đâđš Dans cette dystopie, ĂȘtre opposĂ© Ă un gĂ©nocide est plus criminel que d'en commettre un
Si vous pensez que les massacres quotidiens de civils innocents sont normaux et acceptables, alors vous ĂȘtes aussi perturbĂ© & aveugle que n'importe quel fou furieux de la ville. Sans doute mĂȘme pire.
đâđš Dans cette dystopie, ĂȘtre opposĂ© Ă un gĂ©nocide est plus criminel que d'en commettre un
Par Caitlin Johnstone, le 24 avril 2024
Ăcouter une lecture de cet article (par Tim Foley)
Toutes les vocifĂ©rations frĂ©nĂ©tiques sur les manifestations pro-palestiniennes dans les universitĂ©s ces derniers jours montrent clairement que notre civilisation est tellement perverse et dĂ©traquĂ©e qu'elle considĂšre que s'opposer Ă un gĂ©nocide est bien pire que d'en commettre un. Ce qui est Ă peu prĂšs aussi rĂ©trograde que peut l'ĂȘtre une sociĂ©tĂ©.
SĂ©rieusement, essayez d'imaginer une civilisation plus tordue et plus dĂ©sĂ©quilibrĂ©e que celle qui s'indigne davantage de ceux qui protestent contre les atrocitĂ©s gĂ©nocidaires que de ceux qui les commettent. Une civilisation oĂč les gens portent leur pantalon sur la tĂȘte et marchent Ă l'envers toute la journĂ©e ? Ce serait moins dangereux. Une civilisation oĂč les chiens sont les maĂźtres des hommes et oĂč les enfants vont travailler pendant que les parents vont Ă l'Ă©cole ? Ce serait quand mĂȘme moins dĂ©lirant.
Rien n'est plus aberrant dans ce monde. En fait, il est difficile d'imaginer que l'on puisse faire pire. Si vous pensez que les massacres quotidiens de civils innocents sont normaux et acceptables, et que vous considĂ©rez toute opposition Ă cette pratique comme une abomination monstrueuse et diabolique, câest que vous ĂȘtes aussi perturbĂ© et aveugle Ă la rĂ©alitĂ© que n'importe quel autre fou furieux de la ville. Peut-ĂȘtre mĂȘme pire.
Considérer les massacres militaires de masse comme moraux et l'opposition à ces massacres comme un acte immoral, c'est vivre dans un univers éthique et mental complÚtement chamboulé. C'est pénétrer dans un tunnel imaginaire totalement dissocié de la réalité. Mais c'est le genre de vision du monde dominante que la classe politico-médiatique de cette société s'efforce de nous faire avaler jour aprÚs jour, tout au long de notre vie.
Je viens de voir un tweet de la commentatrice Briahna Joy Gray disant que pour trouver dans le New York Times la moindre mention des centaines de Palestiniens dans les charniers découverts à Gaza, elle a dû faire défiler pas moins de quatre articles sur les manifestations pro-palestiniennes sur les campus universitaires - y compris deux articles d'opinion critiquant les manifestants.
Quel genre de perversité, quelle genre de foutue dystopie est-ce là , pour que les gens s'informent et se fassent une opinion à partir de ces organes d'information ? Notre civilisation toute entiÚre est saturée de propagande dénaturant la réalité comme celle-ci, et cela rend fou. Nos boussoles morales ont été retournées à 180 degrés de notre vrai nord, et nos capteurs internes sont branchés sur des fréquences totalement parasitées.
Ils ont besoin que nous devenions dingues Ă ce point pour continuer Ă soutenir un empire planĂ©taire qui ne peut littĂ©ralement pas exister sans violence et sans tyrannie permanentes. Ils ont besoin que nous pensions que le haut est en bas et que le noir est blanc. Il faut non seulement que nous soyons incapables de faire la diffĂ©rence entre le bien et le mal, mais aussi que nous croyions que le mal est le bien et que le bien est le mal. Ils pilonnent donc notre conscience collective jour aprĂšs jour avec des opĂ©rations psychologiques extrĂȘmement agressives sous forme de propagande dans les mĂ©dias dominants, pour s'assurer que nos mĂ©canismes internes sont suffisamment perturbĂ©s pour que nous consentions au degrĂ© de dĂ©pravation requis pour que nos dirigeants puissent continuer Ă nous dominer sur cette planĂšte.
C'est ce que notre classe dirigeante a dĂ©cidĂ© de considĂ©rer comme normal, comme l'a dit Aaron Bushnell quelques instants avant de s'immoler par le feu pour protester contre le gĂ©nocide Ă Gaza. Une sociĂ©tĂ© oĂč les charniers retiennent moins l'attention des mĂ©dias que les manifestants dans les universitĂ©s. Une sociĂ©tĂ© oĂč les politiciens s'efforcent de mettre fin aux manifestations pro-palestiniennes sur les campus universitaires plutĂŽt qu'Ă l'assaut meurtrier d'IsraĂ«l contre une enclave clĂŽturĂ©e bondĂ©e d'enfants. Une sociĂ©tĂ© oĂč tenter d'arrĂȘter un gĂ©nocide est considĂ©rĂ© comme un crime, et oĂč en commettre un est considĂ©rĂ© comme un acte honorable.