👁🗨 Craig Murray: Trains (surtout) Avions et Automobiles - Part. 3
La vraie joie de ce voyage, ce sont les gens que nous rencontrons. Dans chaque lieu, il y a de fantastiques militants locaux qui organisent des veilles, des pétitions et d'autres actions pour Julian.
👁🗨 Craig Murray: Trains (surtout) Avions et Automobiles - Part. 3
📚 Par Craig Murray 🐦@CraigMurrayOrg, le 8 décembre 2022
Part. 1: https://www.facebook.com/groups/Assange.Ultime.Combat/permalink/1816191295387730/
Part. 2: https://open.substack.com/pub /ssofidelis/p/craig-murray-trains-surtout-avions.
C'est un plaisir d'être rejoint par Niels Ladefoged sur cette tournée autour du film Ithaka. Niels était le directeur de la photographie sur ce film, Ithaka, et en tant que tel l'une des mouches du coche de la famille Shipton/Assange pendant deux ans. Mais son engagement envers Wikileaks remonte à bien plus loin. Son influence est très utile et apaisante lorsqu'on est confronté à une épreuve comme le vol d'un ordinateur portable.
C'est une épreuve. J'ai beaucoup de données importantes stockées sur un disque dur de copie, mais la sauvegarde a été faite il y a un certain temps et beaucoup d'autres choses ont été perdues. Je ne conserve pas de données sensibles sur mon ordinateur portable. Mais les risques d'usurpation d'identité et le danger pour mon propre accès à toutes sortes de comptes différents sont bien réels.
Heureusement, le dimanche 27 novembre est un des rares jours de congé de la tournée. L'hôtel ne fait pas de lessive le week-end, et l'Allemagne accorde aux travailleurs un jour de repos le dimanche comme on ne le fait plus au Royaume-Uni - les laveries sont donc fermées, tout comme les magasins d'ordinateurs portables.
Il y a encore autre chose de particulier. L'ordinateur portable semble avoir été sorti de sa sacoche, mais la somme assez importante d'argent liquide qui s'y trouvait n'a pas été prise. Cependant, ce qui a également disparu, ce sont mes médicaments pour le cœur (Apixaban et Digoxin pour les personnes averties), qui étaient dans leurs boîtes et conservés dans mon sac d'ordinateur dans un sac à sandwich zippé.
Par l'une des étranges petites coïncidences de la vie, Niels, qui est arrivé d'Erfurt par un autre train, a découvert que son médicament indispensable, délivré sur ordonnance, avait disparu de ses bagages le jour même. Nous avons donc tous deux dû faire le tri dans nos ordonnances.
La journée a été consacrée à plusieurs allers-retours au bureau des objets trouvés des chemins de fer et à la rédaction d'un rapport de police. Le guichet du bureau des objets trouvés était alternativement occupé soit par un homme avec une casquette à visière qui vous ignorait, soit par une femme avec une casquette à visière qui hurlait aux gens de s'en aller.
Au poste de police, j’ai été conduit à l'étage par un jeune policier très sérieux, avec une barbe clairsemée à la mode, s’exprimant dans un excellent anglais. Il a noté tous les détails, où j'étais assis, par quelle porte je suis sorti du train, ce que je portais et quel chemin j'ai pris pour aller à l'hôtel. Il a dit qu'il visionnerait les caméras de vidéosurveillance de la gare. Il n'y en avait aucune dans le train.
Je lui ai dit que je doutais qu'un voleur s'en prenne à un ordinateur portable aussi vieux et fissuré. Lui pas du tout. Il m’a expliqué que les voleurs montent dans le train à la gare juste avant Francfort et remontent le train. Ils sortent l'ordinateur portable de son sac en une seconde, sans le regarder.
Il a dit qu'il n'était pas rare que les voleurs prennent l'ordinateur portable et non la sacoche. Il a souri à ma préoccupation concernant l'usurpation d'identité, en disant que ce n'était pas du tout de leur niveau. Le policier semblait vraiment impatient de visionner les images de vidéosurveillance et de commencer à chercher le voleur.
