đâđš Daniel Ellsberg, qui a divulguĂ© les Pentagon Papers, vient de mourir Ă l'Ăąge de 92 ans
L'histoire émouvante d'un citoyen éclairé, troublé par la tromperie américaine au Vietnùm, qui a osé dire la vérité au pouvoir & eu foi en la protection de la Déclaration des Droits.
đâđš Daniel Ellsberg, qui a divulguĂ© les Pentagon Papers, vient de mourir Ă l'Ăąge de 92 ans
Par Robert D. McFadden, le 16 juin 2023
ProfondĂ©ment troublĂ© par les tĂ©moignages sur la tromperie amĂ©ricaine au ViĂȘt Nam, il s'est adressĂ© au New York Times. Les rĂ©vĂ©lations qui ont suivi ont Ă©branlĂ© la nation.
Daniel Ellsberg, un analyste militaire qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© bouleversĂ© par la guerre, en pleurs, sur le sol de sa salle de bains, a pris en 1971 la dĂ©cision capitale de divulguer l'histoire secrĂšte des mensonges et des tromperies amĂ©ricains au ViĂȘt Nam, connue sous le nom de "Pentagon Papers", est dĂ©cĂ©dĂ© vendredi Ă son domicile de Kensington, en Californie, dans la Bay Area. Il avait 92 ans.
Sa femme et ses enfants ont déclaré dans un communiqué qu'il était mort d'un cancer du pancréas.
En mars, M. Ellsberg avait annoncé, dans un message électronique adressé à ses "Chers amis et sympathisants", qu'il venait d'apprendre qu'il souffrait d'un cancer du pancréas inopérable et que ses médecins lui avaient annoncé qu'il ne lui restait que trois à six mois à vivre.
La divulgation des Pentagon Papers - 7 000 pages gouvernementales contenant des révélations accablantes sur les tromperies des présidents successifs ayant outrepassé leurs pouvoirs, contourné le CongrÚs et trompé le peuple américain - a plongé une nation déjà blessée et divisée par la guerre dans une controverse encore plus virulente.
La Maison Blanche a pris des contre-mesures illégales pour discréditer M. Ellsberg, endiguer les fuites d'informations gouvernementales et attaquer ses ennemis politiques, le tout constituant une constellation de crimes connue sous le nom de scandale du Watergate, entraßnant la disgrùce et la démission du président Richard M. Nixon.
Cette affaire a Ă©galement donnĂ© lieu Ă une confrontation sur le Premier Amendement entre l'administration Nixon et le New York Times, dont la publication des documents a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par le gouvernement comme un acte d'espionnage mettant en pĂ©ril la sĂ©curitĂ© nationale. La Cour suprĂȘme des Ătats-Unis a alors prĂ©servĂ© la libertĂ© de la presse.
M. Ellsberg a Ă©tĂ© accusĂ© d'espionnage, de conspiration ainsi que d'autres dĂ©lits, et jugĂ© par le tribunal fĂ©dĂ©ral de Los Angeles. Mais Ă la veille des dĂ©libĂ©rations du jury, le juge a rejetĂ© l'affaire en invoquant la mauvaise conduite du gouvernement, notamment les Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques illĂ©gales, une effraction dans le bureau de l'ancien psychiatre de M. Ellsberg, et une offre du prĂ©sident Nixon de nommer le juge lui-mĂȘme au poste de directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI).
"La dĂ©mystification et la dĂ©sanctification du prĂ©sident ont commencĂ©", a dĂ©clarĂ© M. Ellsberg aprĂšs sa libĂ©ration. "C'est comme la dĂ©froque du magicien d'Ozâ.
L'histoire de Daniel Ellsberg reflĂšte Ă bien des Ă©gards l'expĂ©rience amĂ©ricaine au ViĂȘt Nam, qui a dĂ©butĂ© dans les annĂ©es 1950 par une lutte pour contenir le communisme en Indochine, et s'est terminĂ©e en 1975 par une dĂ©faite humiliante au cours dâune guerre corrosive qui a tuĂ© plus de 58 000 AmĂ©ricains et des millions de Vietnamiens, de Cambodgiens et de Laotiens.
