đâđš Chris Hedges : La crucifixion de Matt Taibbi par le Parti dĂ©mocrate
Les Twitter Files ont révélé l'existence de listes noires gouvernementales à grande échelle & la complaisance des plateformes médiatiques à marginaliser & bannir les personnes & les groupes y figurant
đâđš La crucifixion de Matt Taibbi par le Parti dĂ©mocrate
Par Chris Hedges, le 28 mai 2023
De longues listes noires gouvernementales révélées par les Twitter Files sont utilisées pour censurer critiques de gauche & de droite. Ce dispositif est retourné contre le journaliste qui l'a révélé.
Le 24 dĂ©cembre 2022, Matt Taibbi se trouvait dans une chambre de l'hĂŽtel Parc 55 Ă San Francisco, en train d'Ă©plucher des rapports envoyĂ©s sur Twitter par une entitĂ© appelĂ©e Foreign Influence Task Force (FITF). La FITF est un groupe de travail interagences dirigĂ© par le FBI qui transmet aux rĂ©seaux sociaux des "demandes de modĂ©ration" Ă©manant de nombreuses agences gouvernementales, dont la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure, la CIA, le Pentagone et le dĂ©partement d'Ătat. Elon Musk, le nouveau propriĂ©taire de Twitter, a donnĂ© Ă M. Taibbi l'accĂšs au trafic interne. Il a rĂ©vĂ©lĂ© comment le FBI et d'autres agences gouvernementales supprimaient rĂ©guliĂšrement les informations et les commentaires. Il a publiĂ© un fil de discussion sur Twitter cette nuit-lĂ , la veille de NoĂ«l, avec le titre "Twitter et autres agences gouvernementales".
"Il y avait une liste de vidéos YouTube", a déclaré M. Taibbi lorsque je l'ai joint par téléphone. Il y aurait eu une note disant : "Nous estimons que ces vidéos ont toutes été créées par l'Agence de recherche sur Internet en Russie. Nous estimons qu'elles promeuvent des attitudes anti-ukrainiennes". J'ai constaté que toutes ces vidéos n'étaient plus sur YouTube. Vous pouvez en déduire ce que vous voulez, mais c'est ainsi que les choses se sont passées. Ils envoyaient des feuilles de calcul Excel remplies de noms de comptes, et tous ou presque disparaissaient.
Le contenu supprimé comprenait des rapports de droite et de gauche critiquant le discours dominant du Parti démocrate et de l'ancienne aile "establishment" du Parti républicain, qui s'est fondue dans le Parti démocrate. Des fils du mouvement des Gilets jaunes, des militants du mouvement Occupy, Global Revolution Live, des articles négatifs sur Joe Biden, des rapports sur la société énergétique ukrainienne Burisma qui a versé à Hunter Biden environ un million de dollars par an lorsque son pÚre était vice-président, des articles positifs sur le président vénézuélien Nicolås Maduro, des rapports sur les violations des droits de l'homme en Ukraine, et des détails sur le contenu de l'ordinateur portable de Hunter Biden faisaient partie de la pléthore de comptes qui ont été signalés, et qui ont disparu.
J'ai été victime de cette censure. Les archives de six ans de mon émission On Contact, diffusée sur RT America, ont été effacées de YouTube, bien qu'aucune émission n'ait porté sur la Russie et qu'aucune n'ait enfreint les lignes directrices de YouTube en matiÚre de contenu. Les épisodes ont ensuite été réintroduits sur la chaßne YouTube de Chris Hedges. L'émission donnait la parole à ceux qui étaient visés par le FITF - les anti-impérialistes, les anticapitalistes, les défenseurs de la réforme des prisons, les militants de Black Lives Matter et les militants palestiniens, les militants anti-fracking et les intellectuels indépendants, les journalistes et les auteurs, notamment David Harvey, Noam Chomsky, Sami Al-Arian, Glen Ford, Amira Hass, Mumia Abu Jamal, Roxanne Dunbar-Ortiz, Medea Benjamin, Nils Melzer, Pankaj Mishra, Glenn Greenwald, Matt Taibbi, et Cornel West.
