đâđš Craig Murray: Assange, "torturĂ© psychologiquement", victime de l'"Ătat voyou" britannique
Je pense que nous parviendrons à libérer Julian. Comme la campagne pour la libération de Nelson Mandela. Elle a été menée dans le monde entier, a créé une énorme pression, pour finalement aboutir.
đâđš Assange, "torturĂ© psychologiquement", victime de l'"Ătat voyou" britannique, apprend-on lors d'une confĂ©rence Ă Londres.
La campagne pour libérer Julian Assange s'apparente à celle de Nelson Mandela
đ Par Matic Primc, Craig Murray, le 4 dĂ©cembre 2022
Un entretien avec le journaliste Craig Murray, spécialiste du procÚs de Julian Assange
Craig Murray est un ancien ambassadeur du Royaume-Uni en OuzbĂ©kistan, qui a dĂ©noncĂ© et exposĂ© le programme de torture du gouvernement ouzbek (qui incluait de faire bouillir des personnes Ă mort) ainsi que la complicitĂ© et la participation du Royaume-Uni Ă ce programme. DĂšs qu'il a rendu publiques les informations sur ces abus, il a Ă©tĂ© licenciĂ© et accusĂ© de corruption flagrante, accusation qui s'est avĂ©rĂ©e inventĂ©e de toutes piĂšces. Depuis, il travaille comme journaliste indĂ©pendant, et s'exprime d'une voix forte pour soutenir les personnes persĂ©cutĂ©es qui disent la vĂ©ritĂ© dans le monde entier. Il a Ă©tĂ© le seul journaliste autorisĂ© Ă accĂ©der Ă la tribune du public pendant le procĂšs d'extradition de Julian Assange, et a rĂ©digĂ© un certain nombre de reportages incroyables sur les procĂ©dures, dĂ©nonçant la mascarade de justice. Depuis, il s'est consacrĂ© Ă la dĂ©fense de Julian Assange et reste actif dans ce domaine. Nous nous sommes entretenus avec lui le 25 novembre 2022 alors qu'il participait Ă la confĂ©rence Reading the Word=Lire le monde organisĂ©e par Pekarna Magdalenske mreĆŸe Ă Maribor, en SlovĂ©nie.
đ Bonjour Monsieur Murray. Julian Assange est actuellement incarcĂ©rĂ© et se bat contre l'extradition du Royaume-Uni vers les Ătats-Unis, et il semble que le Royaume-Uni ne reculera devant rien pour mener Ă bien cette extradition. Mais il est Ă©galement clair que les Ătats-Unis exercent une pression importante pour inciter le Royaume-Uni Ă l'extrader. Pourquoi les Ătats-Unis s'intĂ©ressent-ils tant Ă Julian Assange ?
đŁ Pour un certain nombre de choses. Au niveau le plus Ă©vident, il est responsable de la publication de la plus grande fuite de documents officiels amĂ©ricains jamais rĂ©alisĂ©e. C'est en soi un exploit journalistique qui dĂ©fie l'ordre Ă©tabli. Mais il faut aussi se demander ce qui se cache derriĂšre tout cela, et pourquoi ces documents Ă©taient si essentiels. Ils portaient spĂ©cifiquement sur la politique militaire et Ă©trangĂšre amĂ©ricaine, et sur la dĂ©sinvolture avec laquelle les Ătats-Unis ont violĂ© le droit international, le droit humanitaire, et commis des crimes de guerre. Ătant donnĂ© que les Ătats-Unis projettent cette image de puissance modĂšle dans le monde, le dĂ©fenseur de l'ordre fondĂ© sur des rĂšgles. Avec toutes les preuves concrĂštes sur les soldats amĂ©ricains entrant dans les maisons afghanes, tirant sur les familles dans leur sommeil, sur les hĂ©licoptĂšres amĂ©ricains qui tirent sur les journalistes, les opĂ©rateurs de drones amĂ©ricains riant en tuant des civils, et sur la torture pratiquĂ©e Ă Guantanamo, Ă Abu Ghraib, et de maniĂšre organisĂ©e dans le monde entier, cela attaque la croyance fondamentale du systĂšme amĂ©ricain, qui croit honnĂȘtement, sincĂšrement, rĂ©ellement, qu'il est la puissance morale du monde, et que tous les autres sont mauvais. Julian leur a tendu un miroir, il leur a montrĂ© leurs propres malversations. Rien de ce qui a Ă©tĂ© publiĂ© n'a Ă©tĂ© Ă©crit par lui, ce qu'il a publiĂ©, ce sont leurs propres documents. En leur montrant leur image dans le miroir, il a scandalisĂ© l'Ătat amĂ©ricain.
