đâđš âCâest un ordre : dĂ©truisez le quartier pour que les Arabes ne reviennent jamaisâ
âJe ne suis qu'un simple soldat, c'est ma mission. Mais si tu me demandes mon avis je ne sais pas quoi te dire, mec. Ce sont les ordres : dĂ©truire la zone pour que les Arabes ne puissent pas revenirâ.

đâđš âCâest un ordre : dĂ©truisez le quartier pour que les Arabes ne reviennent jamaisâ
La destruction des écoles de Gaza par Israël.
Par Sami Vanderlip & Younis Tirawi, le 6 juin 2025
Au dĂ©but de la semaine, The Guardian a publiĂ© une enquĂȘte sur les attaques systĂ©matiques menĂ©es par IsraĂ«l contre des Ă©coles Ă Gaza, sous prĂ©texte que des militants du Hamas se cachent parmi les civils pour lancer des attaques. La grande majoritĂ© des bĂątiments scolaires de Gaza, qui servent gĂ©nĂ©ralement Ă hĂ©berger des familles dĂ©placĂ©es, ont Ă©tĂ© endommagĂ©s et nĂ©cessitent d'importantes rĂ©parations, ou d'ĂȘtre intĂ©gralement reconstruits. Il est choquant que le Guardian ait mĂȘme dressĂ© la liste de quatre Ă©coles marquĂ©es par l'armĂ©e israĂ©lienne âcomme cibles potentielles Ă bombarderâ : Halawa, al-Rafaa'i, Nusiba et Halima Sa'dia, dans le nord de Gaza.
Selon les sources du Guardian, le ciblage des Ă©coles âfait suite Ă un relĂąchement des contrĂŽles sur les actions visant les membres du Hamas dans des sites oĂč se trouvent un grand nombre de civilsâ. Si l'impunitĂ© de l'armĂ©e israĂ©lienne dans le ciblage des Ă©coles qui abritent des civils s'est peut-ĂȘtre accrue, la destruction des Ă©coles, en particulier dans le nord de Gaza, remonte Ă plusieurs mois.
Les contributeurs de Drop Site, Sami Vanderlip et Younis Tirawi, ont suivi la brigade Givati alors qu'elle Ćuvre Ă la destruction de Gaza depuis le 7 octobre 2023. Ils se sont concentrĂ©s sur une pĂ©riode de quelques jours en octobre 2024, durant laquelle la brigade Givati a non seulement Ă©tĂ© responsable de l'exĂ©cution d'ordres de dĂ©placement forcĂ©, mais aussi de l'incendie de trois Ă©coles dans le nord de Gaza.
La partie la plus frappante de lâarticle est l'interview d'un soldat israĂ©lien anonyme, qui dĂ©crit comment l'unitĂ© a reçu et exĂ©cutĂ© les ordres de raser le nord de Gaza dans le cadre du plan des gĂ©nĂ©raux. âJe ne suis qu'un petit soldat, mecâ a-t-il dĂ©clarĂ© Ă Drop Site. âC'est la mission, voilĂ ce que je fais. Mais si tu me demandes mon avis personnel, je ne sais vraiment pas quoi te dire : c'est simplement la mission, mecâ.
Des enquĂȘtes comme celle-ci nĂ©cessitent des semaines, voire des mois de travail pour collecter, vĂ©rifier et gĂ©olocaliser les informations. Merci d'envisager de soutenir Drop Site en vous abonnant ou en faisant un don dĂšs aujourd'hui. Tous les dons sont dĂ©ductibles des impĂŽts.
âIl faut juste dĂ©truire le quartier, ce qui les empĂȘchera de revenir. Pourquoi dĂ©truire ? C'est ma missionâ.
