đâđš Blocus : IsraĂ«l lance la plus grande offensive dâexpulsion de masse en Cisjordanie depuis 1967
Kareemeh, une des rares dames ĂągĂ©es Ă avoir pris le risque de venir voir sa maison dit en partant âUn instant, je ferme Ă clĂ©â, dernier geste pour prĂ©server un foyer oĂč elle espĂšre rentrer un jour.

đâđš Blocus : IsraĂ«l lance la plus grande offensive dâexpulsion de masse en Cisjordanie depuis 1967
Par Mariam Barghouti, le 6 mars 2025
Plus de 40 000 Palestiniens ont Ă©tĂ© chassĂ©s de chez eux lors dâune offensive israĂ©lienne brutale, parfois aidĂ©e par l'AutoritĂ© palestinienne.
NABLUS ET JĂNINE, Cisjordanie occupĂ©e â L'armĂ©e israĂ©lienne a tuĂ© Tariq Qassas, 34 ans, d'une balle dans la poitrine le 25 fĂ©vrier alors qu'il rentrait chez lui aprĂšs avoir travaillĂ© dans une boulangerie situĂ©e Ă deux kilomĂštres de lĂ , dans la vieille ville de Naplouse. Tariq Qassas, pĂšre d'un enfant de cinq ans et sur le point d'avoir un autre enfant, est le onziĂšme Palestinien tuĂ© Ă Naplouse, une ville animĂ©e du nord de la Cisjordanie occupĂ©e, depuis janvier.
âMon frĂšre m'a appelĂ© pendant que j'Ă©tais au travail et m'a dit de faire attention en rentrant chez moi, de bien m'assurer que l'armĂ©e Ă©tait partieâ,
a déclaré Loay Qassas à Drop Site News. L'armée israélienne menait une opération prÚs du cimetiÚre occidental de la ville.
âFinalement, c'est lui qui a Ă©tĂ© tuĂ© alors qu'il rentrait chez lui aprĂšs le travailâ.
Des mĂ©decins sont arrivĂ©s pour transporter son corps Ă l'hĂŽpital de Rafidia afin de le prĂ©parer pour l'enterrement. En chemin, l'armĂ©e israĂ©lienne a arrĂȘtĂ© l'ambulance et, sous la menace d'une arme, a ordonnĂ© aux ambulanciers de dĂ©couvrir son visage afin que les soldats puissent le scanner Ă l'aide d'une technologie de reconnaissance faciale.
âMĂȘme dans la mort, ils viennent marquer leurs victimesâ,
a déclaré Loay, avant de transporter le cercueil de son frÚre jusqu'à son dernier repos.

Le meurtre de Tariq Qassas s'inscrit dans le cadre d'une offensive militaire israĂ©lienne de grande envergure, baptisĂ©e âOperation Iron Wallâ, qui a pratiquement vidĂ© quatre camps de rĂ©fugiĂ©s du nord de la Cisjordanie (JĂ©nine, Tulkarem, Faraa et Nur Shams), forçant plus de 40 000 Palestiniens Ă fuir leur foyer, dans le cadre du plus grand dĂ©placement forcĂ© sur le territoire depuis la guerre de 1967. Les troupes israĂ©liennes ont dĂ©truit routes, maisons, bĂątiments, canalisations d'eau et lignes Ă©lectriques, ainsi que d'autres infrastructures civiles. Le 23 fĂ©vrier, le ministre israĂ©lien de la DĂ©fense a dĂ©clarĂ© que les troupes israĂ©liennes resteraient dans certains camps de rĂ©fugiĂ©s l'annĂ©e prochaine et que les rĂ©sidents dĂ©placĂ©s ne seraient pas autorisĂ©s Ă rentrer chez eux.