C'Ă©tait un brillant jeune homme du Michigan, qui avait Ă©tĂ© confrontĂ© Ă une tragĂ©die Ă l'Ăąge de 15 ans, lorsque sa mĂšre et sa sĆur ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans un accident de voiture aprĂšs que son pĂšre se soit endormi au volant, et qui s'Ă©tait mobilisĂ© pour aller en classe prĂ©paratoire, Ă Harvard et Ă l'universitĂ© de Cambridge en Angleterre avec les honneurs et des ambitions nobles et cohĂ©rentes.
Il s'est engagĂ© dans les Marines en 1954, a terminĂ© l'Ă©cole d'officiers et a prolongĂ© son engagement pour partir avec son bataillon au Moyen-Orient lors de la crise de Suez en 1956. Il n'a pas participĂ© aux opĂ©rations, mais il a quittĂ© l'armĂ©e en tant que premier lieutenant avec des idĂ©es bien arrĂȘtĂ©es sur les solutions militaires aux problĂšmes internationaux.
Il a obtenu un doctorat à Harvard, a rejoint la RAND Corporation et a commencé à étudier la théorie des jeux appliquée aux situations de crise et à la guerre nucléaire. Dans les années 1960, il a participé à des conférences sur les réponses de Washington à la crise des missiles de Cuba et aux attaques nord-vietnamiennes contre les navires américains dans le golfe du Tonkin.
En 1964, M. Ellsberg Ă©tait conseiller du secrĂ©taire Ă la dĂ©fense Robert S. McNamara. Alors que l'engagement amĂ©ricain au ViĂȘt Nam s'intensifie, il se rend Ă Saigon en 1965 pour Ă©valuer les programmes de pacification civile. Il rejoint le gĂ©nĂ©ral Edward G. Lansdale, expert en contre-insurrection, et accompagne pendant 18 mois des patrouilles de combat dans la jungle et les villages.
Une terrible prise de conscience
Ce qu'il voit marque le dĂ©but de sa mutation. Il ne s'agissait pas seulement de l'incapacitĂ© Ă gagner les cĆurs et les esprits des Sud-Vietnamiens. Il a constatĂ© le nombre croissant de civils tuĂ©s, de prisonniers torturĂ©s et de villages incendiĂ©s, une longue litanie de brutalitĂ© inscrite dans les rapports militaires de terrain sous le nom d'"opĂ©rations de nettoyage et du maintien de l'ordre".
"J'ai vu que c'était trÚs dur pour ces gens", a-t-il déclaré à la chroniqueuse Mary McGrory. "Mais je me suis dit que vivre sous le communisme était encore plus difficile, et que la troisiÚme guerre mondiale, que je croyais avoir évitée, serait encore pire".
Pour M. McNamara, M. Ellsberg prĂ©voyait la triste perspective de voir la mort et la dĂ©vastation se poursuivre, se terminant peut-ĂȘtre par un retrait amĂ©ricain et la victoire du Nord-Vietnam. Ses rapports n'ont abouti Ă rien. Mais M. McNamara l'a convoquĂ© en 1967, avec 35 autres personnes, pour compiler une histoire du conflit vietnamien.
La contribution de M. Ellsberg à cette étude fut relativement modeste. Mais il a été profondément troublé par des conclusions radicales : les présidents successifs avaient étendu la guerre tout en dissimulant les faits au CongrÚs et au peuple américain. M. Ellsberg est retourné à la RAND en 1968, mais il a commencé à agir discrÚtement en fonction de ses nouvelles opinions, en rédigeant des déclarations sur la politique de guerre pour la course à la présidence du sénateur Robert F. Kennedy, et en participant à des conférences sur la lutte anti-guerre.
En août 1969, il se rend à une réunion de la Ligue des résistants à la guerre au Haverford College, en Pennsylvanie, et entend un orateur, Randy Kehler, annoncer fiÚrement qu'il va bientÎt rejoindre ses amis en prison pour avoir refusé l'appel sous les drapeaux.
ProfondĂ©ment Ă©mu, M. Ellsberg atteint son point de rupture, comme il l'a dĂ©clarĂ© dans "The Right Words at the Right Time" (2002), de l'actrice Marlo Thomas. "J'ai quittĂ© l'auditorium et j'ai trouvĂ© des toilettes pour hommes dĂ©sertes", a-t-il dĂ©clarĂ©. "Je me suis assis par terre, et j'ai pleurĂ© pendant plus d'une heure. C'est la seule fois de ma vie oĂč j'ai rĂ©agi Ă quelque chose de cette maniĂšre".