đ L'une des croyances du monde occidental est que nous vivons dans des sociĂ©tĂ©s fonctionnant sous l'autoritĂ© de la loi, et pourtant, d'aprĂšs vos rapports de la cour de l'Old Bailey, il semble que vous dĂ©criviez un Ătat dĂ©terminĂ© Ă commettre des injustices tout en se cachant derriĂšre un voile de lĂ©galitĂ©. Cette perception est-elle correcte ?
đŁ Je pense que l'exemple le plus fondamental est que le traitĂ© d'extradition entre le Royaume-Uni et les Ătats-Unis interdit l'extradition pour des motifs politiques. C'est spĂ©cifiquement interdit par le traitĂ© et pourtant, dans le cas d'Assange, il s'agit clairement d'une extradition politique. Pour contourner ce problĂšme, le tribunal a fait valoir que le traitĂ© d'extradition n'a aucune incidence dans le droit britannique, parce qu'il ne s'agit pas d'une lĂ©gislation nationale, et il affirme que le droit international ne s'applique pas au droit national. Mais si le traitĂ© n'est pas en vigueur, comment extrader Assange ? Le traitĂ© est la seule autoritĂ© lĂ©gale pour l'extrader. Ils disent donc que lorsque le traitĂ© stipule qu'aucune extradition politique n'est autorisĂ©e, il n'a aucune impact. En revanche, s'il stipule qu'il est lĂ©gal d'extrader Julian, il a force de loi. Donc certaines clauses du mĂȘme traitĂ© ont une valeur lĂ©gale, et d'autres non. C'est dâun illogisme contradictoire tellement fou, Ă la racine de tout le processus que vous rĂ©alisez trĂšs vite qu'il n'y a aucune base intellectuelle cohĂ©rente Ă ce qu'ils font. Et ils ne veulent mĂȘme pas prĂ©tendre qu'il existe une base cohĂ©rente. Ils tentent simplement de rĂ©aliser un fait accompli politique. Et tout le processus judiciaire est faux.
Mon autre exemple prĂ©fĂ©rĂ© est le tĂ©moignage de M. El-Masri, enlevĂ© par la CIA, emmenĂ©, et torturĂ©. Horriblement torturĂ©, y compris avec des lames de rasoir sur les parties gĂ©nitales pendant des mois avant d'ĂȘtre finalement renvoyĂ© en Allemagne, sans jamais avoir Ă©tĂ© accusĂ© de quoi que ce soit. M. El-Masri a gagnĂ© son procĂšs devant la Cour europĂ©enne des droits de l'homme. Il a gagnĂ© son procĂšs contre la CIA. Juridiquement, il ne fait aucun doute que son calvaire Ă©tait rĂ©el; la CEDH a rĂ©glĂ© cette question. Mais lorsqu'il a tĂ©moignĂ© dans l'affaire Assange, le juge a dĂ©cidĂ© qu'il n'Ă©tait pas autorisĂ© Ă dire, et que personne n'Ă©tait autorisĂ© Ă dire que les Ătats-Unis avaient pratiquĂ© la torture. Il n'Ă©tait mĂȘme pas permis de le prĂ©tendre. La dĂ©fense d'Assange n'a pas Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă le dire, mĂȘme si tout le monde sait que les Ătats-Unis sont coupables de torture et de restitutions extraordinaires. Il est tout simplement sidĂ©rant que le juge dĂ©cide de ne pas en parler. Vous ĂȘtes assis lĂ , et les choses se passent devant vous, et il est difficile de croire que cela se passe vraiment. Vous ne pouvez pas croire que vous ĂȘtes en train d'entendre cela.
Il y a eu des dizaines de moments comme celui-lĂ , oĂč le pouvoir de l'Ătat s'est tout simplement dĂ©ployĂ© de maniĂšre kafkaĂŻenne. OĂč la cour a dĂ©crĂ©tĂ© que des choses qui sont clairement vraies ne doivent pas ĂȘtre dites.
