đâđš Censure des mĂ©dias & atteintes aux libertĂ©s de la presse : GĂ©nocide Ă Gaza, Julian Assange
Une annĂ©e Ă©lectorale s'annonce & il faut s'assurer de ne pas exposer Joe Biden Ă des critiques indĂ©sirables. Couvrir lâaffaire Julian Assange, ou encore Gaza ne fait surtout pas partie des prioritĂ©s.
đâđš Censure des mĂ©dias & atteintes aux libertĂ©s de la presse : GĂ©nocide Ă Gaza, Julian Assange
L'émission officielle de Project Censored, avec Abby Martin et Kevin Gosztola, le 11 décembre 2023
C'est une annĂ©e Ă©lectorale qui s'annonce, et il faut s'assurer de ne pas exposer Joe Biden Ă des critiques indĂ©sirables. Couvrir lâaffaire de Julian Assange, ou encore Gaza ne fait surtout pas partie des prioritĂ©s.
Le premier invitĂ© de Mickey, la journaliste Abby Martin de The Empire Files, explique comment les grands mĂ©dias ont soigneusement Ă©vitĂ© de prĂ©senter les atrocitĂ©s de lâattaque israĂ©lienne contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, et les annĂ©es d'oppression dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Elle Ă©voque Ă©galement les consĂ©quences tragiques de ces attaques, si souvent passĂ©es sous silence dans la presse occidentale. Dans la seconde partie de l'Ă©mission, Kevin Gosztola, auteur de Guilty of Journalism, fait le point sur les dĂ©veloppements juridiques et politiques autour de l'affaire de l'extradition de Julian Assange, nous rappelle ce que cela signifie pour les libertĂ©s de la presse dans le monde, et Ă©value la couverture rĂ©cente de l'histoire d'Assange dans les principaux mĂ©dias.
Abby Martin est une journaliste et cinéaste indépendante primée, fondatrice de The Empire Files et de Media Roots. Elle a réalisé de nombreux reportages sur l'impérialisme et la Palestine, et a produit un documentaire, Gaza Fights For Freedom, en 2019. Son nouveau film, Earth's Greatest Enemy, sortira l'année prochaine.
Kevin Gosztola est directeur de la rédaction du site d'information Shadow Proof et rédacteur en chef de The Dissenter. Il a couvert les procédures judiciaires de WikiLeaks et de Julian Assange au Royaume-Uni depuis le début, ainsi que d'autres affaires importantes concernant la liberté de la presse et les lanceurs d'alerte. Son dernier livre s'intitule Guilty of Journalism : The Political Case Against Julian Assange.
Vidéo de l'entretien avec Abby Martin :
Vidéo de l'entretien avec Kevin Gosztola :
Transcription de l'entretien avec Abby Martin
Mickey Huff : Bienvenue au Project Censored Show sur Pacifica Radio. Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir Abby Martin. Abby est une journaliste anti-impérialiste indépendante, animatrice des Empire Files et de Media Roots Radio.
Elle est Ă©galement la rĂ©alisatrice de Gaza Fights for Freedom et du prochain Earth's Greatest Enemy. Nous en reparlerons peut-ĂȘtre plus tard dans notre conversation, mais nous consacrerons certainement une sĂ©quence entiĂšre Ă ce nouveau film lorsqu'il sortira au dĂ©but de l'annĂ©e prochaine. Abby Martin, bienvenue dans Project Censored Show.
Abby Martin : C'est un plaisir d'ĂȘtre ici. Merci de m'avoir invitĂ©e, Mickey.
Mickey Huff : C'est toujours un plaisir de vous retrouver, vous faites toujours beaucoup dans le domaine du journalisme indĂ©pendant et des initiatives et efforts anti-impĂ©rialistes, et bien sĂ»r, votre film Gaza Fights for Freedom traite d'un sujet qui prĂ©occupe beaucoup en ce moment, En prĂ©ambule, je dirais que si plus de gens avaient vu votre film et sâĂ©taient familiarisĂ©s avec l'histoire de ces luttes, la situation pourrait ĂȘtre bien diffĂ©rente de celle que nous connaissons actuellement, et le peuple palestinien pourrait ĂȘtre dans une meilleure situation, mais la propagande occidentale a jouĂ© un rĂŽle important dans ce dĂ©fi. Il est certain que le soutien unilatĂ©ral aux politiques israĂ©liennes de droite remonte Ă des dĂ©cennies. Abby, vous travaillez avec des personnes qui vivent sur place.
Et le journalisme que vous pratiquez est vraiment du journalisme de terrain, en parlant Ă ceux qui sont au coeur des Ă©vĂšnements. Ils vivent ce dont ils parlent, et ne sont pas sur NPR dans un hĂŽtel Tony Ă JĂ©rusalem, tĂ©lĂ©phonant et parlant de tout ce qui se passe alors qu'ils n'en nâont aucune idĂ©e.
Abby Martin, peut-ĂȘtre pouvez-vous partager un peu d'informations sur lâhorrible tragĂ©die en cours.
Abby Martin : Gaza se bat pour la libertĂ©, et pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, je recommande vraiment Ă tous de jeter un coup d'Ćil Ă Gazafightsforfreedom.com. Il est disponible dans beaucoup de langues diffĂ©rentes, et câest gratuit. Vous y trouverez un contexte essentiel et crucial Ă ce qui se passe en ce moment, parce que, bien sĂ»r, nous savons vous et moi que l'histoire n'a pas commencĂ© le 7 octobre. Il faut comprendre le contexte crucial et non, ce n'est pas compliquĂ©.
Il ne s'agit pas d'une ancienne bataille religieuse ni d'une guerre entre deux entitĂ©s Ă©gales. Il s'agit d'une guerre menĂ©e par IsraĂ«l contre un peuple qu'il emprisonne. La façon dont les mĂ©dias occidentaux ont interprĂ©tĂ© et analysĂ© la situation est fascinante. Vous savez, Gaza est un endroit composĂ© en grande partie de rĂ©fugiĂ©s Ă qui on interdit de quitter leurs terres ancestrales, juste de l'autre cĂŽtĂ© de cette clĂŽture frontaliĂšre fortifiĂ©e. Les autoritĂ©s israĂ©liennes se sont autorisĂ©es Ă tirer pour tuer si vous vous approchez trop de la clĂŽture, elles contrĂŽlent qui entre et qui sort, et c'est pourquoi vous entendez les ministres israĂ©liens dire, quâils vont transformer ce blocus illĂ©gal de 17 ans oĂč ils ne permettent dĂ©jĂ qu'une certaine quantitĂ© de carburant, d'eau et de nourriture Ă entrer dans lâenclave au jour le jour.
DĂ©sormais, le siĂšge de Gaza sera total, car, je cite, âce sont des animaux. Et nous devons les traiter en consĂ©quenceâ, fin de citation. C'est pourquoi vous voyez une rhĂ©torique gĂ©nocidaire explicite mise Ă nu.