Cela m'a laissé plus enclin à croire qu’il s’agissait juste un vol aléatoire, mais je n'avais pourtant vu personne se déplacer dans le train comme il l'avait décrit, et les quelques personnes restantes dans le compartiment de première classe avaient toutes l'air tout à fait respectables.
Le soir, Niels et moi sommes allés dans la vieille ville de Francfort, dont il n'y a pas grand-chose à voir. Ce n'est pas la bonne ville pour passer un dimanche. Tout avait l’ai fermé. Nous avons fini par trouver un restaurant très local, où les serveuses portaient ce qui ressemblait à des chaussettes de foot par-dessus leurs jeans.
Le restaurant était superbement décoré pour l'Avent, avec ce qui avait l'air d'être la moitié d'une forêt ornée de grands rameaux partout, à travers lesquels brillait la lumière de grosses bougies rouges. L'endroit avait manifestement déjà survécu à des centaines de Noëls sans brûler, mais je ne sais pas comment.
J'ai mangé du jambon rôti avec de la choucroute et des pommes de terre sautées à la poêle, le tout arrosé d'une demi-bouteille de vin de pays. Le croustillant du jambon était délicieux. Nous nous sommes sentis beaucoup mieux après cela, et avons demandé à la serveuse un schnaps local. Elle a apporté quelque chose de vraiment doux et horrible avec un abricot imbibé d'alcool dedans. Nous l'avons bu pour en savoir plus, et avons même mangé les abricots, mais je ne le conseille pas..
Niels ( je lui en ai voulu à ce moment-là) a alors demandé s'ils avaient un schnapps plus proche du schnapps danois. Ils nous ont apporté deux verres de Korn. Nous les avons bus et avons convenu qu'ils ne ressemblaient pas à des spiritueux. Pas de brûlure et nous avons estimé qu'il y avait 20% d'alcool. C'était seulement des doses de 40 ml, pas de 50 ml.
Nous avons donc pensé que nous devrions en prendre deux autres. Cela s'est bien passé et nous avons décidé de recommencer. Après en avoir bu six chacun, nous avons regardé la bouteille et avons vu qu'elle contenait 32% d'alcool. Nous avons pensé qu'il serait raisonnable d'arrêter à ce stade, mais malheureusement les serveuses ont commencé à nous donner du schnaps gratuit.
Il aurait été impoli de refuser.
Cela ne m'a pas vraiment aidé à oublier mes soucis et à me détendre. J'ai très mal dormi, en pensant à mon ordinateur portable disparu. Le lendemain matin, j'avais toujours perdu mon ordinateur portable, et mal à la tête.
Je me suis également senti terriblement coupable - ce qui est le cas la plupart du temps - de m'amuser tout en faisant campagne pour Julian, alors qu'il vit dans de terribles conditions dans une prison de haute sécurité.
Je me suis levé, douché et rasé et suis parti acheter un ordinateur portable. C'était assez sympa. Je me suis vite rendu compte que je ne pouvais pas m'en offrir un aussi bon que celui que j'avais perdu.
J'ai finalement opté pour un Acer Aspire 5, doté d'un processeur Intel i5 (l'ordinateur volé avait un processeur i7), de 8 Go de RAM (contre 16 Go) et d'un disque dur SSD de 512 Go (contre 1 To de disque dur). Il m'a tout de même coûté 770 euros. Mais c'est un objet de toute beauté, fin et élégant.
Il fait 17 pouces, comme mon ancien ordinateur, mais lorsque je l'ai glissé dans mon ancienne sacoche d'ordinateur portable, j'ai pu constater à quel point il était radicalement plus fin et prenait beaucoup moins de place. Et aussi beaucoup plus léger.
Après avoir vécu la course en Slovénie, j'aspirais maintenant à une période de voyages ferroviaires plus sereins. Aujourd'hui 28 novembre, notre itinéraire se résumait à 11.53 ICE 623 Francfort-Munich, arrivée à 15.09.
