🚩 Chris Hedges: John Shipton sur l'extradition imminente de son fils Julian Assange, et l’impératif de résistance de masse.
Et puis, les mots viennent à manquer, pour décrire cette injustice grotesque et monstrueuse qui se déroule sous nos yeux, une mort lente, sous nos yeux, un meurtre au ralenti.
🚩 John Shipton sur l'extradition imminente de son fils Julian Assange, et l’impératif de résistance de masse.
🎙 Par Chris Hedges, le 24 septembre 2022
[Photo: John Shipton et sa fille en visite dans un refuge, en Australie]
La persécution de Julian Assange est une fenêtre sur l'effondrement de l'État de droit, la montée de ce que le philosophe politique Sheldon Wolin appelle notre système de totalitarisme inversé.
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TRANSCRIPTION
🎙 CH - Les sociétés qui interdisent la capacité de parler en vérité éteignent la capacité de vivre dans la justice. Les Tyrannies inversent la règle de droit. Elles transforment la loi en un instrument d'injustice. Elles dissimulent leurs crimes sous une légalité totale. Elles utilisent le décorum des tribunaux et des procès pour masquer leur criminalité. Ceux qui, comme Julian Assange, exposent cette criminalité au public sont dangereux, car sans le prétexte de la légitimité, la tyrannie perd toute crédibilité et n'a plus dans son arsenal que la peur, la coercition et la violence.
La longue campagne contre Julian et WikiLeaks est une fenêtre sur l'effondrement de l'État de droit, la montée de ce que le philosophe politique Sheldon Wolin appelle notre "système de totalitarisme inversé", une forme de totalitarisme qui maintient les fictions de l'ancienne démocratie capitaliste, y compris ses institutions, son iconographie, ses symboles patriotiques et sa rhétorique, mais qui, à l'intérieur, a abandonné le contrôle total aux diktats des corporations mondiales.
J'étais dans la salle d'audience de Londres lorsque Julian était jugé par la juge Vanessa Baraitser, une version actualisée de la reine de cœur dans Alice au pays des merveilles, exigeant la sentence avant de prononcer le verdict. C'était une farce judiciaire. Il n'y a aucune base légale pour garder Julian en prison. Il n'y a aucune base légale pour le juger, lui, un citoyen australien, en vertu de la loi américaine sur l'espionnage. La CIA a espionné Julian et l'ambassade par l'entremise d'une société espagnole, UC Global, engagée pour assurer la sécurité de l'ambassade. Cet espionnage comprenait l'enregistrement des conversations privilégiées entre Julian et ses avocats lorsqu'ils discutaient de sa défense. Ce seul fait invalide tout procès de Julian.
Julian est actuellement détenu dans une prison de haute sécurité afin que l'État puisse, comme l'a déclaré Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, poursuivre les abus et les tortures dégradantes qu'il espère voir aboutir à sa désintégration physique et psychologique. Le gouvernement amér*icain a donné des directives au procureur de Londres, James Lewis. Lewis a présenté ces directives à Baraitser devant le tribunal. Baraitser les a adoptées comme sa décision légale. C'était une pantomime judiciaire. Lewis et le juge ont insisté sur le fait qu'ils n'essayaient pas de cri*minaliser les journalistes et de museler la presse, alors qu'ils étaient occupés à mettre en place le cadre juridique pour cri*minaliser les journalistes et museler la presse.
Et c'est pourquoi le tribunal a travaillé si dur pour masquer les procédures au public, en limitant l'accès à la salle d'audience à une poignée d'observateurs, et en rendant difficile, voire impossible, l'accès au procès en ligne. C'était un procès spectacle de mauvais goût, pas un exemple du meilleur de la jurisprudence anglaise, mais de la Lubyanka.
Il est impératif que ceux d'entre nous qui se soucient de la liberté de la presse et de la persécution d'un homme innocent - car Julian n'a pas commis de crime - fassent sentir leur présence dans les rues. Je serai à Washington le 8 octobre avec, je l'espère, des milliers d'autres personnes pour sonner au ministère de la Justice et demander la libération de Julian, un acte qui sera répété par des manifestants entourant le Parlement britannique, le même jour.