Juxtaposez cela avec les actions rĂ©elles, le bombardement de zones densĂ©ment peuplĂ©es oĂč vivent, et ils le savent, un grand nombre de civils, alors que le Hamas est en fait sous terre dans les tunnels. Ils bombardent donc des hĂŽpitaux, des mosquĂ©es, des camps de rĂ©fugiĂ©s, des abris et des Ă©coles d'une maniĂšre totalement barbare, une stratĂ©gie de seconde Nakba, pour terroriser tout le monde, faire fuir et expulser lâensemble des survivants de Gaza afin de pouvoir la recoloniser. Telle est la rĂ©alitĂ©. Dans Gaza Fights for Freedom, nous avons vu ce qui se passe lorsque les Palestiniens protestent pacifiquement, comme leur emprisonnement, et nous avons vu des dizaines de milliers de personnes se rendre prĂšs de cette clĂŽture frontaliĂšre artificielle et se faire faucher par les snipers israĂ©liens.
Des milliers de Palestiniens ont perdu la vie au cours de ces quelques mois de la Grande Marche du Retour. Ils visaient les personnes handicapées, les enfants, les médecins et les journalistes. Les gens ne comprennent pas comment un tireur d'élite peut mettre un enfant en joue, et appuyer sur la gùchette.
C'est ce qui se passe quand on déshumanise complÚtement des générations entiÚres. Cette propagande va de la naissance à la mort. Mes amis et collÚgues qui sont sur le terrain à Gaza et qui ne peuvent pas partir, tous ceux qui travaillent, tous ceux qui ont travaillé sur le documentaire, sont bouleversés par ce qui leur arrive.
Mickey Huff : Les chiffres ont presque doublé en une semaine.
Abby Martin : Il est incompréhensible que l'ensemble de la communauté journalistique dans le monde ne se lÚve pas en bloc devant l'horreur la plus totale, pour dénoncer Israël. Soit les gens sont passifs, soit trop lùches, soit il y a un déni profond de la réalité de ce qui se passe.
Les territoires occupés sont en fait l'endroit le plus dangereux au monde pour un journaliste. Et que l'ensemble de la communauté journalistique mondiale ne soit pas complÚtement indignée en dit long.
Mickey Huff : Concentrons-nous un peu plus sur les biais utilisĂ©s pour cadrer et façonner les messages. Lorsque nous essayons de nous concentrer sur les mĂ©dias, nous ne pouvons pas ignorer que si on dit quoi que ce soit dâun tant soit peu critique Ă l'Ă©gard du gouvernement israĂ©lien, on tombe dans ce piĂšge antisĂ©mite bizarre.
Les gens vont trÚs vite répliquer et dire, eh bien, vous n'avez rien dit à propos des 4 journalistes qui tués, des journalistes israéliens.
Au fond, et vous l'avez dit tout Ă l'heure, que ce n'est pas vraiment une guerre. C'est un assaut totalement dĂ©sĂ©quilibrĂ© contre des gens qui n'ont pas les moyens de fie dĂ©fendre, ou mĂȘme d'aller ailleurs.
Abby Martin : Ces gens sont en cage, le Hamas n'a pas d'armĂ©e de l'air. Il n'a pas de vĂ©hicules militaires. Il n'a pas d'armĂ©e officielle dotĂ©e d'un armement de haute technologie. Alors quand on parle de guerre, la description quâIsraĂ«l fait de la guerre est caricaturale. IsraĂ«l se contente de bombarder et de raser une bande de terre de 25 kilomĂštres de long oĂč vivent un million d'enfants.
Avec des armes de haute technologie livrĂ©es par le gouvernement amĂ©ricain, des missiles d'enfer qu'ils larguent dĂ©libĂ©rĂ©ment et par milliers sur des immeubles d'habitation remplis d'enfants. C'est fou. Et ce que mes amis me disent est absolument insensĂ©. Ahmed Artema, qui Ă©tait l'un des principaux organisateurs de la Grande Marche du Retour, a dĂ©clarĂ© : âIsraĂ«l dispose d'une base de donnĂ©es complĂšte sur tous les habitants de Gaza.â Ils ont des espions sur le terrain. Ils savent, ils connaissent l'infrastructure de chaque bĂątiment. C'est pourquoi ils ciblent ce qu'ils prĂ©tendent ĂȘtre des cibles du Hamas, n'est-ce pas ? Et c'est ce qu'ils nous disent alors qu'en rĂ©alitĂ©, il ne s'agit que d'infrastructures civiles, de bureaux de presse, ou de tout ceux qu'ils considĂšrent comme des affiliĂ©s du Hamas, c'est-Ă -dire tout ce qui constitue l'infrastructure des services gouvernementaux dans la bande de Gaza.
Mon ami, Ahmed Artema, a vu sa maison prise pour cible et bombardée. Son enfant de 10 ans a été tué, et il est à l'hÎpital, brûlé au deuxiÚme degré, avec ses deux autres enfants. C'est le Gandhi palestinien. Les manifestants palestiniens non violents sont systématiquement assassinés, ainsi que tous les journalistes, parce que vous ne voulez pas que la vérité soit dite.
Les deux autres vidĂ©astes qui ont travaillĂ© sur le film sont devenus des sans-abri. Les deux frĂšres de l'un d'eux ont Ă©tĂ© assassinĂ©s et ils n'ont nulle part oĂč aller. Ils errent sans but. Et les snipers israĂ©liens sont perchĂ©s partout et tirent sur tous ceux qui tentent de retourner dans le nord.
C'est donc la réalité la plus disproportionnée et la plus déséquilibrée qu'on nous raconte, et l'ensemble de la presse occidentale se contente de jouer les sténographes. Malgré les horreurs dont nous parlons, malgré les assassinats ciblés de journalistes, malgré le fait que plus de travailleurs de l'ONU ont été tués que de commandants du Hamas. Qu'est-ce que cela nous dit sur la réalité de la situation et sur cette voix passive des médias ?
Mickey Huff : Parlez-nous un peu plus de cela, parce que le passĂ© est un prologue, le fait qu'ils ciblent des journalistes, comme vous venez de le dire, n'est-ce pas ? Je ne peux m'empĂȘcher de penser Ă Shireen Abu Akleh, victime des Forces de dĂ©fense israĂ©liennes l'annĂ©e derniĂšre, une journaliste qui a travaillĂ© 25 ans pour Al Jazeera, Palestinienne amĂ©ricaine. Une journaliste amĂ©ricaine d'origine palestinienne a Ă©tĂ© spĂ©cifiquement ciblĂ©e et assassinĂ©e.
Je comprends que le brouillard de la guerre et l'attaque du Hamas du 7 octobre aient mis les gens en colÚre, mais ce genre de choses se produit depuis trÚs, trÚs longtemps. C'est délibéré. Ils n'ont pas tué 15 000 Palestiniens en huit semaines par hasard, vous savez, ces politiques sont en place depuis longtemps, qu'il s'agisse de la directive Hannibal, ou de l'idée de tirer sur des journalistes ou de cibler des enfants.
Abby Martin : C'est un Ătat complĂštement voyou. C'est ça le problĂšme. On peut parler d'antisĂ©mitisme toute la journĂ©e, mais cela sonne vraiment faux. Cela ne sonnera jamais juste. Ce n'est qu'une tactique pour essayer de dĂ©tourner l'attention, et de mettre sur la dĂ©fensive tous ceux qui sont opposĂ©s au racisme, dâautant que lâantisĂ©mitisme existe vraiment.
Mickey Huff : Et cela détourne l'attention, n'est-ce pas ? On stigmatise les mauvaises personnes
Abby Martin : Dépeindre tous les manifestants solidaires avec la Palestine, tous les activistes et tous les citoyens concernés comme des antisémites, cela a fait taire tout le monde et les pousse à se défendre et à dire, Oh, non, non, non, je me soucie vraiment de la justice et des droits de l'homme.
