👁🗨 C'est ici qu'est notre âme
La Nakba perdure. La spoliation se poursuit où les Palestiniens vivent & possèdent encore maisons & terres. Israël ne cessera que quand le génocide sera achevé & qu'il n'y aura plus de terres à voler.
👁🗨 C'est ici qu'est notre âme
Par Cara Marianna / The Floutist, le 4 septembre 2024
Un taxi m'a déposée dans une rue animée à l'extérieur de la porte de Jaffa, près de la vieille ville de Jérusalem. Il faisait déjà nuit. Je venais d'arriver à l'aéroport Ben-Gourion pour commencer à travailler sur “Palestinian Voices”. Fatiguée par le voyage et transpirant abondamment sous la chaleur, j'ai traîné ma valise sur les pavés de pierre et sous l'arche massive qui encadre l'ancien portail.
C'était la semaine de la Pâque. Tout autour de moi, des Juifs affluaient dans la ville en famille et se dirigeaient vers le Mur occidental. Les femmes portaient des jupes et des mitpachats [foulard, turban porté par les femmes juives], beaucoup d'entre elles avec des poussettes. Les hommes étaient vêtus de costumes noirs sobres. Les enfants eux aussi étaient en tenue sombre. Le vacarme ininterrompu était saisissant.
Quelque part devant moi se trouvait le New Imperial Hotel, “juste au coeur de la porte de Jaffa”, selon la description du site booking.com. Mais où ? J'avançai timidement à la recherche d'une enseigne d'hôtel. Alors que je m'enfonçais dans la vieille ville, un homme sortit de l'obscurité et s'approcha.
— “New Imperial Hotel ?” me demanda-t-il.
— “Oui”, répondis-je, encore plus désorientée.
— “Par ici”. Il a pris ma valise.
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Jacob m'avait remarquée dans l'ombre alors qu'il s'affairait à fermer son stand de jus de fruits. Arabe israélien chrétien, il était tout désigné pour jouer le rôle du bon samaritain. Avec la dignité tranquille que je reconnaîtrai aux nombreux Arabes rencontrés tout au long de mon voyage, il m'a escorté dans une ruelle sombre jusqu'à la porte d'entrée de mon hôtel.
“Savez-vous où je peux trouver un falafel pour le dîner ?” ai-je demandé avant d'entrer dans le hall. Il m'a répondu : “Retrouvez-moi ici dans dix minutes. Je vous emmènerai manger un shawarma” - un sandwich moyen-oriental farci de viandes marinées grillées et garni d'un assortiment de légumes.
Dix minutes plus tard, son chariot de jus de fruits lavé et fermé pour la nuit, Jacob et moi nous sommes rendus à pied dans les quartiers arabes, juste à l'extérieur de la porte de Damas. Il m'a emmené dans un restaurant arabe très animé - à peine plus qu'un couloir dans le mur avec un long comptoir, une rangée de condiments et une glacière contenant des bouteilles d'eau et des boissons non alcoolisées. Il a pris un shawarma. J'ai mangé un falafel.
Plus tard, alors que nous parcourions le long chemin du retour à l'hôtel, Jacob m'a montré comment utiliser les transports publics locaux et m'a indiqué le distributeur automatique de billets le plus proche offrant les meilleurs taux de change. Aux États-Unis, un tel déploiement de gentillesse aurait suscité la méfiance. J'ai surtout ressenti de la curiosité et de la gratitude.
Au cours des jours suivants, j'ai eu l'occasion de rendre visite à Jacob et de l'observer dans son travail, et j'ai compris que son attention aux autres, sa serviabilité et sa générosité étaient des expressions naturelles de sa foi chrétienne.
Et quelque chose de plus, maintenant que j'y pense : ces mêmes qualités étaient une affirmation de sa propre humanité et de sa valeur. Et donc aussi un acte profond de résistance à sa condition de citoyen de seconde zone au sein de “l'État juif”, ainsi qu'à l'hostilité et à la violence omniprésentes qui entourent la Ville sainte. Jacob n'a pas professé ses croyances, il les a incarnées.
Lorsque j'étais à Jérusalem et que je me préparais à passer en Cisjordanie, j'ai croisé le chariot de Jacob plusieurs fois par jour en allant et en revenant de l'hôtel. Les vendeurs de jus de fruits sont légion dans la vieille ville de Jérusalem, mais les préparations colorées de Jacob étaient tout sauf ordinaires : betterave, gingembre, curcuma, carotte, pomme, navet. De la grenade pure. J'en prenais plusieurs par jour.
