đâđš Caitlin Johnstone: L'OTAN n'existe que pour rĂ©soudre les problĂšmes qu'elle engendre.
L'empire est prĂȘt Ă faire des choses terribles et risquĂ©es pour garder le contrĂŽle. Il faut plus que jamais s'opposer Ă ces mĂ©galomanes et Ă leurs parties de poker nuclĂ©aire.
đâđš L'OTAN n'existe que pour rĂ©soudre les problĂšmes qu'elle engendre.
đ Par Caitlin Johnstone đŠ@caitoz, le 1 dĂ©cembre 2022
đ§ Ăcoutez la lecture de cet article : https://soundcloud.com/going_rogue
L'OTAN a réitéré sa détermination à ajouter un jour l'Ukraine à ses membres, renouvelant son engagement de 2008 à cet objectif lors d'une réunion entre les ministres des Affaires étrangÚres de l'alliance à Bucarest, en Roumanie, mardi dernier.
Dave DeCamp d'Antiwar Ă©crit :
âC'est dans la capitale roumaine que l'OTAN a initialement fait cette promesse Ă l'Ukraine en 2008, et Ă l'Ă©poque, les responsables amĂ©ricains ont reconnu que tenter de faire entrer le pays dans l'alliance pourrait dĂ©clencher une guerre dans la rĂ©gion.
"Nous avons pris cette décision à Bucarest en 2008 lors du sommet", a déclaré mardi le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. "J'étais présent (...) pour représenter la NorvÚge en tant que Premier ministre. Je me souviens trÚs bien des décisions prises. Nous nous y tenons. La porte de l'OTAN est ouverte".
Dans une dĂ©claration commune, les ministres des Affaires Ă©trangĂšres de l'OTAN, dont le secrĂ©taire d'Ătat Antony Blinken, ont dit qu'ils "rĂ©affirmaient" les dĂ©cisions prises au sommet de Bucarest en 2008.â
Antiwar.com đŠ@Antiwarcom - Les ministres des Affaires Ă©trangĂšres de l'OTAN tiennent un sommet Ă Bucarest, oĂč l'alliance a fait sa premiĂšre promesse en 2008 par Dave DeCamp @DecampDave #NATO #Ukraine #Russie - news.antiwar.com/2022/11/29/nat... - 19:39 PM â 29 nov. 2022
Câest maintenant Ă la mode chez les commentateurs occidentaux traditionnels de prĂ©tendre que l'invasion de l'Ukraine par la Russie n'avait rien Ă voir avec l'expansion de l'OTAN, mais comme l'a rĂ©cemment expliquĂ© Philippe Lemoine pour le Center for the Study of Partisanship and Ideology, il s'agit d'un rĂ©cit complĂštement faux, nĂ©cessitant que l'on revoie les commentaires passĂ©s de Poutine sortis du contexte de lâĂ©poque. De nombreux experts occidentaux ont pourtant averti il y a des annĂ©es que l'expansion de l'OTAN mĂšnerait Ă un conflit comme celui que nous connaissons aujourd'hui, et bien entendu, ils avaient raison.
La rĂ©cente poussĂ©e en faveur de l'expansion de l'OTAN en Ukraine avec des pays comme la Finlande et la SuĂšde, justifiĂ©e par une "agression russe", est un bon exemple de ce que le professeur Richard Sakwa a appelĂ© le "paradoxe gĂ©ographique fatidique : l'OTAN existe pour gĂ©rer les risques crĂ©Ă©s par sa propre existence". Comme l'a expliquĂ© le regrettĂ© spĂ©cialiste des relations amĂ©ricano-russes Stephen Cohen des annĂ©es avant qu'Ă©clate la crise ukrainienne en 2014, Moscou considĂšre l'OTAN comme une "sphĂšre d'influence amĂ©ricaine", et l'expansion de l'OTAN et de son influence comme une expansion de cette sphĂšre. Elle rĂ©agit Ă cela avec hostilitĂ©, tout comme les Ătats-Unis rĂ©agiraient Ă la crĂ©ation d'alliances militaires agressives par la Chine ou la Russie Ă leurs frontiĂšres, et sans doute avec beaucoup plus de retenue que les Ătats-Unis.