Le père de Julian, John Shipton, me rejoint depuis le Mexique, où le président Andres Manuel Lopez Obrador a défendu l'innocence de Julian et offert l'asile au fondateur de WikiLeaks.
John, dites-nous d'abord où nous en sommes. J'ai fait de gros efforts pour suivre l'affaire, mais c'est un peu alambiqué. C'est remonté jusqu'au tribunal de première instance. Dans cette procédure d'appel, pouvez-vous expliquer ce qui se passe ?
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🗣 John Shipton/JS - Eh bien, Julian a soumis à la High Court une demande d'autorisation d'appel. Après que Julian a soumis son appel, les États-Unis ont huit semaines à partir de cette date pour soumettre leurs arguments, et les États-Unis ont demandé une extension de quatre semaines. Donc, ils veulent 12 semaines. Je suppose que ça nous amènera après les élections de mi-mandat. Pour une raison ou une autre, ils veulent faire ça.
Et après cela, le juge, un juge unique, le juge de la High Court, prend une décision quant à savoir si l'appel est recevable, et ensuite la préparation administrative de l'appel. Je suppose donc que tout cela prendra au moins huit mois, si l'appel peut avoir lieu. S'il n'a pas lieu, s'ils refusent la permission de faire appel, alors Julian peut, pour le moment encore, faire appel à la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Mais cela semble vain, car le Royaume-Uni a décidé d'introduire ce qu'il appelle une charte des droits basée sur les valeurs communautaires, dans laquelle un comité mis en place par le gouvernement décide des valeurs communautaires. C'est un cheminement tortueux vers une sorte d'anarchie arbitraire, en fonction de ce que le comité décide, tel ou tel jour.
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🎙 CH - La Cour européenne des droits de l'homme n'a aucune juridiction au Royaume-Uni. Elle n'a pas la capacité de bloquer l'extradition, n'est-ce pas?
🗣 JS - Non, elle ne peut pas, mais elle peut faire une recommandation, et comme le Royaume-Uni est un signataire qui recommande sa signature au Conseil des droits de l'homme, le Conseil européen de l'Europe, il a, jusqu'à présent, pris au sérieux les déclarations de la Cour européenne des droits de l'homme et y a donné suite. Je suppose que, dans le cas de Julian, ils semblent déterminés. De nombreuses personnes font remarquer que le Royaume-Uni est le bras des États-Unis, ou un substitut. Mais d'après leur comportement, que vous venez de décrire, et leur intention malveillante, ils sont des partenaires à part entière dans cette persécution, ou plus que des partenaires à part entière. Je rappellerai juste à tout le monde que dans le Code de Nuremberg, l'un des premiers précepte est que si vous commettez un crime, vous ne pouvez pas dire que quelqu'un vous'a demandé de le faire ou m'a ordonné de le faire et vous tirer comme ça. C'est à vous qu'incombe la responsabilité du crime.
C'est donc le cas avec le Crown Prosecution Service du Royaume-Uni et ces juges : le juge Taylor, le juge Snow, le juge [inaudible], et enfin le juge Baraitser, qui ont pris ces décisions et... Comment dire... ont transformé l'ensemble en une véritable tribune étoilée [ inaudible]
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🎙 CH - Eh bien, Baraitser n'a pas caché sa malveillance, je veux dire, sur des petites choses insignifiantes. Par exemple, ils ont mis Julian dans cette boîte en plastique, ou en plexiglas, où il ne pouvait pas vraiment entendre les débats, et ses avocats ont demandé qu'il soit autorisé à s'asseoir avec eux, comme le fait toute défense, tout le monde dans une cour de justice, et l'accusation n'a pas fait d'objection, et elle n'a pas voulu le laisser sortir.
🗣 JS - C'était la chose la plus extraordinaire, que Julian ait dû se mettre à genoux et chuchoter à travers une fente de 30 millimètres dans l'oreille de l'avocate de l'autre côté, elle qui se tenait sur la pointe des pieds pour donner des instructions. C'était juste une comédie. Enfin, une comédie cruelle.