Ce sont les mots d'un sergent israĂ©lien du 432e bataillon Tzabar de la brigade Givati qui s'est confiĂ© Ă Drop Site News sous couvert d'anonymat en raison de la politique militaire israĂ©lienne. Givati est l'une des brigades qui ont participĂ© Ă la mise en Ćuvre du Plan des gĂ©nĂ©raux, une politique Ă©laborĂ©e par l'ancien gĂ©nĂ©ral Giora Eiland qui a recours Ă la privation d'eau, de nourriture et de mĂ©dicaments comme arme de guerre pour forcer les Palestiniens assiĂ©gĂ©s dans le nord de Gaza Ă mourir de faim ou Ă se rendre.
Durant la mise en Ćuvre du Plan des gĂ©nĂ©raux, d'octobre 2024 Ă janvier 2025, des centaines de milliers de Palestiniens ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s de force de leurs maisons dans le nord de Gaza, beaucoup d'entre eux Ă©tant contraints de s'installer dans des abris de fortune installĂ©s en plusieurs endroits, notamment dans des Ă©coles. La brigade Givati, dans laquelle sert ce sergent, a Ă©tĂ© l'une des premiĂšres brigades de l'armĂ©e israĂ©lienne Ă entrer dans Gaza au dĂ©but de l'assaut gĂ©nocidaire. Au cours des vingt derniers mois, elle a participĂ© Ă la destruction effective des villes de Beit Lahia, Beit Hanoun, Jabaliya et Rafah.
Hallel Biton Rosen, un correspondant militaire israélien, a fini par employer un terme pour désigner les opérations militaires importantes menées par la brigade Givati : les nuits violettes. Le violet fait référence à la couleur des bérets de la brigade Givati.
La Brigade Givati a dĂ©truit de vastes zones de Gaza tout au long de l'assaut israĂ©lien et, durant le Plan des gĂ©nĂ©raux, elle a notamment dĂ©truit plusieurs structures oĂč s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s des Palestiniens dĂ©placĂ©s de force. Drop Site a identifiĂ© trois Ă©coles spĂ©cifiques incendiĂ©es par les troupes israĂ©liennes du 432e bataillon en octobre 2024, avec des photos partagĂ©es sur leurs comptes de rĂ©seaux sociaux.
L'armée israélienne n'a déclaré avoir trouvé aucun élément lié au Hamas et à ses activités militantes dans aucun des cas que nous avons examinés. L'armée israélienne n'a pas souhaité faire de déclaration à ce sujet.
De nombreuses Ă©coles de Gaza ont Ă©tĂ© transformĂ©es en abris pour personnes dĂ©placĂ©es et en camps de rĂ©fugiĂ©s. DĂ©but mai, le Cluster Ăducation, une organisation codirigĂ©e par l'UNICEF et Save the Children, a publiĂ© sa derniĂšre analyse des dĂ©gĂąts causĂ©s par l'armĂ©e israĂ©lienne au systĂšme Ă©ducatif de Gaza depuis le dĂ©but de la guerre. Elle a constatĂ© que 100 % des bĂątiments scolaires de la province de Gaza-Nord ont Ă©tĂ© directement touchĂ©s ou endommagĂ©s.
Lorsque les attaques israĂ©liennes se sont intensifiĂ©es dans le nord de Gaza Ă partir d'octobre 2024, les Ă©coles n'ont pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©es. Selon l'analyse du Cluster Ăducation, au cours du dernier trimestre 2024, 11 des 18 Ă©coles directement touchĂ©es Ă©taient situĂ©es dans le nord de Gaza.
Au 7 mai 2025, 95 % des Ă©coles de la bande de Gaza ont subi des dommages plus ou moins importants, et 62 % des bĂątiments scolaires utilisĂ©s comme abris par les personnes dĂ©placĂ©es Ă l'intĂ©rieur du pays ont Ă©tĂ© âdirectement touchĂ©sâ. En avril, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a estimĂ© qu'au moins 88 % des bĂątiments scolaires (501 sur 564) de la bande de Gaza devront ĂȘtre entiĂšrement reconstruits ou faire l'objet de travaux de rĂ©habilitation importants.