Le train est parti à l'heure et a filé à toute allure. Rien ne semblait anormal, jusqu'à ce qu'un homme en uniforme rouge traverse le train en annonçant que le café était fermé en raison d'une panne de courant dans les cuisines.
Puis, à une trentaine de kilomètres après Wurzburg, le train a ralenti, avant de s'arrêter complètement, à côté d'une zone remplie de matériel d'excavation rouillé. Il est resté là pendant environ 45 minutes. On a annoncé que la ligne était bloquée.
Quinze longues minutes plus tard, on nous a annoncé que nous allions retourner à Wurzburg, avant de nous rendre à Munich par un autre itinéraire. Nous avons donc fait marche arrière, très lentement, pendant une dizaine de minutes, avant de nous arrêter devant un autre chantier, lui aussi plein de matériel d'excavation rouillé
C'était comme regarder Scrapheap Challenge [Émission diffusée en Grande-Bretagne où les équipes s'affrontent pour construire quelque chose en utilisant que des objets indésirables.] sans les concurrents.
Finalement, nous avons recommencé à nous traîner, à traverser la gare de Wurzburg et à sortir de l'autre côté sans nous arrêter. Nous avons pris de la vitesse, en nous éloignant de Munich. Puis un nouvel arrêt de dix minutes, avant que le train ne reparte dans sa direction initiale.
En arrivant à Wurzvurg pour la troisième fois, le train s'est arrêté en gare et on a demandé à tout le monde de descendre. Un autre train de Munich était attendu de l'autre côté du quai dans les cinq minutes.
Un changement de quai, vers un quai nettement plus éloigné, a été annoncé juste au moment où le train entrait en gare. Tout le monde s'est précipité dans les escaliers avec ses bagages.
Le changement de quai à la dernière minute est l'activité favorite des chemins de fer allemands.
Nous étions arrivés par un énorme train - deux ICEs réunis - alors que celui qui le remplaçait était beaucoup plus petit, et arrivait déjà plein. Nous avons donc décidé de laisser tomber, car il y avait maintenant trois autres trains pour Munich au départ dans les vingt prochaines minutes. Nous avons pris le premier, confortable, et sommes arrivés à Munich avec environ trois heures de retard.
Ithaka était projeté dans le petit cinéma Werkstation, situé au sous-sol d'une cour. Les organisateurs locaux étaient très enthousiastes, et les soixante places étaient toutes vendues. On refusait du monde. J'ai introduit le film par deux brèves observations.
Premièrement, j'ai souligné que la CIA détenait les vidéos d'espionnage des réunions de Julian avec ses avocats de la défense. Deuxièmement, elle avait saisi tous ses documents juridiques lorsqu'il a été expulsé de l'ambassade. L'affaire d'extradition implique deux parties : les États-Unis et Julian Assange. Dans n'importe quelle procédure judiciaire digne de ce nom, si une des parties avait volé les documents juridiques de l'autre et l'avait espionnée lors de ses conférences juridiques, l'affaire aurait été immédiatement rejetée.
Il est clair que le soi-disant processus judiciaire est une farce, une pièce de théâtre politique.
Niels et moi sommes ensuite allés dîner dans un autre restaurant très typique du quartier, dans le même bâtiment. L'une des particularités du "cinéma" était que l'entrée du public était fermée par une très lourde porte en acier. Elle était complètement aveugle à l'extérieur et ne pouvait être ouverte que de l'intérieur. Elle est fermée à clé pendant les représentations, au grand dam des retardataires.
Une dame était venue d'Autriche en voiture pour voir le film, mais elle est arrivée trop tard. Elle s'est jointe à nous pour un agréable repas, et a absolument insisté pour payer. Niels la connaissait comme une sympathisante de longue date.
