👁🗨 Dans l'affaire Assange, des journalistes mécontents rejettent les demandes du FBI d'aider le ministère public
L’article de M. Ball dans Rolling Stone souligne le rôle du FBI dans la guerre contre WikiLeaks, alors que l'équipe juridique d’Assange craint une extradition imminente, sauf revirement spectaculaire.
👁🗨 Dans l'affaire Assange, des journalistes mécontents rejettent les demandes du FBI d'aider le ministère public
Par Kevin Gosztola, le 5 juillet 2023
Les procureurs américains ont tout un dur combat à mener s'ils espèrent convaincre les journalistes frustrés par le comportement d'Assange de les aider dans leur attaque contre la liberté de la presse.
Trois journalistes qui ont travaillé avec le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, ont été approchés par le Federal Bureau of Investigation et le ministère de la justice des États-Unis pour témoigner contre M. Assange.
Chacun d'entre eux s'est brouillé avec Assange, mais ils ont clairement fait savoir qu'ils n'aideraient pas les procureurs à étayer leur dossier.
En juin, le Sydney Morning Herald et The Age ont rapporté que la police métropolitaine de Londres s'était rendue au domicile d'Andrew O'Hagan. Elle lui a laissé un avis indiquant que le FBI souhaitait "discuter" de ses "expériences avec Assange/WikiLeaks telles que mentionnées dans The Unauthorized Autobiography of Julian Assange and Ghosting" [L'autobiographie non autorisée de Julian Assange et Ghosting].
La collaboration de M. O'Hagan avec M. Assange en tant qu'écrivain fantôme a échoué, et il a précédemment écrit un essai qui dénonçait le fondateur de WikiLeaks. Mais M. O'Hagan a rejeté la demande du FBI. "Je ne témoignerais pas contre un collègue journaliste poursuivi pour avoir dit la vérité".
La nouvelle a bouleversé l'équipe juridique de M. Assange, en particulier en Australie, où les avocats tentent de négocier un accord mettant fin aux poursuites, et permettre à M. Assange d’être libéré.
Or, selon un article de James Ball, ancien bénévole de WikiLeaks, l'ancien rédacteur en chef des enquêtes du Guardian, David Leigh, et la militante pour la transparence, Heather Brooke, ont été contactés par la police métropolitaine de Londres au cours des dernières semaines. La police leur a demandé de répondre aux demandes de témoignage du FBI.
À son retour d'Écosse, David Leigh aurait trouvé un avis dans son appartement londonien. L'avis mentionnait : “Le FBI aimerait discuter de vos expériences avec Assange/WikiLeaks, telles qu'elles sont mentionnées dans ‘WikiLeaks : Inside Julian Assange's War on Secrecy’”.
"Nous insistons sur le fait que cette démarche est purement bénévole, et que vous agissez uniquement en tant que témoin. Il n'y a donc aucune obligation de parler au FBI si vous ne le souhaitez pas", ajoute la note.
Brooke a informé Ball que deux officiers se sont présentés à sa porte. Elle a décrit leur comportement comme étant "presque agressivement amical et passif". Ils ont reconnu que la demande de témoignage était "volontaire" et qu'elle n'avait "aucune obligation" de témoigner.
Le FBI pourrait être intéressé par un épisode datant de 2011, au cours duquel un "initié de WikiLeaks a violé la chaîne de sécurité" établie pour le cache des câbles de l'ambassade d'État des États-Unis et les a transmis à Brooke, qui les a ensuite partagés avec le Guardian. Comme l'écrit Wired Magazine, cela a libéré WikiLeaks de "tout accord préalable passé avec Assange au sujet des documents".
En ce qui concerne Leigh, les avocats de M. Assange ont évoqué le fait que l'ancien rédacteur en chef du Guardian a publié le mot de passe des données sur les câbles dans le livre qu'il a coécrit [avec Luke Harding] sur WikiLeaks. Cette faille de sécurité a permis à un journal allemand d'ouvrir le fichier crypté contenant les câbles, exposant de nombreuses personnes à un préjudice potentiel que les médias et les organisations de défense des droits de l'homme ont imputé à M. Assange et à WikiLeaks.
Il serait logique que le FBI veuille recueillir le témoignage de M. Leigh qui pourrait aider les procureurs à affaiblir la défense de M. Assange, en particulier sur la manière dont l'ancien rédacteur en chef de WikiLeaks s’est montré perfectionniste dans son traitement des câbles.
En outre, M. Ball a révélé qu'il avait été contacté par le FBI en décembre 2021. Il a accepté les conseils d'un avocat et s'est tu jusqu'à ce que d'autres journalistes soient approchés cette année.
Le FBI souhaitait s'entretenir avec M. Ball au sujet d'un article écrit en 2013 pour le Daily Beast sur "la relation d'Assange avec un homme appelé Israel Shamir".
M. Ball était bénévole pour WikiLeaks lors de la publication des câbles diplomatiques américains entre novembre 2010 et la mi-décembre 2010. Il n'a qu'une connaissance limitée des activités de WikiLeaks pendant la période concernée par le procès contre M. Assange.
WikiLeaks a vigoureusement contesté les affirmations passées de M. Ball concernant M. Assange et M. Shamir, antisémite et un négationniste notoire de l'Holocauste.
“Israel Shamir n'a jamais travaillé, ni été bénévole de WikiLeaks, de quelque manière que ce soit. Il n'a jamais écrit pour WikiLeaks ou toute autre organisation associée, sous quelque nom que ce soit, et il en est hors de question. Il n'est pas un "agent" de WikiLeaks. Il n'a jamais été employé par WikiLeaks, et n'a jamais reçu d'argent de WikiLeaks, ou donné de l'argent à WikiLeaks ou à toute autre organisation ou personne associée. En revanche, il a travaillé pour la BBC, Haaretz et de nombreuses autres organisations réputées.”
En tant que bénévole, Ball s'est forgé une réputation d'initié mécontent de WikiLeaks en écrivant une demi-douzaine d'articles, dont "Julian Assange n'est pas un héros. Je suis bien placé pour le savoir : j'ai vécu avec lui et son horrible bande" et "La patience de l'Équateur à l'égard d'Assange est à bout - et il ne peut s'en prendre qu'à lui-même".
Quoiqu’il en soit, M. Ball a également écrit quelques articles fondés sur des principes qui soulignent son opposition aux accusations portées par le gouvernement américain au titre de l’Espionage Act, même s'il semble rendre M. Assange responsable d'une grande partie des persécutions dont il a fait l'objet.
Cet article de Ball, publié par Rolling Stone, attire l'attention sur le rôle du FBI dans la guerre contre WikiLeaks, alors que l'équipe juridique de M. Assange craint une extradition imminente, sauf retournement de situation.
Il confirme en outre, comme la journaliste italienne Stefania Maurizi a cherché à le faire savoir, que la police britannique a travaillé en étroite collaboration avec le FBI.
Les procureurs américains auront fort à faire s'ils espèrent convaincre les journalistes frustrés par le comportement de M. Assange de les aider dans leur attaque contre la liberté de la presse.
https://thedissenter.org/fbi-testimony-from-disaffected-journalists-assange/