đâđš David McBride prĂȘt Ă aller en prison pour ses convictions.
"S'il y avait eu un organisme pour le soutenir, pour l'aider Ă parler en toute sĂ©curitĂ© et en toute lĂ©galitĂ©, il ne serait peut-ĂȘtre pas aujourd'hui en procĂšs pour avoir dit la vĂ©ritĂ©."
đâđš David McBride prĂȘt Ă aller en prison pour ses convictions.
đ° Par Lisa Visentin, le 26 dĂ©cembre 2022
L'ancien avocat de la dĂ©fense David McBride est prĂȘt Ă aller en prison la "tĂȘte haute" pour avoir dĂ©noncĂ© des crimes de guerre prĂ©sumĂ©s en Afghanistan, mais il a demandĂ© la crĂ©ation d'une autoritĂ© fĂ©dĂ©rale indĂ©pendante pour aider les autres Ă Ă©viter le mĂȘme sort.
La crĂ©ation d'une agence centralisĂ©e chargĂ©e de superviser et de faire appliquer les mesures de protection des lanceurs dâalerte en Australie est la principale demande des dĂ©fenseurs des droits de l'homme et de l'intĂ©gritĂ©, alors que le procureur gĂ©nĂ©ral Mark Dreyfus s'apprĂȘte Ă remanier le cadre de protection du pays.
David McBride, qui sera jugĂ© par un jury l'annĂ©e prochaine pour avoir divulguĂ© Ă ABC une sĂ©rie de documents qui ont servi de base Ă l'enquĂȘte "Afghan Files", a dĂ©clarĂ© que cette rĂ©forme Ă©tait "absolument indipensable" pour aider les personnes souhaitant dĂ©noncer lĂ©galement des actes rĂ©prĂ©hensibles au sein de leur organisation.
"Le problÚme, lorsqu'on se plaint à son organisation, qu'il s'agisse d'une défense ou non, c'est que vous ne pouvez pas voir votre propre organisation décider si votre plainte est valable ou non. Il faut qu'une tierce partie l'examine, et elle peut ensuite s'adresser à la police, ou plaider en votre nom pour une action quelconque", a-t-il déclaré.
"Si jâavais pu en bĂ©nĂ©ficier, je nâaurais pas eu besoin de m'adresser aux mĂ©dias".
La police fĂ©dĂ©rale a fait une descente au siĂšge dâABC Ă Sydney le 5 juin 2019, au sujet des documents ayant fait l'objet d'une fuite, qui ont rĂ©vĂ©lĂ© des incidents dans lesquels des troupes australiennes ont tuĂ© des hommes et des enfants non armĂ©s, et qui faisaient l'objet d'une enquĂȘte en tant que meurtres potentiellement illĂ©gaux.
Le rapport Brereton qui a suivi a trouvé des preuves crédibles de crimes de guerre commis par les forces spéciales australiennes alors qu'elles servaient en Afghanistan, y compris 39 meurtres, exécutions et allégations de torture.
"Il est fort possible que je doive passer le reste de ma vie en prison", a déclaré M. McBride.
"Si je dois aller en prison, j'irai la tĂȘte haute".
Il fait face à cinq chefs d'accusation liés à la divulgation non autorisée d'informations, au vol de biens du Commonwealth et à la violation de la loi sur la défense.
Le mois dernier, M. Dreyfus s'est engagĂ© Ă mener une large consultation sur la nĂ©cessitĂ© d'une commission de dĂ©nonciation, alors qu'il prĂ©sentait la premiĂšre tranche de rĂ©formes de la loi sur la divulgation des intĂ©rĂȘts publics - Public Interest Disclosure Act, le cadre clĂ© visant Ă protĂ©ger les fonctionnaires du Commonwealth qui deviennent des lanceurs dâalerte contre les reprĂ©sailles. Les changements sont conçus pour complĂ©ter la nouvelle Commission nationale anti-corruption.
Les protections des journalistes sont renforcées mais les lanceurs d'alerte ont besoin de plus de garanties : les défenseurs des droits de l'homme
La crĂ©ation d'une autoritĂ© statutaire indĂ©pendante bĂ©nĂ©ficie d'un fort soutien de la part des partis d'opposition, notamment des Verts, du sĂ©nateur ACT David Pocock et de la dĂ©putĂ©e indĂ©pendante Helen Haines, dont le projet de loi sur la commission d'intĂ©gritĂ©, largement respectĂ© lors de la derniĂšre lĂ©gislature, prĂ©voyait la crĂ©ation d'une commission de protection des lanceurs dâalerte.
Kieran Pender, avocat principal au Human Rights Law Centre, a dĂ©clarĂ© qu'une autoritĂ© de protection des lanceurs dâalerte Ă©tait en passe de devenir une meilleure pratique internationale. Des institutions similaires fonctionnent aux Ătats-Unis et aux Pays-Bas.
"Elle fournirait un soutien et des conseils pratiques aux lanceurs dâalerte, aiderait les agences, les rĂ©gulateurs et les entreprises Ă gĂ©rer leurs divulgations, enquĂȘterait sur les reprĂ©sailles prĂ©sumĂ©es Ă leur encontre, et prendrait des mesures d'application et des litiges stratĂ©giques, le cas Ă©chĂ©ant", a dĂ©clarĂ© M. Pender.
Il a dĂ©clarĂ© que les poursuites en cours contre M. McBride et le lanceur dâalerte du bureau des impĂŽts, Richard Boyle, soulignaient les dĂ©faillances du systĂšme actuel.
"Les deux hommes ont essayĂ© de faire ce qu'il fallait - ils ont parlĂ© en interne, ils ont parlĂ© aux organes de surveillance, et n'ont rendu public qu'en dernier recours. S'il y avait eu un organisme pour les soutenir, pour les aider Ă parler en toute sĂ©curitĂ© et en toute lĂ©galitĂ©, ils ne seraient peut-ĂȘtre pas aujourd'hui en procĂšs pour avoir dit la vĂ©ritĂ©."
L'avocat de lâEtat de Victoria James D. Catlin, spĂ©cialisĂ© dans les affaires de dĂ©nonciation, a dĂ©clarĂ© que les lanceurs dâalerte Ă©taient contraints de naviguer dans des lois byzantines par leurs propres moyens, le processus entraĂźnant un coĂ»t psychologique et financier Ă©norme, Ă moins d'avoir un avocat sympathique pour les aider.
"Si vous ĂȘtes un lanceur dâalerte, vous avez besoin de quelqu'un d'indĂ©pendant, de sympathique et qui connaisse les situations uniques dans lesquelles vous vous trouvez, et surtout les lois alambiquĂ©es et non Ă©prouvĂ©es qui sont censĂ©es ĂȘtre lĂ pour vous protĂ©ger. Si nous disposons dâune agence centrale, elle sera le dĂ©positaire de ces connaissances et de cette expĂ©rience", a dĂ©clarĂ© M. Catlin.