M. Ellsberg a commencé à s'opposer ouvertement à la guerre. Il a écrit des lettres aux journaux, s'est joint à des manifestations contre la guerre, a rédigé des articles, et a témoigné lors de procÚs de réfractaires. Sous la pression, il a également démissionné de la RAND.
Avec Anthony J. Russo Jr, un collĂšgue de la RAND rencontrĂ© au ViĂȘt Nam, M. Ellsberg, qui bĂ©nĂ©ficiait d'une habilitation de sĂ©curitĂ© top secrĂšte, a photocopiĂ© les 47 volumes de l'Ă©tude du Pentagone. Croyant toujours pouvoir travailler dans le cadre du systĂšme, M. Ellsberg a remis en 1970 des copies partielles au sĂ©nateur J. William Fulbright, prĂ©sident de la commission des relations extĂ©rieures, et Ă d'autres membres du CongrĂšs. Tous ont prudemment refusĂ© d'agir.
FrustrĂ©, dĂ©sillusionnĂ© et conscient de commettre un crime et d'ĂȘtre envoyĂ© en prison, M. Ellsberg s'est adressĂ© Ă Neil Sheehan, un correspondant chevronnĂ© du New York Times rencontrĂ© au ViĂȘt Nam, pour lui remettre les documents. Le transfert Ă©tait une affaire dĂ©licate. Dans un rĂ©cit qui, Ă sa demande, n'a Ă©tĂ© divulguĂ© qu'aprĂšs sa mort en 2021, M. Sheehan a racontĂ© Ă une collĂšgue du Times, Janny Scott, le rĂ©cit dramatique de la maniĂšre dont il avait obtenu le fameux scoop de 7 000 pages de toute une vie.
Selon lui, M. Ellsberg n'a d'abord acceptĂ© de remettre les documents que si le Times les publiait et faisait de son mieux pour protĂ©ger l'identitĂ© de sa source. Mais lorsque M. Sheehan est arrivĂ© dans l'appartement de Cambridge (Massachusetts) oĂč les documents Ă©taient cachĂ©s, M. Ellsberg a revu ses conditions, disant que M. Sheehan pouvait Ă©tudier les documents et prendre des notes, mais qu'il ne pouvait pas les photocopier. Il a donnĂ© Ă M. Sheehan la clĂ© de l'appartement et a quittĂ© la ville.
M. Sheehan, estimant que les documents Ă©taient "la propriĂ©tĂ© du peuple" et qu'ils avaient Ă©tĂ© payĂ©s avec "le sang de ses fils", comme il l'a dĂ©clarĂ©, a trahi l'accord, a fait faire des copies et a emportĂ© une sĂ©rie de documents Ă New York, oĂč des Ă©quipes de journalistes et de rĂ©dacteurs du Times ont travaillĂ© dans une suite d'hĂŽtel 24 heures sur 24 pendant des semaines pour mettre au point ce trĂ©sor de secrets nationaux en vue de sa publication. M. Ellsberg n'a appris la duplicitĂ© de M. Sheehan que le 13 juin 1971, lorsque le Times a publiĂ© la premiĂšre des neuf sĂ©ries d'extraits et d'articles analytiques sur les Pentagon Papers. La rĂ©action ne s'est pas fait attendre.
Le procureur général John N. Mitchell, citant les lois sur l'espionnage et la conspiration, avertit le Times qu'il avait mis en péril la sécurité nationale, et déclara que le journal risquait des poursuites judiciaires ruineuses. Les rédacteurs, les avocats et l'éditeur du Times, Arthur O. Sulzberger, se concertent et la publication reprend. Cependant, aprÚs la troisiÚme publication, le ministÚre de la Justice a obtenu une injonction, interdisant la diffusion.
Entre-temps, M. Ellsberg a divulguĂ© les documents Ă d'autres quotidiens, dont le Washington Post. Le gouvernement a intentĂ© un procĂšs. Le Times et le Post ont portĂ© leur affaire devant la Cour suprĂȘme, qui a levĂ© l'injonction le 30 juin, autorisant la reprise de la publication. Cette affaire a renforcĂ© une doctrine constitutionnelle selon laquelle la presse, en l'absence d'urgence nationale, ne doit pas ĂȘtre soumise Ă une censure prĂ©alable Ă la publication.
