đâđš CoupĂ©s du monde
Nous savions que la coupure des communications ne pouvait signifier qu'une chose : que de nouvelles attaques israĂ©liennes Ă©taient imminentes, et toujours plus de Palestiniens allaient ĂȘtre massacrĂ©s.
đâđš CoupĂ©s du monde
Par Ghada Abed, le 24 décembre 2023
Depuis trois jours, nous n'avons ni eau, ni électricité, ni internet, ni réseau de téléphonie mobile.
Nous savions que la coupure des communications ne pouvait signifier qu'une chose : que de nouvelles attaques israĂ©liennes Ă©taient imminentes, et toujours plus de Palestiniens allaient ĂȘtre massacrĂ©s.
Nous nous sommes rassemblĂ©s autour de la radio, dans l'attente d'un quelconque bulletin dâinformation. Je n'imagine mĂȘme pas comment nous aurions pu avoir des nouvelles sans la radio.
Mon pĂšre s'inquiĂ©tait surtout pour ma sĆur qui vit Ă Rafah, la ville la plus mĂ©ridionale de Gaza. Et ma mĂšre, quant Ă elle, pour ses frĂšres et sĆurs dans le quartier d'al-Zaytoun, au nord de la bande de Gaza.
Nous guettons les informations à la radio et les noms de ceux qu'Israël a tués. Nous attendons de savoir si nous connaissons quelqu'un parmi eux.
Un journaliste, présent à l'hÎpital des Martyrs d'Al-Aqsa, rapporte qu'il reçoit chaque jour de nombreuses demandes d'information de la part de familles inquiÚtes de la santé de leurs proches.
Les fortes pluies ont durci les conditions de vie. Les tentes sont inondées, les gens tremblent de froid.
Ma belle-sĆur pleurait parce que l'abri de sa famille, fait de contreplaquĂ© et de plastique, s'Ă©tait effondrĂ© Ă cause de la pluie.
Cet abri accueillait 60 personnes dans la zone d'al-Mawasi, Ă Gaza.
Israël essaie de nous éliminer
Les nouvelles entendues à la radio la semaine derniÚre sont toutes désastreuses.
Samer Abu Daqqa, cameraman d'Al Jazeera, a été tué par une frappe de drone israélienne à Khan Younis le 15 décembre.
Il se trouvait Ă l'Ă©cole Farhana, oĂč des civils s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s, lorsqu'IsraĂ«l a tirĂ© des missiles sur l'Ă©cole. Les Ă©quipes de secours n'ont pas pu l'atteindre dans un premier temps, mais ont finalement rĂ©ussi Ă rĂ©cupĂ©rer son corps.
Les violations du droit international commises par Israël sont multiples : elles ciblent à la fois des écoles, des journalistes et des civils.
Israël continue de bombarder des hÎpitaux, comme l'hÎpital Kamal Adwan à Beit Lahiya, au nord de Gaza.
AprÚs un raid israélien le 17 décembre, l'hÎpital n'était plus opérationnel.
Entre-temps, un quatriÚme massacre a eu lieu dans le camp de réfugiés de Jabaliya le 19 décembre, Israël ayant bombardé un bùtiment humanitaire. On estime qu'au moins 90 personnes ont été tuées par les frappes aériennes israéliennes sur Jabaliya, et beaucoup d'autres sont probablement ensevelies sous les décombres, mortes ou mourantes.
Les pompiers ont été confrontés à des difficultés insurmontables en raison du manque d'équipiers, de véhicules et de matériel adéquat.
Ă la radio, un homme a indiquĂ© qu'il avait vu IsraĂ«l forcer des personnes Ă tenir des armes devant les camĂ©ras, afin de âfaire croireâ qu'elles Ă©taient des combattants.
J'ai également entendu dire que trois otages israéliens étaient morts, et que les Israéliens étaient bouleversés.
Les bombardements israéliens ont visé des maisons à Deir al-Balah, à Rafah.
L'aide humanitaire fait défaut.
Des tireurs d'élite israéliens sont postés dans différents bùtiments de la rue al-Wihda, dans la ville de Gaza, et visent les réservoirs d'eau sur les toits.
D'aprÚs tout ce que j'entends, il semble qu'Israël cherche à nous éliminer tous à Gaza.
DÚs que j'aurai accÚs à Internet, j'en saurai plus à propos de ce que j'ai entendu à la radio. En attendant, nous sommes déconnectés du monde, et les forces israéliennes tuent les journalistes, ceux qui nous permettent de rester connectés.
* Ghada Abed est une journaliste basée à Gaza.