Dâautant quand on voit qu'une grande partie des activistes pro-Palestine aujourd'hui est juive. Des laĂŻcs et religieuses. On les voit participer Ă des actions des plus directes, dans tout le pays pour dire âpas en mon nomâ, âplus jamais çaâ. Plus jamais, c'est maintenant. Alors, quand Avi Mayer, le rĂ©dacteur en chef du Jerusalem Post, Ă©crit des articles d'opinion sur le fait que vous n'ĂȘtes plus juif, que vous abjurez votre judaĂŻsme, que vous dĂ©noncez votre judaĂŻsme parce que vous participez Ă ces manifestations, cela montre le niveau de dĂ©sespoir du gouvernement israĂ©lien, qui a confondu une belle religion pacifique avec un monstrueux Ătat colonial basĂ© sur le nettoyage ethnique. C'est vraiment terrible. Et malheureusement, l'antisĂ©mitisme et l'islamophobie sont en hausse. C'est indĂ©niable, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Et nous assistons aux sanctions pleuvant sur des activistes juifs sur les campus, pour essayer de les interdire, voilĂ ce dont il s'agit vraiment.
Il s'agit de protéger Israël, et non nde lutter contre l'antisémitisme. Et c'est grotesque parce qu'il y a un véritable antisémitisme.
Mickey Huff : Cette question ne vous est pas étrangÚre, parce qu'il y a quelques années, nous avons écrit sur ce qui s'était passé lors d'une conférence sur l'éducation aux médias autour des questions de BDS, des questions de boycott, de désinvestissement et de sanctions en Géorgie.
Abby Martin : C'est la raison pour laquelle les reprĂ©sentants du gouvernement israĂ©lien au consulat ont fait du porte-Ă -porte pour tous ces Ătats. L'amalgame entre l'antisĂ©mitisme et la libĂ©ration de la Palestine a effrayĂ© beaucoup de gens, de mĂȘme que la forte influence du lobby de l'AIPAC, parce que c'est ce qui intĂ©resse les politiciens, le pouvoir et l'argent.
Ainsi, lorsque vous faites exposez ces choses aux politiciens, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi ils ont tous été effrayés et se sont soumis. Avec cette sorte de notion caricaturale selon laquelle chanter de la riviÚre à la mer signifie tout ce que le lobby israélien veut bien dire, au lieu d'appeler explicitement à la liberté des peuples opprimés.
C'est scandaleux de constater le détachement de la classe dirigeante vis-à -vis des électeurs de ce pays, alors que l'écrasante majorité des deux partis souhaite un cessez-le-feu permanent. C'est pourquoi vous voyez tant d'actions directes, tant de protestations et cette énorme vague de mobilisation parce qu'il faut des actions spectaculaires, sinon personne ne les prend au sérieux puisque les médias ne font pas leur travail.
Les gens font beaucoup pour essayer de faire circuler l'information et se mettent en danger pour essayer de faire ce qui est juste et de faire bouger les choses.
Mickey Huff : Revenons à ce qui se passe en Israël et en Palestine et à l'augmentation ou au pic d'attention qu'ils suscitent.
Abby Martin : Il semble que les gens dĂ©veloppent un peu plus de curiositĂ©, parce qu'ils n'en savaient peut-ĂȘtre pas assez sur le conflit.
Et ce qui est intéressant, c'est que les films sur la Palestine ne manquent pas, mais avec une grave pénurie de films sur la Palestine de la perspective palestinienne. Parce qu'on tourne beaucoup autour du pot. On parle beaucoup avec beaucoup de fausses équivalences.
Ainsi, si vous montez un documentaire, vous verrez gĂ©nĂ©ralement que l'on essaie de passer sous silence la rĂ©alitĂ© et la nature horrifiante de l'occupation et du siĂšge de Gaza. beaucoup de zones dâombre occultent la vĂ©ritĂ© pure et simple. J'ai entendu de nombreuses personnes dire, Ă propos du conflit, que Gaza Fights for Freedom est un excellent outil militant pour Ă©veiller les esprits Ă la perspective palestinienne et Ă l'histoire palestinienne. J'ai travaillĂ© avec un groupe de journalistes pendant le blocus. Ils se sont filmĂ©s eux-mĂȘmes de la maniĂšre dont ils voulaient ĂȘtre dĂ©peints.
Il y a dâautres films, comme ce documentaire sur la Grande Marche du Retour, qui montre des Palestiniens clandestins, des extrĂ©mistes parmi des dizaines de milliers de personnes, pour dĂ©peindre la marche comme un mensonge total. Mon documentaire montre la rĂ©silience, la bravoure, lâaudace. Il fait entendre des femmes en premiĂšre ligne, des voix de femmes dont vous n'auriez jamais cru qu'elles puissent ĂȘtre si fortes et si centrales dans la sociĂ©tĂ© gazaouie. Il n'y a pas que le Hamas, il y a tant d'autres factions politiques Ă Gaza que l'on dĂ©peint de maniĂšre caricaturale comme Ă©tant exclusivement dirigĂ©es par le Hamas. C'est pourquoi des gens comme Joe Biden disent ne pas croire pas les informations provenant de Gaza, parce qu'il prĂ©tend que c'est le ministĂšre de la santĂ© du Hamas. Or, il ne s'agit que du gouvernement, un gouvernement qui n'a auparavant jamais Ă©tĂ© mis en cause lorsqu'il s'agissait d'annoncer le nombre de morts ou de blessĂ©s.
Alors pourquoi les remettre en question maintenant ? Si quelque chose doit ĂȘtre remis en question, c'est bien le gouvernement israĂ©lien, et la plus vaste et la plus horrible des opĂ©rations de propagande. Le film en parle, il parle de la mosaĂŻque de factions politiques.
Et la Cisjordanie. Il n'y a pas de gouvernance du Hamas là -bas. C'est une entité qui collabore. L'Autorité palestinienne travaille main dans la main avec le gouvernement israélien. Et cela ne concerne qu'une petite partie de la Cisjordanie.
La grande majoritĂ© de la Cisjordanie est soumise Ă une occupation militaire policiĂšre oĂč il est interdit de brandir un drapeau.
Une jeune fille qui vient d'ĂȘtre libĂ©rĂ©e dans le cadre de l'Ă©change de prisonniers a Ă©tĂ© emprisonnĂ©e pendant trois ans parce qu'elle avait postĂ© un drapeau palestinien sur Facebook. Telles sont les restrictions politiques auxquelles sont soumis les Palestiniens. Trois millions de personnes vivant en Cisjordanie ne peuvent pas afficher la fiertĂ© d'ĂȘtre palestiniennes.
Ils ne peuvent pas se rĂ©jouir d'ĂȘtre Palestiniens. En fait, les autoritĂ©s israĂ©liennes, lorsqu'elles ont libĂ©rĂ© la centaine de prisonniers, ont interdit toute cĂ©lĂ©bration de la part de leur famille, prĂ©tendant cela constituerait une incitation au terrorisme.