Parmi les autres exemples futurs du paradoxe géographique fatidique de Sakwa, on peut citer la volonté de reconfigurer l'OTAN pour en faire une alliance destinée à "contenir" la Chine, ce qui signifie bien sûr qu'il faut bloquer la montée en puissance de la Chine sur la scÚne mondiale, et s'efforcer de la restreindre, de la balkaniser et de la dominer. Un récent article du Financial Times intitulé "Washington augmente la pression sur les alliés européens pour durcir la position de la Chine" donne de nouveaux détails sur cet agenda:
âLes Ătats-Unis poussent leurs alliĂ©s europĂ©ens Ă adopter une position plus dure Ă l'Ă©gard de PĂ©kin, car ils tentent de tirer parti de leur leadership sur l'Ukraine pour obtenir un plus grand soutien des pays de l'OTAN dans leurs efforts pour contrer la Chine dans la rĂ©gion indo-pacifique.
Selon des personnes au fait de ce qui se dit entre les Ătats-Unis et leurs alliĂ©s de l'OTAN, Washington a fait pression ces derniĂšres semaines sur les membres de l'alliance transatlantique pour qu'ils durcissent leur discours Ă l'Ă©gard de la Chine, et commencent Ă travailler sur des actions concrĂštes pour freiner PĂ©kin.
Le président américain Joe Biden a fait de la lutte contre la Chine son principal objectif de politique étrangÚre au début de son mandat, mais ses efforts ont été contrariés par l'attention focalisée sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février.
Mais alors que l'invasion du prĂ©sident russe Vladimir Poutine en est Ă son dixiĂšme mois, Washington dĂ©ploie des efforts pour faire remonter la Chine dans l'agenda de l'OTAN, ont indiquĂ© ces mĂȘmes personnes.
Branko Marcetic đŠ@BMarchetich - Une alliance dĂ©fensive ne cherche pas Ă se battre avec un pays situĂ© sur un autre continent. Il s'agit lĂ d'une dĂ©rive classique de l'OTAN - ou, plus prĂ©cisĂ©ment, de Washington - ft.com - 20:52 PM â 29 nov. 2022
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a ajouté la Chine à ses préoccupations en matiÚre de sécurité pour la toute premiÚre fois en juin dernier, et depuis lors, on assiste à une pression insensée de Washington pour intensifier les agressions contre Pékin. Un autre article du Financial Times, intitulé "L'OTAN organise ses premiÚres rencontres consacrées à la menace chinoise contre Taïwan", décrit une réunion entre les membres de l'alliance en septembre dernier :
Ils ont également discuté de la maniÚre dont l'OTAN devrait avertir Pékin des répercussions potentielles de toute action militaire - un débat qui a pris de l'ampleur aprÚs l'invasion de l'Ukraine par la Russie, alors que l'on se demande si l'Occident a été suffisamment ferme dans ses avertissements à Moscou.
Les Ătats-Unis ont exhortĂ© leurs alliĂ©s, notamment en Europe, Ă se concentrer davantage sur la menace qui pĂšse sur TaĂŻwan, alors que l'on craint que le prĂ©sident chinois Xi Jinping n'ordonne le recours Ă la force contre l'Ăźle.
Des haut gradés et des responsables militaires américains ont évoqué plusieurs échéances possibles pour une action militaire, certains souhaitant renforcer le sentiment d'urgence afin que Washington et ses alliés soient parfaitement préparés.
Certains remarquent que l'empressement de Washington à "intensifier le caractÚre d'urgence" sur ce front peut facilement avoir un effet provocateur et servir d'auto-prophétie.
