👁‍🗨 Craig Murray : Tirer profit de la mort

Dans ce monde occidental, quel pourcentage de gens ordinaires atteindra quel stade de désespoir avant d'assister au début d'une véritable révolte? Sur cette lancée, nous finirons vite par le savoir...

Le président américain Joe Biden signe un décret visant à imposer de nouvelles sanctions à la Russie, le 18 février 2022. (Maison Blanche, Erin Scott)

👁‍🗨 Tirer profit de la mort

Par Craig Murray, le 9 février 2023

Dans ce monde occidental, quel pourcentage de gens ordinaires devra atteindre quel stade de désespoir avant que nous assistions au début d'une véritable révolte. Si les choses continuent sur cette lancée, nous finirons vite par le savoir.

Selon Craig Murray, les géants de l'énergie tels que Shell ne sont pas les seuls à profiter de la guerre en Ukraine. Tous ceux qui ont une part du gâteau réclament l'envoi de chars et d'avions supplémentaires.

Quelle part du bénéfice record de 40 milliards de dollars de Shell est due à la guerre en Ukraine et au gel de la Russie sur le marché ?

Si l'on applique la méthodologie des "décès excédentaires" avec laquelle nous nous sommes familiarisés avec le Covid, en comparant le bénéfice à une moyenne courante des cinq années précédentes, [de 2017 à 2021], on obtient un chiffre d'environ 25 milliards de dollars de "bénéfices excédentaires".

Il s'agit bien sûr d'une technique approximative, tant pour les décès que pour les bénéfices, car ni le Covid ni la guerre d'Ukraine n'ont été le seul facteur affectant le résultat, et "toutes les autres choses" ne sont pas égales, mais dans une certaine mesure, variables.

Mais c'est une bonne indication lorsqu'un nouveau facteur majeur entre en jeu.

Si nous retirons simplement de l'équation les comptes 2020 de Shell, avec leur perte Covid de 20 milliards de dollars, en tant qu'exceptionnels, nous obtenons encore un chiffre de 15 milliards de dollars de bénéfices excédentaires, découlant en grande partie de la guerre en Ukraine.

N'est-il pas bon de savoir que tous ces gens ne sont pas morts ou mutilés en vain? Au moins, Shell engrange les bénéfices.

Bien sûr, Shell n'est pas seul. Toutes les compagnies d'énergie, y compris celles qui vous facturent des sommes colossales pour chauffer votre maison, font de même. La production de l'énergie ne coûte pas plus cher, il s'agit simplement d'une prédation de vautours sur la perturbation du marché.

[Voir: Les géants américains de l'électricité engrangent d'énormes profits alors que les ménages se débattent].

En théorie, le capitalisme fonctionne sur des marchés libres de flux commerciaux. Mais en pratique, les flux financiers sont manipulés par les États au profit des riches de nombreuses manières, dont la guerre et les sanctions ne sont que les exemples les plus flagrants.

L'explosion des pipelines Nordstream par les États-Unis, selon Seymour Hersh, était une intervention étatique assez importante sur le marché. Pourtant, lorsque le résultat de ce type d'action est de générer des superprofits pour les entreprises énergétiques occidentales aux dépens des consommateurs, l'intervention du marché pour supprimer ces superprofits devient "inutile".

[Voir aussi : DIANA JOHNSTONE : Omerta dans la guerre des gangsters et SCOTT RITTER : Pipelines v. USA]

Les fabricants d'armes l'utilisent également. En décembre, les investisseurs des marchands de mort BAE avaient vu la valeur de leur investissement augmenter de 63 % en 12 mois. Aujourd'hui, tous ceux qui touchent au gâteau réclament à cor et à cri l'envoi de chars et d'avions supplémentaires en Ukraine. De l'argent, de l'argent, de l'argent.

L'histoire n'est pas différente chez Lockheed Martin, etc.

N'oublions pas non plus que l'armée et les services de sécurité ont eux-mêmes un intérêt financier direct. Des budgets en forte hausse, plus de possibilités de carrière, plus d'emplois secondaires dans les industries de l'armement et les groupes de réflexion qui font de la propagande pour plus de guerre, une guerre sans fin.

Je l'ai déjà dit, mais le petit livre de J. A. Hobson, Imperialism : A Study contient une analyse du fonctionnement qui reste vraie après plus de cent ans, est exprimée avec clarté et a fondamentalement changé ma vision du monde lorsque je l'ai lu il y a 40 ans.

L'accélération du transfert massif de ressources vers les riches se poursuit.

Chaque événement mondial - le Covid, la guerre en Ukraine - est manipulé par les États pour accroître les inégalités. Oxfam, qui semble être la plus authentique des grandes organisations caritatives (il est vrai que la barre n'est pas haute), a récemment publié ceci :

"Les milliardaires ont vu leur richesse augmenter de façon extraordinaire. Au cours des années de pandémie et de crise du coût de la vie depuis 2020, 26 000 milliards de dollars (63 %) de toutes les nouvelles richesses ont été captées par les 1 % les plus riches, tandis que 16 000 milliards de dollars (37 %) sont allés au reste du monde. Un milliardaire a gagné environ 1,7 million de dollars pour chaque dollar de nouvelle richesse mondiale gagné par une personne faisant partie des 90 % les plus pauvres. Les fortunes des milliardaires ont augmenté de 2,7 milliards de dollars par jour. Ces chiffres s'ajoutent à une décennie de gains historiques - le nombre et la richesse des milliardaires ayant doublé au cours des dix dernières années. "

Dans ce monde occidental, je ne sais pas quel pourcentage de gens ordinaires va atteindre quel stade de désespoir avant que nous assistions au début d'une véritable révolte. Si les choses continuent sur cette lancée, nous finirons vite par le savoir.

* Craig Murray est un auteur, un diffuseur et un militant des droits de l'homme. Il a été ambassadeur britannique en Ouzbékistan d'août 2002 à octobre 2004 et recteur de l'université de Dundee de 2007 à 2010.

Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur et peuvent ou non refléter celles de Consortium News.

https://consortiumnews.com/2023/02/09/craig-murray-profiteering-from-death/