Il y a des vidĂ©os montrant des Palestiniens se tenant devant leur maison et se faisant tirer dessus, et les autoritĂ©s israĂ©liennes ne laissent mĂȘme pas les ambulances accĂ©der Ă leurs corps. Ils ont libĂ©rĂ© des prisonniers, bien que la grande majoritĂ© d'entre eux n'a jamais Ă©tĂ© inculpĂ©s. IsraĂ«l est le seul pays au monde Ă avoir des tribunaux militaires pour les enfants. Mais il est rare qu'ils passent devant un tribunal militaire et qu'ils soient inculpĂ©s et condamnĂ©s, ce sont des tribunaux fantoches, oĂč le taux de condamnation est de 99 %, mais ceux qui n'ont pas Ă©tĂ© inculpĂ©s croupissent dans ce qu'on appelle la dĂ©tention administrative, qui peut ĂȘtre renouvelĂ©e arbitrairement tous les six mois, et vous pouvez rester en prison pendant des annĂ©es, tel un enfant de cinq ans qui a jetĂ© un caillou.
Et si vous ĂȘtes condamnĂ©, vous pouvez ĂȘtre envoyĂ© en prison pendant 20 ans pour avoir jetĂ© une pierre. VoilĂ le genre de nature cruelle et oppressive dont nous parlons en Cisjordanie, oĂč il n'y a pas le Hamas, oĂč l'armĂ©e israĂ©lienne est libre de faire ce qu'elle veut. Il s'agit d'humiliation et de contrĂŽle.
Mickey Huff : C'est unilatĂ©ral. Quelques fissures ont lĂ©zardĂ© ce systĂšme au cours du mois dernier. Certains grands journaux et grandes chaĂźnes d'information aux Ătats-Unis couvrent un peu mieux ce qui arrive aux Palestiniens que par le passĂ©, mais comme ils le faisaient trĂšs peu, c'est loin d'ĂȘtre le genre de couverture dont le public amĂ©ricain a besoin pour comprendre l'histoire.
Que pensez-vous que nous puissions faire, en tant que journalistes, pour amener les gens à comprendre ces questions complexes ? Les gens qui ont été imprégnés par tant de décennies de récits façonnés. Tout ce qui semble différent leur paraßt suspect.
Comment briser cela ? Comment parler aux gens pour leur faire comprendre qu'elles sont peut-ĂȘtre mal informĂ©es sur ces questions ?
Abby Martin : J'ai bien pris conscience de lâenracinement de la propagande israĂ©lienne, ayant Ă©tudiĂ© la propagande pendant 15 ans.
J'ai Ă©tudiĂ© la façon dont l'empire amĂ©ricain dĂ©ploie sa propagande dans le monde entier pour fabriquer une certaine image de ses ennemis et de ses alliĂ©s. Et la propagande israĂ©lienne a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e Ă cette propagande. Lâhistoire de la flottille pour Gaza a Ă©tĂ© ce qui m'a vraiment fait prendre conscience . Vous savez, nous, les mĂ©dias d'entreprise, avons diffusĂ© des vidĂ©os montrant que les Forces israĂ©liennes avaient raison d'exterminer un grand nombre de personnes qui n'Ă©taient pourtant que des militants pacifistes, apportant de l'aide Ă Gaza sur un bateau dans les eaux internationales. Des commandos israĂ©liens ont abordĂ© le bateau et ont exĂ©cutĂ© plusieurs personnes.
Puis ils ont dĂ©peint ces militants sur le bateau, essayant de repousser les commandos israĂ©liens qui venaient dâassassiner leurs amis avec des tables et des chaises, et ils ont Ă©tĂ© encerclĂ©es car on les disait armĂ©s. Je me souviens avoir regardĂ© ces images en 2010 en me disant que c'Ă©tait vraiment bizarre. Et depuis, je suis trĂšs attentive Ă la façon dont tout cela fonctionne.
C'est fait vraiment insidieusement. Qu'il s'agisse, par exemple, de l'Ă©change de prisonniers : Ă©coutez quelque chose d'aussi simple que des âenfants israĂ©liensâ. C'est vrai. Des enfants israĂ©liens sont retenus en otage. C'est horrible. Tous les otages devraient rentrer chez eux, bien sĂ»r. Puis, du cĂŽtĂ© palestinien, on a parlĂ© de personnes ĂągĂ©es de 17 ans et moins.
Et je me suis dit : âAttendez, ce ne sont pas des enfants ?â C'est tellement insidieux.
Ou comme, ou par exemple, le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontiÚres, qui ont publié un rapport disant, oui, Israël cible et tue délibérément des journalistes.
L'exemple le plus flagrant a été le plus horrible, pour moi.
Il s'agit du bombardement de l'hĂŽpital Ahli Arab, l'attaque qui a fait le plus grand nombre de morts dans l'histoire palestinienne, Ă savoir 500 personnes massacrĂ©es par l'attaque aĂ©rienne israĂ©lienne. Comme l'opinion internationale a rĂ©agi aprĂšs avoir appris le nombre de morts, IsraĂ«l a immĂ©diatement imputĂ© l'attaque Ă un missile errant du Jihad islamique, sans s'attarder sur les preuves, l'Ă©crasante quantitĂ© de preuves qui montraient en fait quâIsraĂ«l en Ă©tait responsable. Tout le monde a commencĂ© Ă se demander qui avait vraiment tirĂ©, qui avait vraiment fait ça ?
Ătait-ce islamique ? Il s'agissait donc de compliquer les choses Ă l'extrĂȘme pour faire croire que les Palestiniens avaient la capacitĂ© de tuer autant de personnes, ce qui, dans l'histoire de la guerre, n'est jamais arrivĂ©.
Et IsraĂ«l a publiĂ©, pour mieux convaincre, un enregistrement audio trafiquĂ© de militants du Djihad islamique se parlant entre eux, dont Channel 4 prouvĂ© qu'il s'agissait d'un faux. Ma question est donc la suivante : ils auraient probablement pu s'en tirer en prĂ©tendant qu'il s'agissait d'un missile errant, avec une presse occidentale complaisante qui s'est emparĂ©e de ces affirmations, mais ils n'ont pas pu s'empĂȘcher de le faire.
Tout comme pour le massacre de la flottille, lorsqu'ils ont publiĂ© l'enregistrement audio trafiquĂ©, prĂ©tendant que les personnes Ă bord du navire Ă©taient antisĂ©mites et mĂ©ritaient d'ĂȘtre exĂ©cutĂ©es, ce qui s'est avĂ©rĂ© ĂȘtre un faux. Peu importe donc les preuves existantes.
Cela montre simplement la marche Ă suivre. C'est la mĂȘme chose avec l'hĂŽpital Al Shifa qui a publiĂ© ces compte-rendus 3D gĂ©ants, ressemblant au complexe de Torah Bora d'Oussama ben Laden lorsque Donald Rumsfeld a dĂ©ployĂ© la carte gĂ©ante de la forteresse d'Oussama ben Laden.
Tout cela pour essayer de justifier quâils vont envahir et bombarder un hĂŽpital.
Mickey Huff : Vous et moi ne sommes peut-ĂȘtre pas surpris par le niveau extraordinaire d'efforts dĂ©ployĂ©s pour contrĂŽler le rĂ©cit et produire de la propagande. Mais il est vrai que c'est aussi quelque chose de trĂšs difficile Ă expliquer, parce que l'argument premier est d'essayer de convaincre que vous ne faites pas partie de la campagne de propagande.