IsraĂ«l a lancĂ© l'opĂ©ration âIron wallâ le 21 janvier, deux jours aprĂšs l'entrĂ©e en vigueur du âcessez-le-feuâ Ă Gaza. Depuis, plus de 60 Palestiniens, dont 11 enfants, ont Ă©tĂ© tuĂ©s par les forces israĂ©liennes et les colons soutenus par l'Ătat en Cisjordanie. Alors que l'accord de cessez-le-feu Ă Gaza est menacĂ©, sabotĂ© par Netanyahu, et qu'IsraĂ«l, encore plus enhardi par la réélection de Donald Trump, se livre Ă des actes de dĂ©vastation barbares et meurtriers dans la rĂ©gion, des dizaines de milliers de Palestiniens en Cisjordanie sont confrontĂ©s Ă l'une des pires rĂ©alitĂ©s qu'IsraĂ«l leur ait imposĂ©es depuis des dĂ©cennies.
Pour les habitants, cela se traduit par une escalade incessante du terrorisme quotidien et le traitement abusif de leurs défunts. Deux jours aprÚs les funérailles de Qassas, un jeune homme de 25 ans nommé Mahmoud Sanaqra a été tué lors d'un affrontement armé avec les troupes israéliennes aprÚs que celles-ci ont mené un raid à l'aube sur son domicile dans le camp de réfugiés de Balata, à l'est de Naplouse.
La famille de Sanaqra n'a pas pu l'enterrer parce que l'armĂ©e israĂ©lienne a emportĂ© son corps, et refuse toujours de le restituer. La pratique israĂ©lienne consistant Ă conserver les corps des Palestiniens pour les utiliser comme monnaie d'Ă©change, ou simplement pour faire souffrir les familles endeuillĂ©es, remonte Ă plusieurs dĂ©cennies et a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par les organisations de dĂ©fense des droits de l'homme comme un traitement cruel et inhumain Ă l'Ă©gard des familles en deuil. Il s'agit Ă©galement d'un acte de punition collective contre les Palestiniens. IsraĂ«l dĂ©tient actuellement des centaines de corps, dont beaucoup sont conservĂ©s dans des rĂ©frigĂ©rateurs ou dans des âcimetiĂšres Ă numĂ©rosâ oĂč ils sont enterrĂ©s en secret, souvent dans des zones militaires interdites, et identifiĂ©s uniquement par des numĂ©ros.
Ăvacuation du camp de JĂ©nine
Au cours des deux derniĂšres semaines, les routes Ă l'extĂ©rieur de JĂ©nine ont Ă©tĂ© dĂ©truites, les cafĂ©s et les infrastructures commerciales rasĂ©s au bulldozer et les rues principales sont devenues quasiment impraticables. Alors que les bĂątiments Ă l'intĂ©rieur du camp ont Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truits, les maisons et bĂątiments civils Ă l'extĂ©rieur du camp ont Ă©tĂ© convertis en postes militaires, oĂč les soldats israĂ©liens ont stationnĂ© des snipers et les utilisent comme abris. L'opĂ©ration s'Ă©tend maintenant au-delĂ du camp de rĂ©fugiĂ©s et s'Ă©tend vers la ville, l'armĂ©e israĂ©lienne ayant dĂ©clarĂ© l'ensemble du district de JĂ©nine zone militaire interdite.
âMa maison a Ă©tĂ© rĂ©duite en cendres lors de la derniĂšre invasionâ, a dĂ©clarĂ© Adel Al-Bisher, 65 ans, du camp de rĂ©fugiĂ©s de JĂ©nine, Ă Drop Site, faisant rĂ©fĂ©rence Ă l'opĂ©ration Summer Camps, qui a eu lieu il y a six mois. Au cours de cette opĂ©ration militaire, 20 Palestiniens ont Ă©tĂ© tuĂ©s et des dizaines de maisons dĂ©truites par des bulldozers, des grenades antichars ou simplement incendiĂ©es.