“Faire les jus les plus sains possible est une façon d'aider les gens”, explique-t-il, alors que nous sommes assis à l'ombre de l'allée par un après-midi caniculaire. “C'est ce que je suis censé faire en tant que chrétien. Aider les gens. C'est le travail auquel Dieu me destine”.
Le chariot de jus de fruits de Jacob se trouvait à l'entrée de la ruelle près du New Imperial Hotel, et à l'autre bout, sur une petite place, son frère gérait un restaurant. Tout en s'occupant de son propre commerce, Jacob aidait fréquemment au restaurant. Les deux frères se débattaient en plein marasme économique depuis que les Israéliens ont imposé des restrictions draconiennes aux déplacements des Palestiniens de Cisjordanie, tout en renforçant le système d'apartheid en Israël, à la suite des événements du 7 octobre.
Il était difficile de posséder une entreprise dans la vieille ville. Les commerçants arabes, qui dépendent du tourisme, s'étaient progressivement remis de la dévastation économique causée par la pandémie de COVID avant le 7 octobre. Le tourisme avait repris, mais depuis que la crise de Gaza a éclaté, il s'est à nouveau interrompu. De nombreux commerçants ont à peine de quoi survivre.
Mon hôtel, comme je l'ai découvert le lendemain, était presque vide de clients.
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Idéalement situé - et à un prix abordable dans une ville notoirement chère - le New Imperial Hotel est l'un des préférés des touristes de Terre sainte venus des États-Unis et d'Europe. Les épais murs de pierre maintiennent une atmosphère fraîche et confortable à l'intérieur de l'hôtel, alors que les températures grimpent à plus de 30 degrés. Des photographies et des gravures exposées au hasard sur les murs représentent la vieille ville avant la Nakba. Les détails historiques confèrent à l'hôtel, vieillissant et désuet, un air de dignité et de grâce. Ma chambre, la n° 7, à peine assez grande pour un lit qui occupait la plus grande partie de l'espace, donnait directement sur la porte de Jaffa. Ayant choisi l'hôtel à l'aveuglette sur Internet, je n'aurais pas pu être mieux placée.
Le matin de mon arrivée, je suis allée prendre mon petit-déjeuner dans la salle à manger de l'hôtel et j'ai expliqué l'objet de ma visite à une belle femme arabe d'âge moyen qui se trouvait derrière la réception. “Je suis écrivaine”, ai-je expliqué. “Je suis venue ici pour en apprendre plus sur la vie des Palestiniens sous l'occupation.”
L'expression de son visage était réservée et impossible à déchiffrer. Les Arabes israéliens n'ont jamais cessé d'être ou de s'identifier comme étant des Palestiniens. Mais ils sont forcément prudents. Une erreur peut conduire un Arabe en prison. J'ai l'intention de publier une série d'articles dans le cadre d'un projet intitulé “Palestinian Voices”.
“Vous devriez parler à mon père”, a-t-elle suggéré. “Il sera dans son bureau à dix heures.” Elle montre une porte fermée à gauche de la réception. “Il gère l'hôtel”.
Peu après dix heures, je frappai à une porte en bois usée et soigneusement astiquée, légèrement entrouverte. Derrière le bureau, un Arabe a levé les yeux et a souri : “Entrez, je vous en prie.” Il avait une vingtaine d'années et n'était manifestement pas le père de la femme que je venais de rencontrer.
Je suis entrée dans le bureau et j'ai découvert une véritable histoire byzantine de la corruption, de l'escroquerie et du vol de terres.
Un homme d'environ 70 ans s'est levé pour m'accueillir. Ses cheveux étaient blancs et son visage très marqué. Il était assis à un petit bureau niché dans un coin de la pièce et chargé de papiers. Bien qu'il paraisse fatigué - j'ai appris plus tard qu'il dormait rarement - son expression dégageait du tempérament et son sourire chaleureux rejoignait son regard.
“Bienvenue”, dit-il. “Je m'appelle Abu el-Walid Dajani. Je suis le père de Rania”, dit-il en parlant de la réceptionniste, “et voici mon neveu, Adi Dajani”.
