đâđš Blinken claque la porte Ă la requĂȘte australienne en faveur d'Assange
Alors que les USA exploitent la loyauté de l'Australie à servir les plans de Washington contre la Chine, ils n'offrent rien en retour au citoyen détenu pour avoir publié la vérité sur leurs crimes.
đâđš Blinken claque la porte Ă la requĂȘte australienne en faveur d'Assange
Par Joe Lauria*, Spécial Consortium News, le 30 juillet 2023
Alors que les USA profitent de la loyauté de l'Australie sur les plans militaires de Washington contre la Chine, ils n'offrent rien en retour au citoyen emprisonné pour avoir publié la vérité sur leurs crimes.
Le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain a confirmĂ© que l'Australie avait fait pression sur les Ătats-Unis pour mettre fin aux poursuites contre l'Ă©diteur de WikiLeaks, mais a dĂ©clarĂ© sans Ă©quivoque qu'elles se poursuivraient, rapporte Joe Lauria.
Le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain Antony Blinken a publiquement rejetĂ© les tentatives du gouvernement australien pour libĂ©rer l'Ă©diteur de WikiLeaks Julian Assange.
S'exprimant lors d'une conférence de presse avec la ministre australienne des Affaires étrangÚres Penny Wong à Brisbane samedi, Blinken a dit qu'il comprenait les préoccupations des Australiens au sujet de leur citoyen emprisonné, mais il a adopté une ligne dure contre toute initiative visant à mettre fin à sa persécution. M. Blinken a déclaré :
"Je comprends vraiment et je confirmer ce qu'a déclaré Penny, à savoir que cette question a été soulevée avec nous, ainsi que par le passé. Je comprends les préoccupations et les opinions des Australiens. Mais je pense qu'il est essentiel que nos amis ici comprennent aussi nos propres préoccupations à ce sujet.
Ce que notre ministĂšre de la justice a dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© publiquement et Ă plusieurs reprises, c'est ceci : M. Assange a Ă©tĂ© accusĂ© d'un comportement criminel extrĂȘmement grave aux Ătats-Unis en lien avec son rĂŽle prĂ©sumĂ© dans l'une des plus grandes compromissions d'informations classifiĂ©es de l'histoire de notre pays.
Les actions qu'il est supposé avoir commises risquent de porter gravement atteinte à notre sécurité nationale, au profit de nos adversaires, et exposent des sources humaines nommément désignées à un risque grave d'atteinte à leur intégrité physique, et à un risque de détention.
Je vous le dis, car tout comme nous comprenons bien vos sensibilitĂ©s, ici en Australie, il est important que nos amis comprennent les nĂŽtres, aux Ătats-Unis".
Comme l'ont démontré de maniÚre concluante les témoins de la défense lors de l'audience d'extradition de septembre 2020 à Londres, M. Assange a travaillé assidûment pour expurger les noms des informateurs américains avant les publications de WikiLeaks sur l'Irak et l'Afghanistan en 2010. Le général américain Robert Carr a témoigné lors de la cour martiale de la source de WikiLeaks, Chelsea Manning, que personne n'avait été lésé par la publication des documents.
Mais M. Assange risque 175 ans dans un cachot amĂ©ricain, accusĂ© d'avoir violĂ© lâEspionage Act, non pas pour avoir volĂ© des documents classifiĂ©s amĂ©ricains, mais pour les avoir publiĂ©s dans le respect du premier amendement.
Chapitre clos
Les remarques de M. Blinken clÎturent effectivement un chapitre de l'épreuve subie par M. Assange, qui avait donné de l'espoir à ses soutiens dans le monde entier.
En Australie, au mois de mai, on s'attendait à ce que la libération de M. Assange fasse l'objet d'un accord. Les espoirs avaient été alimentés par les déclarations les plus claires jamais exprimées sur l'affaire par le Premier ministre australien Anthony Albanese, qui avait déclaré le 4 mai, pour la premiÚre fois, qu'il s'était entretenu directement avec les autorités américaines au sujet de M. Assange, qu'il souhaitait que les poursuites judiciaires prennent fin et qu'il s'inquiétait pour la santé de ce dernier.
L'optimisme s'est renforcĂ© lorsque, cinq jours plus tard, Caroline Kennedy, ambassadrice des Ătats-Unis en Australie et fille du prĂ©sident assassinĂ© John F. Kennedy, a acceptĂ© de rencontrer un groupe de six dĂ©putĂ©s australiens favorables Ă M. Assange, issus de trois partis diffĂ©rents, ainsi qu'un indĂ©pendant.