Niels est danois et donc peu exigeant - donnez-lui un plat de poisson avarié avec quelques œufs crus dessus et il sera heureux des jours durant. Il a expliqué à nos organisateurs qu'on prononce son nom de famille, Ladefoged, sans prononcer les d ou les g. Si vous voulez essayer chez vous, je vous suggère le son de l'aspirateur bloqué par une chaussette.
Niels est un photographe compulsif, grâce à quoi ce récit est aujourd'hui superbement illustré.
En discutant avec des militants après le film, nous avons appris la véritable raison de la ruine des chemins de fer allemands, autrefois légendaires : la privatisation.
La privatisation a été effectuée sur le modèle britannique, avec la voie ferrée gérée par une entité privée et différentes sociétés d'exploitation utilisant leur matériel roulant sur les voies. Ce fut un désastre absolu dès le premier jour.
Comble de la stupidité, la société de réseau privée est responsable de l'entretien des rails, mais le gouvernement paie pour tout remplacement de rails nécessaire - ce qui incite au non-entretien. Les organisateurs de Munich ont expliqué que c'était la cause première des fermetures de lignes et des déraillements de plus en plus fréquents.
Nous étions logés à l'hôtel Moma1890 à Munich, vraiment agréable. Nous y avons passé deux jours, ce qui m'a donné une journée pour installer mon nouvel ordinateur, et pour aller voir le médecin pour une nouvelle ordonnance, tout comme Niels. Malheureusement, l'hôtel ne faisait pas de lessive, et une odeur désagréable commençait à se dégager de mes bagages.
Nous avons visité un petit marché d'hiver derrière notre hôtel. C'était charmant, avec des lumières qui scintillaient dans le froid glacial et des petits pères Noël à vélo qui se baladaient sur des câbles tendus entre les arbres.
Le Glühwein fût le bienvenu, doux et fort et au goût comme si le vin était buvable en soi. Le verre de 200 ml coûtait 3,5 euros, et pour 1 euro de plus, on pouvait ajouter une dose supplémentaire de spiritueux.
Niels a une théorie selon laquelle ajouter suffisamment de shots de rhum à son gluhwein permettrait de neutraliser les sucres. J'ai une théorie selon laquelle ajouter suffisamment de shots de brandy à mon gluhwein neutraliserait la sobriété. Nous avons tous les deux testé cela.
Vous payez une consigne de 3 euros pour un délicat verre dépoli avec un cerf gravé. J'aimerais garder le mien, mais l'idée de transporter autre chose dans mes bagages m'en a dissuadé.
Nous avons trouvé un restaurant à tapas à proximité pour dîner, et avons découvert un Rioja tellement bon qu'il est préférable de tirer un trait sur le reste de la journée. Le Rioja était El Canto de Alonda Ribero del Duero. Impossible à prononcer après l'avoir bu. Beaucoup de fruit pour un Rioja, mais toujours très doux et généreux.
Le lendemain, 30 novembre, le voyage a été simple : l'EC114 à 13 h 32 de Munich Est à Stuttgart, arrivée à 15 h 59. Le train est arrivé avec environ une heure de retard à Stuttgart.
La gare de Stuttgart a été entièrement démolie, à l'exception de la façade, et toute la zone ferroviaire est en cours de "réaménagement". Actuellement, on sort de la gare par une allée surélevée serpentant au-dessus du chantier, avec des sols en MDF. Il faut marcher 800 mètres pour aller des quais aux taxis.
Alors que j'essayais d'équilibrer mon sac d'ordinateur portable sur le dessus de mes bagages à roulettes, Niels m'a fait remarquer qu'il y avait une bande velcro au dos du sac, spécialement prévue à cet effet. J'étais stupéfait. J'ai ce sac depuis dix-sept ans et je n'ai jamais remarqué cette sangle. Il a parcouru des centaines de milliers de kilomètres avec moi, aux quatre coins du monde.
Il m'a été offert par Alex le Geek, un partisan de ma candidature anti-guerre contre Jack Straw à Blackburn lors des élections générales de Westminster en 2005. Alex avait un petit magasin de vente et de réparation d'ordinateurs dans la ville.