Il a fait un geste vers le jeune homme. Abu el-Walid Dajani m'a fait signe de m'asseoir. Comme l'histoire que je vais raconter a été largement rapportée au fil des ans dans la presse israélienne et européenne, mais rarement aux États-Unis - le New York Times n'a parlé du scandale qu'une seule fois, lorsqu'il a éclaté pour la première fois en 2005 -, je vais ici citer des noms réels.
Je me suis présentée en retour, et j'ai expliqué la raison de mon voyage en Palestine. Sans la même réserve dont sa fille avait fait preuve, Abu el-Walid Dajani a entamé un récit qui s'est prolongé sur plusieurs jours d’une conversation qui m'a donné le vertige.
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“Notre famille possédait beaucoup de biens et de maisons à Jérusalem avant 1948. Tout a été détruit et nous a été enlevé. Lorsque les violences ont commencé, nous nous sommes réfugiés dans la vieille ville de Jérusalem. Les Israéliens pensaient que nous ne survivrions pas, mais notre âme est ici.”
L'ancien Dajani parlait d'une voix grave et avec un accent arabe mélodieux que j'ai appris à reconnaître au cours de mes voyages. Son anglais était parfait.
“En 1949, après la Nakba, mon père a loué cet hôtel à l'Église orthodoxe grecque. Le patriarcat grec était le deuxième propriétaire foncier d'Israël. L'Église possède encore un millier de maisons et de magasins dans la vieille ville. Y compris cet hôtel”.
Dajani fait une pause dans son récit. “Voulez-vous un café ?” a-til demandé. Par respect pour la culture palestinienne de l'hospitalité, je n'ai jamais refusé un café arabe, ni quoi que ce soit d'autre qui m'ait été offert, que je le veuille ou non. Mon “oui” de ce matin-là a établi une habitude que j'allais conserver tout au long de mes voyages.
Mon hôte est revenu quelques minutes plus tard avec un plateau sur lequel se trouvaient trois tasses d'expresso. Il l'a posé, a allumé une cigarette et a poursuivi son récit.
“En 2005, j'ai reçu une lettre des avocats d'une société dont je n'avais jamais entendu parler. Il s'agissait de la Richard Martin Corporation, située dans les îles Vierges. La lettre identifiait cette société comme le détenteur légal du bail. Elle disait que j'avais besoin d'un nouveau contrat pour le bail de notre famille sur l'hôtel”.
La Richard Martin Corporation s'avérera plus tard être une société écran servant de façade à une organisation de colons israéliens d'extrême droite.
Pour Abu el-Walid Dajani, homme d'affaires avisé qui avait géré l'hôtel avec succès pendant des décennies, cette lettre n'avait aucun sens sur le plan juridique. Le bail des Dajani, datant de 1950, était conclu avec l'Église orthodoxe grecque.
“Les avocats m'ont dit qu'ils m'accorderaient un nouveau bail, mais seulement si je pouvais prouver au tribunal que notre contrat initial avec l'Église était légitime”.
Ce fut le premier signe des problèmes à venir, et le début de près de deux décennies de batailles juridiques.
La famille Dajani, musulmane, a une longue histoire en tant que gardienne de la Terre sainte. Au 16è siècle, le souverain ottoman Soliman le Magnifique a proclamé le cheikh Ahmed Dajani et ses descendants gardiens héritiers du tombeau du roi David sur le mont Sion. Cette décision a été prise par décret afin de mettre un terme aux violences qui éclataient périodiquement entre les chrétiens et les juifs pour le contrôle du site.
En reconnaissance de cet honneur, le nom Daoudi a été ajouté à Dajani [Le personnage biblique de David est également présent dans le Coran. Il y figure sous le nom de Daoud, le prophète-roi. La forme Daoudi comporte le suffixe d'appartenance -i, et signifie en quelque sorte ‘de Daoud’]. Pendant quatre cents ans, la famille Dajani Daoudi s'est occupée du tombeau, responsabilité à laquelle elle a dû mettre fin en 1948, lorsque le nouvel État sioniste s'est emparé du site.
La famille a ensuite pris en charge la garde du New Imperial Hotel.