Avant la publication du fil Twitter de Taibbi le 24 dĂ©cembre, le FBI avait dĂ©noncĂ© les fichiers Twitter comme Ă©tant l'Ćuvre de "thĂ©oriciens du complot" qui alimentaient le public en "informations erronĂ©es" et dont le "seul but" Ă©tait de "discrĂ©diter l'agence".
Ils doivent nous trouver peu ambitieux si notre ââseul butâ est de discrĂ©diter le FBI", a rĂ©pondu M. Taibbi. "AprĂšs tout, toute une sĂ©rie d'agences gouvernementales se discrĂ©ditent elles-mĂȘmes dans les Twitter Files. Pourquoi s'arrĂȘter Ă une seule ?"
M. Taibbi était parfaitement conscient que ces révélations de la veille de Noël, qui dévoilaient pour la premiÚre fois le rÎle de la CIA, ne feraient qu'attiser la colÚre des agences de renseignement.
"Je crois savoir que le FITF compte au moins 80 employĂ©s", a dĂ©clarĂ© M. Taibbi. "Il se compose principalement de membres du FBI, mais aussi de reprĂ©sentants du ministĂšre de la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure et du bureau du directeur du renseignement national. Le FITF Ă©tait l'intermĂ©diaire pour les demandes de modĂ©ration de contenu adressĂ©es aux plateformes technologiques. Il y a eu ce qu'on appelle une rĂ©union sectorielle, d'abord mensuelle, puis hebdomadaire, jusqu'Ă l'Ă©lection de 2020. Elle regroupait des entreprises comme Twitter, Facebook, Google, Pinterest, Wikimedia, une sĂ©rie d'autres, environ deux douzaines. Les participants recevaient un briefing gĂ©nĂ©ral sur les tendances. Individuellement, chacune des entreprises recevait des avis. Certaines d'entre elles recevaient des avis hebdomadaires de la FITF. C'Ă©tait le cas de Twitter. Nous le savons parce qu'il y avait des instructions trĂšs prĂ©cises sur la façon de procĂ©der. Les demandes Ă©manant des Ătats passaient par le DHS. Les demandes Ă©manant du gouvernement fĂ©dĂ©ral passaient par le FBI. Elles sont passĂ©es par un programme appelĂ© Teleporter. C'est ainsi que nous avons obtenu ces documents".
En mars, Taibbi et Michael Shellenberger ont été appelés à témoigner devant la sous-commission spéciale sur la militarisation du gouvernement fédéral. Alors que Taibbi témoignait le 9 mars, un agent du fisc s'est rendu chez lui dans le New Jersey.
Taibbi a dĂ©couvert que l'IRS avait ouvert un dossier contre lui le jour oĂč il a publiĂ© son fil Twitter de la veille de NoĂ«l, Ă partir d'une lettre que le prĂ©sident du comitĂ© judiciaire de la Chambre des reprĂ©sentants, Jim Jordan, avait envoyĂ©e au commissaire de l'IRS, Daniel Werfel, pour s'enquĂ©rir du dossier de Taibbi. C'Ă©tait un samedi. C'Ă©tait la veille de NoĂ«l. Taibbi ne devait pas d'impĂŽts. L'affaire remontait Ă quatre ans. Tout ceci suggĂšre que l'affaire de l'IRS Ă©tait politiquement motivĂ©e, et que le FBI surveillait Taibbi.
"Il ne fait guÚre de doute qu'ils suivaient au moins de prÚs tous les journalistes de Twitter Files, mais il est probable qu'ils les surveillaient aussi d'autres maniÚres", a déduit M. Taibbi.