đ Pensez-vous que le fait que cette affaire aille si manifestement Ă l'encontre de tout ce qu'un processus lĂ©gal devrait ĂȘtre, sert aussi de tactique d'intimidation pour d'autres personnes qui pourraient ĂȘtre tentĂ©es de suivre les traces d'Assange ? Ainsi, elle peut fonctionner comme une façade lĂ©gale pour ceux qui connaissent vaguement la procĂ©dure, mais aussi servir d'exemple terrifiant sur ce que l'Ătat est prĂȘt Ă faire pour ceux qui suivent la procĂ©dure de prĂšs.
đŁ C'est tout Ă fait exact, Ă mon avis. C'est un exemple oĂč l'Ătat ne prĂ©tend mĂȘme pas ĂȘtre juste. L'Ătat montre sa capacitĂ© Ă Ă©craser, et Ă tuer un individu qui le contrarie. Ă le dĂ©truire intellectuellement, moralement, et physiquement. Et il le fait sciemment, sous nos yeux, pour dĂ©montrer sa puissance, et en intimider d'autres. Il n'y a pas de vĂ©ritable prĂ©tention Ă ce que ce soit la juste. L'Ătat se contente de dire: "Nous avons ce pouvoir, nous nous moquons de ce que vous pensez, nous pouvons vous faire ça".
đ Il s'est avĂ©rĂ© que les Ătats-Unis avaient apparemment prĂ©vu d'assassiner Assange.
đŁ Ces plans ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s alors qu'il bĂ©nĂ©ficiait encore de l'asile politique Ă l'ambassade de l'Ăquateur. Ils pensaient qu'il ne serait peut-ĂȘtre pas possible de le faire sortir de l'ambassade et de l'arrĂȘter. Mike Pompeo, en particulier, Ă©tait extrĂȘmement enthousiaste Ă l'idĂ©e d'assassiner Julian lorsqu'il dirigeait la CIA. Il y avait aussi des plans pour le kidnapper et l'emmener aux Ătats-Unis.
Ce sont des idĂ©es folles. L'idĂ©e qu'on puisse ĂȘtre assassinĂ© pour avoir publiĂ© quelque chose. Pas seulement pour avoir publiĂ© quelque chose, mais pour avoir publiĂ© quelque chose dont personne ne nie la vĂ©racitĂ©. Personne ne prĂ©tend, pas mĂȘme les Ătats-Unis, que Wikileaks a publiĂ© de fausses informations. Ils admettent que tout ce que Wikileaks a publiĂ© est vrai. Il est trĂšs difficile de vivre dans un monde en sachant que pour avoir publiĂ© de vraies informations, vous pouvez ĂȘtre tuĂ©.
đ La rĂ©ponse des mĂ©dias Ă ces procĂ©dures est Ă©galement trĂšs intĂ©ressante. Il s'agit d'un journaliste, d'un Ă©diteur, l'un des leurs, pourrait-on penser, et il est traĂźnĂ© dans ce procĂšs kafkaĂŻen et victime dâun complot de l'Ătat pour l'assassiner. Et pourtant, la rĂ©action est plutĂŽt discrĂšte. Pendant longtemps, mĂȘme les mĂ©dias supposĂ©s de gauche se sont acharnĂ©s sur lui et ont publiĂ© toutes sortes d'histoires fausses et macabres Ă son sujet. Ils ont dĂ©nigrĂ© son apparence "dĂ©braillĂ©e", et publiĂ© des histoires inventĂ©es de toutes piĂšces, comme le fait qu'il ait Ă©talĂ© des excrĂ©ments sur les murs de l'ambassade et autres histoires. Comment en est-on arrivĂ© lĂ ? On pourrait s'attendre Ă ce qu'ils agissent pour dĂ©fendre l'un des leurs et pourtant ils semblent faire le contraire.