Mais pas seulement, car Julian, si vous vous souvenez bien, a pris la parole une fois, et le juge Baraitser lui a dit, qu'il avait deux avocats, deux représentants compétents pour parler en son nom. Elle lui a intimé l'odre de se rassoir, et qu'à défaut, il serait emmené dans les cellules sous le tribunal et l'audience continuerait sans lui. Julian est détenu au secret, comme vous l'avez dit, dans une prison de haute sécurité. Il ne peut pas communiquer, et c'est un acte délibéré du Crown Prosecution Service car, comme vous le savez, le soutien de Julian et sa voix feraient le tour du monde. Donc il est détenu au secret et avec une intention malveillante, incapable de donner des instructions à ses avocats lors de l'audience.
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🎙 CH - Sur quelles questions les avocats basent-ils l'appel? Parce que ce sont les questions qui n'ont pas été abordées par la High Court. Peut-être pouvez-vous expliquer sur quoi se fonde l'appel.
🗣 JS - Donc, il y a en tout 18 chefs d'accusation. 17 d'entre eux relèvent de la loi sur l'espionnage, et l'un d'entre eux est une accusation d'intrusion informatique. Donc, elles se sont accumulées dans les actes d'accusation l'un après l'autre après l'autre. Donc, le premier acte d'accusation était l'intrusion informatique. Le deuxième était les 18 accusations d'espionnage, et le troisième est une combinaison des deux. À chaque fois, le Crown Prosecution Service et le juge Baraitser ont permis ce qu'ils appellent un super acte d'accusation... Oh mon Dieu... Un super acte d'accusation pour aller de l'avant. Je suppose qu'au bout d'un moment, les mots vous manquent, comment décrire cette injustice grotesque et monstrueuse qui se déroule sous nos yeux, et comme le professeur Nils Melzer le décrit, une mort lente sous nos yeux, un meurtre lent, dit-il, sous nos yeux. Et ce, malgré le fait que chaque parlement européen compte un groupe multipartite de partisans d'Assange en son sein.
Le Parlement allemand, où 90 parlementaires ont voté pour que le groupe d'amitié États-Unis-Allemagne mette à l'ordre du jour la persécution de Julian. Le Parlement français a passé une heure à débattre des circonstances du procès de Julian. La récente élection du gouvernement travailliste australien, semblable à celui des démocrates, sous la direction d'Anthony Albanese, a été élu sur un programme visant notamment à ramener Julian Assange au pays. 88 % des Australiens veulent que Julian soit ramené en Australie. Le soutien de la communauté est donc immense, mondial, global. Les institutions de l'État, le département d'État, le ministère de la Justice et le FBI semblent avoir une approche négative de Julian Assange, l'utilisant comme un moyen de restreindre - je dirais même de tronquer - ce magnifique élément de la Constitution américaine: le Premier Amendement. Ils n'aiment pas ça. Ils n'aiment pas leur propre cadeau en or, ces gens-là. C'est très étrange.
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🎙 CH - Pensez-vous que la persécution de Julian s'est intensifiée après la publication de Vault7 par WikiLeaks ? Il s'agissait de la fuite d'informations sur la façon dont la CIA pouvait pirater les smartphones, les voitures et tout le reste - Parce que l'administration Obama n'a pas demandé l'extradition de Julian. Mais cela a changé sous l'administration Trump, avec Mike Pompeo à la CIA. Voyez-vous cela comme une sorte de tournant, ou pensez-vous que cela a toujours été l'intention ?
🗣 JS - Je pense que cela a toujours été l'intention, mais un type comme Mike Pompeo a pensé qu'il obtiendrait le soutien des institutions de l'État, en particulier de la CIA, s'il mettait tout son poids dans la balance. C'est ce que je pense. Question d'opportunité. C'est juste un opportuniste, et il n'était pas très doué pour être secrétaire d'État, pas plus qu'il n'était doué pour diriger la CIA.