Le sac était déjà d'occasion en 2005. Il est très bien conçu, avec des fermetures éclair, des fermoirs et du tissu de qualité supérieure. Il comporte environ huit compartiments distincts, et l'espace principal pour l'ordinateur portable est très large, car à l'époque, les ordinateurs portables étaient très épais.
Souvent, pour de petits voyages, je l'utilise comme un simple sac de voyage. Il est muni d'une étiquette de bagage de compagnie aérienne qui pend à la poignée et qui depuis des années résiste à toute velléité de destruction. Mon petit Acer est maintenant bien rangé à l'intérieur.
Et il a une bande velcro pour l'accrocher à la poignée de mon bagage !
Niels a endossé le rôle de Passepartout, sachant pertinemment que je suis un malchanceux. Même avec son aide, transporter les bagages sur le vaste chantier de réaménagement a été un vrai combat.
Très souvent, nous ne voyons pas le meilleur de chaque ville lors de ce circuit. Nous arrivons à la gare, généralement à la tombée de la nuit, et restons généralement près de la gare. Les cinémas ont tendance à se trouver dans la même zone centrale.
À Stuttgart, le trajet entre la gare, l'hôtel et le cinéma était horriblement laid. Ni pauvre ni délabré, c'est plutôt le contraire. Brutal, sans goût et sans âme.
Il est clair que les bâtiments de la zone ferroviaire qui viennent d'être démolis devaient tous mourir, car ils avaient commis le péché impardonnable de ne pas être de taille imposante, et d'être conçus pour accueillir des êtres humains. Rien de ce que j'ai vu à Stuttgart ne correspond à cette description.
La participation à Stuttgart a été excellente, et les organisateurs très actifs dans un très bon cinéma. Nous avons été réconfortés par la nouvelle selon laquelle cinq grands groupes de médias internationaux, les partenaires de publication initiaux des fuites du cablegate, ont demandé avec force la fin de la persécution d'Assange, dans l'intérêt de la protection de la liberté de la presse.
La vraie joie de ce voyage, ce sont les gens que nous rencontrons. Dans chaque lieu, il y a de fantastiques militants locaux qui organisent des veilles, des pétitions et d'autres actions pour Julian. Beaucoup tiennent des stands dans la rue toutes les semaines.
Je regrette de ne pas pouvoir visiter Aix-la-Chapelle, où une dame tenait une banderole "Libérez Craig Murray" dans le centre ville, chaque samedi de mon propre emprisonnement. Cette bannière m'a été offerte par des militants allemands lors de la manifestation "Hands around Parliament" pour Julian. Mais je rencontre des centaines d'âmes tout aussi courageuses.
À Stuttgart, l'événement est organisé par Pax Christi et die AnStifter. Ils organisaient un grand festival des droits de l'homme, "30 jours en novembre", et cet événement en était la clôture.
Après la projection et les échanges, nous avons pris un verre et une collation avec les organisateurs. Ce sont à chaque événement des organisateurs locaux différents, et nous faisons cela presque tous les jours. Je m'excuse de ne pas avoir noté et remercié chacun d'entre eux individuellement.
Le lendemain matin, nous sommes partis pour Wiesbaden. Je poste cette photo du tableau des départs de la gare de Stuttgart pour illustrer ce que j'ai dit sur les chemins de fer allemands. Vous pouvez voir sur l'horloge de la gare en haut à droite que la photo a été prise à 11 h 23. Tous les trains affichés sur ce tableau sont donc en retard - les heures de départ s'échelonnent de 10 h 51 à 11 h 11.
C'est tout à fait typique des chemins de fer privatisés d'Allemagne.
Notre itinéraire ce jour-là, le 1er décembre, était le suivant : 11.37 IC 2312 Stuttgart-Mayence puis 13.29 SBA35836 Mayence-Wiesbaden. Hourra ! Nous étions à l'heure !
