đâđš Chaque chose Ă sa place
LâĂ©talage du spectacle de guerre & leur rhĂ©torique dĂ©shumanisante reflĂštent la tendance dâun journalisme pour & par lâhĂ©gĂ©monie des pays puissants: "La premiĂšre victime dâune guerre, c'est la vĂ©ritĂ©".
đâđš Chaque chose Ă sa place
Par Carolina VĂĄsquez Araya, lee 24 mars 2023
Il est essentiel de savoir faire la différence entre le journalisme et la
propagande.
« la premiĂšre victime dâune guerre, câest la vĂ©ritĂ© »
La façon dont lâinformation sâest transformĂ©e en un outil stratĂ©gique du pouvoir Ă©conomique mondial fait dĂ©sormais partie du paysage. Ce qui Ă©tait autrefois un exercice de prise de risque, de confrontation et un outil utile pour la sociĂ©tĂ© semble ĂȘtre devenu lâopposĂ©. Aujourdâhui, lâinformation manipule et dissimule des vĂ©ritĂ©s qui, si elles Ă©taient de notoriĂ©tĂ© publique, renverseraient les puissants de ce monde. Ce qui est toutefois frappant, câest le cynisme avec lequel les principales chaĂźnes dâinformations affichent leur mĂ©pris pour les tragĂ©dies humanitaires qui ravagent la planĂšte et la façon dont leur contenu est acceptĂ©
comme une vérité absolue.
Donner en spectacle le malheur des autres est, semble-t-il, une technique capable dâattirer plus dâaudience, et par consĂ©quent, de gĂ©nĂ©rer davantage de revenus publicitaires. Kapuscinski, le grand reporter polonais, considĂ©rait ce qui suit comme la rĂšgle fondamentale du journalisme : « Cherchez la vĂ©ritĂ© parmi les gens. ordinaires et, lorsque vous cherchez des rĂ©ponses, oubliez les hautes sphĂšres du pouvoir. Attardez-vous sur les dĂ©tails : câest parfois lĂ que se cache la solution de tout problĂšme. Fuyez la vanitĂ© et lâego surdimensionnĂ© comme la peste, car câest Ă cause dâeux que lâon perd en objectivitĂ© et que lâon cesse de faire la part des choses. Et enfin, voyagez seul, pour que le point de vue dâune tierce personne ne dĂ©forme pas la perception pure et directe du journaliste que vous ĂȘtes ». Pourtant, cette vision est aujourdâhui considĂ©rĂ©e comme un dĂ©savantage concurrentiel.
Kapuscinski a parcouru le monde, mais pas comme un touriste qui loge dans des hĂŽtels de luxe. Non, il a arpentĂ© des routes quasi oubliĂ©es de tous, oĂč la misĂšre humaine sautait aux yeux. Il a relatĂ© ce quâil observait en mettant lâaccent sur les liens avec les habitants les plus humbles et les peuples les plus dĂ©munis. Ses analyses approfondies pourraient couvrir lâĂ©quivalent de tout un doctorat en Ă©thique et ses enseignements seraient capables de mettre Ă mal toute une profession qui, dâhonorable, est devenue, dans certains cas, le pendant mĂ©diatique dâun tueur Ă gages.
Fermement opposĂ© aux conflits armĂ©s, ayant Ă©tĂ© tĂ©moin de nombre dâentre eux et de leurs consĂ©quences, ce journaliste, laurĂ©at du prix Prince des Asturies, a dĂ©clarĂ© un jour : « la premiĂšre victime dâune guerre, câest la vĂ©ritĂ© ». En observant le contexte actuel et en remettant chaque chose Ă sa place, il est important de remarquer que lâĂ©talage des spectacles de guerre et leur rhĂ©torique dĂ©shumanisante reflĂštent la tendance dâun journalisme conçu pour et par lâhĂ©gĂ©monie des pays les plus puissants. De cette façon, il assure la soumission et lâaffaiblissement progressif des nations considĂ©rĂ©es comme « dĂ©pendantes ».
Les vĂ©ritables professionnel·le·s du journalisme, qui voient leur champ dâaction rĂ©duit par les pressions quâexercent les pouvoirs de facto et les grandes entreprises, par le chantage et les menaces des hommes dâaffaires, des politiciens et surtout des organes juridiques Ă©troitement liĂ©s aux organisations criminelles et aux armĂ©es corrompues, sont persĂ©cuté·e·s. Les pressions incessantes visant Ă faire taire la vĂ©ritĂ© et Ă dissimuler les crimes dâĂtat ne sont pas lâapanage des pays du tiers monde, on le constate dans les grands rĂ©seaux internationaux. Ils cautionnent les dĂ©cisions fallacieuses des grandes puissances et font de leurs
agressions des exemples de vertus dĂ©mocratiques. Le journalisme traverse aujourdâhui la plus grande crise de crĂ©dibilitĂ© quâil nâait jamais connu.
Kapuscinski pratiquait un modĂšle de journalisme aujourdâhui en voie dâextinction.
Carolina VĂĄsquez Araya
Journaliste et Ă©ditrice avec plus de 30 ans d'expĂ©rience, avec des rĂ©alisations professionnelles dans le dĂ©veloppement de projets couronnĂ©s de succĂšs qui confirment ses qualitĂ©s de leadership, de crĂ©ativitĂ© et de relations publiques. Elle a apportĂ© ses connaissances dans des projets d'organisations dont les intĂ©rĂȘts sont orientĂ©s vers le dĂ©veloppement social, culturel et Ă©conomique du pays, en particulier dans les secteurs de la culture et de l'Ă©ducation, de l'entreprenariat, des droits humains, de la justice, de l'environnement, des femmes et des enfants. Chilienne, elle vit au Guatemala. elquintopatio.wordpress.com
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