M. Kennedy a toutefois anticipĂ© les commentaires de M. Blinken en dĂ©clarant jeudi dernier sur Australian Broadcasting Corporation, lorsqu'on lui a demandĂ© si les Ătats-Unis allaient abandonner l'affaire, que
"J'ai rencontré les parlementaires qui soutiennent Julian Assange et j'ai pris connaissance de leurs préoccupations. Je sais que cette question a été soulevée aux plus hauts niveaux de notre gouvernement, mais il s'agit d'une procédure en cours, et c'est donc le ministÚre de la Justice qui est en charge de l'affaire. Je suis certaine que pour Julian Assange, votre soutien est trÚs précieux, mais nous devrons attendre la suite du processus".
Interrogée sur les raisons qui l'ont poussée à rencontrer les parlementaires, elle a répondu :
"Il s'agit là d'une problématique grave qui, comme je l'ai dit, a été abordée au plus haut niveau, et je souhaitais qu'ils me fassent part directement de leurs préoccupations afin de m'assurer que nous comprenions tous le point de vue de chacun, et j'ai trouvé notre conversation trÚs utile".
Lorsqu'on lui a demandé si sa rencontre avec les députés avait modifié sa vision de l'affaire Assange, Mme Kennedy a répondu : "Pas vraiment". Elle a ajouté que "son opinion personnelle ne joue pas un grand rÎle dans cette affaire".
Un accord de plaidoyer ?
D'autres remarques de M. Albanese, en mai, selon lesquelles M. Assange aurait un rÎle à jouer, ont donné lieu à des spéculations sur la possibilité d'un accord de plaidoyer en faveur de M. Assange.
Le 22 mai, deux jours avant que le président Joe Biden ne se rende en Australie pour un voyage qu'il a ensuite annulé, l'avocate de M. Assange, Jennifer Robinson, a déclaré pour la premiÚre fois, au nom de l'équipe juridique de M. Assange, qu'ils envisageraient un accord de plaider-coupable.
Mme Robinson s'est exprimée devant le National Press Club de Canberra :
"Nous envisageons toutes les options. Le problĂšme, c'est que notre position premiĂšre est, bien sĂ»r, que l'affaire doit ĂȘtre classĂ©e. Nous affirmons qu'aucun crime n'a Ă©tĂ© commis et que les Ă©lĂ©ments de l'affaire ne rĂ©vĂšlent aucun crime. Alors que pourrait bien plaider Julian ?".
Le député travailliste Julian Hill, qui a rencontré M. Kennedy et a plaidé en faveur d'un tel accord, a déclaré à Consortium News qu'il s'était rendu à Londres au début du mois pour rendre visite à M. Assange, mais que les autorités de la prison de Belmarsh avaient refusé de le laisser entrer, alors que la rencontre avait été planifiée de longue date.
Il a déclaré au Sydney Morning Herald mercredi dernier :
"La rĂ©alitĂ© est que l'Australie ne peut pas forcer les Ătats-Unis Ă [libĂ©rer Assange], et s'ils refusent, personne en Australie ne devra porter de jugement sur M. Assange s'il choisit de conclure un accord et de mettre un terme Ă cette affaire.
Sa santĂ© se dĂ©grade et si les Ătats-Unis refusent de faire le nĂ©cessaire et d'abandonner les poursuites, personne ne doit lui reprocher de conclure un accord, de plaider coupable pour n'importe quelle absurditĂ© et de se tirer d'affaire".
Toutefois, les propos trĂšs durs de M. Blinken ont sĂ©rieusement refroidi, voire anĂ©anti, l'idĂ©e d'un accord de plaider-coupable. Alors que les Ătats-Unis bĂ©nĂ©ficient de toute la loyautĂ© de l'Australie sur les projets militaires de Washington contre la Chine, ils n'offrent rien en retour au gouvernement australien en ce qui concerne son citoyen, emprisonnĂ© pour avoir publiĂ© la vĂ©ritĂ© sur les crimes de guerre commis par les Ătats-Unis.
* Joe Lauria est rĂ©dacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant aux Nations unies pour le Wall Street Journal, le Boston Globe et de nombreux autres organes de presse, dont la Gazette de MontrĂ©al et le Star de Johannesburg. Il a Ă©tĂ© journaliste d'investigation pour le Sunday Times de Londres, journaliste financier pour Bloomberg News et a fait ses dĂ©buts comme pigiste au New York Times Ă l'Ăąge de 19 ans. Il est l'auteur de deux livres, A Political Odyssey, avec le sĂ©nateur Mike Gravel, prĂ©facĂ© par Daniel Ellsberg, et How I Lost By Hillary Clinton, prĂ©facĂ© par Julian Assange. Il peut ĂȘtre contactĂ© Ă l'adresse joelauria@consortiumnews.com et suivi sur Twitter @unjoe
https://consortiumnews.com/2023/07/30/blinken-slams-door-on-australian-bid-for-assange/