Une enquĂȘte menĂ©e en novembre 2024 par le journal israĂ©lien Haaretz a portĂ© sur une sĂ©rie d'attaques contre des Ă©coles perpĂ©trĂ©es par l'armĂ©e israĂ©lienne Ă Gaza. Elle a recensĂ© 18 incidents, citant notamment les attaques contre les Ă©coles Abu Hussein, Hafasa et Al-Fawaka Ă Jabalia, les Ă©coles Khalifa bin Zayid et Mahdia al-Shawa Ă Beit Lahia, et l'Ă©cole Asma dans le camp de rĂ©fugiĂ©s de Shati.
En rĂ©ponse Ă l'enquĂȘte de Haaretz, l'armĂ©e israĂ©lienne a dĂ©clarĂ© que tous les incidents
âsont en cours d'examen par le dispositif FFA qui enquĂȘte sur les opĂ©rations inhabituelles afin d'analyser et tirer des enseignements, d'Ă©valuer les faits et de dĂ©terminer s'il y a eu violation des ordres ou de la loi. Une fois l'examen terminĂ©, les conclusions sont transmises au procureur militaireâ.
Le service de presse de l'armĂ©e n'a pas rĂ©pondu aux questions de Drop Site concernant l'Ă©tat d'avancement de ces enquĂȘtes.
Jameel al-Masri, un Palestinien de 63 ans, utilisĂ© comme bouclier humain par la brigade Givati pendant trois mois et interviewĂ© par Drop Site, a Ă©galement confirmĂ© la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e d'Ă©coles par l'armĂ©e israĂ©lienne. âIl faut Ă©vacuer toutes les Ă©colesâ, ont dĂ©clarĂ© les soldats Ă al-Masri. On lui a ordonnĂ© de se rendre dans les Ă©coles, de mettre les civils dĂ©placĂ©s en rangs et de les faire sortir.
L'interview complÚte d'al-Masri est disponible ici. Lorsqu'on leur a demandé pourquoi ils ont reçu l'ordre de détruire des bùtiments, le sergent qui s'est entretenu avec Drop Site a répondu :
âJe ne suis qu'un simple soldat, mec. C'est ma mission, je la remplis. Mais si vous me demandez mon avis personnel, je ne sais vraiment pas quoi vous dire, c'est simplement ma mission, mec.
âD'aprĂšs moi, ce sont des bĂątiments appartenant aux Gazaouis qui sont... Disons que nous pensons qu'il y a des terroristes Ă l'intĂ©rieur, par exempleâ, ont-ils dĂ©clarĂ©. âCe sont des endroits dont on n'a plus besoin. Et qu'il faut raser, alors on les raseâ. Cela vaut aussi bien pour les Ă©coles que pour de nombreux autres types de bĂątiments.
âLes bĂątiments dĂ©truits et dĂ©molisâ, a-t-il dĂ©clarĂ©, sont âtrĂšs probablement des endroits oĂč se cachent des terroristes ou autres. Les terroristes se cachent dans des tunnels et tirent des missiles antichars sur nous ou ripostent avant de retourner d'oĂč ils viennent, vous me suivez ? ... Donc, vous voyez, nous dĂ©truisons tant que nous pouvons, pour qu'il ne reste plus rien, afin qu'ils n'aient nulle part oĂč se cacher et qu'on ne puisse pas les retrouverâ.
âCe sont les ordres : dĂ©truire le quartier pour que les Arabes ne puissent pas revenirâ.
Ăcole prĂ©paratoire pour filles âAâ de Beit Lahia
Vers 9 heures du matin, le 20 octobre 2024, un quadricoptÚre israélien s'est approché de l'école préparatoire pour filles de Beit Lahia, prÚs de la frontiÚre nord de Gaza.
Neveen Mohammed al-Dawawsah, une ambulanciÚre de 21 ans résidant à Beit Lahia, faisait partie des centaines de personnes réfugiées dans l'école. Une voix a retenti dans le haut-parleur du quadricoptÚre :
âQue tout le monde sorte. Vous ĂȘtes dans une zone de combat. L'armĂ©e israĂ©lienne vous met en gardeâ,
a raconté Neveen dans son témoignage.
