đâđš Le New York Times: De grands organes de presse exhortent les Ătats-Unis Ă abandonner les poursuites contre Assange
Obtenir & divulguer l'information d'intĂ©rĂȘt public est une partie essentielle du travail quotidien du journaliste. Le criminaliser affaiblirait considĂ©rablement le discours public, et nos dĂ©mocraties.
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đâđš De grands organes de presse exhortent les Ătats-Unis Ă abandonner les poursuites contre Assange
đ° Par Charlie Savage, le 28 novembre 2022
"Obtenir et divulguer des informations sensibles d'intĂ©rĂȘt public est une partie essentielle du travail quotidien des journalistes. Le criminaliser affaiblirait considĂ©rablement le discours public, et la dĂ©mocratie."
Dans une lettre commune, les organismes de presse ont averti que l'inculpation de Julian Assange "crée un dangereux précédent" qui pourrait refroidir les reportages sur les questions de sécurité nationale.
WASHINGTON - Le New York Times et quatre organes de presse europĂ©ens ont demandĂ© lundi au gouvernement des Ătats-Unis d'abandonner les poursuites engagĂ©es contre Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks pour avoir obtenu et publiĂ© des secrets diplomatiques et militaires classifiĂ©s.
Dans une lettre ouverte commune, le Times, le Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El PaĂs ont dĂ©clarĂ© que les poursuites engagĂ©es contre M. Assange en vertu de la loi sur l'espionnage "crĂ©ent un dangereux prĂ©cĂ©dent" qui menace de saper le premier amendement et la libertĂ© de la presse.
"Obtenir et divulguer des informations sensibles d'intĂ©rĂȘt public est une partie essentielle du travail quotidien des journalistes", indique la lettre. "Si ce travail est criminalisĂ©, notre discours public et nos dĂ©mocraties s'en trouvent considĂ©rablement affaiblis."
M. Assange, qui lutte contre son extradition de Grande-Bretagne depuis son arrestation dans ce pays en 2019, est également accusé d'avoir participé à un complot lié au piratage informatique. La lettre n'a notamment pas exhorté le ministÚre de la Justice à abandonner cet aspect de l'affaire, bien qu'elle ait déclaré que "certains d'entre nous sont également préoccupés" par cet aspect.
Chacune des cinq organisations a travaillĂ© avec M. Assange en 2010 et 2011, pendant les Ă©vĂ©nements qui sont au cĆur de l'affaire pĂ©nale. WikiLeaks, qui a obtenu des fuites d'archives de cĂąbles diplomatiques et de dossiers militaires amĂ©ricains classifiĂ©s, a donnĂ© un accĂšs prĂ©coce Ă ces archives aux mĂ©dias traditionnels, qui ont publiĂ© des articles sur des rĂ©vĂ©lations majeures.
Une porte-parole du Times, Danielle Rhoades Ha, a déclaré que l'éditeur de la société, A.G. Sulzberger, en consultation avec le département juridique, a décidé de signer la lettre. La salle de rédaction n'a pas été associée à cette décision, a-t-elle précisé.
L'affaire contre M. Assange est complexe, et ne porte pas sur la question de savoir s'il est considĂ©rĂ© comme un journaliste, mais plutĂŽt sur celle de savoir si ses activitĂ©s de style journalistique consistant Ă solliciter et Ă publier des informations classifiĂ©es peuvent ou doivent ĂȘtre traitĂ©es comme un crime.
Cette lettre intervient alors que le ministre de la Justice, Merrick B. Garland, s'efforce de limiter les difficultĂ©s rencontrĂ©es par les journalistes dans l'exercice de leur mĂ©tier. En octobre, il a publiĂ© de nouvelles rĂšgles interdisant l'utilisation de citations Ă comparaĂźtre, de mandats ou d'ordonnances judiciaires pour saisir les dossiers de communication des journalistes, ou exiger leurs notes ou leur tĂ©moignage dans le but de dĂ©couvrir des sources confidentielles dans le cadre d'enquĂȘtes sur des fuites.
M. Assange et WikiLeaks ont accĂ©dĂ© Ă la cĂ©lĂ©britĂ© mondiale en 2010 lorsqu'ils ont commencĂ© Ă publier des vidĂ©os et des documents classifiĂ©s relatifs aux guerres et aux relations extĂ©rieures des Ătats-Unis.