Vous avez vu que la CIA, un total de 30 membres de la CIA, soit des anciens, d'autres en activité - je pense que neuf sont en activité sur les 30 - ont divulgué ou... comment le décrire... ils ont donné des preuves des plans de la CIA dans l'espionnage de Julian, et leurs intentions de tuer ou d'enlever Julian, et leurs arrangements avec le MI5. Donc 30 officiers de la CIA ont fait des déclarations aux journalistes de Yahoo. Donc, en fait, ils ont fait sauter les chances de Mike Pompeo d'aller aux présidentielles de 2024. Donc, ce n'est pas aussi homogène que ça en a l'air. Julian a des soutiens au sein de la CIA. Ces éléments... Désolé, continuez.
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🎙 CH - C'est bon. Je veux juste parler des conditions dans lesquelles il est détenu, qui sont... Je veux dire, tout d'abord, je ne comprends même pas comment ils peuvent le détenir. N'est-il pas là pour une violation de caution ? Je veux dire, tout ça est... Et il est dans la prison de plus haute sécurité du Royaume-Uni. Mais parlez des conditions.
🗣 JS - Eh bien, il est détenu dans une cellule. Nils Melzer a rendu visite à Julian dans cette cellule. Nils était à l'époque le rapporteur des Nations Unies sur la torture et les détentions inhabituelles. Il s'agit donc d'une cellule qui répond aux règles établies par les Nations Unies pour un seul occupant, et il y est 23 heures par jour. Au cours des deux dernières années, ses conditions de vie ont été limitées par des exigences bureaucratiques mesquines, ou des ossifications bureaucratiques, ou des bureaucraties disant, par exemple, comme le juge Baraitser: non ! C'est à la prison de faire sortir Julian de la boîte en plastique à l'arrière du tribunal. Et puis la prison a dit: non! C'est la responsabilité de la société. C'est la responsabilité de cette dernière, d'avoir des agents contractuels qui gardent les prisonniers sur le chemin vers et depuis le tribunal. Donc, ils utilisent la bureaucratie pour poursuivre ce que je décris comme un déluge de malveillance. À une occasion, Julian n'a pas eu accès à ses documents judiciaires [inaudible] pour se préparer, il n'a pas vu ses avocats pendant six mois à cause du Covid, et il n'a pas pu recevoir la visite de sa famille parce que la prison était en quarantaine à cause du Covid.
Toutes ces choses ne cessent de croître pour former un déluge de malveillance à l'égard de Julian Assange. Je rappelle à tous que Julian est un prévenu. C'est-à-dire qu'il est innocent. Je rappelle aussi qu'il est éditeur, et que des meurtriers sont enfermés dans des cellules de part et d'autre de la sienne, et que la prison elle-même est une maison d'arrêt pour meurtriers, violeurs - crimes majeurs, te*rroristes, etc. Ils gardent Julian là-dedans parce que ce genre de prison, une prison de haute sécurité, est un endroit d'où l'on ne peut pas communiquer. Vous ne pouvez pas du tout vous exprimer, et c'est leur intention avec Julian.
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🎙 CH - Il a souffert de graves problèmes de santé. Il a eu des attaques mineures. Il est apparu au tribunal qu'il a eu des épisodes psychotiques. Bien sûr, nous devons reconnaître qu'il a déjà été enfermé pendant sept ans dans l'ambassade d'Équateur après que l'Équateur lui ait accordé l'asile politique, mais ensuite, bien sûr, le Royaume-Uni n'a pas autorisé un passage sûr de l'ambassade à l'aéroport d'Heathrow. Je ne sais pas comment il peut supporter ce qui est maintenant plus d'une décennie de ce genre d'abus systématique, et je pense, comme Nils Melzer l'a dit, que c'est totalement l'intention.