Bonnie Glaser, directrice du programme Asie du German Marshall Fund of the United States, a déclaré à Bloomberg il y a un mois que la hùte de Washington à préparer tout le monde à un autre conflit majeur pourrait "finir par provoquer la guerre que nous cherchons à éviter".
"L'OTAN devrait ĂȘtre rebaptisĂ©e ASFP : l'Alliance pour les prophĂ©ties auto-rĂ©alisatrices", a tweetĂ© le commentateur Arnaud Bertrand Ă propos des discussions de l'alliance sur TaĂŻwan.
"Une alliance dĂ©fensive ne cherche pas Ă se battre avec un pays dâun autre continent", a tweetĂ© Branko Marcetic, de Jacobin. "Encore une mission classique de l'OTAN - ou, plus exactement, de Washington".
Arnaud Bertrand đŠ@RnaudBertrand - "L'Otan mĂšne ses premiĂšres rĂ©unions dĂ©diĂ©s Ă la menace chinoise sur TaĂŻwan". â L'OTAN devrait ĂȘtre rebaptisĂ©e ASFP : l'Alliance pour les prophĂ©ties auto-rĂ©alisatrices.... - ft.com - 12:18 PM â 30 nov. 2022
Quand on ignore tout le blabla narratif creux, et qu'on réduit vraiment le tout au langage brut des comportements effectifs, l'existence de l'OTAN semble vraiment reposer sur le raisonnement circulaire selon lequel, sans l'OTAN, il n'y aurait personne pour protéger le monde des conséquences des actions de l'OTAN. L'OTAN fait des pieds et des mains pour faire planer des menaces sur les pays puissants, et justifie ensuite son existence en invoquant leurs réactions à ces menaces. C'est un cornet de glace qui se lÚche tout seul, ou, si vous préférez, une chaussure auto-léchante.
Et tout cela se produit au moment oĂč on se rend compte que les nations europĂ©ennes subissent une part beaucoup plus importante du coĂ»t de la guerre par procuration menĂ©e par Washington en Ukraine que les Ătats-Unis, alors que ces derniers en retirent tous les bĂ©nĂ©fices. Dans un article intitulĂ© "L'Europe accuse les Etats-Unis de profiter de la guerre", Politico rapporte:
âDe hauts responsables europĂ©ens sont furieux contre l'administration de Joe Biden et accusent dĂ©sormais les AmĂ©ricains de faire fortune sur cette guerre, alors que les pays de l'UE en pĂątissent.
"Le fait est que, si vous regardez les choses objectivement, le pays Ă qui cette guerre profite le plus est les Ătats-Unis, parce qu'ils vendent plus de gaz, Ă des prix toujours plus Ă©levĂ©s, et parce qu'ils vendent plus d'armements", a dĂ©clarĂ© un haut fonctionnaire Ă POLITICO.
Ces commentaires explosifs - soutenus en public comme en privĂ© par des fonctionnaires, des diplomates et des ministres d'autres pays - font suite Ă la colĂšre croissante en Europe concernant les subventions amĂ©ricaines qui menacent de ruiner l'industrie europĂ©enne.â
Clare Daly đŠ@ClareDalyMEP - "Washington est-il toujours notre alliĂ© ou non ?" La "Commission gĂ©opolitique" et le Bruxelles officiel dans son ensemble n'apprennent apparemment que maintenant ce que les critiques disent depuis le dĂ©but : L'AmĂ©rique n'a pas d'amis ou d'ennemis permanents, seulement des intĂ©rĂȘts. - politico.eu - L'Europe accuse les Ătats-Unis de profiter de la guerre Les responsables de l'UE attaquent Joe Biden au sujet de la flambĂ©e des prix du gaz, des ventes d'armes et du commerce, alors que la guerre de Vladimir Poutine menace de dĂ©truire l'unitĂ© occidentale. - 12:23 PM â 30 nov. 2022
Washington prend des risques extrĂȘmes et provoque la colĂšre de ses alliĂ©s ces temps-ci, car la prĂ©servation de l'hĂ©gĂ©monie unipolaire des Ătats-Unis est en passe de devenir un enjeu crucial. Comme l'explique Ted Snider, d'Antiwar, dans un article rĂ©cent, la guerre par procuration menĂ©e par les Ătats-Unis en Ukraine n'a jamais vraiment portĂ© sur l'Ukraine, ni mĂȘme sur la Russie. Ă long terme, ce bras de fer a toujours concernĂ© la Chine, et la campagne dĂ©sespĂ©rĂ©e de l'empire amĂ©ricain pour prĂ©server sa domination inĂ©galĂ©e sur cette planĂšte.
