đâđš Câest officiel : lâONU accuse (enfin) IsraĂ«l de gĂ©nocide Ă Gaza
Le Statut de Rome oblige les signataires Ă contribuer aux poursuites des suspects via la CPI. Un dĂ©fi est donc lancĂ© aux nombreux Ătats qui prĂ©tendent si chĂšrement dĂ©fendre le droit international
đâđš Câest officiel : lâONU accuse (enfin) IsraĂ«l de gĂ©nocide Ă Gaza
Par Kit Klarenberg pour Al Mayadeen English, le 10 avril 2025
Un rapport historique de l'ONU qui accuse Israël de génocide à Gaza, citant la violence sexuelle systématique et la destruction ciblée des infrastructures de santé reproductive comme des outils délibérés d'extermination.
Le 22 mars, Al Mayadeen English a dĂ©taillĂ© les conclusions d'une commission d'enquĂȘte internationale indĂ©pendante de l'ONU sur
âle recours systĂ©matique par IsraĂ«l de la violence sexuelle, reproductive et d'autres formes de violence sexiste depuis le 7 octobre 2023â.
Cette enquĂȘte s'est principalement concentrĂ©e sur les viols et les abus sexuels odieux et systĂ©matiques commis Ă l'encontre de dĂ©tenus palestiniens, hommes et femmes, dans les prisons de la Force d'occupation sioniste (ZOF), un phĂ©nomĂšne si rĂ©pandu qu'il ne peut ĂȘtre que dĂ» Ă une politique dĂ©libĂ©rĂ©e, approuvĂ©e et dirigĂ©e par les plus hautes instances du gouvernement israĂ©lien.
Pour étayer cette conclusion effroyable, le rapport de la Commission recÚle des passages explosifs qui accusent sans équivoque l'entité sioniste d'avoir délibérément commis des
âactes gĂ©nocidairesâ Ă Gaza, âdĂ©libĂ©rĂ©ment et intentionnellement conçus pour provoquer la destruction physique des Palestiniens en tant que groupeâ.
Les détails fournis sont incontestablement convaincants et indiquent qu'Israël enfreint de maniÚre flagrante le Statut de Rome et la Convention sur le génocide. Dans un monde plus juste, l'omerta des médias grand public sur cette décision historique serait en soi un acte criminel.
Depuis le 7 octobre 2023, il est indĂ©niable que l'entitĂ© sioniste commet un gĂ©nocide contre le peuple palestinien Ă Gaza. Quelques jours aprĂšs le dĂ©clenchement de l'attaque insensĂ©e de Tel Aviv contre le camp de concentration Ă ciel ouvert, l'historien israĂ©lien Raz Segal, professeur Ă©mĂ©rite dans l'Ă©tude des gĂ©nocides modernes, a qualifiĂ© la campagne de l'OFZ de âcas d'Ă©cole de gĂ©nocideâ. Les principaux groupes de dĂ©fense des droits de l'homme ont Ă plusieurs reprises portĂ©cette accusation. MĂȘme les mĂ©dias, qui ont massivement blanchi l'Holocauste du XXIe siĂšcle Ă Tel Aviv, reconnaissent cette rĂ©alitĂ©.
Cependant, aucune grande organisation internationale n'a jusqu'Ă prĂ©sent formellement accusĂ© l'entitĂ© sioniste de gĂ©nocide. Si une rĂ©union du ComitĂ© des Nations unies pour l'exercice des droits inaliĂ©nables du peuple palestinien, le 31 octobre 2024, a accueilli plusieurs âexpertsâ qui ont dĂ©clarĂ© de maniĂšre dĂ©cisive que les agissements d'IsraĂ«l Ă Gaza sont gĂ©nocidaires, l'organisation n'a pas officiellement cautionnĂ© leurs propos. ParallĂšlement, une affaire intentĂ©e contre Tel Aviv par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice en dĂ©cembre de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente a donnĂ© des rĂ©sultats mitigĂ©s.
Le 26 janvier 2024, la CIJ a rendu une dĂ©cision provisoire, ordonnant Ă l'entitĂ© sioniste de prendre toutes les mesures nĂ©cessaires pour empĂȘcher tout acte contraire Ă la Convention sur le gĂ©nocide, mais n'a pas exigĂ© de cessez-le-feu. Le 20 mai de la mĂȘme annĂ©e, le procureur de la Cour pĂ©nale internationale, Karim Khan, a annoncĂ© qu'il requĂ©rait des mandats d'arrĂȘt internationaux Ă l'encontre du Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu et du ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant pour âcrimes contre l'humanitĂ©â commis Ă Gaza depuis âau moinsâ le 8 octobre 2023.
