đâđš Comment une confĂ©rence de 1984 a façonnĂ© l'influence sans prĂ©cĂ©dent d'IsraĂ«l sur les mĂ©dias amĂ©ricains
D'innombrables citoyens ont activement remis en cause le rĂ©cit occidental sur le conflit en temps rĂ©el sur les rĂ©seaux sociaux, critiques Ă mĂȘme de susciter une rĂ©action dans les mĂ©dias traditionnels.
đâđš Comment une confĂ©rence de 1984 a façonnĂ© l'influence sans prĂ©cĂ©dent d'IsraĂ«l sur les mĂ©dias amĂ©ricains
Par Kit Klarenberg, le 31 octobre 2024
Alors que lâinvasion du Liban par IsraĂ«l se poursuit, la complicitĂ© des mĂ©dias dans le façonnement de la perception du public soulĂšve des questions urgentes, en particulier lorsqu'on la considĂšre sous l'angle d'une confĂ©rence controversĂ©e de 1984 oĂč des personnalitĂ©s influentes de la communication et des mĂ©dias se sont rĂ©unies pour affiner les stratĂ©gies narratives d'IsraĂ«l. Cette confĂ©rence a jetĂ© les bases d'une campagne de propagande sophistiquĂ©e - Hasbara - qui visait Ă blanchir les actions d'IsraĂ«l et Ă prĂ©senter ses opĂ©rations militaires sous un jour favorable. Aujourd'hui, alors que les journalistes occidentaux blanchissent, dĂ©forment et dissimulent les rĂ©alitĂ©s de la campagne meurtriĂšre d'IsraĂ«l, l'hĂ©ritage durable de cette rĂ©union devient alarmant, exposantt la façon dont les rĂ©cits Ă©laborĂ©s il y a des dĂ©cennies continuent de façonner la couverture d'un conflit qui fait d'innombrables victimes.
LâarmĂ©e israĂ©lienne a tirĂ© 355 balles sur une voiture dans laquelle se trouvait une enfant de cinq ans, puis sur les secouristes qui se sont prĂ©cipitĂ©s pour lui sauver la vie. Un crime horrible - pourtant, selon de nombreux titres de mĂ©dias occidentaux, il s'agit simplement d'une âfillette tuĂ©e Ă Gazaâ. Les circonstances et les meurtriers, s'ils sont mentionnĂ©s, sont invariablement relĂ©guĂ©s au bas des articles, bien dissimulĂ©s aux 80 % de consommateurs d'informations qui ne lisent que les titres, et non les articles qui les accompagnent.
En revanche, le 15 octobre, Sky News a tenu Ă ce que ses tĂ©lĂ©spectateurs connaissent les noms et les visages des quatre âadolescentsâ soldats israĂ©liens âtuĂ©sâ par une âattaque de drone du Hezbollahâ, humanisant et banalisant des individus qui, du simple fait de leur service dans l'armĂ©e israĂ©lienne, sont, par dĂ©finition, coupables de gĂ©nocide. En passant, le mĂȘme rapport a notĂ© rapidement : ââ23 mortsâ dans l'attaque d'une Ă©cole Ă Gazaâ. Les identitĂ©s, Ăąges et photos, sans parler de la clartĂ© sur qui ou quoi les a assassinĂ©s, n'ont pas Ă©tĂ© fournis.
De plus, les guillemets qui entourent de maniÚre incongrue le nombre de Palestiniens tués sapent subtilement la crédibilité de cette affirmation, tout en réduisant les enfants victimes à un rÎle secondaire par rapport au quatuor de génocidaires des FDI décédés, dont l'importance est soulignée. Alan MacLeod, rédacteur en chef de MintPress News, a résumé la situation en tweetant :
âDans les annĂ©es Ă venir, les Ă©tudiants des universitĂ©s du monde entier Ă©tudieront la propagande contenue dans ce titre. La proportion de propagande contenue dans ces 16 mots est stupĂ©fianteâ.
Le recours systĂ©matique par les mĂ©dias grand public au langage distanciĂ© et Ă©vasif, de l'omission et autres subterfuges pour minimiser ou carrĂ©ment justifier le meurtre de civils innocents par IsraĂ«l, tout en dĂ©shumanisant leurs victimes et en dĂ©lĂ©gitimant la rĂ©sistance palestinienne contre l'occupation brutale et illĂ©gale des FDI, est aussi inadmissible que bien documentĂ©e. Ătonnamment, il n'en a Ăąs toujours Ă©tĂ© ainsi. Fut un temps oĂč les principaux rĂ©seaux d'information dĂ©nonçaient sans rĂ©serve les crimes de guerre commis par IsraĂ«l, et oĂč les prĂ©sentateurs et experts condamnaient ouvertement ces actes en direct Ă la tĂ©lĂ©vision devant des millions de tĂ©lĂ©spectateurs.
