đâđš Certains ont Ă©tĂ© taillĂ©s en piĂšces, d'autres brĂ»lĂ©s vifs : Lâhorreur du massacre d'Aabasan
âLes hĂŽpitaux ne cessent de rouvrir avec moins de mĂ©decins, moins d'Ă©quipements, moins de mĂ©dicaments chaque jour. Ils sont gĂ©rĂ©s par une armĂ©e de hĂ©ros Ă©puisĂ©sâ.
đâđš Certains ont Ă©tĂ© taillĂ©s en piĂšces, d'autres brĂ»lĂ©s vifs : Lâhorreur du massacre d'Aabasan
ByAl Mayadeen English, Source : The Guardian, le 15 Jul 2024 Ă 10:44
Des dizaines d'habitants d'Aabasan al-Kabira, situé à la périphérie sud-est de Khan Younis à Gaza, ont été massacrés par des bombes lourdes larguées sur des civils par des avions de combat israéliens. Ce n'est là qu'un des milliers de massacres similaires perpétrés ces derniers mois par les forces d'occupation israéliennes, qui transforment Gaza en une terre stérile.
âIl n'y avait plus trace de mon enfantâ, âle sang Ă©tait la seule chose que l'on pouvait voir et sentirâ et âla rue n'Ă©tait plus qu'une mare de sangâ
sont des témoignages rapportés par le Guardian des survivants de l'un des quatre massacres effroyables qui ont eu lieu dans ou prÚs d'écoles abritant des familles déplacées de force en l'espace de quatre jours la semaine derniÚre.
Samedi, une frappe israĂ©lienne a visĂ© une Ă©cole gĂ©rĂ©e par l'UNRWA dans le camp de rĂ©fugiĂ©s de Nuseirat, au centre de Gaza, oĂč environ 2 000 personnes dĂ©placĂ©es de force avaient trouvĂ© refuge, causant la mort de 16 personnes.
Dimanche, une frappe israélienne sur une école gérée par un culte de la ville de Gaza a fait des dizaines de morts, comme l'ont rapporté des sources locales.
En outre, lundi soir, une autre école gérée par l'UNRWA dans le camp d'al-Nuseirat a été bombardée par des frappes aériennes israéliennes, faisant plusieurs victimes.
Il n'y avait plus trace de mon enfant
Mardi soir dernier, vers 18 h 30, Rita Abu Hammad, une fillette de huit ans vive et enjouĂ©e, se trouvait devant l'Ă©cole oĂč sa famille Ă©tait rĂ©fugiĂ©e depuis des semaines dans le cadre du gĂ©nocide israĂ©lien en cours Ă Gaza. Ă proximitĂ©, sous une tente, se trouvaient ses trois frĂšres, sa sĆur et leur mĂšre, Rima Abu Hammad.
âSoudain, nous avons entendu le bruit d'un missile, puis une trĂšs forte explosionâ, a dĂ©clarĂ© Mme Abu Hammad, 36 ans, au Guardian. âLes cris, les cendres et le sang Ă©taient les seules choses que l'on pouvait entendre, voir et sentir. Lorsque jâai retrouvĂ© mes esprits, je me suis souvenue que ma fille se tenait prĂšs de la porte de l'Ă©cole. J'ai couru comme une folle et j'ai hurlĂ© son nomâ.
Souffrant de douleurs aiguĂ«s, Abu Hammad s'est mise en quĂȘte de sa fille, cherchant parmi les blessĂ©s, les morts et les fragments de corps Ă©parpillĂ©s, mais en vain.
âIl y avait tant de corps, des enfants, des femmes et des hommes, certains taillĂ©s en piĂšces, d'autres brĂ»lĂ©s vifs. La rue n'Ă©tait qu'une mare de sang. Mais il n'y avait aucune trace de mon enfantâ, a-t-elle dĂ©clarĂ© Ă grand peine.
Abu Hammad et ses proches ont passĂ© une heure Ă chercher autour du site de l'attentat Ă la bombe contre l'Ă©cole d'Aabasan. Toujours sans nouvelles de lâenfant, ils se sont rendus Ă l'hĂŽpital et se sont sĂ©parĂ©s pour poursuivre les recherches.