Ils sont obligĂ©s de reconnaĂźtre ce qu'ils n'ont jamais reconnu. En soi, c'est rĂ©vĂ©lateur, si mĂȘme ces entitĂ©s sont en train de se fissurer. Cela suggĂšre qu'il y a un changement possible. Je sais que nous n'avons plus le temps. Mais j'aimerais au moins avoir votre avis sur les possibilitĂ©s de changement, et de l'Ă©largissement de certaines de ces fissures dans la perception du public afin d'amener les gens Ă voir plus clairement ce qui se passe, et mettre fin Ă tant de carnage.
Abby Martin : Je dĂ©cĂšle des signes de vĂ©ritĂ© sur les rĂ©seaux sociaux. Et cela me donne de l'espoir, tout au moins une lueur d'espoir parce que CNN, vous savez, doit tout faire approuver dâavance par lâarmĂ©e israĂ©lienne.
Sinon, nous ne pourrions pas les diffuser. Lorsque l'hĂŽpital Al Shifa a Ă©tĂ© pris d'assaut et que les soldats israĂ©liens lâont envahi et ont tuĂ© jusque dans les unitĂ©s de soins intensifs, puis ont fait fuir tous les patients, ils nous ont dit que lââhĂŽpital abritait un Ă©norme centre de commandement, et que cela justifiait tout ce qui sây est passĂ©.
Et mĂȘme CNN a dĂ» admettre que les armes prĂ©tendument dĂ©couvertes correspondaient Ă une mise en scĂšne.
Il peut y avoir, encore une fois, un dĂ©ni profond et la peur des rĂ©percussions sur les journalistes en toute impunitĂ©. Cela joue un rĂŽle, en particulier lorsque vous accompagnez lâarmĂ©e sur le terrain, la peur existe qu'ils peuvent s'en tirer, qu'ils vous tuent, vous aussi.
Mais en mĂȘme temps, on voit des fissures apparaĂźtre et on voit des gens curieux, comme Christiane Amanpour qui a interviewĂ© l'ancien premier ministre israĂ©lien. Il lui a rĂ©pondu quâIsraĂ«l avait lui-mĂȘme construit le bunker sous l'hĂŽpital Al Shifa dans les annĂ©es quatre-vingt-dix. Et elle a dit : âUne seconde,, vous dites que c'est vous qui avez construit le bunker ?â.
Les responsables israĂ©liens n'essayaient mĂȘme plus de cacher la nature de ce qu'ils font. Les journalistes amĂ©ricains se fond des nĆuds au cerveau pour essayer de les excuser. C'est pourquoi les responsables israĂ©liens dĂ©rapent parfois et disent des chose quâils ne voulaient pas vraiment dire Ă un public amĂ©ricain.
Que peuvent faire les gens ? Vous savez, pour la gĂ©nĂ©ration Z et les Millennials, la conscience est en train dâĂ©voluer complĂštement. Et la mĂ©fiance Ă l'Ă©gard des mĂ©dias d'entreprise est consommĂ©e. Il n'y a aucune confiance en les mĂ©dias institutionnels ou l'establishment politique.
Et c'est là que réside l'espoir de la jeunesse de ce pays.
En général, lorsqu'il y a uniformité dans les médias corporatistes, subventionnés par les entreprises de la Défense, c'est que des vérités sont cachées. C'est donc à nous de suivre les médias indépendants comme Electronic Intifada, Mondoweiss, des journalistes comme David Sheen, qui vivent en Israël et traduisent en temps réel la ferveur et l'incitation racistes des médias israéliens.
Nous devons nous familiariser avec les médias indépendants, rechercher des sources, car c'est tout ce que nous pouvons faire. Il n'y a pas d'espoir dans l'appareil médiatique des entreprises. C'est bien qu'une partie de la vérité soit révélée, mais nous ne pouvons pas compter sur leur moralité ou leur crédibilité pour faire le travail, car nous savons quels sont leurs objectifs et qui ils servent, à savoir la classe dirigeante.
Ils ne sont qu'un appendice de la classe dirigeante. C'est donc lĂ que notre travail intervient, en tant que journalistes dâinvestigation indĂ©pendants devant prĂ©senter le point de vue des Palestiniens.
L'avÚnement des médias sociaux est bénéfique, ils ont fait du trÚs bon travail.
Ils filment leurs moments les plus durs pour que nous puissions voir les horreurs en cours, car lorsque notre gouvernement a l'audace de nous dire que ce n'est pas vrai, ils doivent montrer leurs enfants morts à la caméra et dire, regardez.
Ă quel point est-ce malsain ? Ă quel point est-ce dĂ©pravĂ© ? Ils ne peuvent mĂȘme pas enterrer leurs morts dans la paix et la tranquillitĂ©. Ils doivent le montrer au monde entier parce que notre gouvernement leur dit qu'il ne les croit pas. C'est donc Ă nous de jouer. Et les gens se rĂ©veillent un peu plus chaque jour.
Mon ami, qui est un rĂ©fugiĂ© de Gaza, m'a dit : âEcoute, cela me donne de l'espoir que les gens se rĂ©veillent et qu'il y ait des dizaines de millions de personnes dans la rue.â Il a ajoutĂ© : âMais d'ici Ă ce que suffisamment de gens se rĂ©veillent pour mettre un terme Ă tout cela, tous les Palestiniens seront morts. Et c'est si triste, qu'il faille un massacre dâune telle ampleur pour qu'une telle vague de conscience se rĂ©pande.â
Je veux juste que ça s'arrĂȘte. Je veux juste que la violence cesse. Ce n'est pas nĂ©gociable. Ces gens ont besoin des droits de l'homme pour se protĂ©ger contre cette violence continue, et la poudriĂšre ne fait que s'enflammer encore et encore.
Mickey Huff : Quel est selon vous le plus grand ennemi de la Terre, Abby Martin ?
Abby Martin : Le plus grand ennemi de la Terre est le systÚme de l'impérialisme américain et plus particuliÚrement l'armée américaine. Elle possÚde un millier de bases à travers le monde. Chaque base est une décharge qui pollue complÚtement l'écosystÚme et empoisonne les communautés locales.
Cela se passe Ă l'Ă©tranger en toute impunitĂ©. Cela va au-delĂ , bien sĂ»r, de ce qui se passe dans les guerres directes. L'armĂ©e amĂ©ricaine doit ĂȘtre contrĂŽlĂ©e et tenue responsables de ses crimes contre la Terre. L'armĂ©e amĂ©ricaine est complĂštement exclue des confĂ©rences mondiales sur le climat qui ont lieu chaque annĂ©e que câen est une vĂ©ritable farce.
Tant que nous ne nous attaquerons pas à l'éléphant dans la piÚce, nous ne pourrons pas nous attaquer aux problÚmes environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Mickey Huff : Abby Martin, on peut trouver votre travail sur le site theempirefiles.tv. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec notre public ? Ceux qui ne vous connaissent pas encore le devraient, mais oĂč peuvent-ils suivre votre travail ?
Abby Martin : Je suis sur les réseaux sociaux : fababs sur instagram, abby martin sur twitter, regardez notre chaßne Empire Files sur YouTube, Media Roots Radio sur toutes les plateformes de podcast, et s'il vous plaßt, regardez gazafightsforfreedom.com et earthsgreatestenemy.com
Merci beaucoup pour tout ce que vous et Project Censored faites.
Mickey Huff : C'est toujours un honneur de vous recevoir. Merci beaucoup pour le travail que vous accomplissez, et nous aurons certainement l'occasion de vous revoir plus tÎt l'année prochaine, et nous parlerons du plus grand ennemi de la Terre.