âLe chaos et la peur ont envahi l'Ă©coleâ,
a déclaré Neveen au Centre palestinien pour les droits de l'homme.
Les familles qui utilisaient l'école comme refuge se sont précipitées pour rassembler leurs affaires. Puis, dix minutes plus tard, la premiÚre explosion a eu lieu.
Neveen était encore dans une salle de classe, se préparant à fuir.
âJ'ai couru dans la cour, terrifiĂ©e, et j'ai vu tous ces gens pris pour cible par les obus, tandis que les pierres et les dĂ©bris jonchaient le solâ, a-t-elle dĂ©clarĂ©.
âDes dizaines de cadavres Ă©taient dispersĂ©s dans la cour, au milieu des cris des blessĂ©s qui appelaient Ă l'aide. La plupart d'entre eux avaient perdu des membresâ.
Des images prises par lâinfirmiĂšre contrainte de fuir montrent les consĂ©quences du massacre perpĂ©trĂ© par l'armĂ©e israĂ©lienne dans l'Ă©cole, oĂč de nombreux corps ensanglantĂ©s gisent sur le sol.
Avant le 7 octobre 2023, l'Ă©cole prĂ©paratoire pour filles de Beit Lahia accueillait environ 3 000 Ă©lĂšves et 100 enseignants. L'Ă©cole, gĂ©rĂ©e par l'Office de secours et de travaux des Nations unies, a fait la une de l'actualitĂ© internationale en fĂ©vrier 2023 lorsqu'un hĂŽpital londonien a Ă©tĂ© contraint de retirer une exposition d'Ćuvres d'art rĂ©alisĂ©es par des Ă©lĂšves de l'Ă©cole gĂ©rĂ©e par l'ONU Ă Gaza, Ă la suite d'une plainte dĂ©posĂ©e par UK Lawyers for Israel
âau nom de certains patients juifs, qui se sentaient menacĂ©s et discriminĂ©s par cette expositionâ.
Puis, comme beaucoup d'écoles du nord de Gaza, elle a accueilli des centaines de familles déplacées de force.
La situation Ă l'intĂ©rieur Ă©tait insupportable, avec 30 Ă 40 familles entassĂ©es dans une seule salle de classe pouvant accueillir trois familles au maximum, soit 400 familles dĂ©placĂ©es au total. L'eau Ă©tait dĂ©jĂ trĂšs rare, entraĂźnant un manque criant de soins de santĂ© Ă©lĂ©mentaires : chaque personne ne disposait que d'un demi-litre dâeau par jour, avant que l'armĂ©e israĂ©lienne ne bombarde le puits principal de l'Ă©cole dĂ©but octobre 2024.
Cette attaque a coĂŻncidĂ© avec le dĂ©but de la campagne la plus sanglante menĂ©e par IsraĂ«l dans le nord de Gaza. Au milieu des attaques incessantes dans tout le nord, l'armĂ©e israĂ©lienne a publiĂ© de nouveaux ordres d'Ă©vacuation sur les rĂ©seaux sociaux, forçant les habitants Ă fuir vers le sud dans le cadre du âPlan des gĂ©nĂ©rauxâ, destinĂ© Ă dĂ©peupler la rĂ©gion situĂ©e au-dessus du couloir dit de Netzarim.
Neveen a quitté l'école à pied avec des centaines d'autres personnes, marchant vers le sud en direction de la ville de Gaza. Puis, des soldats israéliens du 432e bataillon Tzabar de la brigade Givati sont entrés dans l'école et y ont mis le feu.
Deux semaines plus tard, un soldat israélien nommé Itay Pavlov, infirmier de combat au sein du bataillon 432 Tzabar de la brigade Givati, a publié des photos de l'incident sur son compte Instagram. Lui et un autre soldat se tenaient debout, impassibles, devant l'école pour filles de Beit Lahia en flammes derriÚre eux.
