đâđš Crime dâextermination : l'assaut d'IsraĂ«l sur le dernier hĂŽpital opĂ©rationnel du nord de Gaza
âIsraĂ«l a sommĂ© les mĂ©decins de partir, notamment par le biais d'appels tĂ©lĂ©phoniques. C'est une extermination. Nous, mĂ©decins palestiniens, ne partirons pas. Nous restons au service de notre peupleâ.
đâđš Crime dâextermination : l'assaut d'IsraĂ«l sur le dernier hĂŽpital opĂ©rationnel du nord de Gaza
Par Qassam Muaddi, le 23 octobre 2024
Israël est en train de vider le nord de la bande de Gaza de ses habitants dans le cadre de sa campagne de nettoyage ethnique. L'une des stratégies clés utilisées pour y parvenir est la destruction des hÎpitaux, et l'hÎpital Kamal Adwan de Beit Lahia est devenu sa cible principale.
Depuis le lundi 21 octobre, des dizaines de milliers de Palestiniens dĂ©placĂ©s dans le nord de la bande de Gaza sont contraints par l'armĂ©e israĂ©lienne Ă une marche de la mort. Le nord de la bande de Gaza est en train d'ĂȘtre vidĂ© de ses habitants, et l'une des stratĂ©gies d'IsraĂ«l pour atteindre cet objectif consiste Ă supprimer les quelques institutions publiques encore prĂ©sentes : les hĂŽpitaux.
Dans le cadre de son offensive sur le nord de la bande de Gaza, l'armĂ©e israĂ©lienne tente depuis 18 jours de purger toute la zone situĂ©e au nord de la ville de Gaza. Au moins 200 000 personnes y sont restĂ©es, beaucoup d'entre elles craignant, selon des tĂ©moignages locaux, d'ĂȘtre attaquĂ©es sur la route du sud ou dans les âzones de sĂ©curitĂ©â dĂ©signĂ©es par IsraĂ«l, qui ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement bombardĂ©es au cours des derniers mois. Le siĂšge en cours englobe un deuxiĂšme siĂšge dans le siĂšge du camp de rĂ©fugiĂ©s de Jabalia, accompagnĂ© d'une campagne massive de bombardements et d'obus qui contraint des dizaines de milliers de personnes Ă quitter leurs foyers. Nombre d'entre elles se sont dirigĂ©es vers Beit Lahia, et plus particuliĂšrement vers l'hĂŽpital Kamal Adwan. Au cours des 18 derniers jours, l'hĂŽpital a lancĂ© des appels Ă l'aide quotidiens, mettant en garde contre une catastrophe humanitaire imminente.
L'hÎpital Kamal Adwan de Beit Lahia est l'un des trois hÎpitaux en activité dans le nord du gouvernorat de Gaza. Il s'agit du seul centre médical opérationnel dans le nord, qui dispose d'un service de néonatalogie spécialisé.
Les deux autres hÎpitaux de Gaza sont à peine fonctionnels. L'hÎpital indonésien de la ville de Sheikh Zayed a cessé de fonctionner la semaine derniÚre aprÚs que les troupes israéliennes l'ont assiégé et ont envahi ses abords. L'hÎpital Al-Awda de Jabalia, plus petit, a suspendu la plupart de ses services et ne fonctionne qu'avec une capacité limitée. Le mardi 22 octobre, le directeur de l'hÎpital al-Awda, Bakr Abu Safiyeh, a déclaré à la chaßne de télévision al-Ghad que des quadcoptÚres israéliens ouvraient le feu ouvertement sur l'hÎpital.
Il a ajouté que les quadcoptÚres israéliens tirent aussi sur toute personne circulant dans les rues, y compris les ambulances. Selon le directeur de l'hÎpital, une frappe israélienne a touché une ambulance transportant une mÚre qui venait d'accoucher. La mÚre a été tuée, a déclaré le Dr Baker, et le bébé a été retrouvé vivant par les équipes de secours et transporté dans le service de néonatalogie de l'hÎpital Kamal Adwan.
VoilĂ pourquoi cibler les hĂŽpitaux est la solution pour vider le nord de la bande de Gaza.
BaptisĂ© en hommage Ă Kamal Adwan, chef de la rĂ©sistance palestinienne assassinĂ© par IsraĂ«l Ă Beyrouth en 1973, l'hĂŽpital est devenu la destination principale des blessĂ©s et des personnes dĂ©placĂ©es. Comme la plupart des autres hĂŽpitaux de Gaza au cours de l'annĂ©e de guerre gĂ©nocidaire Ă©coulĂ©e, l'hĂŽpital Kamal Adwan est le seul espace public restant dans le nord de Gaza, qui dispense des soins et offre un abri, vĂ©ritable colonne vertĂ©brale de la sociĂ©tĂ© civile et de la cohĂ©sion sociale gazaouies. VoilĂ pourquoi IsraĂ«l le prend pour cible, dans le but d'expulser de force la population conformĂ©ment au plan israĂ©lien visant Ă vider le nord de la bande de Gaza. C'est ce que l'on appelle dĂ©sormais âle plan des gĂ©nĂ©rauxâ.