Des révélations compromettantes
Les Pentagon Papers ont rĂ©vĂ©lĂ© non seulement que les prĂ©sidents successifs avaient Ă©tendu la guerre, mais aussi qu'ils Ă©taient parfaitement conscients qu'elle n'avait aucune chance d'ĂȘtre gagnĂ©e. Les documents rĂ©vĂšlent Ă©galement le cynisme omniprĂ©sent des hauts fonctionnaires Ă l'Ă©gard du public et leur mĂ©pris pour les Ă©normes pertes humaines causĂ©es par les combats. M. Ellsberg a qualifiĂ© le conflit de " vĂ©ritable guerre amĂ©ricaine et ce, dĂšs le dĂ©but ".
La Maison Blanche a rapidement commencé à poursuivre M. Ellsberg, qui était entré dans la clandestinité. Sous la direction de John D. Ehrlichman, conseiller du président Nixon pour les affaires intérieures, une unité appelée les "plombiers" a été créée pour colmater les fuites et mener des opérations secrÚtes, notamment le cambriolage du cabinet du psychiatre de M. Ellsberg (aucun dossier compromettant n'a été trouvé) et, en 1972, celui du siÚge du parti démocrate dans le complexe du Watergate, à Washington. L'arrestation des cambrioleurs a déclenché une affaire qui a entraßné la démission de M. Nixon en 1974.
Ellsberg, qui s'est rendu, et M. Russo, son collÚgue, ont été inculpés d'espionnage, de conspiration et d'autres délits passibles d'une peine totale de 115 ans de prison. AprÚs un vice de procédure en 1972, ils ont été jugés en 1973 par le juge William M. Byrne Jr. au tribunal fédéral de Los Angeles. Toutefois, avant que l'affaire ne soit portée devant le jury, le juge a rejeté toutes les accusations en raison du comportement répréhensible du gouvernement.
Le juge Byrne a déclaré que G. Gordon Liddy et E. Howard Hunt, qui avaient organisé le cambriolage du Watergate, s'étaient introduits dans le bureau de Lewis J. Fielding, l'ancien psychiatre de M. Ellsberg, dans une tentative infructueuse de trouver des preuves compromettantes contre lui ; que le F.B.I. avait illégalement mis sur écoute les conversations de M. Ellsberg ; et que, pendant le procÚs, M. Ehrlichman avait offert au juge le poste de directeur du F.B.I.
Tandis que M. Nixon dĂ©missionnait et que M. Mitchell, M. Ehrlichman et d'autres personnalitĂ©s du Watergate Ă©taient incarcĂ©rĂ©s, M. Ellsberg continuait Ă participer activement au mouvement anti-guerre, prenant la parole lors de rassemblements et sur des campus dans tout le pays. Il a Ă©galement plaidĂ© en faveur du dĂ©sarmement, et s'est exprimĂ© contre les armes nuclĂ©aires. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en 1976 avec d'autres personnes lors d'une manifestation devant le Pentagone.
AprĂšs les attentats terroristes du 11 septembre 2001, M. Ellsberg a dĂ©noncĂ© la dĂ©cision du prĂ©sident George W. Bush d'envahir l'Afghanistan Ă la recherche d'Oussama ben Laden, tenu pour responsable des attentats, et de rĂ©primer un rĂ©gime taliban fanatique abritant des terroristes. Il a Ă©galement critiquĂ© de maniĂšre cinglante la guerre menĂ©e par les Ătats-Unis en Irak, qui, en prĂšs de neuf ans de conflit, a coĂ»tĂ© la vie Ă des milliers d'AmĂ©ricains et, selon certaines estimations, 2 000 milliards de dollars.
M. Ellsberg est l'auteur de nombreux articles parus dans divers journaux et magazines, ainsi que de plusieurs livres, dont "Papers on the War" (1972) et "Secrets : A Memoir of Vietnam and the Pentagon Papers" (2002). "Secrets" a remporté plusieurs prix et a été salué par des critiques, dont le Tran Van Dinh dans The Christian Century, qui l'a qualifié d'"histoire émouvante d'un citoyen éclairé qui a osé dire la vérité au pouvoir et qui a eu foi dans la protection que lui offre la Déclaration des Droits".