🗣 JS - Oui, son [Melzer] rapport de 26 pages, qui a été accepté par l'AGNU, l'Assemblée générale des Nations Unies, a été soumis au gouvernement britannique, au gouvernement suédois. Le gouvernement suédois était un peu plus... comment dire... réactif à Nils. Le gouvernement britannique a utilisé plusieurs lourdeurs bureaucratiques pour faire traîner les choses. Nils, après avoir terminé l'examen de Julian, a demandé à voir le directeur de la prison, mais ce dernier était rentré chez lui tôt ce jour-là. Donc, il y a plusieurs complications de ce type. C'est vraiment difficile, car Nils Melzer est un fonctionnaire des Nations Unies, et le Royaume-Uni est un membre des Nations Unies. Et en tant que membre des Nations Unies, les représentants des Nations Unies sont traités avec dignité et on leur donne les accès habituellement. C'est leur travail, c'est son travail, d'aller dans les prisons.
Ainsi, il est vraiment difficile de comprendre comment les auteurs de ces magnifiques artefacts civils de la fin du 20ème siècle, les Nations Unies, les conventions de couverture... Il y a les Conventions de Genève et les Conventions d'asile, toutes ces merveilleuses conventions. Les auteurs mêmes de ces pactes les ont complètement abandonnés. Vous devez nous le rappeler clairement, car c'est votre domaine. En 1948, Eleanor Roosevelt et Herbert Vere Evatt, le président des Nations unies de l'époque, ont élaboré la Déclaration universelle des droits de l'homme et l'ont adoptée au sein des Nations unies. De même, en 1958, ils ont adopté les conventions d'asile, qui ont été ratifiées sous l'égide de l'Australie en 1973 par l'Assemblée générale des Nations unies. Ces magnifiques artefacts, ils les ont abandonnés. Pour quelle raison, nous ne comprenons tout simplement pas.
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🎙 CH - Eh bien, je me souviens que dans le livre de Nils Melzer - que je recommande à tout le monde, je pense que c'est probablement le meilleur livre sur l'affaire - il parle de l'irrespect qui lui est témoigné lorsqu'il entre à Belmarsh et le compare à toutes sortes de tyrannies du monde. Et comme vous l'avez mentionné, il a dit que cette visite était du jamais vu, qu'elle avait été organisée bien à l'avance et que le gouverneur de la prison avait décidé de ne pas être présent.
Je veux parler de la façon dont nous allons résister. Je pense qu'il y a de nombreux exemples flagrants dans le processus judiciaire qui, dans n'importe quel type de procès normal, aurait vu cette affaire rejetée par le tribunal, je veux dire, détruire le privilège avocat-client, essayer de juger quelqu'un qui n'est même pas un citoyen américain en vertu de la loi sur l'espionnage, etc, etc....
Il est donc important de savoir ce qui va se passer le 8 octobre à Washington - et j'y serai. L'idée est d'encercler le ministère de la Justice et de demander au procureur général Merrick Garland d'abandonner les charges contre Julian. Les gens peuvent trouver plus d'informations à ce sujet sur assangedefense.org. Mais je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire que ces manifestations publiques sont vitales si nous voulons assurer la liberté de Julian.
🗣 JS - Oui. Les actions de rue sont tout simplement formidables. Ils vont encercler le Parlement à Londres. À Washington, ils vont encercler le ministère de la Justice. Et en Australie, ils vont traverser le Princess Bridge à Melbourne, et ainsi de suite à Sydney, à Paris, à Berlin. Il y a une trajectoire morale dans la vie, qui s'est pleinement développée dans le cas de Julian Assange, et cette trajectoire morale, cette soif de vérité, ou la compréhension que quelqu'un qui agit comme un champion de la vérité est un trésor pour tous les êtres humains, la compréhension de ce qui remplit, pour utiliser un mot religieux, l'âme, ou pour utiliser un mot séculier, les mœurs sociales. Et il me semble - parce que la remontée est significative dans le monde entier, cette remontée de soutien - il me semble que c'est un moment historique, où la dégradation et l'effondrement dans la bar*barie des 20 dernières années a finalement fait son chemin dans nos sociétés comme le signe que tout cela ne peut pas continuer. Le flux de la vie ne permettra pas la poursuite de la barbarie.