Deux semaines avant qu'IsraĂ«l ne dĂ©clenche le blocus actuel, Netanyahu a dĂ©clarĂ© aux lĂ©gislateurs israĂ©liens envisager le âplan des gĂ©nĂ©rauxâ, ainsi nommĂ© en raison de la proposition avancĂ©e par de hauts responsables de l'armĂ©e israĂ©lienne au dĂ©but du mois de septembre, basĂ©e sur la vision du gĂ©nĂ©ral israĂ©lien Ă la retraite Giora Eiland, qui a Ă©crit une tribune libre il y a un an expliquant comment le nord de Gaza devrait ĂȘtre vidĂ© de toute sa population par le biais d'une famine et d'une extermination massives.
Ce plan est une version améliorée de ce qu'Israël fait déjà depuis un an, notamment en attaquant et en évacuant de force les hÎpitaux. L'armée israélienne a fait une premiÚre incursion dans l'hÎpital al-Shifa de la ville de Gaza en novembre, alors que le complexe et ses environs étaient envahis de familles déplacées, et a contraint le personnel médical, les patients et les personnes déplacées à quitter les lieux. Mais en février, lorsque l'armée israélienne a commencé à se retirer de certaines parties de Gaza, y compris de la ville de Gaza, les Palestiniens sont retournés à l'hÎpital al-Shifa et ont recommencé à faire fonctionner certains services, alors que les familles déplacées commençaient à reprendre possession de l'espace.
Puis, en avril, les forces israĂ©liennes ont envahi al-Shifa une seconde fois lors d'un raid qui a durĂ© plusieurs semaines dans le but d'accĂ©lĂ©rer l'effondrement social dans la ville de Gaza. L'armĂ©e israĂ©lienne a passĂ© l'hĂŽpital au peigne fin, bĂątiment par bĂątiment et Ă©tage par Ă©tage, dĂ©truisant les Ă©quipements et, selon les tĂ©moignages de survivants recueillis par Mondoweiss Ă l'Ă©poque, exĂ©cutant des centaines d'employĂ©s du gouvernement civil et sĂ©parant les gens en leur attribuant des bracelets de couleurs diffĂ©rentes. Ă la fin de l'opĂ©ration, le Dr Marwan Abu Saada, directeur adjoint d'al-Shifa, a dĂ©clarĂ© Ă UN News que la destruction d'al-Shifa âa dĂ©truit le cĆur du systĂšme de santĂ© dans la bande de Gazaâ, ajoutant quââal-Shifa est perdu pour toujoursâ.
En décembre 2023, deux mois aprÚs le début du génocide israélien à Gaza, les forces israéliennes ont lancé un raid sur l'hÎpital Kamal Adwan et ont forcé le personnel médical, les patients et les civils déplacés à évacuer. L'hÎpital a rétabli des services partiels en juillet aprÚs des actions conjointes de l'Organisation mondiale de la santé et d'autres entités internationales, doublées de pressions sur Israël pour qu'il autorise des quantités limitées d'aide humanitaire dans le nord du pays.
Alors qu'IsraĂ«l a jetĂ© son dĂ©volu sur le gouvernorat le plus septentrional de Gaza pour mettre en Ćuvre le plan d'Eiland, l'hĂŽpital Kamal Adwan est dĂ©sormais le dernier bastion de la rĂ©sistance palestinienne dans le nord. Il est donc une cible privilĂ©giĂ©e de l'offensive israĂ©lienne en cours. Kamal Adwan a failli fermer complĂštement Ă plusieurs reprises, principalement en raison du manque de carburant pour les gĂ©nĂ©rateurs Ă©lectriques, sauvĂ© Ă chaque fois par l'intensification des pressions exercĂ©es par les organisations internationales sur IsraĂ«l pour qu'il autorise le passage de quantitĂ©s limitĂ©es de carburant.
L'hÎpital Kamal Adwan résiste au blocus et au surpeuplement
âNous avons besoin de dons de sang, de linceuls pour les morts, de mĂ©decins et de nourritureâ,
a déclaré le Dr. Husam Abu Safiyeh, directeur de l'hÎpital Kamal Adwan, aux médias le mercredi 23 octobre, signalant que l'armée israélienne a coupé les services internet dans le secteur.
La veille, le 22 octobre, le Dr. Abu Safiyeh a déclaré aux médias que l'hÎpital est à court d'unités de sang, qu'il manque de personnel médical, que le personnel disponible a faim et est épuisé, et que les générateurs électriques sont sur le point de manquer de carburant.