"L'une des raisons pour lesquelles j'ai acceptĂ© de tĂ©moigner devant la commission sur l'armement du gouvernement - et d'anciens amis de gauche m'ont fait beaucoup de reproches parce qu'ils Ă©taient mĂ©contents que je comparaisse devant une commission dirigĂ©e par des rĂ©publicains - Ă©tait que les autres journalistes de l'information gĂ©nĂ©rale ne reprenaient pratiquement pas ces histoires qui, selon moi, mĂ©ritaient vraiment qu'on s'y attarde. J'avais besoin que d'autres journalistes se penchent sur la question. Je me suis dit que si je tĂ©moignais Ă Washington, cela pourrait attirer l'attention, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international.â
Taibbi s'est alors heurté à toute une série de mesures de dénigrement orchestré. Les membres démocrates de la commission ont rarement laissé Taibbi s'exprimer. Ils se sont livrés à des diatribes perfides et insultantes. Voici un extrait de la députée démocrate Debbie Wasserman Schultz, ainsi que de Sam Seder et autres animateurs de The Majority Report, attaquant Taibbi.
"Je m'attendais Ă ce qu'il y ait de l'hostilitĂ© dans les questions, mais ce qui s'est passĂ© lors de cette audition Ă©tait incroyable, mĂȘme en tant que spectateur", a dĂ©clarĂ© M. Taibbi. "PlutĂŽt que de s'intĂ©resser au contenu du rapport Twitter Files, mĂȘme de maniĂšre nĂ©gative, il s'est agi d'une pure attaque en rĂšgle contre ma personne", a-t-il ajoutĂ©. Le dĂ©putĂ© nous a accusĂ©s de constituer une menace directe pour les personnes qui s'opposent Ă nous, nous qualifiant de "soi-disant journalistes". Nous Ă©tions censĂ©s ĂȘtre les toutous et les scribes d'Elon Musk. Nous ne croyons pas Ă l'ingĂ©rence russe. Nous ne respections pas l'autoritĂ©. Je portais un petit chapeau en mĂ©tal qu'un membre m'a dit d'enlever. L'un aprĂšs l'autre, les membres crĂ©aient des clips vidĂ©o diffusĂ©s sur MSNBC et CNN plus tard dans la nuit. C'est ainsi que les gens ont appris l'existence de cette audition".
"Nous avons grandi dans une atmosphĂšre oĂč les dĂ©mocrates ont toujours Ă©tĂ© les champions de la libertĂ© d'expression, plus que les rĂ©publicains", m'a dit Taibbi. "Dans les annĂ©es 70, 80, 90 et mĂȘme au dĂ©but des annĂ©es 2000. Soudain, sur cette question, l'hostilitĂ© Ă©tait totale. Il n'y a pas de Dennis Kucinich ou de Bernie Sanders qui sortent du lot. Il n'y a plus de dissidents dans les rangs de ce parti".
"Les libéraux de la vieille école, du type ACLU, ont tout simplement disparu", a-t-il ajouté. "Il y a ce nouveau mouvement qui ne croit pas qu'il faille contrer le mauvais discours par un meilleur discours. Ils croient qu'il faut l'interdire et le faire taire. C'est de cela qu'il s'agissait dans les "Twitter Files". C'est pourquoi il y a eu tant d'hostilité".
Taibbi a été informé que sa déclaration de revenus 2018 posait problÚme. L'IRS a déclaré lui avoir envoyé des lettres à ce sujet, mais Taibbi n'a reçu aucune lettre et l'IRS a refusé d'en produire des copies. Il a également reçu une confirmation électronique de l'IRS indiquant que sa déclaration de revenus 2018 avait été reçue.
Ce n'est que lorsque le dĂ©putĂ© Jordan a Ă©crit Ă l'IRS pour demander des Ă©claircissements que M. Taibbi a pris connaissance des dossiers que l'IRS avait constituĂ©s sur lui. Il s'agissait notamment d'informations provenant de moteurs de recherche et de logiciels d'enquĂȘte commerciaux tels que Anyhoo, Consumer Affairs et LexisNexis. Ils contenaient son inscription sur les listes Ă©lectorales, son permis de chasse ou de pĂȘche, son permis de port d'arme, ses numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone, les articles qu'il avait Ă©crits, et ceux qui avaient Ă©tĂ© Ă©crits Ă son sujet.