Et donc, prenons Julian Assange comme symbole de cette idée. D'après mon expérience des cinq dernières années à parler constamment aux gens, il semble que ce soit le motif. Il n'y a pas de critères de mesure, si ce n'est notre sensibilité. Et je crois que notre sensibilité a été tellement affectée par ce déclin vers des nations barbares, barbares, comme, pour ma part, l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis. C'est un phénomène mondial, occidental. Comme vous pouvez le voir en Allemagne et en France, ils sont indifférents. Ils sont devenus indifférents. La distance entre les gouvernements et le peuple en particulier... Un exemple est celui des Gilets jaunes, dont plusieurs ont été tués pour avoir manifesté [inaudible], et plusieurs dizaines ont perdu la vue à cause des balles de caoutchouc. De même en Allemagne, la classe politique est complètement indifférente à l'effondrement à venir de l'industrie allemande sans approvisionnement énergétique.
Donc, Julian Assange, un chercheur de vérité - Désolé, pas un chercheur de vérité. Une personne qui nous apporte la vérité est le symbole que nous pouvons comprendre et dont nos sensibilités sociales ou notre âme, si vous êtes religieux, peuvent s'imprégner. Et par conséquent, donnons-nous la main et formons un pont ou une chaîne humaine autour du ministère de la Justice.
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🎙 CH - Et nous devrions dire clairement, parce que je pense que c'est souvent méconnu pour beaucoup de gens, que les documents de WikiLeaks ont révélé la corruption, le cynisme, la manipulation, l'abus en interne dans les gouvernements du monde entier. Et cela a énormément renforcé le pouvoir des gens dans le monde entier, car le voile a été déchiré sur ce que leurs dirigeants leur faisaient subir. C'était un moment mondial extrêmement important.
🗣 JS - Je suis actuellement à Mexico, et j'ai suivi l'histoire de l'Amérique du Sud - juste par intérêt, pas comme une étude - Au cours des 30 dernières années, on peut voir maintenant, après les révélations, en particulier des câbles, que la forme et la structure et les structures administratives des pays d'Amérique du Sud ont subi des changements significatifs, et que le Mexique est en train de devenir une société industrielle dynamique, et je pense même qu'ils envisagent de fabriquer des transistors ici à partir de plaquettes. C'est la technologie la plus avancée de la planète, et ils l'envisagent ici. Cela ne serait pas arrivé sous les administrations précédentes, avant les révélations des câbles.
Vous commencez à comprendre comment votre gouvernement administre, et ce qu'il fait pour gouverner, et comment le pouvoir est distribué, qui le distribue, et pourquoi il le distribue dans une région particulière, et pourquoi un pays, par exemple le Canada, peut avoir un système de santé à payeur unique, et le Mexique ne peut pas avoir un système de santé à payeur unique.
Ils comprennent donc qu'au Royaume-Uni, où je me rends fréquemment, il est impossible d'envisager la nationalisation d'un minerai stratégique. C'est impensable. C'est une sorte de tabou. Mais ici, le gouvernement du Mexique sous Obrador vient de nationaliser le lithium, qui est un métal stratégique. Encore une fois, ce n'est mesurable que sur la durée. Vous pouvez voir les changements, et vous pouvez dire que la marée rose a déferlé il y a environ 10 ans, 15 ans, puis elle a été réprimée, et maintenant la marée rose ressurgit. Ainsi, la communauté de sentiments, le sentiment communautaire en Amérique du Sud remonte à la surface et porte les communautés d'ici vers un futur qui implique une plus grande participation du peuple et moins d'impulsions auto*ritaires de la part des gouvernements.
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🎙 CH - Eh bien, nous avons beaucoup à apprendre du Sud global. C'était John Shipton, le père de Julian Assange. Nous parlons de la manifestation du 8 octobre à Washington à midi pour encercler le ministère de la Justice. J'y serai, pour exiger que Merrick Garland abandonne les accusations contre Julian Assange. Vous pouvez en savoir plus sur cette manifestation à assangedefense.org.