đŁ La rĂ©action des mĂ©dias a Ă©tĂ© extrĂȘmement dĂ©cevante. C'est en partie parce qu'ils ne se pensent pas en danger. Ils n'ont pas l'intention de publier quoi que ce soit qui embarrasse les Ătats-Unis. Ils pensent donc : "Oh, c'est un gauchiste fou, pas moi, donc il ne m'arrivera rien". Ce n'est que depuis un an ou deux que les journalistes plus intellectuels et les dirigeants des grandes publications comme le Washington Post, le New York Times et le Guardian ont cessĂ© d'attaquer Assange en permanence pour dire : "D'accord, c'est un homme trĂšs mauvais, mais le journalisme compteâ. Ils ont commencĂ© Ă rĂ©aliser, Ă un certain niveau, que la mĂȘme lĂ©gislation et les mĂȘmes arguments peuvent ĂȘtre utilisĂ©s contre eux si, Ă l'avenir, ils publient des secrets ou des documents classifiĂ©s. Et bien sĂ»r, c'est vrai, et si Julian est coupable d'espionnage, alors le Guardian, Der Spiegel et le New York Times le sont aussi, car au bout du compte, ils ont publiĂ© les mĂȘmes informations. Il y a donc une certaine prise de conscience, mais elle est tempĂ©rĂ©e par lâidĂ©e que ce qu'ils font Ă Julian est terrible, mais que ça ne sâappliquera pas Ă eux. Je crois que la plupart des journalistes se sentent en sĂ©curitĂ©. Ils pensent que l'Ătat ne les touchera pas. Il n'y a que les "extrĂ©mistes" comme Julian qui doivent s'inquiĂ©ter. Tant qu'ils ne se sentiront pas rĂ©ellement en danger eux-mĂȘmes, je ne pense pas que nous puissions voir un changement sĂ©rieux.
đ Qu'en est-il de Wikileaks , le projet de Julian Assange ? Au dĂ©but de cette affaire, en 2010, Wikileaks Ă©tait au centre de l'attention, et mĂȘme cĂ©lĂ©brĂ© pour avoir fait plus de scoops que probablement tous les autres mĂ©dias rĂ©unis. Aujourd'hui, il semble qu'il ait complĂštement disparu du discours mĂ©diatique. Le travail se poursuit-il sans Assange ?
đŁ Le projet se poursuit et Wikileaks continue Ă publier des informations sur les lanceurs dâalerte. Il est vrai qu'il n'y a pas eu de gros scoop ces deux derniĂšres annĂ©es. Le dernier a probablement Ă©tĂ© les rĂ©vĂ©lations âVault 7â. Il y en a eu d'autres, et ce sont souvent des rĂ©vĂ©lations qui n'ont pas vraiment retenu l'attention des mĂ©dias occidentaux, mais qui ont attirĂ© l'attention ailleurs. Comme les cĂąbles diplomatiques saoudiens, qui n'ont pas beaucoup attirĂ© l'attention des mĂ©dias occidentaux, en partie parce qu'ils concernent l'Arabie saoudite et ont donc Ă©tĂ© Ă©touffĂ©s parce que les Saoudiens dĂ©pensent beaucoup d'argent et font de la publicitĂ©, et que les mĂ©dias occidentaux s'en occupent rarement. En partie, bien sĂ»r, parce que le matĂ©riel source Ă©tait entiĂšrement en arabe, et prĂ©sentait donc un intĂ©rĂȘt limitĂ© en dehors du monde arabe. Qui sait quand viendra la prochaine rĂ©vĂ©lation explosive ? Ils poursuivent leur travail, ils n'ont pas cessĂ© de travailler.
Il est juste de dire que, bien sĂ»r, il y a eu un effet paralysant. Chelsea Manning est allĂ©e en prison, Julian est allĂ© en prison, j'ai un lien indirect mais je suis aussi allĂ© en prison. Les gens n'ont pas envie d'aller en prison, et ils ont donc pris conscience que si vous participez au projet Wikileaks, l'Ătat va s'en prendre Ă vous, et durement. Il serait fou de prĂ©tendre que cela n'a pas un certain effet refroidissant.
đ Bien que les mĂ©dias ne fassent pas leur travail en informant les gens des vĂ©ritables enjeux, ou mĂȘme en les informant de faits fondamentaux sur l'affaire, les gens semblent de plus en plus engagĂ©s dans la lutte pour sa libĂ©ration. Des milliers de personnes se sont rassemblĂ©es en octobre pour former une chaĂźne vivante autour du Parlement. Le mouvement prend-il de l'ampleur, et pensez-vous qu'il aura un effet sur les politiques au point de faire pression sur le gouvernement pour qu'il le libĂšre ?
đŁ Je pense que oui. Le mouvement prend de l'ampleur, je n'en doute pas un seul instant. Je fais campagne depuis 12 ans, depuis qu'il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. Et je vois des publics plus nombreux, mieux informĂ©s et plus sympathiques qu'il y a quelques annĂ©es. On constate Ă©galement une plus grande implication des jeunes. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on comprend de mieux en mieux les enjeux et c'est essentiel. Cela commence Ă influencer l'attitude des gouvernements du monde entier. En Australie, en AmĂ©rique du Sud, en Europe, des signes montrent que l'establishment commence Ă changer. En particulier, les mĂ©dias libĂ©raux de tous les grands Ătats passent d'une position hostile, ou ambivalente, Ă un soutien Ă Julian Assange. De nombreux progrĂšs ont Ă©tĂ© accomplis. Le climat public de comprĂ©hension est bien meilleur, et je suis encouragĂ© par l'accueil que je reçois lorsque je fais des interventions. La question de savoir quelles avancĂ©es restent Ă faire, et comment la volontĂ© populaire peut influencer la classe politique, et l'amener Ă gĂ©nĂ©rer des actions ie plus importantes.
