đâđš DâaprĂšs IsraĂ«l, il n'y a ni famine ni crise humanitaire Ă Gaza
âLa crise Ă Gaza est une catastrophe provoquĂ©e par l'homme, aggravĂ©e par un langage dĂ©shumanisant et un usage des vivres, de l'eau et du carburant qui en font des armes de guerreâ.
đâđš DâaprĂšs IsraĂ«l, il n'y a ni famine ni crise humanitaire Ă Gaza
Par Nora Barrows-Friedman, le 19 janvier 2024
Selon les Nations Unies, Israël a refusé l'accÚs à plus de 75 % des missions d'aide humanitaire et d'approvisionnement prévues dans la bande de Gaza.
Seules sept des 29 missions, soit 24 %, ont été menées à bien, entiÚrement ou partiellement, au cours des deux premiÚres semaines de janvier, a indiqué mercredi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
OCHA a ajoutĂ© que deux autres missions d'aide n'ont pas pu ĂȘtre menĂ©es Ă bien en raison de lââimpraticabilitĂ© des routes assignĂ©esâ et de âretards excessifsâ aux checkpoints.
Environ 95 % des missions impliquant la distribution de carburant aux installations d'eau et de mĂ©dicaments aux centres de santĂ© dans la moitiĂ© nord de Gaza âse sont vu refuser l'accĂšs par les autoritĂ©s israĂ©liennesâ, indique l'ONU.
Le manque de carburant âpour la distribution d'eau, l'assainissement et l'hygiĂšne augmente les risques sanitaires et environnementauxâ, a indiquĂ© OCHA, tandis que la pĂ©nurie de mĂ©dicaments a âcompromis le bon fonctionnement des six hĂŽpitaux partiellement fonctionnelsâ dans le nord.
Le blocage actuel par IsraĂ«l des missions d'aide humanitaire dans les zones nord de Gaza âmarque un picâ par rapport aux mois prĂ©cĂ©dents, a averti l'ONU.
Dans le mĂȘme temps, seuls 98 camions de nourriture, de mĂ©dicaments et d'autres aides sont entrĂ©s dans la bande de Gaza mercredi par le point de passage de Rafah au sud et par le checkpoint de Kerem Shalom (Karem Abu Salem) Ă la frontiĂšre sud-est avec IsraĂ«l, a ajoutĂ© l'ONU.
Avant le 7 octobre, 500 camions en moyenne entraient chaque jour dans la bande de Gaza.
Ce nombre de camions était le strict minimum nécessaire pour les Palestiniens qui luttent pour survivre sous le lourd blocus qu'Israël impose à l'enclave cÎtiÚre depuis 2007.
La semaine derniÚre, les directeurs du Programme alimentaire mondial [PAM], de l'Organisation mondiale de la santé et du Fonds des Nations unies pour l'enfance [UNICEF] ont déclaré dans un communiqué commun
qu'âun changement radical dans l'acheminement de l'aide humanitaire Ă Gaza sâimpose de toute urgenceâ, car âle risque de famine s'accroĂźt et de plus en plus de personnes sont exposĂ©es Ă des Ă©pidĂ©mies mortellesâ.
Philippe Lazzarini, directeur de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, a déclaré le 13 janvier que
âla crise Ă Gaza est une catastrophe provoquĂ©e par l'homme, aggravĂ©e par un langage dĂ©shumanisant et un usage des vivres, de l'eau et du carburant comme armes de guerreâ.
âCette opĂ©ration humanitaire est rapidement devenue l'une des plus complexes et des plus problĂ©matiques au monde, en grande partie Ă cause de la lourdeur des procĂ©dures d'entrĂ©e de l'aide dans la bande de Gaza et d'une myriade d'obstacles Ă la distribution sĂ©curisĂ©e et ordonnĂ©e de l'aide, y compris les hostilitĂ©s en coursâ, a dĂ©clarĂ© M. Lazzarini.
AprĂšs une visite de trois jours Ă Gaza, le directeur gĂ©nĂ©ral adjoint de l'UNICEF, Ted Chaiban, a dĂ©clarĂ© jeudi que âla situation passe d'une situation catastrophique Ă un Ă©tat proche de l'effondrementâ.
