👁🗨 Comment souffler un peu, pendant ce Ramadan…
“Il n'y a pas de mots pour dire la tristesse dans nos cœurs. Avant, je passais des heures dans les rues du marché, mes enfants couraient d'un magasin à l'autre. On nous prive de tout avec la guerre”.
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👁🗨 Comment souffler un peu, pendant ce Ramadan…
Par Ruwaida Amer, le 18 mars 2024
Les habitants de Gaza espéraient que la guerre génocidaire s'arrêterait avant le Ramadan.
Chacun avait besoin d’être en sécurité, d'avoir de quoi manger et boire, et de se déplacer dans les rues sans craindre les bombardements.
On estime à 1,7 million le nombre de réfugiés qui espéraient pouvoir rentrer chez eux, et passer en revue ce qui en reste.
Ils ont aussi nourri l'espoir d'être de nouveau entre voisins et amis.
Mais tous ces espoirs ont été déçus.
Gaza souffre toujours sous l’implacable offensive israélienne. La famine s'aggrave.
Pour beaucoup de gens, la première semaine du Ramadan est vécue sous la tente. L'atmosphère si particulière de cette célébration est absente.
Salim al-Masri, 40 ans, a été chassé de la ville de Gaza. Il vit désormais à al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza.
“Il n'y a pas de mots pour exprimer la tristesse dans nos cœurs”, a-t-il déclaré.
Il se souvient des célébrations passées du Ramadan.
Il décorait chaque pièce de sa maison pour que tous leurs rendent visite se sentent bien. Et il organisait minutieusement les repas qui précèdent et suivent les jeûnes quotidiens.
“Je passais des heures dans les rues des marchés”, raconte-t-il. “Mes enfants couraient d'un magasin à l'autre”.
“On nous prive de tout avec la guerre”, ajoute-t-il. “J'ai l'impression d'étouffer ici, assis sous cette tente. C'est un petit espace, pas assez grand pour ma femme, les enfants et moi.”
Alors qu'avant il était fier de pouvoir offrir à sa famille une table débordant de plats traditionnels pendant le Ramadan, les prix ont tellement augmenté qu'il “ne peut même pas leur offrir un seul et unique plat”.
“Séparés”
Wafa Akar, 52 ans, est originaire de la ville de Khan Younis, dans le sud de Gaza. Sa maison a été détruite et elle se désole de ne pouvoir préparer les plats qu'elle préparait jusqu'à présent pour le Ramadan.
Après avoir été déplacée, elle est aujourd'hui plus au sud, à Rafah, près de la frontière égyptienne.
“Je ne m'habituerai jamais à vivre sous la tente”, dit-elle. “Elle est pleine de sable et nous n'avons plus d'intimité”.
“Je n'ai ni cuisine ni aucun ustensile”, a-t-elle ajouté. “Et nous n'avons rien à manger - à part des conserves, que je n'aime pas trop”.
Elle est surtout très triste de ne pas pouvoir passer de temps avec ses petits-enfants pendant cette période de festivités.
“Nous sommes tous séparés”, dit-elle.
Jude Barbakh, 12 ans, vient de la ville de Gaza mais vit maintenant à al-Mawasi.
Elle se souvient d'être allée à l'école en ayant sommeil pendant le Ramadan “parce qu'avant, on ne dormait pas beaucoup”.
Une fois la nuit tombée, elle achetait des glaces et autres douceurs. Elle aimait particulièrement les samosas.
“Avec mes amis, chacun essayait d'avoir la maison la mieux décorée”, dit-elle.
“Tout me manque”, a-t-elle ajouté. “Être dans une tente, c'est comme être en prison”.
* Ruwaida Amer est une journaliste basée à Gaza.
https://electronicintifada.net/content/no-room-breathe-ramadan/45241