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À l'insu d'Abu el-Walid Dajani et de l'ensemble de la communauté palestinienne, y compris les chrétiens grecs, l'Église grecque a discrètement vendu des terrains et des baux à des organisations juives de droite. Ces ventes constituaient une sorte de façade commerciale dans le cadre de la dépossession continue des terres palestiniennes et de l'intensification de la judaïsation de Jérusalem, y compris la vieille ville.
Il y a dix ans à peine, le tombeau du roi David a été vandalisé à plusieurs reprises dans le cadre d'un processus continu de judaïsation des lieux saints et d'effacement de toute présence musulmane. Il s'agit désormais d'une synagogue juive. La vente secrète du bail des Dajanis sur le New Imperial Hotel à une organisation de colons israéliens d'extrême droite, Ateret Cohanim, a été un coup dur pour le quartier chrétien de la vieille ville, qui a ainsi perdu son implantation historique à la porte de Jaffa, l'entrée principale de la vieille ville.
Comme l 'a rapporté le Times of Israel, en juin 2022 :
“En 2004, dans des circonstances fortement contestées, le Patriarcat, propriétaire du bâtiment [“New Imperial Hotel”] et du terrain sur lequel il a été construit, a vendu des baux à long terme pour le New Imperial Hotel (pour 1,25 million de dollars), le Petra Hostel voisin (500 000 dollars) et une troisième propriété dans le quartier chrétien appelée Muzamiya House (55 000 dollars) à trois sociétés écrans enregistrées dans les îles Vierges britanniques et liées à l'Ateret Cohanim.
“Ateret Cohanim est une organisation religieuse sioniste qui s'est engagée à implanter des Juifs dans des bâtiments appartenant à des non-Juifs à l'intérieur et autour de la vieille ville.”
Les baux ont été vendus pour une infime part de leur valeur réelle. Personne ne saura jamais avec certitude pourquoi. Mais la cupidité et la vénalité ont certainement joué un rôle. “Il s'agit d'une transaction foncière réalisée en pleine nuit”, a déclaré M. Dajani.
Il n'a pas hésité à donner son avis sur les raisons qui ont poussé l'Église à vendre trois baux de grande valeur pour une bouchée de pain. Lors d'une conversation ultérieure, le lendemain, M. Dajani a fait allusion à la faiblesse humaine et aux appétits des hommes qui les rendent vulnérables à la manipulation. Il n'a pas utilisé ces mots, mais je vais le faire : corruption, chantage et intimidation. En dehors de la corruption et du chantage - ce dernier étant une tactique israélienne bien établie - il n'y avait aucune raison valable, ni aucun avantage, pour que l'Église cède essentiellement les baux.
Les brimades officielles, sans parler des officieuses, ne font aucun doute. Comme l'a rapporté la NPR en 2017 [National Public Radio, abrégé NPR, est le principal réseau de radiodiffusion non commercial et de service public des États-Unis], l'Église a subi des pressions croissantes de la part des tribunaux et du gouvernement israéliens, avec des menaces d'amendes de plusieurs millions de dollars et d'expropriation d'un monastère historique, pour vendre des terrains supplémentaires, dont une grande partie dans des quartiers très convoités. Tout cela est évoqué dans un reportage de 2017 sur la NPR :
“Ces dernières années, les autorités ecclésiastiques ont discrètement vendu plusieurs propriétés à des investisseurs anonymes, par l'intermédiaire de sociétés enregistrées dans des paradis fiscaux lointains. Des hommes d'affaires israéliens et juifs ont ensuite été identifiés comme étant certains des acheteurs”.
Et encore,
“D'autres propriétés de l'église ont été vendues, soit pour générer des revenus, soit pour se débarrasser de certains biens qui avaient posé des problèmes à l'église, a-t-il [un fonctionnaire] déclaré. L'une d'entre elles a été vendue après que l'église a été déclarée en rupture de bail et qu'un tribunal israélien lui a ordonné de payer des millions de dollars de dommages et intérêts, menaçant même Israël d'exproprier un monastère grec orthodoxe situé dans une partie politiquement sensible de Jérusalem-Est, a déclaré le fonctionnaire”.
Ateret Cohanim, l'investisseur qui a acquis anonymement le bail de Dajani - dont une grande partie du soutien et du financement provient de riches juifs américains - est une organisation ouvertement raciste et suprémaciste juive qui prône et œuvre pour la judaïsation de la vieille ville de Jérusalem. Sur son site internet, le groupe se présente comme “la principale organisation de récupération des terres urbaines à Jérusalem, qui travaille depuis plus de 40 ans à restaurer la vie juive au cœur de l'ancienne Jérusalem”.
