👁🗨 Craig Murray: Sy Hersh et le Way We Live Now
L'OTAN, le noyau dur de l'appareil de propagande, manipule & contrôle notre société, d'autant que les contre-récits & la pensée dissidente sont désormais rigoureusement & systématiquement exclus.
👁🗨 Sy Hersh et le Way We Live Now
Par Craig Murray @CraigMurrayOrg, le 9 février 2023
L'est également le noyau dur de l'appareil de propagande qui manipule et contrôle notre société, d'autant que les contre-récits et la pensée dissidente sont désormais rigoureusement et systématiquemen
C'est un indicateur clair de la disparition de la liberté de nos soi-disant démocraties occidentales, que Sy Hersh, sans doute le plus grand journaliste vivant, ne peut pas obtenir cette révélation monumentale sur la couverture du Washington Post ou du New York Times, mais doit s'auto-publier sur le net.
Hersh raconte l'histoire de la destruction des pipelines Nordstream par les États-Unis avec des détails médico-légaux, donnant les dates, les heures, la méthode et les unités militaires impliquées. Il souligne également l'importance de la collaboration des forces armées norvégiennes avec l'US Navy dans cette opération.
Un point sur lequel Sy n'insiste pas trop, mais qui mérite d'être approfondi, est que la Norvège et les États-Unis sont bien sûr les deux pays qui ont bénéficié financièrement, à un degré énorme, de l'explosion du pipeline.
Non seulement les deux pays ont obtenu d'énormes excédents d'exportation grâce à la hausse des prix du gaz, mais la Norvège a directement remplacé le gaz russe à hauteur de quelque 40 milliards de dollars par an. À partir de 2023, les États-Unis figureront dans cette liste en deuxième position derrière la Norvège, après l'ouverture, au cours des deux derniers mois, de deux nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié en Allemagne, construits pour remplacer le gaz russe par des approvisionnements américains et qataris.
La Russie a donc subi des pertes financières massives suite à la destruction de Nordstream et qui en a profité ? Les États-Unis et la Norvège, les deux pays qui ont fait sauter le gazoduc.
Mais bien sûr, cette guerre n'a rien à voir avec l'argent ou les hydrocarbures et concerne la liberté et la démocratie...
Pour revenir au récit de Hersh, particulièrement intéressante est la série de décisions prises pour éviter la classification de l'opération de diverses manières qui exigerait qu'elle soit rapportée au Congrès. Du point de vue de l'histoire des États-Unis, cela devrait être une affaire majeure.
Le fait que l'exécutif commette ce qui est un acte de guerre sans l'approbation de la législature est fondamentalement inconstitutionnel. Mais il s'agit là d'un de ces vestiges pittoresques de la démocratie que le consensus de l'élite néolibérale peut tranquillement contourner de nos jours.
Hersh expose le contexte bien connu avec des détails convaincants, y compris le fait que, de Biden jusqu'en bas, les Américains ont effectivement annoncé ce qu'ils allaient faire, et ce ouvertement.
Mais ce qui me préoccupe le plus dans toute cette histoire, c'est la complicité unanime des grands médias qui ont ignoré ce qui était tout à fait évident.
La ligne médiatique, répétée ici sans relâche par la BBC et les médias d'entreprise, était que les Russes avaient probablement fait sauter eux-mêmes le pipeline sur lequel ils avaient dépensé tant de ressources et trois décennies d'intense activité diplomatique, et qui devait être la clé de la source de revenus la plus précieuse de la Russie pour les 40 prochaines années.
Cela a toujours été littéralement incroyable. Il fallait être dérangé pour le croire.
Cela m'a appris non seulement que nous sommes vraiment dans le royaume du totalitarisme et du grand mensonge, mais j'ai aussi appris quelque chose de très important sur la façon dont le grand mensonge fonctionne.
Le secret n'est pas que les gens croient sincèrement une affirmation scandaleuse. Le secret est que les gens croient sincèrement qu'ils sont dans une bataille du bien contre le mal, et qu'il est nécessaire d'accepter le récit promu, dans l'intérêt de la lutte contre le mal.
Ne posez pas de questions, suivez simplement. Si vous posez des questions, c'est que vous encouragez le mal.
Je suis sûr que c'est ainsi que cela fonctionne.
