🚩 Caitlin Johnstone: Pardon mais, la politique étrangère de Biden, c'est QUOI ??
Quand le journal le plus influent du monde fait de la propagande pour la IIIè guerre mondiale, et que les voix qui prônent vérité, transparence et paix sont marginalisées, réduites au silence.
🚩 Pardon mais, la politique étrangère de Biden, c'est quoi ???
📚 Par Caitlin Johnstone 🐦@caitoz, le 27 septembre 2022
🎧 Écoutez la lecture de cet article: https://soundcloud.com/going_rogue
Le New York Times, qui soutient systématiquement toutes les guerres américaines, a publié une tribune d'un think tanker néoconservateur intitulée "La politique étrangère prudente de Biden nous met en danger".
Il s'agit de Joseph Biden, le président des États-Unis qui n'a cessé de jurer d'entrer en guerre avec la République populaire de Chine si elle attaque Taïwan, et dont l'administration a déversé des milliards de dollars dans une guerre par procuration menaçant le monde en Ukraine, qu'elle a sciemment provoquée, et à laquelle elle n'a aucune stratégie de sortie. Face à la tendance de cette administration à s'engager dans un conflit mondial sur deux fronts différents, on peut affirmer sans risque que Biden mène la politique étrangère la moins frileuse de tous les présidents de l'histoire.
"Au lendemain de la récente menace nucléaire et du rappel des réservistes par Vladimir Poutine, il a été réconfortant de voir le leader du monde libre se montrer inébranlable", écrit l'auteur de l'article, Kori Schake, qui ajoute ensuite: "Toute rhétorique mise à part, l'administration a souligné de diverses façons que les menaces de Poutine ont réduit le soutien à l'Ukraine."
A croire que la perspective d'une guerre nucléaire ne doit pas freiner la guerre par procuration des États-Unis dans ce pays. Comme si la folie du gouvernement américain n'était pas sa politique nucléaire de surenchère avec la Russie, mais sa réticence à aller plus loin.
Tweet du New York Times @nytopinion
"L'écart entre les objectifs de politique étrangère revendiqués par l'administration et ce qu'elle est réellement prête à faire est un problème sérieux pour la sécurité américaine, pour la Russie et au-delà", écrit @KoriSchake. Opinion: La politique étrangère prudente de Biden met en péril les États-UnisNous avons laissé les menaces russes déterminer nos actions, ce qui encourage la Russie et d'autres pays à tester notre détermination. - nyti.ms - 26 septembre 2022
Schake critique notamment ce qui suit : alors que Biden a déclaré qu'une attaque de la RPC sur Taïwan signifierait une guerre ouverte entre les États-Unis et la Chine, l'armée américaine aurait besoin d'un financement bien plus élevé et d'une expansion bien plus large pour être en mesure de gagner une telle guerre, et elle devrait donc absolument s'y atteler au lieu de chercher à éviter de se précipiter dans la troisième guerre mondiale.
"Mais plus graves encore sont les véritables lacunes de moyens qui remettent en question la capacité des États-Unis à défendre effectivement Taïwan", écrit Schake. "Les navires, les troupes, les avions et les défenses antimissiles dans le Pacifique ne sont pas à la hauteur des moyens de la Chine. La directrice du renseignement national, Avril Haines, a estimé que la menace qui pèse sur Taïwan d'ici à 2030 est " élevée ", mais le budget de la défense n'est pas conçu pour fournir des capacités améliorées avant le milieu des années 2030. Plus généralement, l'administration Biden ne finance pas une armée américaine capable de remplir ses engagements en matière de défense, une position dangereuse pour une grande puissance. Le Congrès dirigé par les démocrates a ajouté 29 milliards de dollars l'année dernière et 45 milliards de dollars cette année à la demande de budget du ministère de la défense, ce qui montre à quel point le budget Biden est inadapté."
Alors que Schake discute de l'urgente nécessité d'exploser le budget militaire américain afin de défendre Taïwan, le New York Times néglige de nous informer que l'employeur de Schake, l'American Enterprise Institute (AEI), a été surpris en train d'accepter une petite fortune de la part de l'ambassade de Taïwan tout en pondant des documents exhortant le gouvernement américain à s’organiser pour armer Taïwan. Dans un article de 2013 intitulé "Le donateur étranger secret derrière l'American Enterprise Institute", Eli Clifton, de The Nation, rapporte que, grâce à une erreur de classement de l'AEI, le bureau de représentation économique et culturelle de Taipei s'est avéré être l'un des principaux donateurs du think tank en 2009. Si cette erreur de classement n'avait pas été commise, nous n'aurions jamais rien su de cette information importante sur le conflit d'intérêt flagrant de l'AEI dans son commentaire sur Taïwan.
L'AEI est l'un des think tanks néoconservateurs les plus importants des États-Unis. Il entretient des liens étroits avec des néoconservateurs de l'ère Bush comme John Bolton, Paul Wolfowitz et les familles Kristol et Kagan, et a joué un rôle très actif dans la promotion de la guerre et du militarisme dans la politique étrangère américaine. Dick Cheney siège à son conseil d'administration, et Mike Pompeo y a fêté son premier anniversaire en tant que directeur de la CIA.
CIA @CIA
ICYMI : Le directeur de la CIA célèbre son premier anniversaire lors d'un discours public à l'American Enterprise Institute. - bit.ly/2DH5ufX - 27 janvier 2018
Schake elle-même est aussi intimement liée au complexe militaro-industriel que n'importe qui peut l'être sans pour autant être une cartouche Raytheon au sens propre. Son curriculum vitae illustre parfaitement la vie d'un monstre des marais à politique tournante, depuis un passage au Pentagone jusqu'au circuit universitaire, en passant par le Conseil national de sécurité, l'Académie militaire américaine, le département d'État, la campagne présidentielle McCain-Palin, la Hoover Institution, l'Institut international d'études stratégiques et son poste actuel de directrice des études de politique étrangère et de défense à l'AEI. Toute sa carrière est l'histoire d'une femme qui fait tout ce qu'elle peut pour que plus de gens soient victimes de massacres militaires, et qui en est récompensée par la richesse et le prestige.
Et voici qu'elle se voit accorder un espace dans le New York Times, un média d'une influence inégalée, où les ennemis du militarisme et de l'impérialisme américains se voient systématiquement refuser une tribune, pour nous dire à tous que l'administration Biden nous met en danger non pas par son bellicisme insensé, mais par sa trop grande "prudence".
Parmi les choses les plus dingues dans le monde d'aujourd'hui, il y a la façon dont les Occidentaux sont formés à paniquer en permanence à propos de la propagande russe, pratiquement inexistante en Occident, alors même que nous sommes bombardés chaque jour avec une agressivité extrême par la propagande immensément influente de l'empire centralisé des États-Unis. Vous savez que vous vivez dans une société profondément malade lorsque le journal le plus influent du monde fait de la propagande pour la troisième guerre mondiale, alors que les voix qui prônent la vérité, la transparence et la paix sont marginalisées, réduites au silence, évincées et emprisonnées.