"La guerre en Ukraine a toujours tournĂ© autour d'objectifs amĂ©ricains plus ambitieux", Ă©crit Snider. "Ce conflit a toujours Ă©tĂ© liĂ© Ă la volontĂ© amĂ©ricaine de maintenir un monde unipolaire dans lequel ils seraient le seul pĂŽle de puissance Ă occuper le centre et siĂ©ger sur le monde.â
"Les Ă©vĂ©nements en Ukraine en 2014 ont marquĂ© la fin du monde unipolaire de l'hĂ©gĂ©monie amĂ©ricaine", poursuit Snider. "La Russie a tracĂ© la limite et s'est affirmĂ©e comme un nouveau pĂŽle dans un ordre mondial multipolaire. C'est pourquoi la guerre dĂ©passe l'Ukraine, selon les termes du dĂ©partement d'Ătat. Elle dĂ©passe l'Ukraine car, aux yeux de Washington, c'est la bataille pour l'hĂ©gĂ©monie amĂ©ricaine."
" Le problĂšme de l'Ukraine est celui de la Russie, et celui de la Russie est celui de la Chine ", Ă©crit Snider. "Le ''problĂšme de la Russie'' est depuis longtemps l'impossibilitĂ© d'affronter la Chine si la Chine entretient des liens avec la Russie : il n'est pas souhaitable de combattre les deux superpuissances en mĂȘme temps. Donc, si l'objectif Ă long terme est de prĂ©venir une contestation du monde unipolaire sous commandement amĂ©ricain par la Chine, il faut d'abord affaiblir la Russie."
Snider cite Lyle Goldstein, professeur invitĂ© Ă l'UniversitĂ© Brown, qui affirme que "pour maintenir leur position hĂ©gĂ©monique, les Ătats-Unis soutiennent l'Ukraine pour mener une guerre hybride contre la Russie... Le but est de toucher la Russie, de contenir l'Europe, de kidnapper des "alliĂ©s", et de menacer la Chine.
Antiwar.com đŠ@Antiwarcom - Il n'a jamais Ă©tĂ© question de l'Ukraine par Ted Snider 20:08 PM â 23 nov. 2022
Alors que le monde est en train de gagner en multipolarité et que la possibilité d'un contrÎle total semble de moins en moins vraisemblable, l'empire lutte comme un boxer en fin de match, qui aurait été au tapis pendant tout le combat : il prend plus de risques, fait des attaques sauvages, préfÚre envisager le KO plutÎt que la défaite.
Nous sommes au point le plus critique de la relation abusive de l'humanitĂ© avec la domination unipolaire amĂ©ricaine, tout comme le point le plus critique de la vie d'une femme battue est le moment oĂč elle essaie de s'Ă©chapper. L'empire est prĂȘt Ă faire des choses terribles et risquĂ©es pour garder le contrĂŽle. "Si je ne peux pas t'avoir, alors personne d'autre non plus" est une phrase qui peut ĂȘtre dite Ă une Ă©pouse, ou au monde entier.
Il faut plus que jamais s'opposer à ces mégalomanes et à leurs parties de poker nucléaire.