Des centaines de milliers de Palestiniens vivant dans le nord de la bande de Gaza n'ont pas accÚs à l'eau potable et à la nourriture, a-t-il dit, et pas un seul convoi de l'UNICEF n'a été autorisé à se rendre dans ce secteur en janvier.
M. Chaiban a appelĂ© Ă la fin des âbombardements massifsâ - sans toutefois dĂ©signer IsraĂ«l comme Ă©tant lâagresseur - et a dĂ©clarĂ© qu'il Ă©tait âimpĂ©ratif que les restrictions d'accĂšs soient levĂ©esâ.
âNous tentons d'apporter une aide au compte-gouttes Ă lâaide dâune paille pour rĂ©pondre Ă un ocĂ©an de besoinsâ, a-t-il dĂ©clarĂ©.
L'UNICEF, a-t-il ajoutĂ©, âa dĂ©crit la bande de Gaza comme Ă©tant le lieu le plus dangereux au monde pour un enfant. Nous avons dĂ©clarĂ© qu'il s'agissait d'une guerre contre les enfants. Mais ces vĂ©ritĂ©s restent lettre morteâ.
Le mensonge israélien
Pendant ce temps, le COGAT, le bras bureaucratique israélien de l'occupation militaire, continue d'insister sur le fait qu'il n'y a pas de crise humanitaire à Gaza et qu'il ne limite aucunement l'aide humanitaire.
âPour autant que je sache, et d'aprĂšs toutes les analyses rĂ©alisĂ©es, il n'y a pas de famine Ă Gaza, et la population n'est certainement pas affamĂ©eâ,
a récemment déclaré un responsable du COGAT, le colonel A., au journal Haaretz de Tel-Aviv.
Le colonel, qui s'est vantĂ© de ne pas avoir âlu de rapport approfondi de l'ONU sur la faimâ, a invoquĂ© des notions racistes Ă propos des Arabes pour expliquer pourquoi ils manquent de nourriture.
âN'oubliez pas qu'il s'agit d'une population arabe, gazaouie, dont l'ADN est de stocker, surtout lorsqu'il s'agit de nourritureâ, a dĂ©clarĂ© le responsable du COGAT
Le COGAT est dirigĂ© par Ghassan Alian, qui a qualifiĂ© les Palestiniens dââanimauxâ le 10 octobre dernier.
Cette agence a été la principale source d'information d'Israël auprÚs de la Cour internationale de justice dans ses déclarations visant à affirmer son humanitarisme à l'égard des Palestiniens.
Miki Zohar, ministre israĂ©lien de la Culture et des Sports, a admis que les Palestiniens du nord Ă©taient empĂȘchĂ©s de recevoir lâaide humanitaire. âLes aides ne parviennent pas jusqu'Ă eux, Ă juste titreâ, a-t-il dĂ©clarĂ© Ă Haaretz.
Cette semaine, des représentants de la France et du Qatar ont annoncé qu'ils avaient négocié un accord avec Israël et les dirigeants du Hamas
âpour permettre aux mĂ©dicaments de parvenir aux otages israĂ©liens Ă Gaza, ainsi qu'une aide supplĂ©mentaire aux Palestiniensâ, a rapportĂ© Associated Press.
Des médicaments destinés à 45 captifs israéliens souffrant de maladies chroniques sont arrivés au checkpoint de Rafah mercredi.
Le docteur Ashraf al-Qedra, porte-parole du ministÚre palestinien de la Santé à Gaza, a déclaré cette semaine que 350 000 patients palestiniens souffrant de maladies chroniques n'avaient pas accÚs à leurs médicaments dans la bande de Gaza.
Il a appelĂ© les institutions internationales Ă leur fournir dâurgence des mĂ©dicaments.
âL'occupation israĂ©lienne contrĂŽle toujours le volume, la qualitĂ© et l'acheminement de l'aide mĂ©dicale dans le but de maintenir le secteur de la santĂ© dans un Ă©tat d'effondrement permanentâ, a dĂ©clarĂ© M. al-Qedra jeudi.
AprÚs avoir répertorié l'aide médicale qui est entrée dans la bande de Gaza, M. al-Qedra a expliqué que
âce qui peut ĂȘtre utile, malheureusement, reprĂ©sente moins de 30 pour cent des besoins. Ce qui signifie que la plus grande partie de l'aide ne rĂ©pond pas Ă nos besoinsâ.