En dĂ©cembre, les forces de sĂ©curitĂ© palestiniennes ont menĂ© une opĂ©ration Ă JĂ©nine dans le cadre d'une campagne de six semaines, baptisĂ©e Operation Protect Home, au cours de laquelle plus d'une douzaine de Palestiniens, dont deux enfants, ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Au cours de l'offensive, des combattants de la rĂ©sistance appartenant Ă des groupes palestiniens armĂ©s, dont la Brigade de JĂ©nine, la Brigade de Tulkarem et le Lion's Den, ont fait lâobjet dâarrestations massives lors ce qui a Ă©tĂ© l'une des attaques les plus meurtriĂšres et les plus longues menĂ©es par les forces de sĂ©curitĂ© palestiniennes en Cisjordanie depuis le dĂ©but de leurs opĂ©rations en 1995.
La prĂ©sence de ces groupes de rĂ©sistance dans les camps de rĂ©fugiĂ©s et dans la vieille ville de Naplouse a empĂȘchĂ© l'armĂ©e israĂ©lienne de mener des raids en toute impunitĂ© dans ces zones. (JĂ©nine est Ă©galement une zone clĂ© oĂč les entreprises israĂ©liennes du secteur de l'Ă©nergie et l'AutoritĂ© palestinienne (AP) envisageaient de construire des usines et des entreprises en 2021, mais la rĂ©sistance les en a empĂȘchĂ©s.)
L'offensive d'IsraĂ«l, l'opĂ©ration âIron wallâ, a commencĂ© quelques heures seulement aprĂšs que l'AP a officiellement dĂ©clarĂ© la fin de ses opĂ©rations. Alors que les porte-parole de l'AP ont publiquement condamnĂ© l'offensive, Drop Site a confirmĂ© que de hauts responsables de la sĂ©curitĂ© de l'AP Ă©taient bien prĂ©sents Ă JĂ©nine lorsque l'armĂ©e israĂ©lienne a envahi la ville en janvier.
Ă la suite de l'opĂ©ration âSummer Campsâ, des centaines de familles du camp de JĂ©nine ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es et contraintes de chercher un abri. Aujourd'hui, nombre d'entre elles se retrouvent Ă nouveau sous le feu de l'ennemi. En ce moment mĂȘme, dans la ville de JĂ©nine, non seulement des chars Merkava sont dĂ©ployĂ©s dans la ville, mais aussi des vĂ©hicules militaires israĂ©liens, et notamment des bulldozers Caterpillar D-9 et D-10, ainsi que des vĂ©hicules blindĂ©s Eitan. Des unitĂ©s d'opĂ©rations spĂ©ciales israĂ©liennes et des vĂ©hicules blindĂ©s de transport de troupes se dĂ©placent dĂ©sormais partout dans la ville, sans que personne ne s'en prenne Ă eux. Dans le mĂȘme temps, la Cisjordanie subit des frappes aĂ©riennes israĂ©liennes d'une intensitĂ© sans prĂ©cĂ©dent, dĂ©passant mĂȘme celles de l'opĂ©ration âDefensive Shieldâ en 2002, la plus grande offensive militaire israĂ©lienne de la seconde Intifada.
La famille Al-Bisher vit dans un appartement situé à quelques centaines de mÚtres de l'entrée est du camp. Le bùtiment derriÚre chez eux a été réquisitionné par les forces israéliennes qui y ont installé une base militaire improvisée, avec des bulldozers et des véhicules blindés de transport de troupes stationnés 24 heures sur 24.
âIls ont dĂ©truit plus de douze maisons appartenant Ă notre famille, y compris celles de mes frĂšres et de mes cousins. Toutes ont disparu, mais mĂȘme dans cet appartement, nous ne sommes pas tranquilles. Mais oĂč pouvons-nous aller ?â demande Al-Bisher.
Certaines fenĂȘtres de l'immeuble sont brisĂ©es, les dĂ©bris de verre jonchent encore le parking, tandis que les murs de l'immeuble sont criblĂ©s d'impacts de balles.
âVous voyez cette fenĂȘtre lĂ -haut ?â dit Al-Bisher. âLa balle a traversĂ© la fenĂȘtre, traversĂ© la chambre et est ressortie par l'autre fenĂȘtreâ.
