đ© Caitlin Johnstone: La matrice narrative dissimule la vĂ©ritĂ© sur le monde, et sur nous-mĂȘmes.
Si le contrÎle narratif était totalement décentralisé, nos dirigeants ne pourraient pas gouverner.
â ïž Tout ceci est aussi un rĂ©cit. Mais il pointe vers quelque chose de rĂ©el, de la mĂȘme maniĂšre que vous pouvez voir votre main devant votre visage sans avoir Ă raconter d'histoires Ă son sujet.
đ©La matrice narrative dissimule la vĂ©ritĂ© sur le monde, et sur nous-mĂȘmes.
đ Par Caitlin Johnstone đŠ@caitoz, le 21 septembre 2022
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Si je parle tout le temps de narration, c'est en partie parce que le contrĂŽle de la narration est la source et le fondement du pouvoir de l'empire centralisĂ© amĂ©ricain. La capacitĂ© de contrĂŽler la façon dont les gens pensent, agissent et votent avec une manipulation psychologique Ă grande Ă©chelle permet Ă nos dirigeants de nous dominer de façon plus omniprĂ©sente que nous ne pourrions jamais ĂȘtre dominĂ©s par la force brutale totalitaire, ce qui explique pourquoi tant d'Ă©nergie est consacrĂ©e Ă empĂȘcher le peuple de contrĂŽler ses propres rĂ©cits. La panique actuelle du courant dominant Ă propos de la "dĂ©sinformation" n'est rien d'autre que celĂ , pour ne citer que cet exemple. Si le contrĂŽle narratif Ă©tait totalement dĂ©centralisĂ©, nos dirigeants ne pourraient pas gouverner.
Mais je me concentre également sur la narration parce que ses conséquences sont bien plus étendues que cela.
Ce qui est fascinant dans le fait de s'intĂ©resser Ă la façon dont la narration diffĂšre de la rĂ©alitĂ©, c'est que cela ne change pas seulement votre comprĂ©hension de la politique et du pouvoir dans le monde : vous commencez Ă remarquer que votre vie entiĂšre est dominĂ©e par des rĂ©cits - non seulement sur le monde, mais aussi sur vous-mĂȘme.
On est curieux de savoir si les rĂ©cits dont on nous a abreuvĂ©s Ă propos de notre pays, de notre gouvernement et de la dynamique du pouvoir mondial sont vraiment vrais, et si l'on est sincĂšre, on commence Ă porter sa curiositĂ© sur les rĂ©cits que l'on a fini par croire Ă propos de sa propre vie. Des rĂ©cits sur ce qui est important, sur ce qui est rĂ©el, sur ce qui est vrai, sur ce qui est utile. Des rĂ©cits sur comment vous ĂȘtes, des rĂ©cits sur qui vous ĂȘtes. Des rĂ©cits qui ont Ă©tĂ© mis dans votre tĂȘte par des enseignants, des prĂ©dicateurs, des amis et votre famille, et des rĂ©cits que vous avez inventĂ©s vous-mĂȘme il y a longtemps et que vous avez continuĂ© Ă croire.
Vous commencez Ă ĂȘtre curieux de dĂ©couvrir comment votre propre vie a Ă©tĂ© façonnĂ©e par les rĂ©cits auxquels vous avez cru, et vous vous mettez Ă dĂ©couvrir une rĂ©alitĂ© tout entiĂšre cachĂ©e sous la matrice d'histoires qui bourdonne dans votre conscience. Une rĂ©alitĂ© qui ne pourrait pas ĂȘtre plus diffĂ©rente des idĂ©es que vous vous faites d'elle.
Vous allez dĂ©couvrir que tout le cadre dans lequel vous percevez le monde est basĂ© sur des histoires auxquelles vous croyez, qui, en fin de compte, ne sont pas authentiques et gĂ©nĂ©ralement trĂšs peu utiles pour avancer dans la vie de maniĂšre harmonieuse. Des histoires sur les autres. Des histoires sur la vie. Et des histoires sur vous-mĂȘme.
C'est cette derniĂšre histoire qui est la plus intĂ©ressante. Car il s'avĂšre que derriĂšre la matrice narrative, ce que vous ĂȘtes est plus diffĂ©rent de vos histoires mentales sur ce que vous ĂȘtes que vous ne pourriez l'imaginer. Et ces perceptions erronĂ©es de l'identitĂ© façonnent toute votre expĂ©rience de la rĂ©alitĂ©. Vous commencez Ă voir que ce "moi", personnage fini et distinct autour duquel votre monde mental a tournĂ© toute votre vie, n'a pas plus de rĂ©alitĂ© qu'un personnage fictif dans un livre de contes. Une fois cette illusion clarifiĂ©e, la vie n'est plus dominĂ©e par la narration.
Pour ĂȘtre clair, la narration en soi n'est pas le problĂšme ; la narration en soi est un outil utile. "Je suis allĂ© au magasin" est un rĂ©cit. "Ces baies sont toxiques" est un rĂ©cit. "On devrait regarder des deux cĂŽtĂ©s avant de traverser la rue" est un rĂ©cit. Le problĂšme n'est pas la narration, le problĂšme est qu'elle domine notre expĂ©rience au lieu de servir d'outil. Le but n'est pas d'Ă©liminer la narration, mais de la positionner comme un outil utile plutĂŽt que comme le scĂ©nariste, le metteur en scĂšne et la vedette de tout le spectacle de la vie. Le problĂšme n'est pas la narration mais la croyance en la narration, de la mĂȘme maniĂšre que regarder un film d'horreur ne vous pose aucun problĂšme si vous restez conscient qu'il s'agit simplement d'un film.
Si vous y regardez de plus prÚs, vous verrez à travers les scénarios sur votre nation, votre gouvernement et votre monde. En y regardant de plus prÚs encore, vous y verrez les histoires que vous croyez sur la vie et qui vous amÚnent à penser comme vous le faites et à agir comme vous le faites. En y regardant de plus prÚs encore, vous découvrirez les histoires sur votre véritable nature fondamentale.
La raison pour laquelle la propagande fonctionne est que l'expĂ©rience humaine est si profondĂ©ment dominĂ©e par des schĂ©mas mentaux que si vous pouvez contrĂŽler les rĂ©cits dominants, vous pouvez contrĂŽler l'humanitĂ©. La quĂȘte n'est pas seulement de rĂ©futer la propagande, mais de cesser d'avoir une expĂ©rience dominĂ©e par la narration.
Et bien sĂ»r, tout ceci est aussi un rĂ©cit. Mais il pointe vers quelque chose de rĂ©el qui peut ĂȘtre clairement perçu dans votre propre expĂ©rience sans rĂ©cit, de la mĂȘme maniĂšre que vous pouvez voir votre main devant votre visage sans avoir Ă raconter d'histoires Ă son sujet.