đâđš Ce qui attend Julian Assange fait froid dans le dos
Julian Assange, qui a irrité la Sécurité nationale américaine & vexé quelques journalistes pour avoir tondu leurs platebandes négligées, vient de requérir son dernier appel contre l'extradition.
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đâđš Ce qui attend Julian Assange fait froid dans le dos
Par Binoy Kampmark, le 3 mars 2024
Julian Assange, qui a contrariĂ© lâAmĂ©rique, irritĂ© sa SĂ©curitĂ© nationale & vexĂ© quelques journalistes pour avoir tondu leurs pelouses mal entretenues, bien de requĂ©rir ce qu'on nomme son dernier appel contre l'extradition.
vers les Ătats-Unis. S'il Ă©tait envoyĂ© aux Ătats-Unis, il risquerait une peine de 175 ans de prison pour 18 chefs d'accusation, dont 17 tirĂ©s de l'oppressante loi sur l'espionnage (Espionage Act) de 1917.
Les 20 et 21 fĂ©vrier, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks qui a contrariĂ© l'impĂ©rialisme amĂ©ricain, irritĂ© sa SĂ©curitĂ© nationale et vexĂ© une poignĂ©e de journalistes pour avoir tondu leurs pelouses mal entretenues, a fait ce que l'on considĂšre ĂȘtre son dernier appel pour Ă©viter l'extradition vers les Ătats-Unis. S'il Ă©tait envoyĂ© aux Ătats-Unis, il risquerait une peine de 175 ans de prison pour 18 chefs d'accusation, dont 17 tirĂ©s de l'oppressante loi sur l'espionnage (Espionage Act) de 1917.
Ce qui attend Assange ne manquera pas de susciter la crainte. Bien que les Ătats-Unis aient promis de ne pas recourir aux Mesures Administratives SpĂ©ciales (lui interdire d'utiliser des preuves classifiĂ©es, entraver l'accĂšs Ă un avocat, le maintenir Ă l'isolement), ni de le jeter dans le cauchemar purgatoire d'ADX Florence, une prison supermax rĂ©servĂ©e aux criminels les plus endurcis, ces engagements n'ont aucune valeur.
Depuis 2010, date Ă laquelle quelque 250 000 cĂąbles du dĂ©partement d'Ătat ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur le site WikiLeaks, l'organisation et M. Assange sont dans le collimateur de Washington. Le vice-prĂ©sident de l'Ă©poque, Joe Biden, est allĂ© jusqu'Ă qualifier M. Assange de âterroriste high-techâ. L'administration Obama a constituĂ© un grand jury pour enquĂȘter sur les activitĂ©s de l'organisation, mais a refusĂ© d'engager des poursuites, craignant de crĂ©er un prĂ©cĂ©dent impardonnable et irrĂ©versible. L'administration Trump, poussĂ©e par Mike Pompeo, alors directeur de la CIA, a changĂ© de discours, dĂ©clarant doctement que WikiLeaks est une organisation hostile, un service de renseignement.
Une fois que l'Ă©diteur aura posĂ© le pied sur le sol amĂ©ricain, rien n'empĂȘchera le ministĂšre amĂ©ricain de la Justice d'ajouter de nouveaux chefs d'accusation, dont certains pourraient ĂȘtre passibles de la peine de mort.
La campagne de renvoi et d'expulsion d'Assange de l'ambassade d'Ăquateur a commencĂ© pour de bon. Finalement, avec l'accord de trois gouvernements - les Ătats-Unis, le Royaume-Uni et l'Ăquateur - la police est intervenue pour expulser l'Ă©diteur, qui avait Ă©tĂ© dĂ©crit par le secrĂ©taire d'Ătat britannique aux affaires Ă©trangĂšres, Alan Duncan, comme âun misĂ©rable petit verâ. La prison, l'acte d'accusation et la demande d'extradition ont suivi en quelques heures.