L'histoire de la métamorphose des médias occidentaux en organes serviles et dévoués de la propagande israélienne n'est pas seulement une chronique cachée fascinante et sordide. C'est un enseignement sur la façon dont le pouvoir impérial peut facilement assujettir les prétendus arbitres de la vérité à sa volonté. Comprendre comment nous en sommes arrivés là nous donne les moyens d'évaluer, identifier et déconstruire les mensonges, grands et petits, et de contester et contrer efficacement non seulement les mensonges d'Israël, mais aussi l'ensemble du projet colonial.
La âbruteâ du coin
Le 6 juin 1982, IsraĂ«l a envahi le Liban. L'objectif Ă©tait ostensiblement de chasser les combattants de la libertĂ© de l'Organisation de libĂ©ration de la Palestine de leurs positions Ă la frontiĂšre nord d'IsraĂ«l. Mais Ă mesure que lâarmĂ©e israĂ©lienne s'enfonçait profondĂ©ment dans le pays, y compris Ă Beyrouth, il Ă©tait manifeste que le nettoyage ethnique, les massacres et le vol de terres Ă©taient - comme en Palestine - le vĂ©ritable objectif. Dans toute la capitale libanaise, des Ă©quipes de journalistes des grandes chaĂźnes et des reporters des plus grands journaux occidentaux attendaient.
La soif de sang des Israéliens et leur indifférence pour la vie des Arabes étaient jusqu'à présent, dans l'ensemble, restées cachées au monde extérieur. Mais soudain, des scÚnes de frappes aériennes délibérées de Tsahal sur des immeubles résidentiels, des soldats de Tel Aviv à la gùchette facile se déchaßnant dans les rues de Beyrouth et des hÎpitaux bondés de civils souffrant de graves blessures, notamment de brûlures chimiques dues à l'utilisation par Israël d'obus au phosphore, ont été diffusées dans le monde entier, suscitant un tollé quasi-universel. Comme l'a expliqué John Chancellor, présentateur chevronné du journal télévisé de NBC, aux téléspectateurs occidentaux :
âMais que se passe-t-il ? Le problĂšme de sĂ©curitĂ© d'IsraĂ«l, Ă sa frontiĂšre, se situe Ă 80 km au sud. Que vient faire l'armĂ©e israĂ©lienne Ă Beyrouth ? La rĂ©ponse est que nous avons maintenant affaire Ă un IsraĂ«l impĂ©rial, qui rĂ©sout ses problĂšmes dans le pays d'un autre, au mĂ©pris de l'opinion mondiale ».
Le choc mondial et la rĂ©pulsion face aux agissements d'IsraĂ«l n'ont fait qu'augmenter lors de l'occupation militaire illĂ©gale de pans entiers du Liban par l'armĂ©e israĂ©lienne. En septembre 1982, une milice chrĂ©tienne armĂ©e soutenue par IsraĂ«l, la Phalange, est entrĂ©e dans Sabra, un quartier de Beyrouth oĂč vivaient de nombreux Palestiniens dĂ©placĂ©s Ă la suite de la Nakba de 1948. En deux jours, ils ont massacrĂ© jusqu'Ă 3 500 personnes et en ont mutilĂ© et violĂ© d'innombrables autres. Malheureusement pour Tel-Aviv, les principaux journalistes Ă©taient sur place pour documenter ces crimes odieux de premiĂšre main.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Israël avait sur les bras un désastre de relations publiques internationales d'une ampleur historique. Le risque qu'un nouveau scandale sur sa nature génocidaire fasse basculer de maniÚre décisive et permanente l'opinion mondiale en faveur des Palestiniens et, plus généralement, du monde arabe, était considérable. L'attaque contre le Liban avait déjà incité les médias occidentaux à réévaluer de maniÚre critique d'autres annexions et occupations illégales dans lesquelles Israël était et reste engagé. Comme l'a commenté à l'époque le journaliste d'ABC News Richard Threlkeld,
âIsraĂ«l a toujours Ă©tĂ© cette petite dĂ©mocratie courageuse luttant pour sa survie contre vents et marĂ©es.Aujourd'hui, les IsraĂ©liens ont annexĂ© JĂ©rusalem-Est et le plateau du Golan, se sont installĂ©s de maniĂšre plus ou moins permanente en Cisjordanie et occupent prĂšs de la moitiĂ© du Liban. En prĂ©textante l'autodĂ©fense, ce vaillant petit chien de poche qu'est IsraĂ«l a soudain commencĂ© Ă se comporter comme la brute du coinâ.