Les soldats israéliens postés juste derriÚre le bùtiment font régner une atmosphÚre de terreur. Al-Bisher a déconseillé de prendre des photos depuis leur bùtiment.
âIl y a deux jours Ă peine, l'un des rĂ©sidents a Ă©tĂ© surpris en train de filmer depuis son balcon et les soldats ont fait une descente, l'ont attrapĂ© et l'ont rouĂ© de coupsâ, a-t-il dĂ©clarĂ©.
Des milliers d'autres familles dĂ©placĂ©es sont dĂ©sormais bloquĂ©es chez des proches dans des villages voisins ou dans des Ă©coles transformĂ©es en abris. D'autres campent dans des tentes Ă la pĂ©riphĂ©rie de la ville, car ils n'ont nulle part oĂč aller.
Rentrer récupérer ses affaires au péril de sa vie
âS'il vous plaĂźt, ne prenez pas de photos de nos visagesâ, a demandĂ© une femme le 26 fĂ©vrier devant l'hĂŽpital public de JĂ©nine, Ă cĂŽtĂ© du camp de rĂ©fugiĂ©s de JĂ©nine. Elle a demandĂ© Ă garder l'anonymat non seulement par crainte pour sa sĂ©curitĂ©, mais aussi en raison des conditions qui leur sont imposĂ©es.
âNous n'avons jamais Ă©tĂ© filmĂ©s auparavant, et je ne veux pas que nous le soyons dans ces conditions humiliantesâ,
a-t-elle ajouté, retenant ses larmes.

Déplacée de force dans un village voisin, elle a pris la décision périlleuse de retourner dans sa maison détruite en bordure du camp pour tenter de récupérer quelques affaires.
Avec des sacs plastique contenant les quelques affaires qu'elle, son fils de 10 ans et sa fille de 18 ans ont pu récupérer, elle était désespérée.
âJe suis venue chercher ce petit radiateur, quelques plats et des ustensiles de cuisine parce que le ramadan approche et qu'il faut cuisinerâ,
dit-elle. Montrant la pile d'ustensiles de cuisine sur le sol en terre battue, elle se demande comment ils vont pouvoir les transporter.
âRegardez ma fille, elle a ses examens de fin d'annĂ©e et n'a pas pu rĂ©viser, alors elle est venue chercher son ordinateur portable et quelques vĂȘtementsâ,
dit-elle d'une voix tremblante.
âJe veux rentrer chez moiâ, dit la femme. âJe veux juste rentrer chez moi. Depuis un an, on ne peut plus respirer. On encaisse opĂ©ration sur opĂ©rationâ.
Elle décrit les récentes attaques militaires israéliennes et celles de l'Autorité palestinienne, menées sous prétexte de cibler les combattants de la résistance armée en Cisjordanie.
âEt maintenant çaâ, dit-elle. âJe n'arrive plus Ă respirer, il faut que je respireâ.
Plus tard dans la journĂ©e, en attendant l'arrivĂ©e de ses parents, un jeune homme attendait debout sur une rue dĂ©foncĂ©e par un bulldozer, entre l'hĂŽpital de JĂ©nine et le camp. Comme beaucoup d'autres, ils ont tentĂ© de se faufiler chez eux pour rĂ©cupĂ©rer quelques affaires aprĂšs un mois de dĂ©placement, avec pour seul bagage les vĂȘtements dont ils Ă©taient vĂȘtus.
âL'armĂ©e avait ordonnĂ© de les retenir pendant deux heures, mais ils devraient ĂȘtre relĂąchĂ©s maintenantâ,
a déclaré le jeune homme, serrant son téléphone, le seul lien restant avec ses parents. Il a également parlé à Drop Site sous couvert d'anonymat par crainte pour sa sécurité.
âJe ne peux mĂȘme pas aller les aider. Ils nous tireraient dessus immĂ©diatement, parce que je suis jeuneâ,
a-t-il dĂ©clarĂ©. Alors que le camp a reçu l'ordre d'ĂȘtre Ă©vacuĂ©, les snipers israĂ©liens postĂ©s Ă la pĂ©riphĂ©rie tirent souvent Ă volontĂ©.