En 2021, alors que se ravivent les tensions entre les Ătats-Unis et la Chine au sujet de TaĂŻwan, M. Ellsberg a fait la une des journaux en mettant en lumiĂšre une Ă©tude gouvernementale classĂ©e depuis longtemps, et dont il avait fait secrĂštement une copie. Ce rapport indique que le Pentagone a Ă©laborĂ© des plans pour une frappe nuclĂ©aire sur la Chine en 1958, lorsque les forces communistes de Mao Zedong ont commencĂ© Ă bombarder les Ăźles contrĂŽlĂ©es par Taipei dans le dĂ©troit de TaĂŻwan. La crise s'est apaisĂ©e lorsque la Chine a mis fin aux attaques, laissant les Ăźles sous le contrĂŽle de la RĂ©publique de Chine nationaliste de Chiang Kai-shek.
LouĂ© pour son "courage moralâ
Les mémoires de M. Ellsberg, "The Doomsday Machine : Confessions of a Nuclear Planner" (2017), qui s'inspire de son expérience dans les années 1950 et 1960 au sein de la RAND Corporation et du Pentagone, décrit une Úre de prolifération nucléaire terrifiante et de contrÎles effrénés, et lance un avertissement passionné sur la persistance du danger d'un holocauste nucléaire. Graham Allison, dans une critique du Times, a loué "le travail d'Ellsberg de faire ressortir la véritable folie de la "machine de l'apocalypse", et celle de parier notre survie sur la destruction mutuelle assurée".
M. Ellsberg a reçu le prix suédois Olof Palme 2018 pour son "profond humanisme et son courage moral exceptionnel".
Daniel Ellsberg est nĂ© Ă Chicago le 7 avril 1931, de Harry et Adele (Charsky) Ellsberg. Son pĂšre, ingĂ©nieur en bĂątiment, a dĂ©mĂ©nagĂ© avec sa famille en 1937 Ă DĂ©troit, oĂč Daniel a grandi. Sa mĂšre espĂ©rait qu'il deviendrait pianiste de concert et l'obligeait Ă s'entraĂźner plusieurs heures par jour, malgrĂ© son manque Ă©vident d'enthousiasme. Sa mĂšre et sa sĆur ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans un accident de voiture au cours d'une balade le 4 juillet 1946.
Grùce à une bourse, il fréquente Cranbrook, une classe préparatoire de la banlieue de Détroit, et sort premier de sa classe. à Harvard, toujours grùce à une bourse, il édite un magazine littéraire, fait partie du comité de rédaction du journal du campus, The Crimson, et obtient une licence en économie avec mention trÚs bien en 1952. Il reçoit ensuite une bourse pour étudier l'économie avancée au King's College, à Cambridge, et retourne à Harvard en 1953 pour obtenir une maßtrise en économie.
En 1951, il a épousé Carol Cummings, la fille d'un général de brigade du corps des Marines à la retraite. Le couple a eu deux enfants, Robert et Mary Carroll Ellsberg, avant de divorcer au milieu des années 1960. En 1970, il a épousé Patricia Marx, héritiÚre d'une entreprise de jouets et militante anti-guerre de longue date. Ils ont eu un fils, Michael.
Il laisse une Ă©pouse, des enfants, cinq petits-enfants et une arriĂšre-petite-fille.
AprĂšs avoir servi dans le corps des Marines, il a rejoint la RAND Corporation en 1958 pour Ă©tudier les jeux de guerre et, en 1962, il a obtenu un doctorat en Ă©conomie Ă Harvard. En 1969, il a commencĂ© Ă s'intĂ©resser aux aspects Ă©thiques de la guerre du ViĂȘt Nam. En aoĂ»t, Ă Haverford, il a rencontrĂ© M. Kehler, un rĂ©fractaire Ă l'appel sous les drapeaux.
"Il avait délibérément fait le choix d'aller en prison, parce qu'il pensait que c'était le bon choix", s'est souvenu M. Ellsberg. "à cette époque, il ne faisait aucun doute dans mon esprit que mon gouvernement était impliqué dans une guerre injuste qui allait perdurer et prendre de l'ampleur. Des milliers de jeunes hommes mouraient tous les ans".
* Robert D. McFadden est rédacteur en chef du service des nécrologies et lauréat du prix Pulitzer 1996 pour les reportages d'actualité. Il a rejoint le Times en mai 1961 et est également co-auteur de deux livres. En savoir plus sur Robert D. McFadden
https://www.nytimes.com/2023/06/16/us/daniel-ellsberg-dead.html