Netanyahu a depuis lors voyagĂ© librement Ă l'Ă©tranger et rencontrĂ© des dirigeants de gouvernements Ă©trangers, malgrĂ© les injonctions de la CPI aux autoritĂ©s locales d'arrĂȘter le Premier ministre israĂ©lien et de le livrer Ă La Haye. De nombreux responsables occidentaux ont ouvertement dĂ©clarĂ© qu'ils ne respecteraient pas le mandat de la Cour. Cependant, maintenant que l'ONU a ouvertement accusĂ© l'entitĂ© sioniste de gĂ©nocide, leur position pourrait voler en Ă©clats. La Convention sur le gĂ©nocide impose Ă tous les signataires l'obligation absolue de prĂ©venir le gĂ©nocide, y compris par l'extradition des suspects. Ceux qui ne s'y conforment pas deviennent lĂ©galement coupables.
âLe principal centre de fertilitĂ© de Gazaâ
Les passages du rapport de la Commission des Nations unies qui accusent explicitement l'entitĂ© sioniste de gĂ©nocide documentent le bombardement par les ZOF, en dĂ©cembre 2023, du centre de FIV Basma, âle plus grand centre de fertilitĂ© de Gazaâ. L'attaque a dĂ©truit environ 4 000 embryons, ainsi que 1 000 Ă©chantillons de sperme et des ovules non fĂ©condĂ©s. Cela reprĂ©sentait âtoute la matiĂšre reproductrice stockĂ©e au laboratoireâ. L'attaque du ZOF a Ă©galement privĂ© l'Ă©tablissement d'azote liquide, indispensable pour maintenir les rĂ©servoirs de stockage au froid et prĂ©server leur contenu en vue d'une utilisation future.
La Commission
âa dĂ©terminĂ©, par l'analyse visuelle des photos prises sur les lieux, que les dĂ©gĂąts considĂ©rables causĂ©s Ă l'extĂ©rieur et Ă l'intĂ©rieur du bĂątiment ont Ă©tĂ© occasionnĂ©s par un projectile de gros calibreâ.
Il s'agissait âtrĂšs probablementâ d'un obus tirĂ© par un char ZOF. La clinique Ă©tait un bĂątiment indĂ©pendant, dont le nom Ă©tait âclairement indiquĂ©â, et rien ne permettait de penser que âcette clinique de FIV Ă©tait une cible militaire lĂ©gitimeâ. La Commission a donc conclu que les FDI âont intentionnellement attaquĂ© et dĂ©truit la clinique de FIV de Basma... le principal centre de fertilitĂ© de Gazaâ :
âLa Commission conclut que la destruction de la clinique de FIV de Basma a Ă©tĂ© une mesure visant Ă empĂȘcher les naissances parmi les Palestiniens de Gaza, soit un acte de gĂ©nocide au regard du Statut de Rome et de la Convention sur le gĂ©nocide. La Commission conclut Ă©galement que cette destruction a Ă©tĂ© perpĂ©trĂ©e dans l'intention de dĂ©truire les Palestiniens de Gaza en tant que groupe, en tout ou en partie, et que c'est la seule conclusion qui puisse raisonnablement ĂȘtre tirĂ©e des actes en questionâ.
La Commission rĂ©itĂšre sa conclusion selon laquelle IsraĂ«l commet un gĂ©nocide Ă Gaza dans les passages du rapport oĂč elle expose que la destruction du centre de FIV de Basma n'Ă©tait pas un acte isolĂ©, mais le rĂ©sultat d'une guerre Ă©clair gĂ©nĂ©ralisĂ©e. La Commission a constatĂ© que l'armĂ©e israĂ©lienne
âa intentionnellement et systĂ©matiquement attaquĂ© et dĂ©truit des Ă©tablissements de santĂ© reproductive et maternelle Ă travers Gaza, y compris des maternitĂ©s et des services de maternitĂ© d'hĂŽpitauxâ. Ces âattaques directes contre la santĂ© reproductive et maternelle [...] ont entraĂźnĂ© des tueries et causĂ© de graves prĂ©judices physiques et psychologiques aux Palestiniensâ.
La Commission dĂ©clare que âla seule conclusion qui puisse raisonnablement ĂȘtre tirĂ©eâ de la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e par les FDI des
âsoins de santĂ© reproductive, des infrastructures et des installations qui fournissent des services essentiels Ă la population de Gaza pour survivre et se reproduire, dĂ©montre l'intention de dĂ©truire les Palestiniens de Gaza, en tout ou en partieâ
- autrement dit, un génocide. Ailleurs, il a été constaté que l'entité sioniste a également violé
âla norme du droit international humanitaire coutumier qui accorde une protection spĂ©ciale aux femmes et aux enfants dans les conflits armĂ©sâ par une telle conduite.