Les snipers ont également tiré sur des journalistes, des médecins soignant des malades chroniques ou des blessés, et des personnes ùgées tentant de se faufiler pour récupérer quelques affaires.
Contrairement à Gaza, l'écrasante majorité, soit 96 % des plus de 1 200 Palestiniens tués en Cisjordanie depuis 2022, sont de jeunes garçons et des hommes. Par conséquent, la dangereuse mission de retourner dans le camp pour récupérer des effets personnels est confiée aux personnes ùgées, aux enfants et aux femmes, dans l'espoir que l'armée ne les prendra pas pour cible.
Au bout d'un moment, trois enfants, Ward, 13 ans, Faisal, 12 ans, et Mohammad, 13 ans, ont rassemblé leur courage pour tenter de retourner chercher un iPad.

Les enfants sont entrĂ©s aux abords du camp, se dĂ©plaçant entre les ruelles dĂ©truites oĂč quelques autres familles avaient rĂ©ussi Ă se rendre plus tĂŽt dans la journĂ©e. Ils ont marchĂ© les mains levĂ©es en se frayant un chemin Ă travers les dĂ©combres et la boue. DĂšs qu'ils ont attrapĂ© l'iPad, ils se sont dĂ©pĂȘchĂ©s de ressortir, marchant aussi vite qu'ils pouvaient sans pour autant courir.
Seuls quelques habitants prĂȘts Ă braver le danger pour rĂ©cupĂ©rer leurs biens ont pu constater de visu l'ampleur des destructions Ă l'intĂ©rieur du camp.
Kareemeh, 65 ans, est l'une des rares personnes ĂągĂ©es Ă avoir pris le risque de venir voir ce qui reste de sa maison. Elle a traversĂ© boue et dĂ©combres. Elle a dit qu'elle comptait rĂ©cupĂ©rer quelques affaires, des documents et des papiers d'identitĂ©, ainsi que des vĂȘtements pour sa mĂšre, qui souffre du froid hivernal.
DĂšs que Kareemeh est entrĂ©e dans ce qui restait de sa maison dans la partie est du camp, elle s'est figĂ©e. Les fenĂȘtres Ă©taient toutes brisĂ©es, probablement Ă cause des frappes aĂ©riennes et des destructions qui ont complĂštement ravagĂ© les bĂątiments voisins, et il y avait du verre partout par terre. Les meubles ont Ă©tĂ© saccagĂ©s, la cuisine dĂ©truite et les vĂȘtements ont Ă©tĂ© sortis des placards et jetĂ©s par terre.
Avec seulement quelques minutes pour terminer sa mission et quitter le camp, Kareemeh a commencé à rassembler des conserves et à les mettre dans des sacs plastique. Mais alors qu'elle fouillait dans les décombres, elle a rapidement oublié ce qu'elle était venue y faire, et s'est focalisée sur les tapis.
âViens par lĂ . Aide-moi Ă retirer les tapis des fenĂȘtres pour que la pluie ne les abĂźme pasâ,
m'a-t-elle dit. DĂ©semparĂ©e, elle tirait sur les tapis, le verre lui coupant les mains. Il a fallu un certain temps pour la calmer et l'aider Ă se concentrer sur lâessentiel pour pouvoir quitter rapidement le camp alors que la menace imminente des snipers s'intensifiait.

Finalement, elle a pris quelques papiers, des sous-vĂȘtements et des foulards, et a rĂ©ussi Ă rĂ©cupĂ©rer des boĂźtes de haricots et de sardines. La main en sang, elle a emportĂ© ce qu'elle pouvait.
âJuste une minute, je ferme ma porte Ă clĂ©â, a-t-elle dit en partant, un dernier geste pour prĂ©server un semblant de foyer oĂč elle espĂšre revenir un jour.