Il est finalement apparu que Chelsea Manning, une ancienne analyste du renseignement de l'armée, avait fourni les archives à WikiLeaks. Elle a été condamnée à 35 ans de prison à l'issue d'un procÚs en cour martiale en 2013. Le président Barack Obama a commué la majeure partie de sa peine restante peu avant de quitter ses fonctions en janvier 2017.
Les rĂ©vĂ©lations de Mme Manning constituent l'une des fuites les plus extraordinaires de l'histoire amĂ©ricaine. Elles comprenaient environ 250 000 cĂąbles du dĂ©partement d'Ătat rĂ©vĂ©lant de nombreuses affaires secrĂštes dans le monde, des dossiers sur les dĂ©tenus de GuantĂĄnamo Bay dĂ©tenus sans procĂšs, et des Journaux d'Ă©vĂ©nements importants des guerres d'Afghanistan et d'Irak qui ont divulguĂ©, entre autres, que les pertes civiles Ă©taient bien plus Ă©levĂ©es que les estimations officielles.
La lettre note que ces cinq mĂȘmes institutions avaient publiquement critiquĂ© M. Assange en 2011 lorsque des copies non expurgĂ©es des cĂąbles avaient Ă©tĂ© publiĂ©es, rĂ©vĂ©lant les noms de personnes dans des pays dangereux qui avaient aidĂ© les Ătats-Unis et mettant leur vie en danger. Lors du procĂšs de Mme Manning, les procureurs n'ont pas spĂ©cifiĂ© que qui que ce soit avait Ă©tĂ© impactĂ© en consĂ©quence, mais des responsables ont dĂ©clarĂ© que le gouvernement avait consacrĂ© des ressources importantes pour mettre ces personnes hors de danger.
Alors que l'administration Obama et les responsables de l'application des lois et de la sécurité nationale n'appréciaient guÚre M. Assange, les défenseurs de la transparence et les militants anti-guerre le considéraient comme une icÎne.
Son image publique s'est considérablement modifiée aprÚs la publication par WikiLeaks des courriels démocrates prétendument piratés par le gouvernement russe dans le cadre de son opération secrÚte visant à aider Donald J. Trump à remporter l'élection présidentielle de 2016. Mais l'affaire criminelle contre lui ne concerne pas les emails démocrates.
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La lettre ouverte note que l'administration Obama avait envisagé d'inculper M. Assange en lien avec les fuites de Manning, mais ne l'avait pas fait - en partie parce qu'il n'y avait pas de moyen clair de distinguer juridiquement les actions de WikiLeaks de celles des organisations de presse traditionnelles comme le Times qui écrivent sur des questions de sécurité nationale.
Mais en mars 2018, sous l'administration Trump, le ministÚre de la Justice a obtenu un acte d'accusation scellé du grand jury contre M. Assange. Initialement, les accusations éludaient les questions de liberté de la presse, l'accusant simplement d'un délit lié au piratage informatique en proposant d'aider Mme Manning à masquer ses traces sur un réseau informatique sécurisé.
Sous la direction de l'Attorney General William P. Barr, le ministÚre a ensuite aggravé l'affaire en obtenant un acte d'accusation supplémentaire comprenant une deuxiÚme série d'allégations: ses activités de style journalistique auraient violé l'Espionage Act, une loi datant de la PremiÚre Guerre mondiale qui criminalise la conservation et la diffusion non autorisées de secrets de sécurité nationale.
(Un autre acte d'accusation a élargi les allégations liées à l'accusation de piratage, pour inclure le plus vaste projet de WikiLeaks visant à encourager les pirates informatiques à obtenir des documents secrets et à les fournir au groupe).
Il n'existe aucun prĂ©cĂ©dent aux Ătats-Unis de poursuites contre un Ă©diteur d'informations - par opposition Ă un espion ou Ă un fonctionnaire du gouvernement ayant divulguĂ© des secrets - en vertu de la loi sur l'espionnage. La dĂ©cision de l'administration Trump d'engager de telles poursuites contre M. Assange soulĂšve des questions nouvelles et profondes sur le sens du Premier Amendement.
Pour l'instant, ces questions n'ont pas été examinées devant les tribunaux, car l'affaire est en suspens pendant que M. Assange lutte contre son extradition. Mais la lettre ouverte exhorte le ministÚre de la Justice de mettre fin aux accusations fondées sur l'Espionage Act.
"Demander des comptes aux gouvernements fait partie de la mission fondamentale d'une presse libre dans une démocratie", indique la lettre.