Transcription de l'entretien avec Kevin Gosztola
Mickey Huff : Bienvenue sur Project Censored Show sur Pacifica Radio. Aujourd'hui, nous accueillons Kevin Gosztola. Kevin Gosztola a passé la derniÚre décennie à faire des reportages sur Julian Assange et l'affaire WikiLeaks, et bien sûr sur la guerre contre les lanceurs d'alerte en général.
Kevin est le rédacteur en chef de la lettre d'information The Dissenter. Il produit et co-anime le podcast hebdomadaire Unauthorized Disclosure. Son travail a été publié dans des médias tels que The Nation, Salon, Common Dreams et Truthout. Il a été invité sur Democracy Now !, The Real News Network, CounterSpin et Al Jazeera English.
Il est Ă©galement l'auteur du livre Guilty of Journalism : The Political Case Against Julian Assange, prĂ©facĂ© par Abby Martin. Ce livre a Ă©tĂ© publiĂ© par Censored Press et Seven Stories Press au printemps dernier. C'est le seul livre aux Ătats-Unis d'ailleurs, qui retrace l'affaire politique contre Julian Assange.
Kevin Gosztola, bienvenue dans Project Censored Show.
Kevin Gosztola : Merci de m'accueillir Ă nouveau.
Mickey Huff : Nous sommes, comme toujours, ouverts à votre expertise et vous avons invité assez réguliÚrement cette année. Pour nous donner des nouvelles de l'affaire, de l'affaire d'extradition concernant Julian Assange, toujours détenu dans la prison de Belmarsh, à Londres.
Kevin Gosztola, pouvez-vous nous donner quelques informations rapides sur l'état d'avancement de l'affaire d'extradition ? Nous parlerons de l'affaire de la CIA, de la lettre du CongrÚs, de la récente visite australienne et de quelques questions concernant les médias.
Kevin Gosztola : Lâaffaire Julian Assange reste dans lâĂ©tat de flou qui a caractĂ©risĂ© une grande partie de la procĂ©dure. Ă l'heure actuelle, Julian Assange est dĂ©tenu Ă la prison de Belmarsh depuis plus de quatre ans et demi.
Il s'agit d'une prison de haute sĂ©curitĂ©. Elle accueille les personnes accusĂ©es de terrorisme et de crimes violents. Bien entendu, il a Ă©tĂ© accusĂ© de fuite ou de publication de documents divulguĂ©s par les Ătats-Unis, en violation de la loi sur l'espionnage.
Ils appliquent cette loi contre Julian Assange. Il n'est pas un citoyen amĂ©ricain. C'est un Australien, et c'est pourquoi nous allons parler du Premier ministre australien et de sa visite, de sa rencontre avec le prĂ©sident Joe Biden. Mais si je dis tout cela, c'est pour souligner que nous sommes dans l'incertitude et que nous ne savons mĂȘme pas quand une cour d'appel dĂ©cidera si elle lui accordera une audience ou si elle lui dira simplement de s'en aller. Ensuite, il devra dĂ©terminer s'il peut dĂ©poser une plainte auprĂšs de la Cour europĂ©enne des droits de l'homme. Si la Cour europĂ©enne des droits de l'homme est en mesure de faire quoi que ce soit pour lâaider, ce serait fantastique. Cependant, il existe une crainte rĂ©pandue selon laquelle le gouvernement amĂ©ricain, avec le gouvernement britannique comme partenaire, essaie de le mettre dans un avion pour les Ătats-Unis pour qu'il y soit mis en accusation et entamer le procĂšs rĂ©gi par la loi sur l'espionnage. Il ne serait pas en mesure de se protĂ©ger, pas plus que d'empĂȘcher l'extradition en s'adressant Ă la Cour europĂ©enne des droits de l'homme. VoilĂ oĂč nous en sommes. Et la communautĂ© militante qui tente de soutenir Julian Assange, les dĂ©fenseurs de la libertĂ© de la presse, les journalistes comme moi qui s'intĂ©ressent Ă cette affaire, ont eu du mal Ă maintenir leur attention parce que, vous savez, nous ne savons pas ce qui va se passer ensuite.
Mickey Huff : Kevin Gosztola, merci pour le rĂ©sumĂ© de cette attente, cette pĂ©riode continue de spĂ©culation et d'interrogation, tout en essayant de se voir ce qui pourrait arriver ensuite. Pouvez-vous nous parler un peu des efforts dĂ©ployĂ©s aux Ătats-Unis, dans les organes lĂ©gislatifs et au CongrĂšs ? Ironiquement, l'administration Biden s'est prononcĂ©e Ă plusieurs reprises cette annĂ©e en faveur de la libertĂ© de la presse, mais uniquement pour dĂ©crier les pratiques en cours en Russie ou dans d'autres parties du monde, sans prendre la peine de regarder ce qui se passe chez nous, oĂč c'est bien pourtant l'administration Biden qui est Ă l'origine de cette situation, qui mĂšne cette action contre Assange. Cela remonte Ă plusieurs prĂ©sidents. Il y a eu aussi une lettre du CongrĂšs, et la visite d'une dĂ©lĂ©gation australienne. Pouvez-vous nous en dire un peu plus Ă ce sujet ?
Kevin Gosztola : Il y a donc eu une lettre qui, pour la premiĂšre fois, rĂ©unissait des dĂ©mocrates et des rĂ©publicains au dĂ©but de l'annĂ©e. Rashida Tlaib, qui a Ă©tĂ© magistrale dans sa dĂ©fense des droits des Palestiniens, elle-mĂȘme, a Ă©tĂ© attaquĂ©e et sa libertĂ© d'expression prise pour cible au cours des deux derniers mois.
Elle a signĂ© cette lettre en mĂȘme temps que Jim McGovern, du Massachusetts, et Thomas Massie, un rĂ©publicain du Kentucky, les figures de proue de cette lettre bipartite. Et 15 ou 16 reprĂ©sentants lâont signĂ©e, obtenant que le tout premier sĂ©nateur prenne la dĂ©fense de Julian Assange.
Malheureusement, ce n'est pas Bernie Sanders, ni Elizabeth Warren, en tout cas pas quelqu'un dont on pourrait attendre qu'il s'exprime comme un sĂ©nateur progressiste ou quelqu'un dotĂ© dâune bonne foi progressiste. C'est Rand Paul qui a dĂ©cidĂ© d'ajouter son nom. Et de soutenir Julian Assange. Il faut donc rendre Ă CĂ©sar ce qui appartient Ă CĂ©sar et Ă tous les reprĂ©sentants qui figurent sur cette lettre.
Toutefois, il convient de mettre en perspective les 535 personnes au CongrĂšs, 100 au SĂ©nat, 435 Ă la Chambre des reprĂ©sentants, et que tous pourraient tous figurer au bas de cette lettre, câest en tout cas ce quâils devraient faire s'ils prĂ©tendent soutenir le Premier Amendement. Certains d'entre eux ont tenu des audiences sur la militarisation du gouvernement amĂ©ricain contre les individus, comme Jim Jordan, mais il nâa pas signĂ©. Et ceux qui ont beaucoup parlĂ© de la libertĂ© d'expression, qui ont prĂ©tendu soutenir la libertĂ© d'expression ne sont pas prĂ©sents. Ils ont dĂ©fendu âBlack lives matterâ et d'autres manifestants en s'Ă©levant contre la brutalitĂ© ou la violence policiĂšre.