Hamad Bin Khalifa et l'école secondaire supérieure pour filles du Koweït
à la mi-octobre 2024, l'armée israélienne a intensifié ses attaques contre les maisons des Palestiniens dans le camp de réfugiés de Jabaliya. Ces attaques ont notamment consisté à allumer des ceintures de feu autour du camp et à larguer des bombes sur les maisons, et elles se sont poursuivies toute la nuit.
Les Palestiniens déplacés ayant trouvé refuge dans des écoles n'ont pas été épargnés. L'école UN Abu Husein et les cliniques Hafwa et Al-Fakhoura gérées par l'UNRWA ont été touchées, faisant de nombreux morts et blessés.
Le 19 octobre 2024, aprÚs avoir encerclé la zone, l'armée israélienne a ordonné aux Palestiniens de partir. L'armée a publié des images montrant des chars encerclant les bùtiments et les derniers habitants rassemblés et contraints de quitter la zone.
Les Ă©coles Hamad Bin Khalifa et Kuwait Upper Secondary Female School Ă Jabalia sont devenues des refuges pour les personnes dĂ©placĂ©es Ă l'intĂ©rieur du pays, prĂšs de l'hĂŽpital indonĂ©sien. Selon le Cluster Ăducation, Hamad Bin Khalifa comptait environ 998 Ă©lĂšves et 42 enseignants, et Kuwait environ 991 Ă©lĂšves et 40 enseignants avant le 7 octobre.
AprÚs l'expulsion forcée des Palestiniens déplacés et réfugiés dans les écoles, les soldats israéliens du bataillon 432 Tzabar ont pris le contrÎle de la zone et les ont incendiées.
Des photos publiées sur Instagram par des soldats du bataillon 432 Tzabar opérant dans la zone montrent l'école Hamad Bin Khalifa en feu.


Ăcole primaire mixte d'Alep B
(également connue sous le nom d'école mixte élémentaire A et B de l'ONU à Halab)
En octobre 2024, le bataillon Tzabar a incendiĂ© une autre Ă©cole dans le mĂȘme quartier. Cette Ă©cole, l'Ă©cole d'Alep, a Ă©tĂ© le théùtre d'un massacre quelques mois plus tĂŽt. En dĂ©cembre 2023, l'armĂ©e israĂ©lienne a exĂ©cutĂ© de nombreux membres de la famille Abu Salah devant l'Ă©cole d'Alep alors qu'ils brandissaient un drapeau blanc. Les bombardements autour de l'Ă©cole ont Ă©tĂ© intensifs, tuant et blessant bon nombre de civils rĂ©fugiĂ©s lĂ .
Cet incident, au cours duquel sept membres d'une mĂȘme famille ont Ă©tĂ© tuĂ©s par des snipers, a fait l'objet d'une enquĂȘte du New York Times en septembre 2024. Le 6 dĂ©cembre 2023, un garçon de la famille Abu Salah est sorti de l'Ă©cole Hamad Bin Khalifa. Il voulait voir ce qui restait aprĂšs le passage des bulldozers israĂ©liens. Un sniper israĂ©lien l'a abattu d'une balle en plein cĆur. Les membres de sa famille ont entendu le coup de feu et ont dĂ©couvert le corps. Le pĂšre, la mĂšre et quatre autres enfants ont transportĂ© le corps sur une civiĂšre au cimetiĂšre, en brandissant un drapeau blanc. AprĂšs l'enterrement, ils sont repartis Ă pied vers l'Ă©cole Hamad bin Khalifa, oĂč ils s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s. Alors qu'ils marchaient, toujours avec le drapeau blanc, un sniper israĂ©lien les a tous abattus juste devant l'Ă©cole Alep.
Le lendemain, l'armée israélienne a procédé à l'expulsion des habitants de la zone. La fille, qui n'avait pas suivi sa famille à l'enterrement, a découvert les corps de ses six proches sur la route. L'armée israélienne lui a interdit, ainsi qu'à ses proches, de s'approcher. Quelques semaines plus tard, l'armée s'est retirée de la zone. Les habitants ont fouillé les tas de gravats et ont retrouvé les restes des corps de la famille, que les bulldozers israéliens avaient ensevelis sous des déchets.