J'ai dit Ă mon frĂšre : âJe vais au service des urgences, et toi tu vas Ă la morgue pour voir si elle y est. AprĂšs avoir longtemps cherchĂ©, jâai fini par la retrouver, elle Ă©tait vivante, mais gravement blessĂ©e par des Ă©clats d'obus dans le dos et la poitrineâ, a-t-elle dĂ©clarĂ©.
âJâĂ©tais Ă la fois si heureuse et si triste. Heureuse de ne pas l'avoir perdue, elle Ă©tait toujours en vie avec moi, mais son Ă©tat et ses souffrances me dĂ©solaient. Mais je remercie Dieu de l'avoir Ă©pargnĂ©e, et qu'elle ne fasse pas partie des enfants tuĂ©s lĂ -bas. Il est vrai que la guerre dure depuis neuf mois et que chaque jour a Ă©tĂ© difficile, mais aujourdâhui a Ă©tĂ© la pire journĂ©e de mon existenceâ, a-t-elle soufflĂ©.
J'ai trouvé tous mes amis et ceux qui m'entouraient taillés en piÚces et tués".
Mardi, Khaled Abu Anza, 23 ans, était assis à la porte de l'école d'Aabasan, à cÎté de sa boutique Wi-Fi, lorsque la frappe aérienne israélienne a retenti.
âNous devions aller jouer au foot, mais nous avons dĂ©cidĂ© de rester. Il y a eu une explosion et quand j'ai regardĂ© autour de moi, j'ai vu tous mes amis et ceux qui m'entouraient rĂ©duits en morceaux et morts. Je voulais aller aider, mais quand je me suis regardĂ©, j'ai dĂ©couvert que j'avais des Ă©clats d'obus dans la poitrine, dans le dos et dans les pieds, et que je saignaisâ, a-t-il expliquĂ© au Guardian.
âAprĂšs une vingtaine de minutes, un camion est arrivĂ© et m'a emmenĂ©. Il Ă©tait plein de cadavres... J'Ă©tais la seule personne vivante dans le camion... Cela suffit Ă arrĂȘter la guerre, âŠâŠâŠâŠâŠâŠâŠâŠâ, a-t-il ajoutĂ©, comme Ă lâagonie.
Vision quotidienne de l'horreur
Ce week-end, les Nations unies et d'autres responsables humanitaires ont signalé une aggravation de la situation alors que les températures atteignent 40°C, accentuant la pénurie de produits de premiÚre nécessité, d'eau dans un chaos croissant.
Un responsable a dĂ©crit une âvision quotidienne de l'horreurâ, avec des stocks minimalistes de mĂ©dicaments, des quantitĂ©s insuffisantes de nourriture et âbien trop peu d'eauâ.
âLes hĂŽpitaux ne cessent de rouvrir avec moins de mĂ©decins, moins d'Ă©quipements, moins de mĂ©dicaments chaque jour. Ils sont gĂ©rĂ©s par une armĂ©e de hĂ©ros Ă©puisĂ©sâ, a soulignĂ© le responsable, comme le rapporte The Guardian.
Le docteur Mohamed Saqr, chef des soins infirmiers Ă l'hĂŽpital Nasser de Khan Younis, a dĂ©clarĂ© au Guardian que la situation y est âapocalyptiqueâ. MĂȘme avant les attaques israĂ©liennes brutales de la semaine derniĂšre, l'hĂŽpital Ă©tait saturĂ©.
âNous sommes le seul grand hĂŽpital en activitĂ© dans le sud de la bande de Gaza et nous proposons nos services Ă plus de 1,2 million de rĂ©sidents et de personnes dĂ©placĂ©es Ă Khan Younis. Il n'y a plus un seul lit disponible, mĂȘme aux urgencesâ, raconte avec amertume M. Saqr.
Lorsque l'école a été bombardée par les frappes aériennes israéliennes sur Aabasan, l'hÎpital Nasser a accueilli 23 morts et 56 blessés en moins d'une demi-heure.
âLa situation Ă©tait vraiment trĂšs difficile. Nous n'avions pas suffisamment de matĂ©riel, ni de stĂ©rilisateurs, ni de gaze pour panser les plaies, ni de blouses pour les opĂ©rations. Nous avons soignĂ© les blessĂ©s Ă mĂȘme le sol dans la zone de l'accueil ou dans les couloirsâ, a soulignĂ© M. Saqr.