Ils ont soutenu le soulÚvement de George Floyd et tout le reste. Mais leurs voix ne sont pas là pour défendre Julian Assange alors que le Premier Amendement en a le plus besoin.
Il y a plusieurs semaines, probablement plus d'un mois, Anthony Albanese, le Premier ministre australien, est venu rendre visite Ă Biden et a insistĂ© sur la façon dont il allait soulever cette question lors de ses rĂ©unions avec les reprĂ©sentants du gouvernement amĂ©ricain. Mais je dois dire que, comme beaucoup d'Ătats qui sont des alliĂ©s proches du gouvernement amĂ©ricain, quâil a adoptĂ© une position assez neutre lorsqu'il s'agit de dĂ©fier Joe Biden.
Il n'est pas Obrador au Mexique, qui dĂ©fend Julian Assange et qui a Ă©tĂ© quelqu'un qu'il serait juste de dĂ©crire comme une Ă©pine dans le pied de la Maison Blanche de Biden en ce moment, parce que lui et Lula au BrĂ©sil ont Ă©tĂ© trĂšs francs dans leur soutien Ă Julian Assange. Mais Anthony Albanese a adoptĂ© une approche diffĂ©rente parce que l'Australie dĂ©pend des exportations militaires et de l'Ă©quipement des Ătats-Unis, qu'ils sont liĂ©s par lâAUKUS, censĂ©s ĂȘtre un acteur pour aider les Ătats-Unis Ă contrer l'influence de la Chine dans la rĂ©gion Asie-Pacifique. Je ne pense donc pas qu'il soit prĂȘt Ă prendre beaucoup de risques en ce qui concerne les relations entre les Ătats-Unis et l'Australie. Il dit donc des choses comme âJ'ai dit Ă Joe Biden, mais Joe Biden n'est pas en mesure d'interfĂ©rer dans l'affaire contre Julian Assange qui est menĂ©e par le ministĂšre de la justiceâ, et on comprend qu'il ne va pas interfĂ©rer dans cette affaire. Je sais exactement ce que fait la Maison Blanche. La Maison Blanche essaie de faire croire qu'elle est vertueuse au point que Joe Biden ne bloquera pas la procĂ©dure, en suggĂ©rant que contrairement Ă Donald Trump, qui s'immiscerait sans problĂšme dans les affaires du DĂ©partement de la Justice et qu'il y aurait comme une, Biden sâen voudrait dâinterfĂ©rer au coeur dâune justice Ă©quitable.
Et le problÚme, c'est qu'il s'agit d'une affaire politique. Julian Assange n'a été inculpé que pour des raisons politiques. Obama a eu la possibilité de l'inculper et ne l'a pas fait.
Ils ont pris la décision juste et raisonnée de ne pas l'inculper à l'époque. Puis, lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir, ils ont changé la façon dont ils abordaient les questions juridiques et ont inculpé Julian Assange. Et ce que Biden devrait reconnaßtre, c'est qu'Obama avait raison et que Donald Trump avait tort, mais jusqu'à présent, il ne l'a pas fait.
Mickey Huff : Et concernant les affaires autour d'Assange, il y a aussi l'affaire de la CIA. Bien sûr, vous écrivez beaucoup sur la CIA dans votre livre, Guilty of Journalism. Mais il y a du nouveau concernant la CIA. Pouvez-vous nous en parler ?
Kevin Gosztola : Oui, un chapitre entier du livre traite de la CIA. Un chapitre traite aussi de cette entreprise, UC Global, du rÎle joué par son directeur David Morales en aidant la CIA à cibler Julian Assange, sa famille, ses avocats, les médecins qui lui ont rendu visite, les journalistes et autres visiteurs de Julian Assange pendant qu'il était à l'ambassade.
Un procÚs est en cours dans le district sud de New York devant un juge qui s'est montré assez ouvert à ces allégations contre la CIA et l'ancien directeur de la CIA Mike Pompeo, ainsi que contre Morales et UC Global. Mettons de cÎté UC Global et David Morales parce qu'ils ne sont pas américains, et je ne sais donc pas comment cela sera plaidé, mais en tout cas, ils ont poursuivi la CIA.
Ces quatre Américains, deux avocats et deux journalistes affirment qu'ils ont été espionnés lorsqu'ils se trouvaient à l'ambassade. Il faut savoir que la CIA tente de faire classer l'affaire.
Le personnel d'U.C. Global a ouvert les téléphones des visiteurs pour pénétrer dans la structure physique, prenant des photos de ce qu'on appelle l'IMEI, qui n'est pas votre carte SIM, mais le numéro international d'identité de l'équipement mobile.
Je vais utiliser la description faite par El Pais, car elle est trÚs claire si les gens se demandent ce qu'est un IMEI. C'est un code unique qui identifie un appareil, l'une des informations les plus précieuses pour quiconque cherche à pirater un téléphone. Lorsqu'un téléphone portable se connecte à un réseau, ce numéro d'identité est automatiquement transmis.
La CIA prĂ©tend ĂȘtre dans son droit, car en entrant dans lâambassade, ce ne serait pas diffĂ©rent d'un poste de police. Ainsi, ils affirment que ces contractants d'UC Global Ă©taient comparables Ă des policiers.
Et dans un poste de police, vous n'avez pas de droit Ă la vie privĂ©e. C'est d'ailleurs ce qu'ont reconnu les tribunaux amĂ©ricains. Mais ce n'est pas la mĂȘme chose. Par exemple, les contractants d'UC Global n'exerçaient pas du tout une fonction d'application de la loi. Ils fouillaient dans les affaires de ces journalistes et avocats alors que ces personnes qui rendaient visite Ă Assange pensaient simplement confier leurs biens pour s'assoir avec Assange, et ne pas prendre le risque dâĂȘtre Ă©piĂ©s en rĂ©union privĂ©e avec lui.
Mickey Huff : C'est absolument fascinant de voir que l'argument est qu'ils sont simplement autorisĂ©s Ă , mais vous utilisez le terme âfouillerâ. De se servir de ces informations.
Kevin Gosztola : Ils ont ensuite constitué des dossiers sur ces personnes qui ont donc été désignées comme des cibles prioritaires.
Cela signifiait qu'un dossier était renvoyé à la CIA, avec le nom de la personne, la date de la rencontre, le contenu de la conversation. Il contenait le contenu de leur conversation et une vidéo de leur rencontre avec Julian Assange. Le juge John Koeltl s'est donc montré sceptique et ouvert à l'argument selon lequel le 4e amendement ne permettait pas de déterminer que la CIA peut ou non procéder à cette surveillance.
Il leur a demandĂ© s'ils avaient obtenu un mandat pour les cibler. Ils n'ont pas voulu confirmer ou nier qu'ils avaient obtenu un mandat. Il leur a dit : âVoyons, vous venez de me dire que vous ne pensiez pas avoir besoin d'un mandat. La rĂ©ponse est donc que vous n'avez pas obtenu de mandat. Ne jouez pas Ă cela avec moi.â
Et puis, l'autre chose, c'est qu'ils ont prĂ©tendu quâils ne dirigeaient ni ne contrĂŽlaient les contractants d'UC Global. Et je juge a rĂ©pliquĂ©: âMais ne serait-il pas suffisant de dire que vous les dirigiez ou que vous aviez un certain contrĂŽle pour recevoir un flux vidĂ©o en direct Ă Langley oĂč vous pouviez les regarder ?â
Je pense donc qu'il Ă©tait un peu dĂ©concertĂ©. Ă mon avis, il va falloir se battre pour que Mike Pompeo soit tenu pour responsable individuellement. Si la CIA est tenue pour responsable, ce serait fantastique, mais cela risque dâĂȘtre compliquĂ© en raison de la jurisprudence et de la maniĂšre dont la Cour suprĂȘme a statuĂ© sur le fait de tenir des individus des Ătats-Unis pour responsables de leurs actes.