Les journalistes sténographes d'État et d'entreprise sont en fait des individus intelligents. S'ils y réfléchissaient, ils se rendraient compte que le récit selon lequel la Russie a fait sauter son propre pipeline est une absurdité évidente.
Mais ils sont convaincus que c'est moralement mal de le penser.
C'est pourquoi aucun d'entre eux n'a contesté les affirmations tout aussi folles selon lesquelles la Russie bombardait de façon répétée ses propres forces qui occupaient la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, et c'est aussi pourquoi aucun d'entre eux n'a contesté la version officielle tout à fait risible de l'histoire des Skripal.
J'ai déjà raconté l'anecdote suivante : lorsque je travaillais au Foreign and Commonwealth Office, j'ai demandé à un bon ami s'il croyait vraiment à la désinformation sur les ADM irakiennes à laquelle il participait.
Il a répondu en se référant au jeu vidéo Championship Manager (rebaptisé depuis Football Manager), auquel nous jouions ensemble. Il a dit que lorsqu'il était dans le jeu, c'était immersif, il était manager de Liverpool, et cela l'absorbait complètement.
De même, lorsqu'il franchissait les portes du Foreign Office, le monde des rapports des services de renseignement était immersif et l'Irak possédait bel et bien ces armes de destruction massive dans ce monde. Il travaillait dans la "réalité" du FCO. Une fois rentré chez lui le soir, il vivait dans l'autre réalité, celle de nous autres au pub.
Je connais un ou deux journalistes suffisamment brillants pour dissocier leur production professionnelle de ce qu'ils pensent vraiment, et ce de la même manière. (J'ai eu une fois une conversation de ce genre avec Jeremy Bowen à Tachkent).
Mais la plupart ne pensent pas comme ça. Ils pensent simplement que toutes les personnes bien pensantes soutiennent la lutte historique contre les méchants Russes, et qu'il est donc normal de diffuser la propagande sans trop y réfléchir.
Ceux d'entre nous qui critiquent la promotion agressive de la guerre en Europe ne sont pas seulement exclus de tous les grands médias et confinés dans des coins d'Internet, et même dans ce cas, ils sont lourdement réprimés sur les médias sociaux (c'est pourquoi l'article de Sy Hersh n'a pas les dizaines de millions de lecteurs qu'il mérite).
Nous ne pouvons même pas obtenir la liberté de réunion.
Deux organismes de gauche bien établis ont annulé la réunion No 2 Nato à laquelle je dois participer à Londres le 25 février. Les raisons de l'annulation de Conway Hall incluent des menaces sur leur financement et des craintes pour la sécurité du personnel.
Nous en sommes maintenant réduits à une réunion de guérilla, dont le lieu dans le centre de Londres ne sera annoncé que la veille au soir.
S'agit-il vraiment d'une démocratie, où il n'est pas possible pour les dissidents de tenir une réunion publique sans secret, sans subterfuge et sans se cacher des partisans de l'État ?
Je vous invite à venir ce jour-là, quelle que soit votre opinion sur le sujet, pour soutenir le droit à la liberté d'expression.
J'ai un point de vue différent de celui de tous les autres orateurs, sur la légitimité de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, à laquelle je m'oppose.
Mais je m'oppose également à l'expansion de l'OTAN, qui est une cause sous-jacente de la guerre, et je m'oppose même à l'existence de l'OTAN elle-même.
L'OTAN est une machine de guerre qui aspire les ressources des travailleurs au profit du complexe militaro-industriel, et qui déchaîne une destruction dévastatrice sur les États en développement qui ne mettent pas leurs ressources naturelles à la disposition des élites milliardaires occidentales.
C'est également le noyau dur de l'appareil de propagande qui manipule et contrôle notre société, d'autant que les contre-récits et la pensée dissidente sont désormais rigoureusement et systématiquement exclus.
Il n'y a plus de fenêtre d'Overton pour le débat autorisé. Elle s'est rétrécie et devrait être rebaptisée la boîte aux lettres d'Overton.
Une de ces petites boîtes difficiles à ouvrir, tout en bas de la porte. Avec un ressort très féroce, et des chiens hargneux qui la gardent.
https://www.craigmurray.org.uk/archives/2023/02/sy-hersh-and-the-way-we-live-now/