C'est ainsi qu'au cours de l'Ă©tĂ© 1984, le CongrĂšs juif amĂ©ricain - une importante organisation de lobbying sioniste - a organisĂ© une confĂ©rence Ă JĂ©rusalem, intitulĂ©e âLâimage publique dâIsrael : ProblĂšmes et solutionsâ. Elle Ă©tait prĂ©sidĂ©e par le grand patron de la publicitĂ© amĂ©ricaine, Carl Spielgovel, qui, dix ans plus tĂŽt, avait conseillĂ© bĂ©nĂ©volement le gouvernement israĂ©lien sur les stratĂ©gies Ă adopter pour faire connaĂźtre publiquement les raisons pour lesquelles Tel-Aviv refusait d'adhĂ©rer aux accords du SinaĂŻ conclus en 1973 sous l'Ă©gide d'Henry Kissinger. Spielgovel s'est souvenu plus tard:
âJe me suis alors rendu compte que les IsraĂ©liens formaient bien leurs militaires et leur corps diplomatique. Mais ils ne passaient pas assez de temps Ă former des officiers d-responsables de ma diffusion de lâinformation, des personnes capables de prĂ©senter le cas d'IsraĂ«l aux ambassades et aux prĂ©sentateurs de tĂ©lĂ©vision du monde entier. Au fil des ans, j'en ai fait une cause personnelleâ.
La confĂ©rence de JĂ©rusalem de 1984 a offert Ă Spielgovel et Ă une foule de responsables des relations publiques occidentaux, de spĂ©cialistes des mĂ©dias, de rĂ©dacteurs en chef, de journalistes et de dirigeants des principaux groupes sionistes l'occasion d'atteindre cet objectif nĂ©faste. Ensemble, ils ont Ă©laborĂ© une stratĂ©gie visant Ă garantir que la âcriseâ provoquĂ©e par les reportages sur l'invasion du Liban deux ans plus tĂŽt ne se reproduise jamais. Leur antidote ? Une âHasbaraâ [propagande en hĂ©breu] incessante, mĂ©thodique et de grande envergure pour âchanger l'esprit des gens [et] les amener Ă penser diffĂ©remmentâ.
Un grand scoop
L'AJC a ensuite publiĂ© des comptes rendus de la confĂ©rence. Ils offrent un aperçu extraordinairement transparent de la façon dont les multiples stratĂ©gies de Hasbara, perpĂ©tuellement mises en Ćuvre depuis lors, ont vu le jour. Ainsi, des messages de propagande de base ont Ă©tĂ© adoptĂ©s. Il s'agit notamment de messages repris par les partisans d'IsraĂ«l Ă ce jour, soulignant l'importance rĂ©gionale d'IsraĂ«l pour les Ătats-Unis et l'Europe, les valeurs culturelles et politiques occidentales, la vulnĂ©rabilitĂ© gĂ©ographique et les efforts supposĂ©s pour la paix face Ă la belligĂ©rance et Ă l'intransigeance implacables des Palestiniens.
Comme l'explique Judith Elizur, experte en « communications » de l'Université hébraïque de Tel-Aviv :
âParce que cette âdimension de puissanceâ de l'image d'IsraĂ«l est si problĂ©matique, la Hasbara doit, me semble-t-il, se concentrer sur le dĂ©veloppement d'autres aspects d'IsraĂ«l positifs - la mĂ©decine, l'agriculture, la science, l'archĂ©ologie... Nous avons Ă©tĂ© trop prĂ©occupĂ©s par l'extinction des feux de brousse politiques.Nous devons consacrer une plus grande part de nos ressources Ă la crĂ©ation d'une image Ă long terme. Nous devons recrĂ©er une image multidimensionnelle d'IsraĂ«l qui nous assurera le soutien de base dont nous avons besoin en temps de criseâ.