Quelques mois aprÚs l'exécution de la famille Abu Salah, des soldats israéliens du bataillon 432 Tzabar ont repris le contrÎle de l'école d'Alep et l'ont incendiée en octobre 2024. Le soldat israélien Gal Stamker a publié une photo de l'école en feu le 21 octobre 2024 sur son compte Instagram :
Ayant servi dans toutes les zones de Gaza depuis le début de l'assaut, le sergent a expliqué que la destruction des quartiers était une décision politique directe visant à faire en sorte que Gaza reste inhabitable bien aprÚs la conclusion d'un cessez-le-feu.
âQuand vous devez raser un endroit, c'est pour que les Arabes ne reviennent pas. Et tout Ă coup, vous vous dites : âBon, j'ai dĂ©jĂ dĂ©truit ce bĂątiment, il n'y a plus rien Ă faire lĂ -basââ, a dĂ©clarĂ© le sergent de la brigade Givati. âLa mission consiste Ă tout dĂ©truire. Il s'agit simplement de raser tout ce qui se trouve lĂ -bas. Pour qu'il ne reste plus rienâ.
Des images satellites prises au-dessus des zones oĂč se trouvaient les Ă©coles montrent Ă©galement les dĂ©gĂąts. Le 14 octobre 2024, les Ă©coles sont toujours utilisĂ©es comme abris et des tentes y sont encore visibles. Cependant, sur les images satellites prises le 24 octobre 2024, les tentes des Palestiniens dĂ©placĂ©s ont disparu.


AprÚs avoir incendié de nombreuses écoles et détruit une grande partie de la zone, Ori Narkis, un soldat du bataillon 432 Tzabar, a publié une photo sur son compte Instagram le 1er novembre, posant devant le quartier détruit de Jablia et ajoutant un emoji vert.
La destruction se poursuit
Ă l'approche de la fin de l'annĂ©e 2024, la destruction de Gaza par le 432e bataillon Tzabar s'est poursuivie Ă un rythme soutenu. Les soldats ont continuĂ© Ă publier sur les rĂ©seaux sociaux des vidĂ©os les montrant en train de tirer et de faire exploser des bĂątiments Ă Jabaliya. « La femme construit et le tireur dĂ©truit », peut-on lire en lĂ©gende d'une vidĂ©o montrant un immeuble de plusieurs Ă©tages dĂ©jĂ dĂ©truit, bombardĂ© jusqu'Ă son effondrement complet. « Shabbat Shalom Jabaliya », peut-on lire dans une autre lĂ©gende accompagnant la mĂȘme vidĂ©o.

PubliĂ©e le 27 dĂ©cembre 2024 avec la lĂ©gende âLa femme construit et le tireur dĂ©truitâ. Obtenue par Younis Tirawi.
Le nettoyage ethnique et le génocide des Palestiniens restent, comme toujours, l'objectif affiché du gouvernement israélien à Gaza. « Les Gazaouis que nous évacuons ne reviendront pas. Ils n'y seront plus ; nous contrÎlerons cette zone. Notre objectif est clair. Le reste n'est que bluff », a ajouté Netanyahu.
Pendant ce temps, le ministre israĂ©lien des Finances, Bezalel Smotrich, s'est fait l'Ă©cho des propos de Netanyahu concernant la destruction de Gaza lors d'une rĂ©cente confĂ©rence de presse : « Nous anĂ©antirons tout ce qui reste dans la bande de Gaza, a-t-il dĂ©clarĂ©, parce que c'est une grande zone de terrorisme. » Smotrich s'est vantĂ© de l'impunitĂ© totale dont IsraĂ«l continue de bĂ©nĂ©ficier alors qu'il intensifie son gĂ©nocide Ă Gaza : « Nous dĂ©mantelons Gaza, en faisons un champ de ruines avec des destructions sans prĂ©cĂ©dent, et le monde ne nous arrĂȘte toujours pasâ.
Récente conférence de presse de Bezalel Smotrich.
Traduit par Spirit of Free Speech