đâđš "Combien de temps encore ?" demandent les militants pro-Assange Ă Rome et Ă GĂȘnes
Les deux pays anglo-saxons veulent garder Julian bùillonné jusqu'à la fin de sa vie. Et qui sait combien de temps il lui reste, dans les conditions de stress physique et mental qui lui sont infligées.
đâđš "Combien de temps encore ?" demandent les militants pro-Assange Ă Rome et Ă GĂȘnes
Par Patrick Boylan, le 12 avril 2023
Deux sit-in ont marqué le 1460e jour d'emprisonnement - en isolement total et toujours sans procÚs - du journaliste et rédacteur en chef épuisé de WikiLeaks.
Le 11 avril, jour du quatriĂšme anniversaire de l'arrestation et de l'incarcĂ©ration du journaliste australien dans une prison de haute sĂ©curitĂ© Ă Londres, l'affaire Assange a fait l'objet de deux sit-in trĂšs suivis, Ă l'appel du groupe FREE ASSANGE Italia : de 15 heures Ă 18 heures Ă Rome, sur la Piazza della Repubblica, et de 11 heures Ă 18 heures Ă GĂȘnes, sur la Piazza de Ferrari.
A Rome, une immense banderole tenue par six militants interpelle le flot de voitures traversant le centre nĂ©vralgique de la capitale : "Prison ferme pour la libertĂ© de l'information ? LibĂ©rez Assange !â Au mĂȘme moment, environ quatre-vingts participants sur la place ont Ă©coutĂ© les discours de Marianella Diaz et Paolo Capezzali (pour FREE ASSANGE Italia), de l'ancien sĂ©nateur Vincenzo Vita (garant, Articolo 21), de l'ancien sĂ©nateur Nicola Morra, de l'ancienne sĂ©natrice Barbara Lezzi, de l'ancien dĂ©putĂ© Marco Rizzo (prĂ©sident du Parti communiste) et des journalistes Franco Fracassi et Fulvio Grimaldi. Il y a Ă©galement eu de nombreuses interventions spontanĂ©es de la part du public.
Sur le trottoir devant la basilique Santa Maria degli Angeli e dei Martiri, un édifice reconstruit en 1562 par Michelangelo Buonarroti sur les ruines des anciens thermes de Dioclétien, des activistes avaient dessiné, avec de larges bandes de ruban adhésif, un rectangle de trois mÚtres sur deux pour rappeler aux passants les dimensions de la cellule d'isolement exiguë dans laquelle Julian Assange est enfermé 23 heures par jour, depuis maintenant 1 460 jours.
La rigueur du traitement de Julian Assange Ă la prison de Belmarsh risque-t-elle de dĂ©tĂ©riorer sa santĂ©, tant physique que mentale ? Rebecca Vincent, responsable des campagnes de Reporters Sans FrontiĂšres, en est convaincue. AccompagnĂ©e de Christophe Deloire, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de RSF, elle a tentĂ© de rendre visite Ă Julian Assange en prison, le 4 avril dernier, pour s'assurer de son Ă©tat de santĂ©. Il s'agissait de la premiĂšre visite d'une ONG Ă Julian depuis son incarcĂ©ration. Mais malgrĂ© le fait que les deux reprĂ©sentants de RSF aient obtenu toutes les autorisations possibles et imaginables, ils ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s d'entrer Ă Belmarsh. La raison ? "Ils ont dĂ©couvert au dernier moment, raconte Deloire, que je suis... journaliste !".
Incroyable : les autoritĂ©s britanniques ont tombĂ© le masque et admis ce qu'elles craignent le plus, la libertĂ© d'information. Elles rĂ©vĂšlent ainsi le vĂ©ritable objectif de la persĂ©cution judiciaire de Julian Assange : l'empĂȘcher d'exercer cette libertĂ©, tant au Royaume-Uni qu'aux Ătats-Unis, oĂč Julian pourrait ĂȘtre extradĂ© pour finir dans une prison de haute sĂ©curitĂ© du pays de la banniĂšre Ă©toilĂ©e pendant 175 ans. En somme, les deux pays anglo-saxons veulent garder Julian bĂąillonnĂ© jusqu'Ă la fin de sa vie. Et qui sait combien de temps il lui reste, dans ces conditions de stress physique et mental.
"L'acharnement judiciaire des gouvernements amĂ©ricain et britannique contre Julian pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© leurs crimes de guerre", a expliquĂ© plus tard M. Diaz dans son discours d'ouverture sur la Piazza della Repubblica Ă Rome, "en plus d'ĂȘtre cruel, est clairement intentionnel. Il s'agit d'un avertissement, d'un avertissement mafieux : on en frappe un pour instruire tous les autres, pour dire aux journalistes du monde entier de ne pas enquĂȘter sur les autres crimes de guerre et autres actes de corruption de ces deux pays anglo-saxons".
ParallĂšlement au rassemblement Ă Rome, les militants ligures de FREE ASSANGE Italia ont organisĂ© hier Ă GĂȘnes un trĂšs long sit-in avec la participation de plusieurs journalistes, qui reconnaissent Julian comme confrĂšre, ainsi que de nombreux comitĂ©s de citoyens et de nombreux GĂ©nois de toutes opinions politiques. âLa cause de la libertĂ© d'expression et d'information traverse presque toutes les idĂ©ologies, elle concerne toute la population", a expliquĂ© Monica au nom du comitĂ© organisateur.
Toujours dans la capitale de la Ligurie, les militants ont installĂ© une "cellule d'isolement" de trois mĂštres sur deux, avec Ă l'intĂ©rieur un prisonnier politique vĂȘtu d'une combinaison orange et d'un masque Ă l'effigie de Julian Assange. Sur un carton placĂ© derriĂšre le prisonnier, on pouvait lire "Julian Assange, en prison depuis le 11/4/2019 pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© les crimes de guerre de l'OTAN", tandis que sur des cartes placĂ©es sur le sol Ă l'intĂ©rieur de la cellule, on pouvait lire "Pour combien de temps encore ?".
Oui. Combien de temps encore ?
* Patrick Boylan, ancien professeur d'anglais pour la communication interculturelle Ă l'universitĂ© "Roma Tre", a obtenu son diplĂŽme dans sa Californie natale, puis Ă la Sorbonne Ă Paris, oĂč il a Ă©galement enseignĂ© en tant que professeur invitĂ©. Il codirige aujourd'hui le Journal of Intercultural Mediation and Communication (Cultus), dispense des formations interculturelles et milite au sein du NoWar Network et des associations PeaceLink et Americans for Peace and Justice.