đ© Caitlin Johnstone: Certains trouvent
Certains trouvent plus facile de faire la guerre que de faire la paix, mĂȘme si, juste sous la surface, chaque molĂ©cule de leur ĂȘtre rĂ©clame la paix comme les bĂ©bĂ©s oiseaux rĂ©clament leur mĂšre.
đ© Certains trouvent
đ Par Caitlin Johnstone đŠ@caitoz, le 17 octobre 2022
đ§ đŹđ§ Ecoutez une lecture de "Some Find" : https://soundcloud.com/going_rogue
Certains trouvent qu'il est plus facile de mourir que de continuer Ă vivre.
Certains trouvent plus facile d'Ă©viter de voir la mort en face que de vivre vraiment, un jour.
Certains trouvent plus facile de transformer leur corps en armes endurcies et d'aller se battre dans une case plutĂŽt qu'ĂȘtre un jour tendres et bons envers eux-mĂȘmes.
Certains trouvent plus facile de construire des empires financiers de plusieurs milliards de dollars plutĂŽt que s'arrĂȘter pour jeter un seul et sincĂšre regard en eux-mĂȘmes.
Certains trouvent plus facile de faire la guerre que de faire la paix, mĂȘme si, juste sous la surface, chaque molĂ©cule de leur ĂȘtre rĂ©clame la paix comme les bĂ©bĂ©s oiseaux rĂ©clament leur mĂšre.
Certains découvrent que la facilité est en fait bien plus contraignante que le simple fait de se sentir bien dans sa peau.
Certains pensent que le meilleur moyen de vivre est de renoncer Ă tout ce qui, en eux, estime savoir comment vivre.
Certains pensent que si vous attendez d'une substance psychédélique qu'elle vous montre ce que vous souhaitez voir juste avant de la prendre, vous obtiendrez toujours ce que vous avez demandé, mais jamais ce que vous attendiez.
Certains découvrent que la lumiÚre vous coûtera tout, mais qu'une fois le prix payé, vous réalisez que "vous" et "tout" ont toujours été faits de poudre aux yeux et d'histoires à dormir debout.
Certains trouvent les réponses qu'ils cherchaient, pour découvrir plus tard qu'elles émanaient d'acteurs de pacotille prétendant les détenir.
Je n'ai jamais trouvé ce que je cherchais, mais les instruments avec lesquels je cherchais étaient ceux qui me faisaient croire qu'il y avait quelque chose à chercher. Une boussole faite entiÚrement d'aimants. Un télescope fait de mirages du désert. Un sonar fait de chants des sirÚnes.
Je n'ai aucune réponse, juste cette carte au trésor vierge avec un "X" rouge marqué dessus, et cette promenade pleine de larmes. Mon tableau d'affichage Jeopardy indique moins l'infini. Mon LinkedIn dit juste "Je connais deux blagues".
Certains trouveront qu'essayer de rĂ©soudre ce mystĂšre, c'est comme essayer d'attraper des poissons avec un filet fait d'eau. Comme courir aprĂšs votre queue alors que vous n'en avez pas. Comme cloner une armĂ©e de vous-mĂȘme juste parce qu'il n'y a personne d'autre Ă qui faire la guerre, et donner aux clones toutes vos armes avant lâattaque.
Et certains peuvent découvrir que la paix qu'ils recherchent se cache derriÚre tous leurs efforts pour la trouver, comme quelqu'un qui court aussi vite que possible pour essayer de rattraper ce qu'on appelle le temps du repos. Comme quelqu'un qui tambourine frénétiquement à sa propre porte de l'intérieur en suppliant qu'on le laisse entrer chez lui. Comme quelqu'un qui scrute l'horizon lointain, jour aprÚs jour, à la recherche de ses propres globes oculaires.
Et certains pourraient trouver que la seule raison pour laquelle les tambours de la guerre battent si fort est de couvrir le bruit de ces bĂ©bĂ©s oiseaux qui font du cui-cui dans nos cĆurs, comme quelqu'un qui continue Ă parler juste pour empĂȘcher le silence de s'installer. Que nous sommes dans un sous-marin Ă©ventrĂ© qui cherche Ă Ă©vacuer toute l'eau, et que le sous-marin est la violence, et que l'ocĂ©an est la paix, et que nous avons perdu cette bataille bien avant qu'elle ne commence, bien avant que quoi que ce soit ne commence, parce que nous ne pouvons pas nous fuir Ă©ternellement, parce que ces bĂ©bĂ©s oiseaux continuent de nous rappeler Ă la vie, parce que nos efforts pour Ă©viter l'abĂźme d'amour qui nous entoure Ă©taient vouĂ©s Ă l'Ă©chec avant mĂȘme que nous ne construisions le vaisseau, parce que la beautĂ© n'est qu'un mot pour dire que nous avons vraiment aperçu une rĂ©alitĂ©, parce que le problĂšme des intuitions spirituelles est qu'elles donnent trop souvent lieu Ă des croyances spirituelles, parce que quiconque pense avoir tout compris souffre d'une carence en drogues psychĂ©dĂ©liques, parce que nous avons construit ce sous-marin Ă partir du NON et qu'il est dĂ©sespĂ©rĂ©ment inondĂ© par un ocĂ©an de OUI, dâun grand OUI, dâun OUI intense, dâun OUI intime, dâun OUI jusque dans nos plus grands NON, OUI mĂȘme dans ce que nous dĂ©testons, OUI dans notre culpabilitĂ©, OUI dans notre honte, OUI dans notre rejet de tous les bienfaits dans lesquels nous baignons, parce que nous ne sommes pas capables de les accepter, parce que NON, ça ne peut pas ĂȘtre si simple et NON, je ne suis digne de rien, et NON, je ne mĂ©rite que des miettes et je dois gratter, lutter et m'excuser pour les obtenir.
Et certains se retrouvent submergés dans un océan de OUI, réalisant soudain que toutes leurs croyances étaient des mensonges.
Certains trouvent. Certains cherchent. Certains trouvent leur chemin sans chercher. D'autres trouvent le moyen de ne pas trouver. L'eau déferle, et nous agitons ce drapeau blanc depuis bien avant le Big Bang.
Cui Cui.