"Pourquoi un agent du fisc aurait-il besoin de connaßtre mon passé professionnel, les controverses dans lesquelles j'ai été impliqué ou les articles que j'ai écrits ? Cela me semble assez douteux".
"Ils ne s'inquiÚtent pas de la visibilité d'une action telle que l'envoi d'un agent du fisc au domicile d'un journaliste qui dispose d'une grande tribune et qui a la réputation de ne pas avoir peur de dire ce qu'il pense", a-t-il ajouté. "Ils ne s'inquiÚtent pas des conséquences que cela peut avoir. C'est inquiétant pour un certain nombre de raisons. Cela rappelle des choses que l'on verrait dans un pays du tiers monde.
M. Taibbi a été interviewé par Mehdi Hassan, animateur de la chaßne MSNBC. Ce dernier, ou ses collaborateurs, avait passé au peigne fin les rapports de M. Taibbi et trouvé quelques erreurs mineures, notamment une chronologie confuse et un acronyme mal placé. Hassan a soutenu que les erreurs constituaient la preuve que Taibbi avait intentionnellement menti au CongrÚs. Alexandria Ocasio-Cortez a appuyé cette accusation. Stacey Plaskett, membre du comité de classement, a envoyé à Taibbi une lettre l'accusant de mentir au CongrÚs. Plaskett a menacé Taibbi d'une peine de cinq ans de prison.
Il faut trois Ă©tapes pour dĂ©molir un journaliste qui ne peut pas ĂȘtre achetĂ© ou intimidĂ©. La premiĂšre est une campagne menĂ©e par les puissants, dont les mensonges et les crimes ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s, ainsi que par leurs courtisans obsĂ©quieux dans la presse, pour discrĂ©diter le reportage. La deuxiĂšme est une campagne soutenue de diffamation. La troisiĂšme est une persĂ©cution menĂ©e une fois que la crĂ©dibilitĂ© du journaliste a Ă©tĂ© entamĂ©, que sa capacitĂ© Ă publier ou Ă diffuser s'est dĂ©gradĂ©e et que le soutien de l'opinion publique s'est Ă©rodĂ©.
C'est ce qui est arrivé à Julian Assange. C'est ce qui est arrivé avant Assange à Don Hollenbeck, I.F. Stone, Gary Webb, Ray Bonner et bien d'autres. C'est ce qui arrive à Taibbi, dont les révélations sur la censure généralisée - par le FBI, la CIA, la sécurité intérieure et d'autres agences gouvernementales et de renseignement - ont fait enrager la classe dirigeante.
Je ne sais pas s'ils gagneront. Espérons que non. Mais le silence assourdissant de la quasi-totalité des organes de presse sur ce qu'ils font à Taibbi, comme c'est le cas pour Assange, est de mauvais augure et va à l'encontre du but recherché. Il envoie un signal à ceux qui tentent de rendre compte des rouages du pouvoir : peu importe votre notoriété ou votre profil, vous serez également pris pour cible. Les attaques concertées contre Taibbi sont un exemple de la maniÚre dont les murs se resserrent progressivement pour imposer un conformisme implacable, un élément de plus de notre totalitarisme d'entreprise émergent.
"Personne ne veut ĂȘtre confrontĂ© Ă une campagne mĂ©diatique nĂ©gative Ă outrance, pour laquelle vous travaillez bĂ©nĂ©volement dans ce type d'activitĂ©", a-t-il dĂ©clarĂ©. " Cette campagne ne s'arrĂȘte jamais. C'est un peu pĂ©nible. Nous avons vu cela se produire avec vous, avec Glenn Greenwald aprĂšs l'affaire Snowden et cela s'est reproduit avec lui pendant le Russiagate. Ce n'est pas agrĂ©able. Personne n'a envie de vivre cela. Cela dissuade de faire un travail de contre-narration".
