qui ont obtenu tous les accords majeurs dâaugmentation de l'aide humanitaire Ă Gaza dĂšs les premiers jours, la premiĂšre semaine aprĂšs le 7 octobre, lorsque le SecrĂ©taire d'Etat et que le PrĂ©sident se sont rendus en IsraĂ«l, et qu'ils ont ensemble pu convaincre IsraĂ«l d'ouvrir le passage de Rafah pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaireâ.
En fait, la visite de MM. Blinken et Biden a permis de formuler la stratégie israélienne de privation alimentaire telle qu'elle existe aujourd'hui.
âLes Ătats-Unis, en particulier M. Blinken et d'autres, ont lĂ©gitimĂ© cette pratiqueâ, a dĂ©clarĂ© Mme Asi. âLa famine comme arme de guerre convient tant que nous sommes d'accord avec vos objectifsâ.
Cette politique avalisĂ©e par les Ătats-Unis a ensuite Ă©tĂ© mise en Ćuvre grĂące aux armes fabriquĂ©es par les Ătats-Unis, avec le soutien de sanctions imposĂ©es par les Ătats-Unis, sous couvert d'un rĂ©cit fabriquĂ© par les Ătats-Unis.