đ Que peuvent faire les gens pour rejoindre le mouvement ? Comment s'organiser pour aider Ă soutenir Assange, en particulier pour les personnes qui ne vivent pas au Royaume-Uni ou aux Ătats-Unis ?
Il existe des groupes Assange dans le monde entier, dans de nombreux endroits et dans des endroits surprenants. Il y a de fortes chances qu'il existe dĂ©jĂ un groupe Assange local. MĂȘme s'il n'y en a pas, vous pouvez toujours soulever la question auprĂšs des groupes dont vous ĂȘtes dĂ©jĂ membre, et leur demander de prendre publiquement position sur Assange. Bien sĂ»r, vous pouvez participer Ă l'activisme de rue ou autres activitĂ©s publiques destinĂ©es Ă attirer l'attention, et si vous pouvez obtenir l'attention des mĂ©dias locaux, cela aidera la cause.
Il y a aussi la question du lobbying, de l'Ă©criture Ă vos membres du parlement, Ă vos ministres. Les gens pensent que c'est une chose ennuyeuse Ă faire, mais en fait, c'est Ă©tonnamment efficace, car pour la plupart, car lâintĂ©rĂȘt number one de leur vie de parlementaire est de se faire rĂ©Ă©lire et de garder leur poste. Si un certain nombre de personnes leur Ă©crivent sur un sujet, ils se rendent soudain compte que leurs Ă©lecteurs s'y intĂ©ressent vraiment, et qu'ils doivent faire quelque chose Ă ce sujet, sinon ils risquent de ne plus voter pour eux. J'ai constater cela Ă de nombreuses reprises, et il est intĂ©ressant de noter qu'il n'est pas nĂ©cessaire d'envoyer un grand nombre de lettres de personnes diffĂ©rentes. S'ils pensent que l'intĂ©rĂȘt du public est important, ils rĂ©agiront. Il n'est pas trĂšs difficile d'organiser cela. Il y a des moyens d'avancer avec des choses que les gens peuvent facilement faire. Toutes ces activitĂ©s individuelles s'additionnent.
Une fois que vous avez rĂ©uni cinq ou six personnes, vous pouvez lancer des actions locales, et cela dĂ©veloppe une dynamique propre. Les membres du groupe auront des idĂ©es diffĂ©rentes sur ce qu'il faut faire, et les choses se dĂ©veloppent ainsi. L'activisme est une excellente chose en soi. Il se peut que le groupe qui s'est formĂ© au dĂ©part sur le changement climatique commence Ă s'activer aussi sur Julian Assange. Cela peut aussi ĂȘtre l'inverse. Vous pouvez former un groupe avec des amis parce que vous ĂȘtes inquiet au sujet d'Assange, et vous pouvez aussi devenir actif sur diffĂ©rentes questions sociales.
Je pense qu'il existe un rĂ©el danger, dans cette sociĂ©tĂ© consumĂ©riste, de nous couper de la communautĂ© de nos pairs, et de perdre beaucoup en terme dâempathie sociale, donc je crois vraiment que l'activisme est un bien en soi. Personnellement, je pense que nous parviendrons Ă libĂ©rer Julian. C'est trĂšs similaire Ă la campagne pour la libĂ©ration de Nelson Mandela. Elle a Ă©tĂ© menĂ©e dans le monde entier, a crĂ©Ă© une Ă©norme pression, pour finalement aboutir. Cela prendra peut-ĂȘtre du temps, mais pour toutes les personnes impliquĂ©es, faire les choses pour les bonnes raisons, essayer d'influencer la sociĂ©tĂ©, s'impliquer socialement, tendre la main aux gens de sa communautĂ© pour des intĂ©rĂȘts qui dĂ©passent ses propres intĂ©rĂȘts sont des choses cruciales. Cela amĂ©liorera votre vie et celle de votre communautĂ©, donc, l'action elle-mĂȘme est une vertu.