Les participants ont longuement dĂ©battu de la maniĂšre de prĂ©senter des âpolitiques inacceptablesâ aux populations occidentales et de contrer la perception d'IsraĂ«l comme un âGoliath fonçantâ sur l'Asie occidentale, face Ă des adversaires âdĂ©sarmĂ©s, dĂ©passĂ©s et en sous-effectifsâ qui n'ont âaucune capacitĂ© de rĂ©sistanceâ. La nĂ©cessitĂ© de former la diaspora juive Ă la lutte contre la critique d'IsraĂ«l a Ă©tĂ© jugĂ©e primordiale.
Le prĂ©sident de l'AJC a dĂ©plorĂ© que âde nombreux Juifs amĂ©ricainsâ aient condamnĂ© l'invasion du Liban et ânous aient rendu un trĂšs mauvais serviceâ. Tout âdĂ©saccordâ de ce type Ă l'avenir compliquerait grandement notre tĂąche de mener une Hasbara efficace.
Joseph Block, ancien vice-prĂ©sident de la communication de Pepsi, a soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© d'un service de presse dĂ©diĂ© Ă IsraĂ«l, fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, âĂ©quipĂ© pour offrir aux journalistes Ă©trangers une exclusivitĂ© ou un scoop occasionnelâ et pour s'engager dans d'autres activitĂ©s de sensibilisation des mĂ©dias afin d'Ă©quilibrer la couverture critique et de mettre les journalistes et les salles de rĂ©daction âde son cĂŽtĂ©â. M. Block a dĂ©plorĂ© que si les responsables israĂ©liens avaient âinformĂ© NBC et d'autres rĂ©seaux de maniĂšre appropriĂ©eâ et leur avaient offert âun grand scoopâ pendant l'invasion du Liban, âune histoire diffĂ©rente aurait Ă©tĂ© diffusĂ©e dans les 90 millions de foyers amĂ©ricainsâ :
âLes informations ne surgissent pas simplement devant une camĂ©ra. Elles sont orientĂ©es. Elles sont organisĂ©es. Elles sont rendues accessibles. La communication est un processus qui rend l'information disponible sous une forme particuliĂšre. Aux Ătats-Unis, la communication est aussi importante que la comptabilitĂ©, le droit et l'armĂ©e... En tant que porte-parole de deux des 50 plus grandes entreprises amĂ©ricaines, j'aurais aimĂ© avoir un shekel pour chaque fois que j'ai dit « pas de commentaire » Ă un journaliste. J'ai toujours veillĂ©, cependant, Ă ne pas contrarier ou intimider les journalistes. Je savais que je devais cohabiter avec euxâ.
Yoram Ettinger, responsable de l'analyse des mĂ©dias au Centre d'information d'IsraĂ«l, a abondĂ© dans ce sens, dĂ©clarant que le cadrage mĂ©diatique des actions d'IsraĂ«l devait ĂȘtre prĂ©dĂ©terminĂ©. Des âactionsâ telles que âfaire sauter des maisonsâ, qui sont âdifficiles Ă justifierâ, peuvent l'ĂȘtre de maniĂšre prĂ©ventive ou au moins relativisĂ©es en les replaçant âdans leur contexteâ tout en â[Ă©tablissant] des analogies que d'autres comprendrontâ. Cela âaiderait les autres Ă interprĂ©ter leur significationâ, selon les perspectives de Tel-Aviv.
La ConfĂ©rence a espĂ©rĂ© que de tels arrangements permettraient Ă ânos amis amĂ©ricains d'adopter une position plus engagĂ©e en tant qu'amplificateurs de notre politiqueâ et les aideraient Ă âremiser les problĂšmes internes au fin fond des coulissesâ. Il a Ă©galement Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© qu'au niveau individuel et organisationnel, les militants sionistes servent de force de rĂ©action rapide, inondant les mĂ©dias de plaintes en masse si leur prĂ©sentation d'IsraĂ«l est un tant soit peu critique. Un participant s'est vantĂ© de son succĂšs personnel Ă cet Ă©gard :
âUn jour, CBS News a rapportĂ© qu'un soldat amĂ©ricain avait Ă©tĂ© blessĂ© en marchant sur une bombe Ă fragmentation israĂ©lienne Ă l'aĂ©roport de Beyrouth. J'ai appelĂ© CBS pour souligner que personne n'avait Ă©tabli que la bombe Ă©tait israĂ©lienne. Une heure plus tard, CBS a annoncĂ© qu'un soldat amĂ©ricain avait marchĂ© sur une bombe. Cette fois, le reportage ne faisait aucune rĂ©fĂ©rence Ă IsraĂ«lâ.