Le train pour Mayence n'était pas plein, et très confortable pour écrire. Me voici en train de travailler, avec mon élégant nouvel ordinateur portable et ma vieille sacoche bien-aimée
Le train de Mayence à Wiesbaden était un petit train de banlieue, rempli de jeunes femmes et de leurs enfants, et de beaucoup de rires. Wiesbaden ressemble effectivement à une banlieue de Mayence.
Wiesbaden est une très jolie ville. Ville thermale, elle possède des sources d'eau chaude naturelles qui bouillonnent dans divers parcs et hôtels. Il est difficile pour un Britannique de critiquer les villes allemandes pour leur laideur, le Royaume-Uni ayant participé à leur destruction, mais une grande partie de Wiesbaden a survécu ou a été restaurée avec générosité.
La façade de mon hôtel, le Schwarzer Bock, a été restaurée avec une méticuleuse attention à la laideur, mais certains détails de l'hôtel original ont été conservés aux deux étages inférieurs, y compris une grande partie de la piscine du spa.
Goethe avait séjourné dans cet hôtel pour une cure, tout comme Dostoïevski, qui avait perdu tout l'argent de sa tournée européenne au casino. Il a relaté cette expérience dans un roman intitulé "Le joueur", dans lequel Wiesbaden in Hesse est appelé Roulettebad in Hesse.
J'ai bien peur que l'hôtel soit maintenant géré par Radisson Blu et qu'il soit plutôt banal. Mais Wiesbaden possède une architecture très caractéristique et est manifestement très riche. La Wilhelmstrasse et les rues qui la bordent sont truffées de magasins très chers vendant des produits haut de gamme.
Il y a des magasins de meubles de marque, de rideaux de marque, de sacs à main de marque. J'ai vu un magasin qui ne vendait que des meubles de jardin très chers, et un autre qui ne vendait que ce genre d'objets stupides et inutiles que les décorateurs d'intérieur aiment fourrer sur les tables basses. Du bois flotté laqué d'or, des plumes de paon dans des vases aux formes improbables, des patins à roulettes peints en bleu électrique avec des cristaux dessus.
Il est clair que Dostoïevski n'est pas la seule personne à Wiesbaden à être plus riche que sensé.
On ne se souvient généralement pas que, lorsque Cumberland a gagné à Culloden, la plupart des villes d'Écosse ont été réduites en cendres pour les Anglais par des garnisons de mercenaires de Hesse. En fait, Cumberland n'appréciait pas les officiers hessois qui traitaient leurs adversaires selon les règles de la guerre et refusaient de commettre des atrocités.
Il est presque certain que tous les officiers hessois qui occupaient l'Écosse connaissaient Wiesbaden et qu'ils se seraient promenés dans les mêmes rues et bâtiments que ceux que je parcours actuellement. Sans doute certains d'entre eux avaient-ils séjourné au Schwarzer Bock.
Je me suis demandé si les archives hessoises avaient été sérieusement fouillées pour trouver des lettres de retour ou des journaux intimes sur leur séjour en Écosse, ou si des mémoires avaient été publiés. J'ai noté sur mon nouvel ordinateur portable de poursuivre cette idée l'année prochaine.
Le cinéma était magnifique, une merveille d'art déco. Il était aussi très grand, avec une capacité de plus de 500 personnes, donc même si environ quatre-vingt personnes sont venues, elles se sont un peu déplacées. Il était plus rempli que cette photo prise avant le début, mais pas énormément. Là, vous voyez à quoi ressemble Niels.
Après le meeting, la ville de Wiesbaden était plongée dans une sorte d'immobilisme, dû, je pense, au fait que l'Allemagne avait été éliminée de la Coupe du monde ce soir-là.
J'avais acheté une nouvelle valise à roulettes sur les conseils de Niels, pour remplacer le sac à dos avec lequel je me débattais. J'ai trouvé que deux valises à roulettes étaient beaucoup plus faciles à gérer, et avec mon sac d'ordinateur portable maintenant accroché à la poignée de l'une d'elles et Niels pour m'aider à le soulever si nécessaire, mes problèmes de bagages semblaient être révolus.