"C'est drĂŽle, Chris, j'ai beaucoup pensĂ© Ă votre livre Death of The Liberal Class [La mort de la classe libĂ©rale] tout au long de ce processus", a dĂ©clarĂ© M. Taibbi. "Il y a eu tant d'exemples diffĂ©rents oĂč l'histoire de base que nous observons dans de nombreux rapports de Twitter Files constituait une dĂ©faillance du systĂšme de contrĂŽle et de rĂ©gulation. Les organisations de la sociĂ©tĂ© civile, les mĂ©dias, l'industrie privĂ©e et le gouvernement sont tous censĂ©s avoir des intĂ©rĂȘts diffĂ©rents. Ils se contrĂŽlent les uns les autres. Mais ce que nous constatons, c'est que sous la surface, ils sont engagĂ©s dans un comportement anticoncurrentiel... Il s'agit essentiellement des mĂ©dias, de ces censeurs d'Internet, des agences d'exĂ©cution et des ONG, qui agissent tous de concert contre la population au lieu de se contrĂŽler les uns les autres. Vous l'aviez prĂ©dit. Lorsque ces institutions s'effondrent, lorsqu'elles ne fonctionnent plus, c'est ce qui se produit. Il n'y a qu'un pas Ă franchir pour consolider l'autoritĂ©. C'est ce qui fait le plus peur. Fut un temps oĂč, si vous Ă©tiez dans les mĂ©dias, mĂȘme une petite offense dans ce sens aurait fait naĂźtre de la solidaritĂ© dans les rangs. Aujourd'hui, il n'y a plus rien.
Il a dénoncé le rÎle joué par les grands médias dans la traque de Jack Teixeira, un agent de soutien technologique de la Garde nationale qui avait mis en ligne des documents classifiés.
"Au lieu de rendre compte du contenu des grandes fuites de renseignements, le Washington Post et le New York Times ont travaillĂ© avec Bellingcat pour livrer ce suspect aux autoritĂ©s", a-t-il dĂ©clarĂ©. "Il s'agit d'un nouveau rĂŽle pour les mĂ©dias. C'est un grand changement dans l'idĂ©e que la presse se fait d'elle-mĂȘme. Elle ne se considĂšre pas comme quelque chose de distinct du gouvernement ou des forces de l'ordre. Elle se considĂšre comme Ă©tant du mĂȘme bord".
" Beaucoup ont probablement Ă©tĂ© effrayĂ©s par le spectacle de l'ascension de Donald Trump ", a-t-il ajoutĂ©. "On leur a dit et rĂ©pĂ©tĂ© qu'il s'agissait d'un mouvement nĂ©ofasciste nationaliste chrĂ©tien. Certains Ă©lĂ©ments de ce mouvement sont rĂ©els. Il y a une vraie vĂ©ritĂ© lĂ -dedans. Mais en rĂ©ponse, ils sont devenus exactement ce contre quoi ils prĂ©tendaient se battre. Lorsque les gens se rĂ©veilleront, il sera peut-ĂȘtre un peu trop tard, ce qui est regrettable".
Une classe dirigeante discréditée, dont la principale mission est de perpétuer la guerre permanente et qui a dépecé la nation pour le compte de ses maßtres, n'a aucunement l'intention de mener à bien des réformes. Elle ne permettra pas l'échange d'idées et n'offrira pas de tribune à ses détracteurs. Elle sait qu'elle est détestée. Elle craint la montée des néofascistes que ses dysfonctionnements et sa corruption ont engendrés. Elle ne cherche à se perpétuer que par la peur, la peur de ce qui la remplacera. C'est tout ce qu'elle a à offrir à des citoyens démoralisés. Les garanties constitutionnelles de la liberté d'expression et du droit à la vie privée sont des entraves préjudiciables à son emprise ténue sur le pouvoir. Ces droits constitutionnels ont été effectivement abolis. Les dossiers Twitter ont révélé l'existence de listes noires gouvernementales à grande échelle et la complaisance des plateformes médiatiques à marginaliser et bannir les personnes et les groupes figurant sur ces listes noires. Quoi de surprenant que Taibbi soit la cible de la machinerie totalitaire qu'il a exposée.