âTous les moyens sont bonsâ
La Commission considĂšre les actes gĂ©nocidaires de l'armĂ©e israĂ©lienne comme faisant partie d'une campagne concertĂ©e plus large dont le but est d'infliger une âsouffrance inimaginableâ aux âfemmes enceintes, aux nouvelles mĂšres et aux nouveau-nĂ©sâ. Elles ont Ă©tĂ© particuliĂšrement touchĂ©es par le blocus de Gaza par IsraĂ«l, en vertu duquel âl'entrĂ©e, le contenu et les quantitĂ©s de l'aide humanitaireâ autorisĂ©e sont Ă©troitement contrĂŽlĂ©s par Tel Aviv. Cela inclut âles mĂ©dicaments et Ă©quipements nĂ©cessaires pour assurer le bon dĂ©roulement des grossesses, des accouchements et des soins nĂ©onatalsâ, mais aussi les produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© indispensables Ă la survie des ĂȘtres humains, notamment âla nourriture, l'eau, les mĂ©dicaments et les abrisâ.
ParallĂšlement, les autoritĂ©s de l'entitĂ© sioniste ont rĂ©guliĂšrement refusĂ© aux Palestiniens ayant un besoin urgent de soins mĂ©dicaux - ây compris les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utĂ©rusâ - l'autorisation de quitter Gaza pour se faire soigner ailleurs. Les femmes enceintes ont ainsi
âsouffert d'une multitude de problĂšmes, notamment de complications Ă©vitables et d'un manque d'accĂšs aux services de santĂ© reproductiveâ. Elles âont Ă©tĂ© contraintes d'accoucher dans des conditions dangereuses, faute d'accĂšs aux hĂŽpitaux, et de subir des accouchements douloureux, sans accĂšs aux analgĂ©siques et aux mĂ©dicaments adĂ©quatsâ, ce qui a portĂ© âatteinte Ă la santĂ© reproductiveâ et infligĂ© des âsouffrances physiques et mentales prolongĂ©esâ :
âLes atteintes Ă la santĂ© reproductive des femmes enceintes, en post-partum et allaitantes constituent [...] le crime de guerre consistant Ă causer intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves Ă l'intĂ©gritĂ© physique ou Ă la santĂ© [...] Les souffrances des femmes enceintes, allaitantes et des nouvelles mĂšres sont d'une ampleur sans prĂ©cĂ©dent Ă Gaza. En outre, le manque d'accĂšs aux soins de santĂ© sexuelle et reproductive a entraĂźnĂ© des souffrances et des atteintes physiques et psychologiques immĂ©diates chez les femmes et les jeunes filles, qui auront des effets irrĂ©versibles Ă long terme sur la santĂ© mentale et les perspectives de reproduction et de fertilitĂ© des Palestiniens de Gaza en tant que groupeâ.
Compte tenu de ces conclusions, l'Ă©crasante majoritĂ© des gouvernements du monde entier ont dĂ©sormais l'obligation lĂ©gale claire de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin Ă l'anĂ©antissement de Gaza et de sa population par l'entitĂ© sioniste. Actuellement, 153 pays sont parties Ă la Convention sur le gĂ©nocide, et de nombreux prĂ©cĂ©dents internationaux stipulent que les signataires doivent âmettre en Ćuvre tous les moyens raisonnablement disponiblesâ pour prĂ©venir le gĂ©nocide. Cette obligation dĂ©pend de la âcapacitĂ© d'un Ătat Ă influencer efficacement toute action de tiers susceptible de commettre ou commettant dĂ©jĂ un gĂ©nocideâ.
L'absence ou le refus de fournir une aide ou une assistance Ă un Ătat ou une entitĂ© subissant un gĂ©nocide pourrait constituer une violation des obligations d'un pays en vertu de l'article I de la Convention sur le gĂ©nocide, tout comme l'absence ou le refus de contribuer Ă la poursuite et Ă la condamnation de tous les responsables de gĂ©nocide. Cela inclut les enquĂȘtes, les extraditions et les poursuites des suspects, Ă la fois de maniĂšre indĂ©pendante et en collaboration avec d'autres parties. De mĂȘme, le Statut de Rome oblige les signataires Ă contribuer aux poursuites des suspects par l'intermĂ©diaire de la CPI. Les gouvernements pourraient bien sĂ»r choisir de suivre l'exemple de la Hongrie et se retirer purement et simplement de la CPI.
Cependant, alors que les preuves irrĂ©futables des intentions et des actes gĂ©nocidaires de l'entitĂ© sioniste Ă Gaza se multiplient chaque jour et que l'ONU a ouvertement accusĂ© Tel Aviv de gĂ©nocide, la libertĂ© de mouvement internationale dont jouissaient jusqu'Ă prĂ©sent les responsables israĂ©liens pourrait bien se restreindre davantage. De plus, un dĂ©fi est lancĂ© aux nombreux Ătats qui prĂ©tendent si chĂšrement dĂ©fendre le droit international. En retour, la justice tant attendue pour les Palestiniens pourrait se profiler Ă l'horizon.