La “récupération” et la “rédemption” des terres, comme les Israéliens appellent ces opérations, sont des euphémismes bien rodés utilisés depuis la Nakba pour qualifier la confiscation des terres palestiniennes par les Juifs - par la violence, les colonies illégales ou les achats plus ou moins légaux, comme l'accord malhonnête qui a permis d'exproprier Abu el-Walid Dajani de son bail à long terme. Nous sommes témoins de violences et d'agressions armées tous les jours en Cisjordanie. Une variante, tout aussi virulente, mais à l'abri des regards, et sur le papier.
Le contrat des Dajani avec l'Église accordait à la famille un bail de 99 ans commençant en 1950, avec une clause de tacite reconduction. Ils bénéficiaient également d'une “occupation protégée” en vertu de la législation israélienne adoptée en 1972. Mais qu'importe. Les tribunaux israéliens, profondément corrompus par les pressions politiques et l'idéologie sioniste, statuent systématiquement contre les Palestiniens.
Abu el-Walid Dajani a mené sa bataille juridique jusqu'à la Cour suprême qui, sans surprise, a statué, en 2022, en faveur d'Ateret Cohanim. La famille Dajani risque maintenant d'être expulsée de l'hôtel et d'être condamnée à payer les arriérés de loyer (jusqu'en 2004), soit un total de 10 millions de shekels (2,9 millions de dollars américains), à Ateret Cohanim, le propriétaire légalement reconnu du bail. Ils doivent également faire face à la saisie de tous les comptes bancaires de tous les membres de la famille. En bref, la ruine totale de la branche d'une des familles arabes les plus anciennes de Jérusalem.
Cette défaite au tribunal est plus qu'une tragédie pour une famille palestinienne. Comme me l'a dit M. Dajani le jour où nous avons échangé dans son bureau, “c'est une perte pour l'héritage chrétien de la porte de Jaffa”. Abu el-Walid Dajani prend cette perte très à cœur. C'est l'une des raisons pour lesquelles il ne dort pas la nuit.
Le bureau d'Abu el-Walid Dajani est une sorte de mémorial de son combat pour la justice. Il est rempli de photographies de lui avec les patriarches grec et jordanien et les nombreux fonctionnaires rencontrés au cours des deux décennies ou presque où il a mené cette bataille - dans la presse et devant les tribunaux israéliens corrompus - pour protéger les quartiers chrétiens de la vieille ville et mettre un terme à l'effacement incessant de l'histoire et du patrimoine chrétien et musulman.
La Nakba n'a jamais pris fin. La dépossession des terres palestiniennes se poursuit en Cisjordanie, à Jérusalem et partout où les Palestiniens vivent et possèdent encore des maisons et des terres. Israël ne s'arrêtera pas tant que le l’effacement des Arabes ne sera pas achevé et qu'il n'y aura plus de terres à voler.
Quatre générations de Dajanis ont géré, habité et travaillé dans le célèbre hôtel où j'ai séjourné à mon arrivée. Le New Imperial Hotel est l'un des plus anciens de la ville fortifiée. Ce que feront les Dajanis lorsqu'ils seront expulsés sera une autre histoire. Abu el-Walid Dajani ne se prononce pas sur l'avenir.
“Nous sommes sous la protection de Dieu”.
* Cara Marianna est écrivain et co-rédactrice en chef de The Floutist. Sa lettre d'information Substack s'appelle Winter Wheat.
Il y a eu et il y a encore beaucoup d'Arabes chrétiens au Levant et personne n'en parle pour ne pas casser le mythe du terrorisme islamiste cher à nos journalopes... Le grignotage de la vieille ville de Jérusalem n'est pas nouveau. Ce qui m'étonne le plus par contre, c'est de savoir d'où viennent tous ces nouveaux 'colons' qui infestent les territoires convoités. Y a t-il des réseaux souterrains (surtout sépharades je pense), pour attirer d'Europe voire de Russie ou du Maroc, ces futurs délinquants attirés par la vie facile et subventionnée ? Des voyous qui n'hésitent pas à faire le coup de poing...des juifs pauvres qui font le sale boulot oour des juifs riches ?