Le Dr Abu Safiyeh a Ă©galement dĂ©clarĂ© que l'hĂŽpital soigne 130 blessĂ©s, dont 14 sous respirateur, et que le personnel mĂ©dical n'est pas en mesure d'Ă©vacuer les blessĂ©s dans les rues par crainte d'ĂȘtre attaquĂ© par des tirs de quadcoptĂšres israĂ©liens. Il a Ă©galement appelĂ© les organismes internationaux Ă ouvrir une route humanitaire pour Ă©vacuer les blessĂ©s, et a dĂ©crit son hĂŽpital comme Ă©tant âun charnierâ.
Une semaine plus tÎt, le 16 octobre, le Dr Abu Safiyeh a mis en ligne une vidéo prise à l'intérieur du service néonatal de l'hÎpital Kamal Adwan. On y voit des bébés en couveuse et les infirmiÚres palestiniennes qui les soignent.
âIl s'agit d'enfants prĂ©sentant des pathologies lourdes, et d'autres cas sont Ă venir, car nous avons programmĂ© des accouchements par cĂ©sarienne pour demainâ,
a-t-il déclaré en filmant la vidéo.
âCette petite fille est arrivĂ©e aprĂšs que sa famille ait Ă©tĂ© attaquĂ©e par une frappe [israĂ©lienne]â, a dĂ©clarĂ© Abu Safiyeh tout en filmant un nouveau-nĂ©. âSa mĂšre et son pĂšre ont Ă©tĂ© tuĂ©s, ainsi que sa grand-mĂšre, et elle est maintenant seule au monde avec une blessure Ă la tĂȘte et une inflammation consĂ©cutiveâ, a-t-il expliquĂ©. âSi le carburant [destinĂ© aux gĂ©nĂ©rateurs d'Ă©lectricitĂ©] n'arrive pas, ces enfants seront victimes d'une catastrophe humanitaireâ, a-t-il averti.
Dans les différents services de l'hÎpital, le personnel médical a décrit ses conditions de travail.
âIl y a des cas de brĂ»lures, d'hĂ©morragies internes, de fractures du crĂąne et d'amputations de membresâ,
a déclaré à Mondoweiss le Dr Ameen Abu Amshah, qui travaille à Kamal Adwan.
âSur les 10 Ă 15 blessĂ©s que nous recevons simultanĂ©ment, sept en moyenne sont des cas urgents nĂ©cessitant une intervention chirurgicale. Nous n'avons tout simplement plus la capacitĂ© de faire face Ă tout cela, et nous sommes obligĂ©s de donner la prioritĂ© aux cas susceptibles d'ĂȘtre sauvĂ©sâ, a dĂ©clarĂ© le Dr Abu Amshah.
âL'armĂ©e dâoccupation a ordonnĂ© aux mĂ©decins de partir, notamment par le biais d'appels tĂ©lĂ©phoniquesâ, a dĂ©clarĂ© le Dr Abu Amshah. âC'est une extermination. Le nord de Gaza est en train d'ĂȘtre exterminĂ©, Jabalia est en train d'ĂȘtre exterminĂ©e, et l'hĂŽpital Kamal Adwan est en train d'ĂȘtre exterminĂ©, mais nous ne partirons pas.â
La marche forcée de la mort
Le mardi 23 octobre, des drones israĂ©liens ont larguĂ© des tracts et diffusĂ© des messages vocaux Ă l'intention des Palestiniens restĂ©s Ă proximitĂ© de l'hĂŽpital Kamal Adwan et Ă l'intĂ©rieur de ses locaux, leur ordonnant de partir. Au mĂȘme moment, des centaines de Palestiniens ont Ă©tĂ© rassemblĂ©s et forcĂ©s de quitter d'autres abris aprĂšs qu'IsraĂ«l ait arrĂȘtĂ© des hommes parmi eux. Des milliers de personnes sont restĂ©es bloquĂ©es dans la rue, Ă distance des derniĂšres installations publiques encore debout, et ont Ă©tĂ© forcĂ©es de reprendre la route sous la menace des armes, comme le montrent les imagesdiffusĂ©es par l'armĂ©e israĂ©lienne.
Le Dr Abu Amshah, à Kamal Adwan, a cependant déclaré à Mondoweiss qu'il était sûr d'une chose : malgré le manque de nourriture, l'épuisement, le blocus et les drones israéliens,
ânous, les mĂ©decins palestiniens, ne partirons pas. Nous resterons au service de notre peupleâ.
Horrifiant!...
Mais peut-ĂȘtre plus encore, ce sont les yeux fermĂ©s de la multitude qui refuse de voir et d'agir
C'est monstrueux. Nous voilĂ revenu dans les pires annĂ©es du nazisme . Il manque juste les wagons Ă bestiaux.....đ€ź