Des violations constantes
Carl Spielgovel a formulĂ© une autre recommandation importante : la crĂ©ation d'un âprogramme de formationâ visant Ă intĂ©grer des spĂ©cialistes israĂ©liens de l'information triĂ©s sur le volet dans les agences de communication et de relations publiques amĂ©ricaines, ainsi que dans les principaux organes d'information. L'initiative avait pour but de les doter d'une connaissance du secteur, de veiller Ă ce que les efforts de la Hasbara soient maximisĂ©s et d'Ă©tablir des liens Ă©troits entre les responsables israĂ©liens et les organisations auxquelles ils Ă©taient affectĂ©s.
Ces âspĂ©cialistesâ devaient travailler sous la direction d'un conseil amĂ©ricano-israĂ©lien dĂ©crit comme âdes sages capables de projeter diffĂ©rents scĂ©narios et la maniĂšre d'y faire faceâ sur des questions complexes telles que âl'annexion et JĂ©rusalemâ. Spielgovel a pris soin de prĂ©ciser qu'il âne suggĂšre pas que nous fassions de la politiqueâ, mais plutĂŽt que ânous devrions faire appel aux meilleurs cerveaux disponibles pour aider Ă Ă©claircir les consĂ©quences de certaines politiquesâ. L'objectif, a-t-il suggĂ©rĂ©, est de renforcer auprĂšs du public amĂ©ricain que Tel-Aviv reste un âalliĂ© politique et militaire loyalâ de Washington.
Spielgovel a en outre proposĂ© que les futures confĂ©rences de l'AJC intĂšgrent des contributions de âjeunesâ et de personnes de couleur afin de mieux promouvoir l'image de Tel-Aviv auprĂšs de diverses âcommunautĂ©sâ. Il a affirmĂ© que âla Hasbara doit implanter dans la conscience du monde la vie quotidienne des citoyens israĂ©liensâ, ce qui nĂ©cessite un flux rĂ©gulier âd'articles dans les sections artistiques, commerciales et culinaires des journaux amĂ©ricainsâ. Depuis, un programme dĂ©diĂ© Ă la Hasbara dont l'objectif est de former des dĂ©fenseurs compĂ©tents du sionisme aux Ătats-Unis a fonctionnĂ© sans interruption.
Forte de son succĂšs, l'opĂ©ration s'est rapidement Ă©tendue aux Ă©tudiants des Ă©coles et des universitĂ©s du monde entier, qu'elle a formĂ©s Ă la dĂ©fense active d'IsraĂ«l dans les salles de classe et sur les campus. Les diplĂŽmĂ©s de ces programmes financĂ©s par IsraĂ«l rejoignent souvent des domaines influents, notamment le journalisme, oĂč ils continuent Ă promouvoir les rĂ©cits de la Hasbara et Ă dĂ©fendre les actions d'IsraĂ«l. L'impact sur la couverture mĂ©diatique occidentale de la Palestine a Ă©tĂ© considĂ©rable.t sur la couverture mĂ©diatique occidentale de la Palestine a Ă©tĂ© profond.
La reprĂ©sentation de Tel-Aviv comme « la petite dĂ©mocratie courageuse qui lutte pour sa survie contre vents et marĂ©es » a Ă©tĂ© solidement rĂ©tablie. MalgrĂ© la crise actuelle Ă Gaza, les mĂ©dias grand public fournissent rarement le contexte de la rĂ©sistance palestinienne aux politiques d'annexion, d'occupation et d'actions militaires d'IsraĂ«l. La couverture mĂ©diatique prĂ©sente presque toujours les opĂ©rations d'IsraĂ«l comme de la âlĂ©gitime dĂ©fenseâ face Ă des menaces âterroristesâ, les journalistes occidentaux Ă©tant trĂšs conscients des rĂ©percussions potentielles s'ils s'Ă©cartent de ce discours.