Depuis lors, le monde a assistĂ© Ă un spectacle d'une monstrueuse injustice. Le fondateur de WikiLeaks est un prisonnier politique qui s'est vu refuser une libĂ©ration sous caution en 2021 et reste Ă la prison de Belmarsh, malade et isolĂ©. En 2019, le rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, a constatĂ© qu'Assange prĂ©sentait âtous les symptĂŽmes typiques d'une exposition prolongĂ©e Ă la torture psychologiqueâ.
Les tribunaux ont montrĂ© Ă plusieurs reprises qu'ils faisaient confiance aux garanties donnĂ©es par le gouvernement amĂ©ricain tout en refusant de prendre en compte le tableau plus large de la persĂ©cution politique d'Assange. Dans sa dĂ©cision de dĂ©cembre 2021, la High Court a estimĂ© que le risque de suicide de l'Ă©diteur pouvait ĂȘtre rĂ©duit de maniĂšre satisfaisante sous la garde de Washington. Il est absurde de penser que M. Assange puisse ĂȘtre en sĂ©curitĂ© de quelque maniĂšre que ce soit, Ă©tant donnĂ© que la communautĂ© du renseignement et divers responsables amĂ©ricains ont envisagĂ© de l'enlever, voire de l'assassiner. NĂ©anmoins, les juges n'ont pas
âreconnu que les Ătats-Unis avaient refusĂ©, pour des raisons tactiques, d'offrir des garanties Ă un stade antĂ©rieur, ou qu'ils avaient agi de mauvaise foi en choisissant de ne les prĂ©senter qu'au stade de l'appelâ.
La dĂ©cision des trois juges de la Cour suprĂȘme en mars 2022 a refusĂ© d'envisager un examen complet de l'affaire, car la demande nâaurait pas soulevĂ© de point de droit dĂ©fendable. La dĂ©cision rendue le 6 juin 2023 par le juge de la High Court Jonathan Swift a Ă©tĂ© peu explicite et peu circonstanciĂ©e dans le rejet d'une contestation similaire.
âUn appel en vertu de la loi sur l'extradition de 2003â, a-t-il Ă©crit avec rĂ©probation, ân'est pas l'occasion d'une rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale de toutes les questions abordĂ©es lors des audiences d'extraditionâ.
Le gouvernement australien d'Albanese a fait de timides tentatives pour obtenir une résolution de l'affaire. Mais les obligations d'AUKUS et l'alliance militaro-sécuritaire entre Canberra et Washington ont pris le dessus. Le 14 février 2024, le Parlement australien a adopté une motion historique proposée par le député indépendant Andrew Wilkie, exigeant la libération de Julian Assange et son retour en Australie.
âLe dĂ©lit dont il est accusĂ©, en fin de compte, est d'avoir dit la vĂ©ritĂ© au public sur la conduite Ă©pouvantable de l'armĂ©e amĂ©ricaine lors de l'invasion illĂ©gale de l'Irakâ, a expliquĂ© le chef de file des Verts, Adam Bandt.
La motion, qui incluait le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a été adoptée par 86 voix.
A cette motion s'ajoutent la lettre de 75 parlementaires allemands demandant la libĂ©ration de Julian Assange et la rĂ©solution 934 de la Chambre des reprĂ©sentants des Etats-Unis demandant âque les Etats-Unis abandonnent toutes les charges contre Julian Assange et toutes les tentatives d'extraditionâ.
Si ce dernier jugement va Ă l'encontre d'Assange, l'observation de Wilkie est difficilement contestable.
âSi M. Assange est extradĂ© vers les Ătats-Unis, il s'agira d'une attaque directe contre la libertĂ© des mĂ©dias, car un prĂ©cĂ©dent redoutable aura Ă©tĂ© Ă©tabli pour tous les journalistes, qui risqueront eux aussi d'ĂȘtre enfermĂ©s, simplement pour avoir fait leur travailâ.
L'auteur a été boursier du Commonwealth au Selwyn College de Cambridge. Il enseigne actuellement à l'université RMIT. bkampmark@gmail.com
https://heartofasia.af/what-lies-ahead-for-julian-assange-is-bound-to-make-anyone-squeamish/