Mike Pompeo pourrait s'en tirer Ă bon compte. Et c'est dĂ©cevant pour moi, parce que c'est l'une des personnes les plus pernicieuses et sanguinaires Ă s'ĂȘtre attaquĂ© Ă Julian Assange et Ă sa famille.
Mickey Huff : En ce moment, dans les médias, l'accent a été mis sur Israël et Gaza. Et il y a là des recoupements intéressants. Nous voulions parler du silence des médias autour des affaires concernant Assange, mais quelques personnes des grands médias américains ont accordé un peu d'attention à Assange, chose plutÎt rare.
Parlons un peu de cette affaire, en particulier de MSNBC. Et la mise Ă l'Ă©cart des journalistes sur cette chaĂźne.
Kevin Gosztola : MSNBC n'est pas une chaßne qui, je dirais, couvre réguliÚrement l'affaire Julian Assange.
J'ai l'impression que c'est un euphĂ©misme, mais ils n'ont pas non plus essayĂ© de crĂ©er de l'hostilitĂ© Ă l'Ă©gard d'Assange. Ils ont simplement omis et dĂ©cidĂ© de ne pas laisser les gens savoir que cette personne dĂ©pĂ©rit toujours dans la prison de Belmarsh, et que Joe Biden essaie de l'extrader. Ari Melber a fait un ou deux reportages, mais surtout, MSNBC a annulĂ© l'Ă©mission de Mehdi Hasan, je pense qu'il y a un nom un peu trop arabe. L'Ă©mission sera elle dâAyman Mohyeldin, durera 2 heures et pourra intĂ©grer Mehdi Hasan le week-end ou quelque chose comme ça.
Ils pensent pouvoir contrĂŽler Ayman mieux que Mehdi Hasan. Ils prĂ©fĂšrent peut-ĂȘtre son style. On l'a vu interroger un ambassadeur israĂ©lien qui a dit que, lorsqu'il a Ă©tĂ© interrogĂ© sur les enfants retrouvĂ©s morts Ă Gaza, quâils ne savaient pas comment ils sont morts. C'Ă©tait un moment assez Ă©tonnant et Mehdi ne l'a pas supportĂ©.
C'est une année électorale qui s'annonce, et il faut s'assurer de ne pas exposer Joe Biden à des critiques indésirables. MSNBC se prépare pour les élections de 2024, mais Mehdi avait couvert Julian Assange, il avait fait quelques reportages sur le sujet.
Encore une fois, je ne pense pas qu'il soit le meilleur journaliste. Je ne pense pas qu'il ait toujours raison. Je ne vais pas dire qu'il n'est pas critiquĂ©, mais mĂȘme si son Ă©mission a Ă©tĂ© annulĂ©e, il est important que les gens sachent qu'il a fait des reportages sur des gens comme Daniel Hale, un lanceur dâalerte sur les assassinats par drones, qui est toujours en prison, condamnĂ© Ă une peine de prison de trois ans pour avoir violĂ© la loi sur l'espionnage lorsqu'il a rĂ©vĂ©lĂ© que 80 Ă 90 % des frappes de drones tuent des civils.
Il a mis le nom de ma newsletter Ă l'Ă©cran alors qu'il parlait de Daniel Hale et que je n'apparaissais pas sur MSNBC. Je me suis dit : D'accord, merci. Je suis heureux que vous ayez eu cette plateforme et que vous ayez couvert les lanceurs dâalerte, et je suis heureux qu'il ait eu cette opportunitĂ© de dĂ©fier les responsables israĂ©liens lorsqu'ils viennent sur les rĂ©seaux mĂ©diatiques amĂ©ricains pour parler de la guerre.
Et câest trĂšs inquiĂ©tant qu'il soit censurĂ©. Je suis sĂ»r que vous feriez le parallĂšle avec Phil Donahue, qui a Ă©tĂ© renvoyĂ© et a perdu son Ă©mission avant l'invasion de l'Irak, il y a 20 ans.
Mickey Huff : J'ai critiquĂ© Hasan, en particulier son point de vue sur la censure de l'administration Biden, mais je pense qu'il est extrĂȘmement important que nous fassions ce que vous faites et que nous donnions l'exemple, c'est au cas par cas et histoire par histoire.
Lorsque le soi-disant courant dominant des entreprises fait des reportages significatifs sur des questions clés, nous devons le reconnaßtre.
Kevin Gosztola : Je pense qu'il est juste de dire que la loi sur l'espionnage doit ĂȘtre dĂ©noncĂ©e, et la façon dont elle a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour cibler des personnes comme Reality Winner, Daniel Hale ou Julian Assange, Mehdi Ă©tait quelqu'un sur qui l'on pouvait compter.
Mickey Huff : Je voulais au moins mentionner ici que le National Press Club, le 9 décembre à Washington, D.C., a organisé la deuxiÚme édition de Belmarsh Tribunal, Free the Truth. Vous avez pris la parole lors du premier tribunal pour Julian Assange, le premier tribunal Belmarsh, en janvier 2023. Vous pouvez trouver plus d'informations à ce sujet. Le Tribunal Belmarsh à Washington. 14 heures, le 9 décembre, au National Press Club.
Kevin Gosztola : Il s'agit d'une série d'audiences organisées par une organisation appelée Progressive International. Plusieurs de ceux qui ont soutenu mon livre sont des intervenants ayant participé aux événements du Tribunal Belmarsh. Je n'ai pas été invité à participer à cet événement, un large éventail de personnes apportent leurs connaissances et leurs talents d'orateur pour défendre Assange.
Et maintenant que nous avons cette lettre du CongrĂšs, on verra probablement plus de membres du CongrĂšs ou de leur personnel y prĂȘter attention.
Mickey Huff : Kevin Gosztola, pour conclure notre session d'aujourd'hui, pouvez-vous nous dire oĂč on peut consulter votre travail, oĂč on peut vous suivre en ligne.
Kevin Gosztola : Vous pouvez aller sur le site dissenter.org et vous inscrire à la lettre d'information, et vous recevrez les mises à jour sur les poursuites engagées contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Je m'intéresse également aux lanceurs d'alerte, au secret gouvernemental et à la liberté de la presse. Je vous remercie.
Mickey Huff : Kevin Gosztola, nous sommes encore une fois ravis de pouvoir profiter de votre expertise. Vous avez rappelĂ© Ă nos auditeurs l'importance de l'affaire de l'extradition d'Assange pour le Premier Amendement et la libertĂ© de la presse, non seulement ici aux Ătats-Unis, mais dans le monde entier.
C'est l'une des parties les plus importantes, l'un des messages les plus significatifs de votre livre. Son livre s'intitule Guilty of Journalism : The Political Case Against Julian Assange.
Pour en savoir plus, consultez le site thecensoredpress.org. Kevin, nous vous retrouverons, à la fin de l'année ou au début de l'année 2024 pour faire le point sur l'affaire Julian Assange.