Le 2 décembre, nous avons eu un itinéraire relativement tranquille. 12.26 ICE 1651 Wiesbaden à l'aéroport de Francfort, 13.09 ICE 610 Aéroport de Francfort à Bochum arrivant 15.09.
Bochum était la première destination de notre circuit dont j'ignorais jusqu'à l'existence !
Les trains étaient à l'heure. Le changement à la gare de l'aéroport s'est bien passé, mais à partir de là, le train a été très chargé. Les porte-bagages près de la porte en bout de wagon débordaient de sacs et de valises de luxe. Nous avons comprimé nos bagages sur le premier bout de plancher libre, puis nous avons rangé mon ordinateur portable et le sac photo de Niels sur le porte-bagages au-dessus de nous.
Le porte-bagages était en verre, sans doute à dessein pour que l'on puisse regarder en l'air et voir les bagages à travers. Compte tenu de mon expérience récente, j'ai levé les yeux à plusieurs reprises et j'ai eu la vision réconfortante de l'étiquette de bagage verte et blanche attachée à mon sac d'ordinateur portable, collée contre la vitre.
Et puis je n'ai plus regardé.
Peu avant notre arrivée à Bochum, j'ai de nouveau levé les yeux et elle n'était plus là. Elle n'était plus là.
J'étais stupéfait. Niels est descendu en courant pour rassembler nos autres sacs, puis il a cherché mon ordinateur portable. J'ai commencé à demander à tout le monde dans le train s'ils avaient vu le sac, ou vu quelqu'un le prendre.
Pour être honnête, cette question a suscité une bien meilleure réaction en Allemagne qu'elle ne l'aurait fait au Royaume-Uni. Presque tout le monde s'est levé et a commencé à fouiller. Un homme de grande taille s'est montré particulièrement utile et a commencé à s'éloigner et à faire chercher des gens dans les wagons adjacents. Mais tout cela n'a servi à rien ; personne n’a pu trouver quoi que ce soit, et personne n'a rien vu.
Nous sommes arrivés à Bochum. Niels est resté debout pour empêcher la porte de se refermer pendant que nous cherchions, ce qui a fait intervenir le personnel des chemins de fer. Finalement, il est descendu avec les bagages tandis que je suis resté dans le train et que j'ai poursuivi les recherches jusqu'à la prochaine gare.
À Dortmund, j'ai dû abandonner. On m'avait volé un deuxième ordinateur portable en cinq jours.
J'ai pris un TER pour retourner à Bochum. J'avais perdu non seulement mon ordinateur portable, mais aussi de nombreux billets, reçus et documents importants qui étaient dans le sac, ainsi que - et c'est crucial pour moi - mes lunettes de lecture.
Lorsque le premier ordinateur portable a disparu, je concède qu'il est possible qu'un voleur l'ait rapidement sorti du sac, sans remarquer à quel point il était vieux et abîmé.
Mais je n'avais pas sorti mon nouvel ordinateur portable du sac pendant le voyage, et il n'y avait aucun moyen de savoir qu'un ordinateur portable s'y trouvait. Il était à côté de la sacoche de l'appareil photo de Niels, beaucoup plus précieuse, qui n'avait pas été touchée.
Le wagon entier était rempli de bagages, probablement parce qu'il venait de l'aéroport de Francfort. Les porte-bagages en bout de wagon débordent de bagages coûteux, juste à côté des portes, loin de leurs propriétaires et très faciles à voler dans une gare.
Pourquoi un voleur lambda choisirait-il plutôt mon sac abîmé, juste au-dessus de la tête de son propriétaire ?
C'est tout simplement absurde.
Nous sommes entrés dans Bochum alors que la nuit tombait.
https://www.craigmurray.org.uk/archives/2022/12/trains-mostly-planes-and-automobiles-part-3/