Le dispositif de rĂ©activitĂ© proposĂ© lors de la confĂ©rence de l'AJC de 1984 reste trĂšs actif. Un vaste rĂ©seau de personnes formĂ©es Ă la Hasbara et d'organisations du lobby israĂ©lien est toujours prĂȘt Ă faire pression et Ă intimider les organes d'information si la description s'Ă©carte d'un cadre favorable ou prĂ©sente IsraĂ«l sous un jour critique. Comme l'a confiĂ© un jour un producteur de la BBC au vĂ©tĂ©ran Greg Philo, critique des mĂ©dias :
âNous attendons dans la crainte l'appel tĂ©lĂ©phonique des IsraĂ©liens. La seule question qui se pose alors est de savoir si l'appel vient d'en haut. Est-il venu d'un groupe de surveillance ? Vient-il de l'ambassade d'IsraĂ«l ?Et Ă quel niveau de notre organisation est-il remontĂ© ? A-t-elle atteint le rĂ©dacteur en chef ou le directeur gĂ©nĂ©ral ? Des journalistes m'ont tĂ©lĂ©phonĂ© avant un grand reportage pour me demander quels termes utiliser - âest-ce que j'ai le droit de dire celaâ ?â
En octobre, Al Jazeera, citant des témoignages de lanceurs d'alerte de la BBC et de CNN, a exposé en détail
âla partialitĂ© pro-israĂ©lienne dans la couverture des Ă©vĂ©nements, les doubles standards systĂ©matiques et les violations frĂ©quentes des principes journalistiquesâ
au sein des deux chaßnes. D'aprÚs des sources internes, cette attitude s'explique en grande partie par la crainte de voir les responsables israéliens réagir à certains reportages ou les percevoir comme étant de nature partisane. Les activistes et les journalistes indépendants ne sont toutefois pas liés par de telles pressions institutionnelles et, depuis le 7 octobre 2023, ils ont lancé un formidable défi aux récits de la Hasbara.
Sans les enquĂȘtes incessantes menĂ©es par des organes tels que MintPress News, The Grayzone et Electronic Intifada, les allĂ©gations infondĂ©es mises en avant par IsraĂ«l depuis le dĂ©but du conflit Ă Gaza - comme celles selon lesquelles le Hamas commettrait des viols en masse ou dĂ©capiterait des enfants en bas Ăąge - n'auraient jamais Ă©tĂ© complĂštement dĂ©menties et pourraient encore façonner le âcontexteâ des agissements d'IsraĂ«l contre les Palestiniens. Pendant ce temps, d'innombrables citoyens concernĂ©s ont activement remis en question le rĂ©cit occidental sur le conflit en temps rĂ©el sur les rĂ©seaux sociaux, une vague de critiques qui pourrait favoriser une rĂ©action dans certaines salles de presse traditionnelles.
Ironie poĂ©tique, les mĂȘmes techniques de guerre de l'information, autrefois perfectionnĂ©es par la Hasbara, sont aujourd'hui appliquĂ©es Ă IsraĂ«l et Ă ses dĂ©fenseurs. Pendant des dĂ©cennies, ces mĂ©thodes ont permis Ă IsraĂ«l de procĂ©der au dĂ©racinement progressif du peuple palestinien, souvent avec l'approbation tacite du public occidental. Mais cette Ă©poque semble rĂ©volue. Aujourd'hui, les critiques et les anciennes cibles de la politique israĂ©lienne utilisent efficacement ces stratĂ©gies, en brandissant ce qu'ils considĂšrent comme les outils les plus puissants : la vĂ©ritĂ© et la justice.
Kit Klarenberg est journaliste d'investigation et collaborateur de MintPress News. Il étudie le rÎle des services de renseignement dans le façonnement de la politique et des perceptions. Son travail a déjà été publié dans The Cradle, Declassified UK et Grayzone. Suivez-le sur Twitter @KitKlarenberg.
https://www.mintpressnews.com/1984-hasbara-conference-israel-influence-us-media/288534/
Dans cet article mes yeux se sont Ă©carquillĂ©s devant le mot 'culinaire' utilisĂ© pour les mĂ©thodes d'influence Ă utiliser dans la presse amĂ©ricaine par la fameuse 'Hasbara'....Euh...c'est quoi le rapport ? Vous voulez dire qu'Ă ce niveau d'inculture notoire moyen que connaĂźt l'amerloque de la rue, on peut battre Mac Donald ? Alors oui, monsieur x du Wyoming, votre cheeseburger dĂ©goulinant, il lui manque un peu d'avocat d'IsraĂ«l entre la 17e et la 18e couche de sauce chimique de chez Heinz et vous verrez, c'est forcĂ©ment meilleur! Le soleil de notre pays volĂ© va changer le goĂ»t de votre merde sans avoir besoin de le casheriser ! Et souvenez-vous... IsraĂ«l est votre ami...đ€ź